Christia Sylf KOBOR TIGAN'T Chronique des géants Alexandre Moryason éditeur Pre

Christia Sylf KOBOR TIGAN'T Chronique des géants Alexandre Moryason éditeur Première parution en 1969 aux Editions Robert Laffont à Paris ISBN 2-9523967-3-6 EAN 9782952396738 © 2005 - ALEXANDRE MORYASON ÉDITEUR Boîte Postale 175 - 92406 Courbevoie Cedex – France Site internet : www.moryason.com « J’ai voulu rendre à l’homme, par mon travail d’écriture, la vérité de sa puissance voilée, le ramener à lui-même, à sa naturelle transcendance, à ses célestes origines, à toutes ses divines possibilités. » Christia Sylf Née d’une mère cantatrice et d’un père industriel, Christia Sylf fut une enfant fragile, solitaire, grave et rieuse à la fois, constamment en proie à un flot de questions qu’elle s’acharnait à ne pas laisser sans réponse. Elle perçut déjà avec certitude d’autres vérités, d’autres valeurs, « je suis d’ailleurs » avouera-t-elle plus tard ! Détestant l’école, elle apprit à lire cependant, sans que l’on sût comment et, à dix ans, elle connaissait par cœur — outre le dictionnaire — Anatole France, Honoré de Balzac, George Sand, Gustave Flaubert, Emile Zola, Théophile Gauthier et Victor Hugo... Toutefois, par respect pour ses maîtres, elle choisit d’être une bonne élève et, rentrée à la maison, elle explorait avec passion l’Astrologie, la Théosophie, le Symbolisme, les Folklores, les Traditions, les Coutumes et toutes les Religions. Dès qu’elle sut écrire, elle composa des poèmes, retrouvant en elle-même le talent d’une très ancienne conteuse. En 1961, après un premier mariage qui la laissa épuisée, elle trouva son âme-sœur, le peintre ésotériste Marcel Caro dit « Kerlam » qui, dès la première rencontre, la « reconnut »... De longues années difficiles et sans espoir les séparèrent jusqu’en 1964, date à laquelle ils purent enfin quitter Paris pour aller vivre en- semble en Ardèche, dans un village du Vivarais, Saint Montan « Le Pays du Vivre ». Elle sentait le Monde et les Mondes, plus légers et ténus, ceux que ne perçoivent pas les yeux des hommes et que seul le cœur sait pénétrer et, par ses voyages intérieurs, elle comprit que, malgré la déception que savent si bien prodiguer les êtres humains, elle ne pouvait que les aimer et les aimer profondément... « ...L’Etre qui n’ose pas affronter son immense merveille, ce prisonnier déchirant et déchiré qui se confine lui-même dans son étroitesse de convention... ». Et c’est ainsi qu’un jour, l’inspiration foudroyante du Grand Cycle des « Chroniques » l’envahit. Elle capta les Mondes Perdus, ces Continents engloutis qui reviennent pour enchanter les narrations du soir... l’Atlantide renaissait : « Je parlerai de l’Atlantide, avec mes mots à moi, et de mon mieux. Parce qu’elle me fut connue et qu’elle me reste chère, comme le sont toutes les étrangetés que l’on apporte avec soi en naissant. Elle est de mon bagage. C’est une gemme de mon trésor. » Le premier volume du Cycle « Kobor Tigan’t » vit le jour alors que les mêmes Mondes apparurent sous le pinceau de Kerlam. Ce travail, fait de quêtes psychiques au sein de l’invisible, lui coûta très cher : au fur et à mesure qu’elle captait et qu’elle écrivait, la maladie gagnait son pauvre corps physique...mais le plus terrible fut ces enjeux spirituels qu’elle dut affronter et dont on ne peut, encore à ce jour, rien dire ouvertement. Elle-même écrivit : « Je parlerai de l’Atlantide ! Mais en aurai-je vraiment le temps ? La puissante montée diluvienne ne viendra-t-elle pas arrêter ma main et noyer tous ces signes studieux que je trace ainsi à petite patience ?... » Ainsi, telle la chèvre de Monsieur Seguin, elle lutta jusqu’au terme de ses forces, sans pouvoir cependant clore son œuvre. Elle quitta brutalement ce monde à la fin des années soixante-dix. Cette extraordinaire tapisserie des « Grandes Chroniques » nous est donc offerte avec un style « travaillé au petit point », somptueux, grandiose, barbare et savant dont Christia Sylf étudia les effets d’une façon méthodique. On peut parler de cette Œuvre comme d’une création littéraire unique, « hugolienne » par sa puissance visionnaire et « flaubertienne » par sa beauté plastique qui nous rappelle la luxuriance des jardins d’Hamilcar... Mais en réalité, il s’agit de tout autre chose... Puisse chaque lecteur retrouver dans les tréfonds de sa conscience le secret de ses origines et, ravivant cette très ancienne mémoire qu’il porte en lui sans le savoir, ressentir son propre parcours dans l’Espace et le Temps, lors de ces vies et ces vies, passées ici et là en Atlantide, en Asie... Il saura alors mieux reconnaître les racines de son présent. Tel est le merveilleux cadeau que nous fit Christia Sylf... L’éditeur PROLOGUE Je veille dans la nuit des hauts alpages et mes brebis innombrables brillent de blancheur dans le noir ainsi que des étoiles. Je m’appelle le vieux Kébélé, le Judicieux Ami. Je suis un vieillard verdoyant et, à dire vrai, je n’ai point d’âge. Je participe de la nature de l’arbre. Comme le chêne : apparence de noueuse écorce, chargée d’ans, au-dehors. Et claire sève de présent printemps au-dedans. Tel je suis, sans jamais varier. On m’a vu souvent sur la montagne. Je regarde avec tendresse l’obscure vallée. On m’a vu souvent sur la route: mon voyage croise le vôtre. Tout en allant, car je vais toujours, je redresse la plante courbée par le vent, j’ouvre la coquille parfois trop dure à l’oiseau qui veut naître, je pousse vers la terre la graine de hasard tombée sur le roc, je rends à l’adoucissement de la rivière le caillou de douleur qui a trop longtemps roulé et brûlé au soleil. Près du carrefour, là où même la poussière hésite en tournoyant, je souris en montrant un chemin de traverse, pour les enfants, pour les gitans, ces Fils du vent, pour les abeilles, pour tous ceux-là qui ne font pas résistance. Il m’est accordé de rectifier. Les cueilleuses de simples, les suiveurs de soleil, les nomades lunaires, les assoiffés, les glacés, les ardents et les très obscurs sont mes enfants qui me questionnent sans le savoir et auxquels je réponds, sans qu’ils s’en doutent. Je suis un voyageur à rencontrer. Inconsciemment, les miens me cherchent. Et je les trouve ... De loin en loin, entre deux voyages, je me tiens dans ma retraite cachée. Mon ermitage, mon sûr refuge de méditation et de labeur, c’est le sein même du Temps. Je suis assis au centre de mon vaste rêve, devant mon métier et, des fils mêmes de la vie, je tisse les brillants archétypes, je prémédite les modèles harmoniques de ce qui est à venir. C’est un tissage. C’est une musique. Qui sait écouter peut d’ailleurs l’entendre. Ce geste créateur-là est aussi une prière qui s’inscrit dans les Lois du Parfait et lui rend ainsi hommage, par un dialogue de reflets. Moi, Kébélé, je travaille au milieu de la Hauteur. Je suis le Médiateur. Mes modèles se proposeront ensuite en Bas. En un mouvement incessant, j’assemble fils d’or et d’argent. Le tissu naît de cette épousaille continue. En même temps, je brode et j’inscris. Je marie, par l’art secret, des soies vertes et rouges dont les forces se repoussent. J’oppose des blancs purs à des noirs profonds, tout comme l’on soutient par des colonnes le creux d’un temple. Sous mes mains qui unissent, les antagonismes acceptent de se fondre en paix, les complémentaires produisent leurs formations. C’est le grand jeu sacrificiel de la Lumière prenant Couleur. Je brode : les Lois se ploient, se complaisent à s’efforcer ensemble. Sous le jeu coloré, la trame avec la chaîne se tient en harmonie, tandis que ma navette chargée court à travers l’ouvrage. Les détails du dessin apparaissent, grandissent, procédant l’un de l’autre... Rien ici n’est indifférent ni gratuit. Tout importe. Rien n’est séparé de l’ensemble. Tout y concourt. Et tel petit ornement inexplicable que l’on voit sur l’endroit de cet ouvrage, privé de sens comme un œil ouvert tout seul dans un angle, en vérité à l’envers révèle sa nature, lance des fils, rayonne à l’entour de lui-même et contacte secrètement tous les autres motifs. La Grande Tapisserie ne montre qu’une apparence de visage extérieur. Seul, je connais son envers mouvant, riche de toutes les solutions. Mes mains ont motivé par-dessous tout ce qui apparaît à vos sens. Je sais de quels nœuds sont rassemblés, de loin en loin, sous l’ordre d’un rythme, certains fils, toujours les mêmes. Ainsi, périodiquement, ils répètent un motif particu- lier, utile à l’ensemble, une fleur de foudre, un dragon de beauté ou la cantate des lumières prismatiques. Je sais pour quelle raison tel fil court, solitaire et bril- lant dans le paysage des autres, comme un ruisseau hâtif s’en va sans fin, plein de désirs et de vœux, vers la mer. Tous, alors, se penchent sur ses rives fraîches ; mais lui, ne fait que les côtoyer, sans les connaître, et ne s’unit point à rien. Tel autre, qu’on ne remarque pas et dont il semble qu’on pourrait se passer, va diligent de l’un à l’autre, ne cesse jamais son œuvre de liaison. On ne le uploads/Religion/ 1-kobor-tigant-christia-sylf 1 .pdf

  • 26
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Mai 08, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
  • Taille du fichier 1.8159MB