38 • Questions actuelles Pour comprendre ce qu’est l’exorcisme, il nous faut pa

38 • Questions actuelles Pour comprendre ce qu’est l’exorcisme, il nous faut partir de Jésus-Christ et de ce qu’il a fait. Jésus-Christ est venu pour annoncer et inaugurer le règne de Dieu sur le monde et sur les hommes. Les hommes ont la capacité d’accueillir Dieu en leur cœur (Rm 5, 5). Mais cette capacité d’accueillir Dieu est troublée par le péché et, parfois, le mal occupe chez l’homme la place où Dieu veut vivre. Aussi Jésus-Christ est-il venu libérer l’homme de la domination du mal et du péché, et donc aussi de toutes les formes de domination du Malin, c’est-à-dire du diable et de ses esprits mau- vais appelés démons, qui veulent faire dévier le sens de la vie des hommes. Pour cette rai- son, Jésus-Christ a chassé les démons et li- béré les hommes de la possession par des esprits mauvais, pour qu’il ait une place chez l’homme, de sorte que ce dernier acquière la liberté envers Dieu. Et Dieu veut donner son Esprit Saint à l’homme qui est appelé à deve- nir son temple (1 Co 6, 19 ; 1 P 2, 5), pour diriger ses pas (Rm 8, 1-17 ; 1 Co 12, 1-11 ; Ga 5, 16-26) vers la paix et le salut. C’est là que se situe l’Église et son ministère. L’Église continue la lutte du Christ contre le mal L’Église est appelée à suivre Jésus-Christ et elle a reçu du Christ le pouvoir de conti- nuer, en son nom, sa mission. Alors l’action du Christ pour libérer l’homme du mal s’exer- cera par le service de l’Église et de ses mi- nistres ordonnés, délégués par l’évêque pour accomplir les rites sacrés destinés à libérer les hommes de la possession du Malin. L’exorcisme est donc une forme ancienne et particulière de prière, que l’Église emploie contre le pouvoir du diable. Voici comment le Catéchisme de l’Église catholique explique l’exorcisme et la manière de l’employer : « Quand l’Église demande publiquement et Le 26 janvier 1999, le cardinal Jorge Arturo Medina Estévez, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, a présenté à Rome, dans la Salle de presse du Saint-Siège, le nouveau rite des exorcismes. Nous proposons ici l’intégralité de cette intervention dans laquelle le cardinal décrit la lutte du Christ et de l’Église contre le mal et résume la doctrine de l’Église concernant Satan. Le Christ est venu libérer l’homme du péché et du Malin pour le rendre capable d’accueillir Dieu. L’Église continue cette mission de libération aujourd’hui. C’est dans ce contexte qu’il faut situer toute forme d’exorcisme : les exorcismes simples, lors du baptême, ou solennels, c’est-à-dire les rites pratiqués selon des règles strictes (par un ministre ordonné, autorisé par l’évêque) et uniquement après un sage discernement. Le nouveau Rituel romain comprend le rite de l’exorcisme lui-même, ainsi que des prières « publiques » et « privées ». Le diable, Menteur par excellence, utilise principalement le mensonge pour prendre au piège et tromper les adultes comme les enfants dans leur conception du bonheur, de la vie, de Dieu, du péché, etc. Il crée ainsi un monde d’insécurité et de doute : la vérité disparaît. À cause de l’action du diable dans le monde, la vie pour l’homme devient un combat, mais la victoire finale appartient au Christ. Le nouveau rite des exorcismes, qui constitue le dernier chapitre du « Rituel romain », comprend une cinquantaine de pages. Il n’existe pour l’instant que dans sa version officielle en langue latine, mais les diverses Conférences épiscopales sont en train de le traduire en langue vernaculaire. Cette tâche, en France, a été confiée au Centre national de pastoral liturgique. Texte original italien dans l’Osservatore Romano du 27 janvier 1999. Traduction de la DC. Titre de QA. Voir DC 1999, n° 2198, p. 159-160. R É S U M É P E R S P E C T I V E S FICHE DE LECTURE À propos du nouveau rite des exorcismes Dans sa présentation du nouveau rite des exorcismes, le cardinal Medina Estévez explique que « l’exorcisme est une forme ancienne et particulière de prière, que l’Église emploie contre le pouvoir du diable ». Il montre ainsi que le rite de l’exorcisme s’inscrit dans la tradition de l’Église et fait partie de la prière de l’Église. Cette dimension éminemment ecclésiale de l’exorcisme se voit très clairement dans la structure du nouveau rite d’exorcisme majeur, le « grand exorcisme » dont parle le Catéchisme de l’Église catholique, n. 1673 (cité dans le présentation du cardinal). Le rite d’exorcisme majeur On retrouve dans ce rite des prières et des gestes très connus de tous ceux qui participent régulièrement à la vie liturgique de l’Église. En effet, entre les rites d’ouverture et le rite de conclusion, la célébration – un mot qui convient puisqu’il s’agit de la prière de l’Église, présidée par un prêtre délégué par l’évêque – se déroule en dix temps: la prière litanique, la lecture d’un ou plusieurs psaumes (voir encadré p. 21), la proclamation de l’Évangile (voir encadré p. 14), l’imposition des mains, la profession de foi, la prière du Seigneur, le signe de la croix, l’exsufflation, les formules de l’exorcisme et l’action de grâce. La plupart de ces prières et gestes, qui font partie d’autres rites, n’ont pas besoin de commentaire. L’exsufflation et les formules de l’exorcisme, par contre, sont généralement moins connus. L’exsufflation C’est la prière qui accompagne l’exsufflation qui explique le sens de ce geste. L’exorciste souffle sur le visage du fidèle tourmenté et demande au Seigneur, par son souffle, de repousser les esprits mauvais et de leur commander de s’en aller parce que son règne est proche. Cette prière, comme toutes les autres utilisées dans le rite, est très biblique. Les formules de l’exorcisme Le nouveau Rituel, à la différence de l’ancien, privilégie les formules « déprécatives » d’exorcisme: l’Église, dans sa prière, s’adresse à Dieu (ou au Christ) et lui demande de libérer l’homme du Malin. Les formules « imprécatoires », privilégiées dans le Rituel ancien, sont des invectives violentes adressées directement au Malin. L’EXORCISME ET LA PRIÈRE DE L’ÉGLISE L’Écriture sainte nous enseigne que les es- prits malins, ennemis de Dieu et de l’homme, exercent leur action de diverses manières. Parmi celles-ci, on signale l’obsession diabo- lique, appelée aussi possession diabolique. Mais la possession diabolique n’est pas la ma- nière la plus fréquente par laquelle l’esprit des ténèbres exerce son influence. La pos- session a pour caractéristiques son caractère spectaculaire et, par elle, le démon s’empare d’une certaine manière des forces et de l’ac- tivité physique de la personne qui subit la avec autorité, au nom de Jésus-Christ, qu’une personne ou un objet soit protégé contre l’emprise du Malin et soustrait à son empire, on parle d’exorcisme. Jésus l’a pratiqué, c’est de lui que l’Église tient le pouvoir et la charge d’exorciser (cf. Mc 3, 15 ; 6, 7. 13 ; 16, 17). Sous une forme simple, l’exorcisme est prati- qué lors de la célébration du Baptême. L’exorcisme solennel, appelé “grand exor- cisme”, ne peut être pratiqué que par un prêtre et avec la permission de l’évêque. Il faut y procéder avec prudence, en observant strictement les règles établies par l’Église (cf. Code de droit canonique, canon 1172). L’exorcisme vise à expulser les démons ou à libérer de l’emprise démoniaque, et cela par l’autorité spirituelle que Jésus a confiée à son Église. Très différent est le cas des maladies, surtout psychiques, dont le soin relève de la science médicale. Il est important, donc, de s’assurer, avant de célébrer l’exorcisme, qu’il s’agit d’une présence du Malin, et non pas d’une maladie » (CEC, n. 1673). La possession diabolique n’est pas la manière la plus fréquente par laquelle l’esprit des ténèbres exerce son influence. Mars-Avril 2002 • 39 Dans l’article « Aspects théologiques de l’exorcisme », publié dans Le défi magique, satanisme, sorcellerie, vol. II (voir « Bibliographie » p. 44), André Dupleix, de l’Université catholique de Toulouse, met en avant trois valeurs évangéliques et spirituelles – prudence, fermeté et paix – essentielles au ministère d’exorciste. Il écrit ceci: Le ministère d’exorciste (…) doit être exercé avec prudence. Gardons-nous de considérer que nous puissions avoir sur la question du mal ou sur Satan et le monde démoniaque une réponse précise et définitive. Il y a là un domaine non connu et non connaissable dont on peut penser qu’il ne devrait même pas être qualifié de mystère. Le seul mystère véritable est le mystère de Dieu auquel nous avons accès par le Christ et dans l’Esprit. Gardons-nous également de nous approcher sans séparation ou sans discernement de ces zones de turbulence et de contradiction. S’il y a, à l’origine de la souffrance humaine, des motifs que nous pouvons affronter et supprimer, il y en a d’autres qui échappent à notre maîtrise et peuvent nous déstabiliser, quelle que soit notre bonne volonté ou la qualité de notre foi. (…) Le ministère d’exorciste doit être exercé avec fermeté. Fermeté en raison de l’espérance qui nous vient d’une certitude uploads/Religion/ a-propos-du-nouveau-rite-des-exorcismes.pdf

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  • Publié le Apv 14, 2021
  • Catégorie Religion
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