CRÉPUSCULE Par Juan Branco 2 Le pays entre en des convulsions diverses où la ha

CRÉPUSCULE Par Juan Branco 2 Le pays entre en des convulsions diverses où la haine et la vio- lence ont pris pied. Cette enquête sur les ressorts intimes du pou- voir macroniste, écrite en octobre 2018, vient donner raison à ces haines et violences que l’on s’est tant plus à déconsidérer. Impubliable institutionnellement, elle l’est du fait des liens de cor- ruption, de népotisme et d’endogamie que l’on s’apprête à exposer. Tous les faits, pourtant, ont été enquêtés et vérifiés au détail près. Ils exposent un scandale démocratique majeur : la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en re- distribuer l’usufruit auprès des siens, en un détournement qui ex- plique l’explosion de violence à laquelle nous avons assisté. Qui l’explique car le scandale dont il est sujet n’a pas été dit ni révélé, nourrissant à force de compromissions successives une violence qui ne pouvait qu’éclater. En un pays où 90% de la presse est entre les mains de quelques milliardaires, l’exposition de la vérité est af- faire complexe, et la capacité à dire et se saisir du réel ne cesse, pour les dirigeants et les « élites » tout autant que pour le « peuple », de se dégrader. Un Français sur deux – sondage yougov du 4 décembre 20181 – sou- haite la démission de Macron. Il faut mesurer la force de ce chiffre : il ne s’agit pas de dire que le Président de la République déplairait à un Français sur deux. Mais qu’un Français sur deux, dont une im- mense majorité croit et adhère au système politique existant, à peine un an après une élection présidentielle, considère que son ré- sultat devrait être invalidé par le départ de celui qui théoriquement devait les diriger pendant cinq ans. Il n’est pas difficile d’en déduire qu’une très ample majorité l’ap- prouverait, si cette chute ou destitution intervenait. Comment l’expliquer, alors que formellement, cet être semble avoir respecté l’ensemble des conditions qui font qu’une élection puisse apparaître démocratique ? 1 https://www.capital.fr/economie-politique/la-moitie-des-francais-souhaitent-la-demission-demmanuel- macron-1318654 3 Tout simplement, en montrant que cet être n’a respecté que formel- lement notre système démocratique, et l’a au contraire effondré. Et que l’illégitimité ressentie par une majorité de nos concitoyens cor- respond à une réalité. Cela, nos journalistes et commentateurs, partis politiques, se refu- seront toujours à le dire et à le croire, à l’enquêter. Cela est naturel, car, nous allons le montrer, ils ont été complices et principaux vec- teurs du viol démocratique qui est intervenu, jeu d’apparences où l’on a présenté un être au peuple pour en masquer la réalité. Les mots sont durs. Et pourtant, vous allez le découvrir : ils sont justifiés. Celui que nous nous apprêtons à abattre symboliquement a pris le pouvoir, littéralement, aux dépens des principes démocra- tiques et républicains auxquels nous adhérons, et par lesquels nous demandons son départ ou sa destitution. Il n’y a nulle sédition dans l’appel au départ d’Emmanuel Macron, car c’est lui, et les intérêts qui l’ont formé, qui pour prendre le pou- voir se sont comportés en séditieux. Mesurons l’importance de ces mots, qui nous départissent d’un quelconque désaccord politique : c’est le sens même de notre confrontation à cet être, l’idée même que nous appartiendrions à un même ensemble, qui s’en trouve af- fectée. Nous sommes en situation d’exceptionnalité. * Remarquez la chose suivante. Aucune parole institutionnelle, dans les médias, les partis politiques ou ailleurs, ne se fait la porteuse de ce désir de destitution, alors que, nous l’avons vu, il concerne a mi- nima la moitié de la population. Aucun, à l’exception des gilets jaunes que l’on invite et traite avec folklore pour les décrédibiliser sur les plateaux télévisés, ne s’est saisi de cette revendication prin- cipielle. Or c’est bien le rôle du médiatique et du politique, en une société démocratique et libérale, représentative, que de porter la parole et les intentions de la population. Si la chose n’intervient pas, et si elle n’intervient pas avec une telle férocité, alors le principe de notre régime s’en voit affecté. 4 Cela, et cela seul justifierait la violence qui a explosé. Car comment ces êtres pourraient-ils se faire entendre, en un système où leur pa- role n’est pas seulement niée, mais tout simplement invisibilisée ? En ce paradoxe que personne ne souhaite traiter, la preuve d’une défaillance profonde, d’un échec qu’il s’agit de corriger2. Tous semblent pris dans la nasse de ce qu’il conviendra d’appeler, et nous le justifierons, un système oligarchique. A savoir un espace public dominé par des individus dont la fortune dépend directe- ment ou indirectement de l’État, et qui l’ont investie pour prendre le contrôle des médias et ainsi s’assurer de la préservation de leurs intérêts au détriment du bien commun. Un État que l’on retrouve aujourd’hui et sans hasards, en une pé- riode où le peuple réclame ses droits, non plus dévoué à ce bien commun, mais au maintien de l’ordre, c’est-à-dire de l’existant, et de ceux qui y ont placés les leurs. Y compris pour desservir les po- pulations. Ce qu’il s’agit pour nous maintenant de démontrer, c’est qu’Emma- nuel Macron a été « placé » bien plus qu’il n’a été élu. Que la presse a agi en ce domaine avec complicité. Et que la colère et la volonté de destitution qui anime une majorité de nos concitoyens s’en trouve légitimée. * Nous avons raconté sur Twitter et ailleurs les mécanismes amenant à l’organisation des vingt-heures de TF1, des interviews présiden- tiels de France 2, la nomination et du recrutement des journalistes selon des affinités diverses, les systèmes de compromis et de redis- tribution qui se mettent en place à toutes les échelles pour s’assurer que mot ne sera dit des mécanismes qui président à la production de l’information. Nous avons raconté ailleurs comment Emmanuel Macron a opéré un véritable arrachement démocratique dont le seul débouché pou- vait être le raidissement autoritaire du régime – jusqu’à l’excès – ou l’effondrement. 2 La France Insoumise elle-même, toute à sa quête de renouvellement, ne recherche qu’une dissolution parlementaire, dont on se demande bien ce qu’elle nous apporterait. Le Rassemblement National, paniqué, appelle au « respect des institutions de la Ve république ». Les autres sont insignifiants. 5 Ce que nous nous apprêtons à révéler ici, c’est la factualité qui a permis la mise en place de ce pouvoir. La façon, dont, par exemple, Edouard Philippe, sorti de nulle part, a accédé au poste de premier ministre, après s’être piteusement perdu entre des missions de lob- bying pour une grande entreprise nucléaire et apparatchikismes di- vers auprès de Les Républicains. Comment et pourquoi Ludovic Cha- ker et Alexandre Benalla ont été recrutés à l’Elysée afin de mettre en place une garde prétorienne agissant en « police privée » d’Em- manuel Macron, selon le modèle que lui avait fait découvrir Bernard Arnault en le présentant à Bernard Squarcini, ancien directeur de la DGSI, actuellement mis en examen pour avoir mis au service de son nouveau patron, LVMH, ses réseaux et parfois les services secrets de notre pays. Comment tout cela, malgré les courageuses investigations de cer- tains, n’a jamais été proprement raconté. Nous allons parler de la raison pour laquelle Édouard Philippe a pris une telle place auprès d’Emmanuel Macron, là où la presse libre et ses centaines de journalistes s’est satisfaite d’en faire le récit que lui dictait la macronie. Ce que nous allons démontrer ici, c’est que, sur cette affaire comme en des centaines d’autres, un récit démocratique n’a pas été fait. Que sur des événements aussi importants que la nomination d’un chef de gouvernement, la France a été tenue aveuglée. Et que le pro- blème démocratique que cela suscite est ontologique : il menace notre régime, en retirant à ses dirigeants toute légitimité, puisqu’en faisant de leur élection une farce visant à masquer les véritables ressorts les ayant propulsés. Nous allons montrer comment un être, Jean-Pierre Jouyet, que tous les journalistes politiques connaissent, sur lequel aucun n’a enquêté en ses rapports à la Macronie3, com- ment cet être a fait, avec Henry Hermand – millionnaire chargé de financer la vie privée de Macron4 – et Xavier Niel, le Président Ma- cron. 3 Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, journalistes que l’on pourrait considérer avec quelques autres comme les directrices effectives du Monde, pourtant parfaitement informées des réseaux que le personnage entretenait et auteures d’une enquête à son sujet sous François Hollande, se sont montrées formidablement taiseuses à son sujet depuis l’élection de M. Macron. 4 Mais aussi, et probablement en infraction avec la législation électorale, les Jeunes avec Macron, comme le montrent les Macronleaks, sous le nom de code « HH ». 6 Ce qui sera ici démontré, c’est ce que le système mis en place par ces êtres a suffi à court-circuiter l’ensemble des garde-fous de notre démocratie, et permis l’établissement d’un pouvoir dont la légiti- mité est à juste titre contestée, où l’entre-soi et le conflit d’intérêt ont été érigés en normes, et où les hommes de pouvoirs ont été in- tronisés pour uploads/Politique/ macron-et-son-crepuscule 2 .pdf

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