Suelette Dreyfus & Julian Assange Underground Préface de Flore Vasseur Undergro
Suelette Dreyfus & Julian Assange Underground Préface de Flore Vasseur Underground Éditions des Équateurs Direction éditoriale : Flore Vasseur. Traduit de l’anglais par Guillaume Boit, Pauline Buisson, Charlotte Dollinger, Anne Maizeret, Claire Sarradel et Chloé Stein A William Heinemann book. Published by Random House Australia Pty Ltd. Level 3, 100 Pacific Highway, North Sydney NSW 2060 . www.randomhouse.com.au First published by Reed Books Australia in 1997. This edition published by William Heinemann in 2011. Copyright © 1997, 2001, 2011, Suelette Dreyfus Copyright © 2001, 2011, Julian Assange. The moral right of the authors has been asserted. © Éditions des Équateurs, 2011, pour la traduction française. Courriel : editionsdesequateurs@wanadoo.fr Site Internet : www.equateurs.fr Underground Titre original : Underground : Tales of Hacking, Madness and Obsession on the Electronic Frontier Underground Préface de Flore Vasseur Introduction de Suelette Dreyfus (2011) 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 Le pub du coin L’American Connection Le fugitif Le Saint Graal Page 1. Le “New York Times” Le jour du Jugement dernier La Rébellion internationale Opération Climat Anthrax - L’outsider Le dilemme du prisonnier Conclusion Postface de Julian Assange (2001) [4ème de couverture] Préface de Flore Vasseur Il y a une quinzaine d’années, Suelette Dreyfus croise la route de Julian Assange à Melbourne. Fascinée, elle écoute son histoire. Journaliste, elle flaire le scoop. Elle se lance avec lui dans un incroyable travail d’enquête. Visionnaire, elle déniche la pépite avant tout le monde. C’est Underground, publié en 1997 en Australie. Aujourd’hui Julian Assange envahit nos écrans. Il affole les chancelleries et les rédactions, réveille les foules. Ses fans le suivent minute par minute sur Twitter. Les plus grands analystes politiques dissèquent les détails de sa vie très intime. Ses mémoires s’arrachent à prix d’or. Il s’habille comme une star de rock anglais, manie la teinture de cheveux comme Lady Gaga. Il veut faire tomber les têtes, parle sans crainte, subjugue par son sang-froid. Il bataille contre les médias, met le Politique à genoux. Julian Assange est un ovni, un héros pour des générations en mal de combat. Il touche, séduit, affole. Il donne de sa personne. À la tête de WikiLeaks, il fait travailler des centaines de volontaires, a des soutiens indéfectibles. Pourtant, son combat est celui d’un homme seul. Et qui le reste. Jusqu’à l’été 2010, le fondateur de WikiLeaks manie l’ombre à la perfection. Il change de numéro de téléphone tous les mois, évite de se servir d’une carte de crédit, travaille incognito, derrière des pseudos et des serveurs, accroché à ses ordinateurs. Il verrouille la moindre donnée d’un mot de passe impossible, inspecte une pièce pour vérifier qu’elle est dépourvue de micro ou caméra. Il dort et vit chez des inconnus, au gré des sites de partage de canapé comme « couchsurfing.com ». Ultra-connecté, toujours présent, il n’est jamais nulle part. Ancien hacker, il sait effacer ses traces. Cela semble être une question de vie ou de mort depuis toujours. Pourtant, il laisse une série d’indices derrière lui : des profils sur les réseaux sociaux, un essai politique lancé comme une bouteille à la mer sur Internet, un blog où se mêlent poèmes, photos d’enfant, analyses politiques et réflexions sur le rapport entre intelligence et tristesse. Il y a surtout ce livre, Underground. Julian Assange a longtemps préféré l’ombre. Suractif, jamais satisfait, obsédé par sa quête, il a constamment semé derrière lui. Julian Assange est un Petit Poucet de 1,86 mètre. Underground est l’un des gros cailloux de ce Petit Poucet. Quand avec Suelette Dreyfus il entame l’enquête d’Underground, Assange a 22 ans. Nous sommes en 1994 et il erre alors entre cursus universitaire et programmation informatique. Il démarre, pour les arrêter, des études de physique, de mathématique, de philosophie. II a plusieurs vies derrière lui. Il se trouve au seuil de l’adolescence, pourtant son destin est scellé. Tout est déjà là, génie et fêlures, fragilité ontologique et désir de toute-puissance. À 22 ans, il a commis ses principaux actes de hacking. D’après le New Yorker, Julian Assange est bien Mendax, un hacker talentueux dont ce livre (chapitres 2, 8 et 9) détaille les exploits [1]. II a décroché du hacking, sombré, remonté la pente. Avec Underground, c’est la vie de Mendax, son avatar présumé, qu’il enterre : le pirate, l’adolescent, l’amateur. L’enfant et l’homme marié qu’il a été aussi. À 22 ans, Julian Assange a été condamné pour hacking évitant de justesse la prison. Il est aussi jeune père et divorcé. Sa femme - rencontrée à l’âge de 16 ans dans un cours pour surdoués - l’a quitté pour un autre, emmenant son fils. Vacharde, l’histoire se répète : ses parents se sont séparés quand il avait un an. Son père ne s’est jamais battu pour sa garde. Julian Assange ne lâchera pas cet enfant-là. Avec sa propre mère qu’il admire, il crée une association de protection de l’enfance, se cogne aux services sociaux. Il obtient gain de cause à l’arraché mais perd quelque chose de lui-même. Coiffant son visage de poupon, subitement, ses cheveux sont devenus blancs. C’est cette histoire-là qu’il va, en partie et parmi d’autres, avec Suelette Dreyfus, raconter. Méthodique, argumenté, précis, Assange façonne ce manuscrit comme on range un placard. Il y passe trois années. 3 années à remettre sa propre histoire en ordre. Le travail sur ce manuscrit, c’est la tentative d’assemblage d’une personne poussée seule, le cœur pulvérisé sur la route, cherchant un exutoire à son exigence, à son mépris pour la normalité. Si Julian Assange est bien Mendax, alors ce livre apporte un éclairage sur son enfance de troubadour. Dans le sillage d’une mère aimante, il est biberonné à la contestation (anti-guerre du Vietnam, antinucléaire). Entre communautés hippies et théâtre expérimental, il vit au gré de la vie amoureuse de sa maman. Ensemble, ils traversent l’Australie, cherchant le soleil, l’amour. L’un de ses compagnons se révèle violent. Elle le quitte et se cache avec ses enfants. Julian Assange est adolescent. Il connaissait la vie bohème, l’errance. Il découvre la clandestinité. Il aurait changé trente-sept fois d’établissement scolaire pour finalement ne plus y aller du tout. Il fuit les formatages, école comme famille, les autres. Il préfère piocher dans les livres, apprendre seul. Il dévore La Ferme des animaux d’Orwell, Le Zéro et l’Infini d’ Arthur Koestler, Abattoir 5 de Kurt Vonnegut. Et aussi Soljenitsyne, Camus, Saint-Exupéry, Shakespeare, Sophocle, Euripide et Horace auquel il aurait emprunté son pseudo Mendax. Il cultive sa distance aux autres, à la réalité tout en cherchant un soulagement à sa solitude. Cette solitude justement, ce recours à l’autostimulation permanente et cette non-structuration sculptent sa personnalité et ses combats futurs. L’informatique arrive à point nommé comme échappatoire pas trop destructrice à cet enfant désocialisé. Surdoué, hors norme et hors tout, Julian Assange a le profil type de l’apprenti hacker. Dans Underground, la trajectoire de Mendax-le-hacker télescope celle de Julian le jeune adulte pour donner naissance à l’homme de WikiLeaks. Le livre détaille sa découverte de l’informatique dans la banlieue de Melbourne, sa passion pour les commutateurs de téléphone, ses bidouillages pour se faire remarquer par la communauté du hacking de l’époque. Mendax progresse vite et forme The International Subversives (La Rébellion internationale), la crème du hacking mondial. Le groupe est tellement élitiste que seules trois personnes accèdent à ses publications. Mendax est rédacteur en chef. Julian Assange garde, déjà, la main sur ses informations et ses lecteurs. Quand d’autres rêvent de surf, les International Subversives n’ont qu’un plaisir : infiltrer les ordinateurs de l’armée américaine. Sur l’ancêtre de l’Internet, Mendax, alias Julian Assange, cumule les exploits. Il est reconnu pour sa discrétion, sa maîtrise du code, sa créativité. Il va de plus en plus loin, sait qu’il joue avec le feu. Il passe son temps à imaginer la descente de la Police fédérale. Il prévoit tout, sait ce qu’il dira, comment il niera. Le jour où les policiers débarquent, il est prostré dans sa maison, bercé par le son hypnotique d’un modem branché sur haut-parleur, en recherche de connexion. Les disquettes étalées sur la table du salon, il s’exclame : « Je n’y crois pas : ma femme vient de me quitter. Vous ne pouvez pas revenir plus tard. » Julian Assange maîtrise tout. Sauf son cœur. Se trouver dans le monde des doubles ne résout pas tout. Mais cela l’aide à vivre. C’est écrit : le stakhanoviste du code, le pirate redouté, l’homme armure bataillera toujours avec son âme, son démon. Pour lui, tout se joue durant ses années de hacking : son rapport à l’autorité, aux contre-pouvoirs et à l’Amérique. Mendax excelle, mêlant culot et tâtonnement politique. Cette vie-là se solde par une première rencontre avec les services secrets, la découverte des tribunaux et de la dépression. Elles décupleront sa méfiance à l’égard de la justice et des médias. Elles annoncent la suite : sa vie de fugitif, les prémices de WikiLeaks, la conviction même qu’un jour lui qui se sent en sécurité dans l’ombre s’exposera. Mendax est mort mais Julian Assange l’homme sait déjà qu’il ira uploads/Politique/ underground-julian-assange-suelette-dreyfus-assange-etc.pdf
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- Publié le Nov 05, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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