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http://mialisenfout.hautetfort.com/archive/2012/11/21/dina-ranarifidy.html Un regard malgache sous le ciel américain Je voulais faire des commentaires croisés, qui mêleraient les visions de ces deux jeunes femmes que j’ai plaisir { compter parmi mes amies, Dina Ranarifidy et Lova Rabary Rakotondravony, qui ont eu la chance de pouvoir assister à la soirée électorale américaine "en live". Mais à bien y réfléchir, je vais publier leurs interviews intégralement, certaine que je ne pourrais pas rendre justice { la pertinence de leurs réflexions si j’y mettais une touche, même discrète. Comme vous, j’ai suivi la campagne de loin, j’avais suivi les évolutions de cette aventure présidentielle de bout en bout, avec un suspense digne d’un film de fiction. J’ai pleuré, j’avoue. J’ai beaucoup lu. J’ai beaucoup ri aussi – les parodies de la chaise vide de Clint Eastwood, les classeurs de femmes de Romney, les baïonnettes d’Obama…je n’en ai pas raté beaucoup… Je voudrais éprouver autant d’entrain { vouloir comprendre les affaires nationales mais un fond d’amertume me laisse souvent en retrait. J’emprunte donc le regard de Dina Ranarifidy, pour m’offrir une nouvelle aube, { ces instants sensibles de notre vie nationale où on a fort besoin d’un regard neuf et vivant, pas uniquement sur les élections américaines mais sur ce que nous, de par nos visions et nos engagements, pourrions offrir à notre cher pays. Permettez-moi, { l’occasion, de saluer ces jeunes femmes Malgaches, telle que Dina, que je vois maintenant se lever, ici ou ailleurs et qui se reconnaîtront sûrement. Dina Ranarifidy, parle-moi de toi, de ton parcours. Je m’appelle Dina Ranarifidy, j’ai 28 ans. Après avoir étudié puis travaillé { Paris, je suis rentrée { Madagascar où j’ai eu une belle opportunité professionnelle, en mars 2009. Je fais partie de la 7è promotion du Youth Leadership Training Program, et je préside depuis peu une association dénommée PRoActIF Madagascar dont l’un des objectifs est de favoriser le retour à Madagascar des étudiants malgaches de France. Je suis aux Etats-Unis depuis août 2012 dans le cadre d’un programme Fulbright, financé par le Département d’Etat Américain. Il s’agit du Hubert Humphrey Fellowship Program, un programme d’un an réservé { des jeunes professionnels, identifiés comme leaders dans leurs domaines, et sélectionnés sur la base de leurs expériences, de leur engagement pour le service public et de leur parcours académique. L’originalité du programme réside dans sa double dimension académique et professionnelle. Je profite ainsi de toutes les ressources qu’offre Cornell, l’université où j’étudie, et je suis amenée, pour mon développement professionnel, à me déplacer un peu partout dans le pays pour assister { des séminaires, { des formations et { des conférences. C’est une formidable opportunité pour développer son réseau, échanger avec des experts sur mon domaine de recherche, et bien sûr, découvrir ce pays fascinant que sont les Etats-Unis. Sur ton statut Facebook, le jour de l'élection présidentielle américaine, tu postes : « Quelle soirée, quel discours, quel Président ! Un vrai bonheur d'être ici pendant cette période exceptionnelle, et de pouvoir vibrer avec ce peuple audacieux, qui, 4 ans après avoir marqué l'histoire, choisit de reconduire Barack Obama à la Maison Blanche. » Que représentait pour toi, en tant que jeune, en tant que Malgache, le fait d’être présente à cette soirée ? J’ai posté ce statut sur ma page Facebook à mon retour du QG de campagne du parti démocrate, d’où j’ai suivi les résultats des élections présidentielles. Et ce fut particulièrement intense pour moi de vivre ce moment historique ici, à Ithaca, où l’on trouve cette jeunesse passionnée et engagée, { l’image du Maire de la ville, Svante Myrick, élu Maire en novembre 2011, { l’âge de 24 ans. Ce soir-l{, j’ai pu également apprécier la formidable mobilisation et l’engouement pour un autre jeune, Nathan Shinagawa, 28 ans, candidat démocrate au Congrès pour la région des Finger Lakes. Il a été plébiscité à Ithaca, recueillant 85% des suffrages, et dans le discours qu’il a livré devant nous tous, il a remercié tout particulièrement ces jeunes bénévoles qui ont sillonné une région réputée conservatrice, pour porter sa candidature. Je crois que c’est cela qui m’a marqué lors de cette soirée électorale : cette jeunesse qui se mobilise et ce message fort que renvoie le parcours de ces deux jeunes, engagés très tôt en politique, qui déploient une énergie admirable pour servir leur ville et défendre les valeurs démocrates au sein des institutions américaines. Les parcours de Nate Shinagawa et de Svante Myrick font partie de ces « success stories » dont l’Amérique a le secret, et leur réussite est la preuve que ce fameux rêve américain peut devenir réalité grâce, notamment, { l’éducation : l’un est le petit-fils d’un immigré japonais arrivé aux Etats-Unis en 1904, l’autre un métis né dans une famille pauvre, élevé par sa mère et qui a pu étudier grâce aux bourses qu’il a obtenues du gouvernement américain. Tous deux sont diplômés de Cornell University. « Un peuple audacieux » dis-tu des Américains. Comment perçois-tu cette audace ? Qu’est-ce qui, selon toi qui vis aux Etats-Unis, fait que les Américains soient audacieux ? Oui, un peuple audacieux parce qu’il a réédité ce qui a été un moment historique en 2008, en choisissant d’accorder au Président Obama un second mandat. Les Américains avaient voté pour le changement en 2008, et choisir la nouveauté, faire bouger les lignes, tout cela demande assurément une belle part de courage et d’audace. Par leur vote, ils ont finalement montré aux yeux du monde que le tournant historique de 2008 n’était pas seulement né d’un formidable engouement pour un homme qui incarnait des idées nouvelles, mais bien un vote d’adhésion aux valeurs de l’Amérique telle qu’ils la veulent. Donc, oui, par leur dernier vote mardi 6 novembre, le peuple américain a encore fait preuve d’audace. Je pense que le système éducatif américain favorise le développement d’un véritable sens critique et d’une affirmation de soi. Dès le collège, les associations, clubs et autres groupes de réflexion, offrent un environnement propice à la créativité, aux prises de position, et à un développement général de l’élève, en dehors du cadre purement scolaire. Dans les amphithéâtres { l’université, les étudiants sont sans cesse poussés { remettre en cause les vérités présentées comme établies, et les « discussion classes » sont, de ce point de vue, édifiantes : elles donnent souvent lieu à des débats passionnants, les étudiants démontrant une culture riche et un sens critique remarquable. Il n’existe pas non plus ici cette barrière commune entre l’étudiant et le professeur : peut s’instaurer alors une relation qui favorise les échanges d’idées et d’opinions. Dans un pays où l’on est très attaché { la liberté d’expression, les opinions sont valorisées partout, { l’école comme dans le cercle familial : tout cela nourrit sans doute, par extension, ce sens de l’engagement chez les Américains. Est-ce que tu penses que c’est une audace politique qui pourrait un jour être visible à Madagascar ? Je pense que l’audace est une qualité essentielle non seulement en politique, mais aussi dans tous les projets que l’on entend mener { bien. Est-ce vraiment d’une audace politique dont on a besoin pour changer les choses { Madagascar ? Sûrement, et je dirais encore plus, on a besoin de gens audacieux. Notre pays regorge de personnes brillantes, mais force est de constater que peu osent se lancer, par peur d’être exposé { la critique peut- être, par crainte de mettre en péril une carrière établie, dans un souci de discrétion aussi sûrement … Il existe par ailleurs cette tendance à vouloir rester neutre, et, pire, cette faculté { s’adapter { l’environnement en place, même lorsqu’on a des convictions différentes. Cependant, je suis optimiste lorsque je vois ces Malgaches, jeunes et moins jeunes, qui mènent de véritables initiatives et projets, qui s’engagent, chacun { leur niveau. Par ailleurs, les cercles qui proposent les débats d’idées tendent { s’agrandir et favorisent l’émergence d’idées nouvelles et donne de la visibilité aux actions menées par des personnes qui se sont décidées à être acteurs de l’avenir de leur pays. Enfin, je pense qu’il appartient { ces acteurs qui veulent changer les choses de faire participer les Malgaches à la vie politique, de leur faire prendre conscience des rôles et des responsabilités qui sont les leurs dans une démocratie. Pour cela, il faut proposer une vraie vision, des idées qui rassemblent et des pratiques nouvelles. Si tu pouvais prendre un fait, ou une anecdote, ou une réplique, un extrait de discours, ou un commentaire au cours de cette campagne qui pourrait s’adresser aux Malgaches, ce serait quoi ? J’ai été touchée par le discours (et les larmes) du Président Obama lorsqu’il s’est adressé { tous ces jeunes bénévoles qui l’ont soutenu par leur engagement dans sa dernière campagne. Il leur a rappelé que sa victoire était surtout la leur et que c’était l’énergie qu’ils ont déployée { le faire réélire qui donnent du sens à son action. Quelle humilité ... et quel message. Il me semble qu’il est essentiel de créer ce sentiment d’affiliation chez uploads/Politique/ un-regard-malgache-sous-le-ciel-americain.pdf

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