Le Journal de l’Afrique N°13 Septembre 2015 Sommaire Editorial : Jeux et enjeux

Le Journal de l’Afrique N°13 Septembre 2015 Sommaire Editorial : Jeux et enjeux démocratiques Dossier Présidentielle ivoirienne : entre espoirs et craintes Le président Alassane Ouattara s’arme jusqu’aux dents pour ne pas perdre le pouvoir Par Sévérine Blé Côte-d’Ivoire: l’Ambassadeur français demande le départ de M. Ouattara Par Mireille Kouamé Comment Boko Haram se finance-t-il. Enquête sur une multinationale du crime Par François Bambou Afrique : Moscou élargit la zone de déploiement de ses navires de guerre Par Vitaly Ankov « Il faut créer des Commissions nationales dans chaque pays anciennement colonisés pour obtenir des réparations » Par Louis-Georges Tin & Jean-Marc Soboth 2 Editorial Jeux et enjeux démocratiques Le 25 octobre prochain, les Ivoiriens retourneront aux urnes pour élire leur nouveau chef de l’Etat. Un scrutin aux enjeux énormes tant pour les acteurs intérieurs qu’extérieurs. En 2010 déjà, ces enjeux avaient malheureusement primé sur le jeu électoral et la légion étrangère a eu raison de la volonté des Ivoiriens. En effet, avec la bénédiction de l’ONU la France de Nicolas Sarkozy a renversé le président constitutionnel Laurent Gbagbo pour le remplacer par Alassane Dramane Ouattara (ADO). Pas moins de 3 000 personnes ont perdu la vie dans cette crise postélectorale. Cinq ans après, le contexte politique n’est plus le même. Gbagbo, son épouse Simone et plusieurs autres cadres du Front populaire ivoirien suivront la campagne électorale à la télé. D’ailleurs, tout dépendra de la magnanimité de leurs différents geôliers ! Mais l’éloignement des Gbagbo ne semble pas avoir ramené le calme et la sérénité dans l’esprit de M. Ouattara et ses thuriféraires. Comme un usurpateur qui vit dans la hantise du retour du propriétaire légitime, l’actuel occupant du Palais de Coccody, candidat à sa propre succession use de tous les moyens et de toutes les méthodes pour ne pas perdre son fauteuil à l’issue des futures élections. Le Journal de l’Afrique (JDA) vous donne des détails sur l’autre stratégie de préservation du pouvoir que ni M. Ouattara, ni les membres de son de campagne n’évoqueront tout au long de la campagne électorale en cours. La question coloniale constitue l’autre grand sujet abordé dans cette édition du JDA. Au moment où les théories négationnistes et les discours sur « les bienfaits de la colonisation » font leur chemin en Occident, le président du Conseil représentatif des Associations Noires (CRAN) soutient que les pays colonialistes payeront des compensations financières pour ce crime. Cette édition du JDA revient également sur le financement de la secte islamiste Boko qui a fait allégeance à l’Etat Islamiste pour devenir Etat islamique en Afrique de l’ouest. Carlos Sielenou & Olivier A. Ndenkop 3 Brèves Dakar : Hissène Habré enfin jugé Photo DR 25 ans après sa chute, l'ancien président tchadien (1982-1990) Hissène Habré a été jugé à Dakar au Sénégal mi- juillet 2015 par la Chambre africaine extraordinaire pour crime contre l'humanité. « A bas l'impérialisme. A bas le nouveau colonialisme », a dénoncé lors du procès M. Habré qui avait refusé de se rendre devant ce tribunal avant d’y être contraint manu militari. De l'autre côté de la salle, les associations des victimes ou leurs représentants attendaient impatiemment le verdict des juges qui ont renvoyé l’affaire à plus tard. Hissène Habré a été chassé du pouvoir en 1990 par Idriss Déby Itno qui dirige le Tchad d’une main de fer jusqu’aujourd’hui. Pendant plus de deux décennies, Hissène Habré a vécu sans inquiétudes dans la capitale sénégalaise, Dakar. ……………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………… 4 Un vaccin contre le paludisme Après 30 ans de recherches, un vaccin anti paludisme a reçu l’avis favorable de l’Agence européenne des médicaments (EMA) cet été. Ce vaccin dénommé RTS, S, ou Mosquirix vise à prévenir le risque de paludisme chez les enfants âgés de 6 semaines à 17 mois. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) donnera son avis sur le Mosquirix au mois d’octobre prochain. Chaque année, le paludisme tue 600 000 personnes dans le monde avec 90% de morts en Afrique subsaharienne. La maladie est transmise à l’homme par la piqûre d’une mouche appelée anophèle femelle. ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 5 Angola : le Yuan chinois devient la deuxième monnaie légale Afin de réduire sa dépendance vis-à-vis du dollar US, l’Angola a signé un accord moné- taire avec la Chine qui fait du Yuan la deuxième monnaie utilisable dans le deuxième pays producteur de pétrole en Afrique. L’information a été rendue publique le 3 août dernier par Rosa Paca, la ministre angolaise du Commerce. Cet accord va permettre à l’Angola d’importer plus de marchandises chinoises sans se référer au dollar étasunien. En retour, la Chine élargit la liste des pays utilisateurs de sa monnaie. Le Ghana, le Nige- ria, l’île Maurice, le Zimbabwe, et l’Afrique du Sud utilisent déjà le Yuan comme monnaie de règlement et de réserve. ……………………………………………………………………………………………………………………… 6 L’Algérie achète 14 hélicoptères russes Selon l’agence de presse russe Interfax, l’Algérie a commandé 14 hélicoptères de type Mil Mi-26 auprès du constructeur russe Rostvertol. Deux de ces appareils ont déjà été livrés à l’Algérie et deux autres devraient l’être avant la fin de cette année. Les contrats y afférents prévoient la livraison des appareils restants en 2016 et en 2017. et la formation des pilotes et techniciens algériens. Le Mil Mi-26 est l'hélicoptère le plus lourd et le plus grand jamais construit en série, avec un poids total à charge pouvant atteindre le double de celui de tout autre hélicoptère. L’Algérie est confrontée depuis deux décennies aux menaces sécuritaires. Celles-ci se sont aggravées avec l’assassinat du Guide libyen Mouammar Kadhafi qui a débouché sur une insécurité généralisée dans le Sahel et le Maghreb. ………………………………………………………………………………………………….. 7 Burundi : le président contesté forme son gouvernement Après sa réélection controversée, le président burundais a formé son nouveau gouverne- ment fin août 2015. Conformément à la constitution, Pierre Nkurunziza a nommé 12 Hu- tus, 8 Tutsis et 30% de femmes dans cette première équipe de son troisième mandat contesté. Cinq proches du leader de l’opposition Agathon Rwasa entrent au gouverne- ment. La magistrate Aimée-Laurentine Kanyana, jusqu’ici membre de la Cour constitu- tionnelle devient ministre de la Justice. Alain-Aimé Nyamitwe garde les Affaires étran- gères, Léontine Nzeyimana reste ministre chargée des Affaires de la Communauté est- africaine (EAC), Tabu Abdallah Manirakiza reste aux Finances et au Budget et Côme Ma- nirakiza à l’Énergie et aux mines tandis qu’Emmanuel Ntahomvukiye conserve le porte- feuille de la Défense. 8 Communiqué de presse Le président de l'Assemblée nationale française, Claude Bartolone, s'oppose à l'ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara. Deux membres du réseau « Justice pour Sankara justice pour l'Afrique » ont transmis à Claude Bartolone, ainsi qu’à tous les députés de l’Assemblée nationale, deux courriers, datés respectivement du 30 avril et du 5 mai 2015, l’un émanant de 25 députés du Conseil national de Transition du Burkina Faso, l’autre du chef du groupe parlementaire des organisations de la Société civile au nom des 25 députés de son groupe, demandant l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara. Tout en affirmant « souhaiter que la lumière soit faite sur cette affaire », M. Claude Bartolone nous a répondu par la négative pour les raisons suivantes : « une telle commission d’enquête n’aurait aucun pouvoir pour conduire des investigations dans un autre Etat » et « la procédure judiciaire désormais ouverte au Burkina » lui semble « l’instrument juridique le plus approprié pour rechercher les responsables de cette affaire ». Cette réponse amène de notre part, les commentaires suivants : - Nous rappelons que les détails de l'assassinat de Lumumba ont pu être révélés en 2001 à la suite de l'ouverture d'une enquête parlementaire auprès du parlement belge, un assassinat qui ne s’est pas déroulé sur le territoire belge. - Plusieurs témoignages font état d’une participation française à un complot international. C'est donc bien en France qu'il convient d'enquêter pour en vérifier la réalité, en parallèle à l'enquête ouverte au Burkina Faso. - Seule l’existence d’une procédure judiciaire en France est à même, selon les règles de l’Assemblée nationale, d’empêcher une commission d’enquête parlementaire. Or, une telle procédure n’existe pas. A la suite de l’exhumation des dépouilles présumées de Thomas Sankara et de ses compagnons, et de la rencontre de Mariam Sankara avec des députés de l’Assemblée nationale, de nombreux organes de la presse française ont 9 évoqué l’éventualité d’une participation française à un complot international à l’assassinat de Thomas Sankara (voir http://thomassankara.net/spip.php?article1775 et http://thomassankara.net/spip.php?article1787). Il est grand temps que la France cesse de fuir le questionnement sur son lourd passé en Afrique. Les dirigeants politiques de ce pays, rappellent à loisir, leur attachement aux bonnes relations d’amitié et de coopération avec le Burkina Faso. L’amitié avec ce pays et son peuple passera à l’avenir par la volonté française d’une introspection sur l’éventualité d’une participation française à cet assassinat, ce qu’une commission d’enquête parlementaire est parfaitement habilitée à faire. La France doit cesser de feindre qu’elle n’est pas concernée. C’est aussi l’un des moyens les plus appropriés pour « que la lumière soit faite sur cette affaire ». uploads/Politique/ le-journal-de-l-x27-afrique-n0-13.pdf

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