J . S . B a c h Das wohltemperirte Clavier II  F r é d é r i c k H a a s clave

J . S . B a c h Das wohltemperirte Clavier II  F r é d é r i c k H a a s clavecin henri hemsch 1751 cd 1 1 Prélude i en ut majeur, bwv 870 2’28 2 Fugue i en ut majeur, bwv 870 1’43 3 Prélude xix en la majeur, bwv 888 1’52 4 Fugue xix en la majeur, bwv 888 1’39 5 Prélude xx en la mineur, bwv 889 3’53 6 Fugue xx en la mineur, bwv 889 1’57 7 Prélude iii en ut dièse majeur, bwv 872 2’21 8 Fugue iii en ut dièse majeur, bwv 872 2’03 9 Prélude xvii en la bémol majeur, bwv 886 4’31 10 Fugue xvii en la bémol majeur, bwv 886 3’07 11 Prélude x en mi mineur, bwv 879 5’11 12 Fugue x en mi mineur, bwv 879 2’59 13 Prélude xviii en sol dièse mineur, bwv 887 7’15 14 Fugue xviii en sol dièse mineur, bwv 887 4’43 15 Prélude v en ré majeur, bwv 874 3’32 16 Fugue v en ré majeur, bwv 874 2’38 17 Prélude xii en fa mineur, bwv 881 5’47 18 Fugue xii en fa mineur, bwv 881 2’07 19 Prélude xxii en si bémol mineur, bwv 891 3’38 20 Fugue xxii en si bémol mineur, bwv 891 4’23 21 Prélude xxiv en si mineur, bwv 893 2’03 22 Fugue xxiv en si mineur, bwv 893 1’46 23 Prélude ix en mi majeur, bwv 878 6’03 24 Fugue ix en mi majeur, bwv 878 3’28 Total 81’14 cd 2 1 Prélude iv en ut dièse mineur, bwv 873 4’59 2 Fugue iv en ut dièse mineur, bwv 873 2’45 3 Prélude xiv en fa dièse mineur, bwv 883 3’09 4 Fugue xiv en fa dièse mineur, bwv 883 6’09 5 Prélude xi en fa majeur, bwv 880 3’42 6 Fugue xi en fa majeur, bwv 880 1’34 7 Prélude vi en ré mineur, bwv 875 1’32 8 Fugue vi en ré mineur, bwv 875 1’52 9 Prélude xvi en sol mineur, bwv 885 2’29 10 Fugue xvi en sol mineur, bwv 885 3’03 11 Prélude vii en mi bémol majeur, bwv 876 2’48 12 Fugue vii en mi bémol majeur, bwv 876 2’00 13 Prélude xxi en si bémol majeur, bwv 890 6’14 14 Fugue xxi en si bémol majeur, bwv 890 2’43 15 Prélude xv en sol majeur, bwv 884 3’01 16 Fugue xv en sol majeur, bwv 884 1’10 17 Prélude ii en ut mineur, bwv 871 3’23 18 Fugue ii en ut mineur, bwv 871 2’39 19 Prélude xiii en fa dièse majeur, bwv 882 3’48 20 Fugue xiii en fa dièse majeur, bwv 882 3’43 21 Prélude viii en ré dièse mineur, bwv 877 5’12 22 Fugue viii en ré dièse mineur, bwv 877 4’00 23 Prélude xxiii en si majeur, bwv 892 2’48 24 Fugue xxiii en si majeur, bwv 892 3’50 Total 78’41 J . S . B a c h Das wohltemperirte Clavier II F r é d é r i c k H a a s clavecin henri hemsch 1751 Le Clavier Bien Tempéré II Quel est ton rapport au Clavier bien tempéré ? C’est une vieille histoire. Enfant, il me fascinait déjà. Il correspondait à la haute idée que je me faisais de la musique, à la fois mystérieuse et très concrète. Je sentais que malgré son côté savant cette musique est faite pour être jouée. Alors je la jouais, et je l’écoutais beaucoup. Devenu étudiant, j’ai suivi les cours d’analyse de Naji Hakim au conservatoire de Boulogne. Ses capacités de déchiffrage m’impressionnaient. Un jour, je lui ai demandé quel était son secret. Il m’a confié qu’après avoir été médiocre lecteur, il s’était imposé une discipline consistant à jouer tous les matins un prélude et fugue. La méthode m’a séduit, alors je m’y suis mis à mon tour, pendant au moins deux ans. Ainsi je me suis familiarisé avec le recueil. Un peu plus tard, je suis parti découvrir l’Italie avec une amie, pendant un mois. Ne pouvant imaginer survivre sans musique à une période aussi longue, j’avais apporté le clavicorde que je m’étais construit : en autobus, en train, en bateau… une folie. Tous les matins, je me levais à six heures pour jouer des préludes et fugues. Je n’avais d’ailleurs pris qu’une seule partition : le second Clavier bien tempéré. Pourquoi justement enregistrer ce second livre plutôt que le premier, plus célèbre, et par lequel il aurait pu sembler logique de débuter ? C’est celui que j’ai toujours préféré. Bien qu’on les considère comme deux parties d’un même ensemble, ils sont aussi différents l’un de l’autre que les Partitas des Suites Anglaises. Le premier livre est évidemment génial, mais un peu hétéroclite, composé de pièces manifestement écrites à différentes pério­ des. Or, si les œuvres de jeunesse révèlent un personnage révolté, exubérant, baroque au sens convenu du terme (selon le peu qu’on sait de lui, Bach était loin d’être un enfant sage), les moments plus stricts y sont quelquefois un peu froids. Le second volume, plus tardif, est conçu comme un ensemble à part entière, et représente je crois l’accomplissement d’un concept auquel le compositeur attachait une grande importance. Il y a d’ailleurs consacré beau­ coup de soin. Le résultat, en termes d’ampleur, de cohérence et de force, n’est guère comparable qu’à la troisième Clavierübung. Comme dans toutes les grandes œuvres de sa maturité, Bach y atteint un point d’équilibre miraculeux. On ne peut aller plus loin dans la rigueur formelle : la maîtrise de l’écriture est totale, d’une complexité qui fait littéralement tourner la tête. Et cependant tout est profond, sensible, intense, bouleversant parfois : un fascinant mariage de l’intellect le plus poussé et de l’émotion la plus directe, avec en plus une incroyable variété de textures musicales. Le prélude en ut majeur fait penser à un prélude pour grand orgue ; la fugue en si bémol majeur à une sorte de sin­ fo­ nia avec hautbois da caccia ; la fugue en si majeur sonne comme un grand Amen pour chœur et orchestre... Et puis il y a ces affects identiques à ceux que l’on retrouve dans les Cantates ou les Passions : le prélude en do dièse mineur, solitaire et mélancolique ; celui en si mineur, violent et révolté ; le pré­ lude en ré majeur éclatant de vitalité ou la fugue en Fa dièse majeur, qui semble pleurer avec résignation... Dès qu’on la courtise, chaque pièce s’ouvre, révèle des merveilles, et dégage un charme narcotique. On se demande souvent pour quel instrument Bach a pensé le Clavier bien tempéré. Pour le clavecin, j’en suis convaincu – ne serait-ce que parce que l’environne­ ment musical était alors dominé par lui. Du fait que Bach utilise assez peu la matière sonore du clavecin comme point de départ de sa composition, la musique ne semble pas « sortir » d’un instrument qui lui serait consubstantiel, comme par exemple celle de François Couperin. Du coup, on a pu la croire conçue pour un clavier « absolu ». Mais les spécificités du clavecin en font l’instrument idéal de cette musique. Lorsqu’on la joue au piano, on risque à chaque instant de perturber l’équilibre de la polyphonie ; il s’ensuit une sorte de réserve qui fait que la musique sonne toujours un peu « vieille ». En re­ vanche, introduire au clavecin du relief dans une texture polyphonique n’est possible qu’au prix d’opérations complexes et réclamant un extrême engage­ ment. On se rend alors compte de possibilités infinies, grâce à cette mécanique très simple, presque rudimentaire, qui en offrant un contact direct avec les cordes permet de contrôler l’émission du son comme aucun autre instrument. Bien entendu, on peut jouer le Clavier bien tempéré sur n’importe quoi, dès lors qu’on joue bien ; mais c’est un autre problème. Même si ce que font certains pianistes modernes me semble parfois vraiment fasci­ nant, c’est comme jouer Shakespeare en français. Une traduction faite par un grand écrivain peut être aussi intéressante que l’original ; ce sera toujours autre chose. Comme on le sait, chaque cahier est organisé de manière identique : 24 préludes et fugues dans les 24 tonalités rangées par ½ tons ascendants depuis do jusqu’à si, alternant majeur et mineur. Or tu as choisi un ordre complètement original. Pourquoi ? L’ordre de publication est aussi arbitraire que l’ordre alphabétique d’un dic­ tionnaire ; pratique pour le classement, mais sans aucune valeur en soi. Il n’a d’ailleurs pas été établi pour le récital, qui est une notion moderne. Or, on observe dans les Passions, les Messes, les Cantates un peu développées, que Bach est très attentif à la succession des tonalités, choisies de manière subtile et souvent complexe. Cela signifie que cette musique, si on désire la donner en concert, doit faire l’objet d’une mise en scène, au sens premier du terme. J’avais ressenti cela à l’époque où je jouais jour après jour les pièces dans leur ordre d’édition. En arrivant uploads/Politique/ wtc2-haas.pdf

  • 15
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager