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www.cese.ma Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental Auto-saisine Pour une politique d’innovation qui libère les énergies au service d’un nouveau modèle industriel Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental Auto-saisine Pour une politique d’innovation qui libère les énergies au service d’un nouveau modèle industriel 5 Pour une politique d’innovation qui libère les énergies au service d’un nouveau modèle industriel Conformément à l’article 6 de la loi organique n128-12 relative à son organisation et à son fonctionnement, le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) s’est autosaisi, aux fins de préparer un rapport sur «la politique d’innovation. Dans ce cadre, le Bureau du Conseil a confié à la Commission chargée de la société du savoir et de l’information l’élaboration d’un rapport sur le sujet. Lors de sa 111èmeSession Ordinaire, tenue le 30 juin 2020, l’Assemblée Générale du CESE a adopté à la majorité le rapport intitulé « Pour une politique d’innovation qui libère les énergies au service d’un nouveau modèle industriel », dont est extrait cet avis. 6 Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental 7 Pour une politique d’innovation qui libère les énergies au service d’un nouveau modèle industriel Avant-propos La crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 est venue durement démontrer la réalité des menaces qui pèsent sur l’économie de tous les pays et sur la santé de leurs citoyens. Elle a aussi mis en exergue la capacité d’innovation et de résilience citoyenne, sanitaire et industrielle, qu’un pays doit pouvoir déployer dans ces situations. Face à cette urgence sanitaire, notre pays a démontré une réactivité et une créativité reconnues internationalement. Le CESE considère que dans cette épreuve se sont clairement révélés tous les atouts potentiels du pays qui lui permettraient de s’engager résolument dans une trajectoire industrielle fondée sur l’innovation technologique. Une innovation guidée aussi par le respect des grands choix du pays en matière d’inclusion sociale et de développement durable. Dans cet avis, le CESE insiste sur la nécessité d’une politique ambitieuse d’innovation pour la prospérité économique et l’inclusion sociale et présente ses recommandations pour lever les obstacles à une telle politique et en assoir le développement sur des dispositifs adaptés. L’économie du Maroc est encore tributaire des matières premières et d’une main d’œuvre bon marché. Or, ces avantages compétitifs sont moins décisifs dans un monde où l’impératif de l’innovation et la valorisation du capital immatériel sont devenus la règle. Le Maroc est classé 74ème sur 129 au niveau de l’index global d’innovation au titre de l’année 2019 et ses scores sont particulièrement faibles en ce qui concerne l’emploi dans les secteurs intensifs en connaissance, la coopération université/entreprise et le développement des industries culturelles et créatives. La contribution de l’industrie nationale au PIB reste limitée et notre modèle de croissance n’engendre pas les emplois à forte qualification nécessaires à la résorption du chômage des jeunes, notamment des diplômés, qui reste un des défis majeurs de notre pays. Un plan de développement « Maroc Innovation » a été lancé en 2011 et des fonds de soutien ont été mis en place mais les résultats ne sont toujours pas à la hauteur des ambitions. Le constat royal, posé par Sa Majesté le Roi dans son discours du 20 août 2018, adressait explicitement ce déficit et cette urgence au niveau national. Une mission impérative a été dès lors assignée à toutes les forces vives de la nation : instaurer de façon efficace, durable et inclusive « un climat et des conditions favorables à la vie active, à la promotion professionnelle, à l’innovation et à la recherche scientifique ». Comme d’autres institutions du pays, le CESE s’est attaché, dans plusieurs de ses rapports, à souligner l’importance de la recherche-développement et de l’innovation pour la croissance économique et le développement social. En 2014, il y a consacré le focus de son rapport annuel. Il a également traité de ce sujet dans son rapport sur le « Changement de paradigme pour une industrie dynamique au service d’un développement soutenu, inclusif et durable », et plus récemment, dans sa contribution à la définition du Nouveau modèle de développement. Pour le CESE, il est devenu indispensable de lever les obstacles de toutes natures, qu’ils soient stratégiques ou opérationnels, qui entravent la mise en place d’une politique d’innovation nationale ; il s’est employé à identifier leurs causes et proposer des actions pour les lever. 8 Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental Dans le présent avis, le CESE rappelle d’abord que l’urgence d’une politique nationale d’innovation s’ancre dans la prise de conscience que l’innovation est au cœur de la compétition mondiale. Les logiques et les conditions de l’innovation technologique ont profondément changé ces dernières décennies. Au-delà de la créativité individuelle ou du talent entrepreneurial dont le Maroc ne manque pas, la capacité d’innovation d’un pays exige aujourd’hui des écosystèmes appropriés ainsi que des processus collectifs dans lesquels de nombreux acteurs publics et privés, nationaux et régionaux, ainsi que les universités et les entreprises, doivent collaborer et jouer pleinement leur rôle. Ces acteurs nationaux sont conscients des enjeux, mais les méthodes et les mécanismes de coopération vertueuse qui débouchent sur une croissance par l’innovation sont encore embryonnaires et doivent de ce fait être consolidés. Enfin, les meilleures volontés se heurtent, de surcroît, à de nombreux obstacles qu’il convient de surmonter pour libérer l’ensemble des énergies nécessaires et générer l’impact attendu. 9 Pour une politique d’innovation qui libère les énergies au service d’un nouveau modèle industriel 1. Contexte 1.1.L’innovation, moteur de développement Notre monde subit des mutations majeures dues en grande partie aux évolutions technologiques qui ont un impact profond et parfois irréversible sur l’environnement physique, social et économique. Notre vie quotidienne est en permanence bouleversée par un flot de produits et services qui proviennent d’entreprises innovantes, de taille souvent mondiale, et dont la plupart n’existaient pas il y a vingt ans. Dans son rapport sur le développement industriel de 2016, L’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) affirme que « (…) sans technologie ni innovation, l’industrialisation ne se produira pas et que sans industrialisation, il n’y aura pas de développement ». Dans la compétition mondiale, l’innovation n’est pas seulement technologique, elle se situe également au niveau de l’organisation des entreprises ou des marchés. En effet, certains produits ou services « nouveaux » ne sont parfois que des adaptations d’une technologie novatrice ou une forme d’utilisation qui n’avait pas été envisagée auparavant. Mais en inventant de nouveaux usages, de nouvelles manières de travailler, de nouvelles pratiques administratives, ou en inspirant de nouveaux arts, toutes ces innovations ont un effet accélérateur sur le développement. L’entrée dans une économie mondiale fondée sur l’innovation implique une gestion nouvelle et motivante du capital intellectuel : chercheurs, doctorants, diplômés, créateurs, inventeurs, entrepreneurs. Elle nécessite également une collaboration étroite entre tous les acteurs : entreprises, universités et État. Au Maroc, l’incitation à l’innovation demeure insuffisante. L’innovation se heurte à un certain nombre d’obstacles administratifs ou réglementaires décourageant les entreprises innovantes qui se trouvent dans une position de faiblesse face à la concurrence internationale dopée par des subventions et crédits d’impôts divers. Les indicateurs de l’innovation confirment d’ailleurs ce constat : le nombre de brevets déposés à l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) reste faible et le classement du Maroc au « Global Innovation Index » stagne autour de la 74ème place depuis plusieurs années. Cependant, le phénomène des start-ups, qui est à l’origine de succès majeurs dans d’autres pays, se développe rapidement au Maroc, depuis une dizaine d’années. Il constitue un changement significatif dans le paysage de l’innovation au Maroc. Alors que leur nombre était encore très faible à la fin des années 2000, nombre de jeunes se sont lancés dans l’aventure de l’entreprise innovante, ce qui pourraient régénérer, à terme le tissu industriel du pays si les soutiens et les conditions nécessaires étaient réunies. Or, le CESE a constaté qu’il n’existe pas encore un écosystème cohérent dédié à la promotion de ces start-ups. De surcroît, la plupart des soutiens se focalisent sur l’amorçage des projets et les toutes premières étapes de vie de la nouvelle entreprise. Il faut donc étendre ces efforts aux phases suivantes, où doivent intervenir des investissements à moyen et long terme. 10 Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental 1.2. La collaboration entreprise/ université : une clé de la politique d’innovation L’université est un acteur crucial des politiques de recherche-développement et d’innovation. Dès les années 1990, il a été démontré que la capacité d’innovation et la compétitivité mondiale de certains pays, qui ont pourtant des coûts salariaux et sociaux très élevés (par exemple les pays scandinaves), reposerait sur la forte implication des universités dans le développement industriel et social. D’autres pays particulièrement innovants (Corée, Suisse, etc.) ont donné naissance au modèle de la « triple hélice » qui a notamment inspiré l’Union européenne. Ce modèle met en relief la nécessaire coopération industrie-universités-État dans la construction des stratégies nationales d’innovation. Au Maroc, l’université est faiblement intégrée aux politiques industrielles et de développement. Lorsque les universités s’impliquent dans des relations avec les entreprises, elles se retrouvent uploads/Politique/avis-innovation-vf.pdf
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- Publié le Mar 28, 2021
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