1 ON LES DISAIT "PETROLEUSES" ... François Bodinaux, Dominique Plasman, Michèle
1 ON LES DISAIT "PETROLEUSES" ... François Bodinaux, Dominique Plasman, Michèle Ribourdouille Versailles, décembre 1871, le Président du 6ème Conseil de Guerre interroge : Accusée Louise Michel, avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ? Louise Michel : Ce que je réclame de vous, qui êtes des militaires et qui jugez à la face de tous, c'est le champ (d'exécution) de Satory où sont déjà tombés nos frères ! Il faut me retrancher de la société. On vous dit de le faire. Eh bien, le Commissaire de la République a raison. Puisqu'il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n'a droit qu'à un peu de plomb, j'en réclame une part, moi ! Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance ... Le Président : Je ne puis vous laisser la parole si vous continuez sur ce ton ! Louise Michel : J'ai fini ! Si vous n'êtes pas des lâches, tuez-moi ! L’institutrice Louise Michel (1830-1905) fut de tous les combats de la Commune. Elle la sert comme propagandiste, comme ambulancière, comme soldat. Elle combat à Montmartre sur les dernières barricades. Arrêtée elle est condamnée à la déportation en Nouvelle Calédonie. Rentrée en France après l'amnistie de 1880, elle milite inlassablement pour la cause libertaire ce qui lui vaudra d'être à nouveau emprisonnée à 3 reprises. Si Louise Michel, qui fut initiée à la Grande Loge Symbolique Ecossaise II en 1904, est devenue, par ses écrits, son militantisme anarchiste post-communard, le symbole féminin de la Commune, n'évoquer que sa figure serait injuste à l'égard de toutes celles qui, à des titres divers se sont battues, sont mortes ou ont souffert pour la révolution de 1871 et en ont souvent inspiré les mesures les plus progressistes en matière d'enseignement et d'organisation du travail. On ne peut les citer toutes mais quelques grandes figures seulement : Nathalie LE MEL (1826-1921) Née en Bretagne, libraire à Quimper, elle vient s'installer à Paris avec son mari et leurs 3 enfants, comme ouvrière dans un atelier de reliure. Gagnée très vite aux doctrines socialistes, elle adhère dès 1866 à l'Association Internationale des Travailleurs ("l'Internationale" fondée en 1864 à Londres). Elle crée avec Eugène VARLIN le restaurant coopératif "La Marmite" qui se rendra célèbre durant le Siège en servant chaque jour des centaines de repas aux gens privés de ressources. Durant la Commune elle est, avec Elizabeth DMITRIEFF, la principale organisatrice de l'Union des Femmes au sein de laquelle elle s'occupe surtout de questions sociales. 2 Pendant la semaine sanglante elle combat, entre autre, sur la barricade de la Place Pigalle. Arrêtée, elle est condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie où elle partagera le quotidien de Louise MICHEL. Rentrée à Paris, elle vit de divers petits travaux. A la fin de sa très longue existence, ayant perdu tout soutien matériel, elle meurt aveugle dans la misère à l'Hôpital d'Ivry. André LEO (1824-1900) De son vrai nom, Léodile BREA, André LEO est une femme de lettres considérée par les féministes aujourd’hui comme une des grandes « écrivaines » du XIXème siècle. On lui doit une quinzaine de romans, de contes pour petits et grands, quelques essais et beaucoup d’articles notamment dans le journal féministe Le Droit des Femmes. Dès la fin des années soixante, elle participe activement aux activités de l’Internationale. Ce double combat du féminisme et du socialisme, va l’entraîner dans la Commune de Paris. Elle milite dans l'Union des Femmes, où elle s'occupe des problèmes d'enseignement. Elle publie des éditoriaux dans La Sociale. Après la semaine sanglante, elle échappe aux Versaillais, se réfugie en Suisse (où elle devient la compagne de l'internationaliste, Benoît Malon). Rentrée à Paris après l'amnistie elle y termine sa vie dans un oubli relatif en collaborant à de petits journaux de gauche. Elizabeth DMITRIEFF (1851-1910) Fille d'un Officier tsariste, elle milite très jeune dans les cercles socialistes de Saint Petersbourg. En 1868, elle se rend en Suisse où elle participe à la création de la Section russe de l'Internationale. Déléguée à Londres elle se lie à Karl MARX qui l'envoie en mission d'information à Paris en mars 1871. Elle devient avec Nathalie LE MEL une des animatrices les plus actives de l'Union des Femmes où elle s'occupe surtout de questions politiques et plus particulièrement de l'organisation des ateliers coopératifs. Elle prend part aux combats de rue de la semaine sanglante au terme de laquelle elle parvient à s'enfuir et à regagner la Russie. Elle y épouse un condamné politique pour lui éviter la peine de mort et le suivra en déportation en Sibérie où elle terminera ses jours. Paulina Mekarska dite Paule MINCK (1839-1901) Fille d'un Comte polonais, cousin du Roi Stanislas II, réfugié en France en 1831. Paule MINCK née dans cette Ville vient à Paris en 1867 et milite dans les mouvements féministes aux côtés d'André LEO tout en gagnant sa vie un peu au hasard, professeur de langues ou lingère ... Pendant la Commune, elle milite à Montmartre où elle ouvre une école gratuite dans l'Eglise Saint Pierre. Elle anime également le Club Saint Sulpice sur la Rive gauche En tournée de propagande hors de Paris pendant la semaine sanglante, elle gagne la Suisse. Rentrée en France après l'amnistie, elle milite très activement au sein du Parti Ouvrier Français. Elle écrit également des pièces de théâtre social et collabore à diverses publications de gauche. 3 Anna JACLARD (1844-1887) Née Korvine-Kroukovskaïa, Anna est la Fille d'un Général russe et la soeur d'une célèbre mathématicienne (Sophie Kovalevski). Dostoievski, amoureux d'elle, la demande en mariage mais elle décline et préfère se rendre à Paris pour étudier la question sociale. Elle fréquente les milieux blanquistes et en épouse un de leurs plus actifs militants, Victor JACLARD. Anna, comme Elizabeth DMITRIEFF, adhère à la Section russe de l'Internationale. C'est vraisemblablement elle qui traduit en français le message inaugural de MARX à la Première Internationale. Sous la Commune, elle fonde avec André LEO, le journal "La Sociale" et est également membre du Comité de Vigilance de Montmartre dans lequel elle milite aux côtés de Louise MICHEL et de Paule MINCK. Elle échappe aux Versaillais et est condamnée par contumace aux travaux forcés à perpétuité. Réfugiée en Suisse puis en Russie avec son mari, ils rentrent tous deux en France après l'amnistie et continueront à y militer. Elodie RICHOUX (1826- ?) Elle était restauratrice. Louise Michel qui la connut en prison raconte : « La barricade de la Place Saint Sulpice était si peu haute qu’elle servait plutôt contre que pour les combattants ; elle, avec son calme de femme bien élevée, prise de pitié, s’en alla tout simplement hausser et faire hausser la barricade avec tout ce qui se pouvait ; une boutique de statues pour les églises était ouverte, je ne sais pourquoi ; elle fit porter, en guise de pavés qui manquaient, les saints d’assez de poids ; pour cela on l’avait arrêtée, très bien vêtue, gantée, prête à sortir de chez elle ; elle sortit en effet pour ne rentrer qu’après l’amnistie. - C’est vous qui avez fait porter sur la barricade les statues des saints ? - Mais certainement, dit-elle, les statues étaient de pierre et ceux qui mouraient étaient de chair. » Condamnée pour le fait à la déportation dans une enceinte fortifiée, sa santé était si chancelante qu’on ne put l’embarquer.1 Victorine BROCHER (1838-1921) Victorine est une parisienne, fille d’un cordonnier républicain et franc-maçon. Mariée à un artisan cordonnier, elle se lie très tôt aux militants de l’Association Internationale des travailleurs. En 1867, elle participe à la fondation d’une boulangerie coopérative et d’une coopérative de consommation. Pendant la guerre franco-prussienne, son mari s’engage comme franc tireur de la Loire et elle comme ambulancière. Elle vit avec sa mère qui l’aide à élever ses 2 fils et le fils d’une voisine qu’ils ont recueilli. Les 3 enfants mourront à peu d’années d’intervalle. Le 20 mars 1871, elle intègre avec son mari le bataillon pour la défense de la République, ils sont en charge du mess des officiers mais bien vite, étant donné les 1 Dictionnaire de la Commune, Tome 2, p. 214 4 combats, elle reprend ses fonctions d’ambulancière. Elle combat sur les barricades pendant toute la semaine sanglante. Arrêtée, elle est condamnée à mort comme incendiaire de la Cour des Comptes. Grâce à des amis, elle arrive à fuir en Suisse. Elle se remarie à Lausanne en 1887 avec Gustave Brocher, issu d’une famille de fouriériste. En 1909, elle publie ses mémoires sous le titre « Souvenirs d’une morte vivante ». * “ Et voilà où conduisent toutes ces dangereuses utopies, l'émancipation de la femme, prêchée par des docteurs qui ne savaient pas quel pouvoir il leur était donné d'exercer ...N'a-t-on pas, pour tenter ces misérables créatures, fait miroiter à leurs yeux les plus incroyables chimères : des femmes magistrats, membres des barreaux ? On croit rêver en présence de pareilles aberrations ! ” (le Commissaire du Gouvernement au procès des "pétroleuses" - septembre 1871) * Septembre 1870 : à l'occasion de uploads/Politique/ petroleusesdefversionfps.pdf
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- Publié le Nov 26, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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