1 Commentaire de la Règle de saint Benoît par le Père Irénée RIGOLOT moine de l
1 Commentaire de la Règle de saint Benoît par le Père Irénée RIGOLOT moine de l'abbaye de Timadeuc Introduction Première partie Le Prologue de la RB Deuxième partie La Constitution organique du Cenobium (RB 1-3) Troisième partie Le Corpus asceticum de la (RB 4-7) Quatrième partie L'organisation du monastère : L'Oeuvre de Dieu (RB 8- 18) Cinquième partie La répartition du temps en dehors de l'office divin (RB 48-49) Sixième partie Le Code pénitentiel (RB 23-30) et le Traité de la satisfaction (RB 43-46) Septième partie Les bien matériels (RB 32-34 ; 54-55 et 57) et le Soin du corps (cura corporis) (RB 35-42 et 22) Huitième partie Le monastère et le monde (RB 66-67; 51; 53; 56; 58-61) Neuvième partie Les relations fraternelles (RB 63; 69-72 Épilogue (RB 73) 2 Commentaire de la Règle de S. Benoît (commencé le 21 octobre 1982; achevé le 7 novembre 1986) « La RB, c’est le contrat collectif » (P.Damien Siccard) Note préliminaire: Ce commentaire doit beaucoup à celui de Garcia M.Colombas (O.S.B.) et de Inaki Aranguren (O.C.), éd. B.A.C., Madrid 1979. Plan de la RB: A. Prologue = catéchèse + introduction (genres de moines, l’Abbé et son Conseil: ch.1-3) B. Ascèse et organisation = 1- Actus militiae cordis: ch.4-7 2- Ordo monasterii: ch.8-66 C. Appendice-conclusion = ch.67-73 (Ch.67-72 + Epilogue: ch.73). I. Première Partie : Le PROLOGUE de la RB Plan du Prologue: A- Introduction (1-7) = Le mystère de l’obéissance filiale : 1-3 : Ecoute = obéissance = servir le Christ. 4 : Prière 5-7 : Finale = gloire ou châtiment éternel. B- Exhortation (8-39) = Catéchèse baptismale avec deux Psaumes (Ps.33 et 14) : . Ps 33 : « Le chemin de la vie » (uia uitae) a) vv.8-11 = invitatoire; b) vv.12-17 = psaume ; c) vv.18-20 = conclusion. . Verset 21 : « Le chemin de l’Evangile » (uia euangelii) a) : fin = le Royaume 3 b) : but = une « pratique » (amour en actes) ; c) : moyen = l’Evangile. . Ps. 14 : « Le chemin de la Demeure » (uia tabernaculi) a) : v. 22 = le principe général : bonnes actions ; b) : vv.22-28 = psaume ; c) : vv. 29-32 = humilité (Apôtre) ; d) : vv. 33-34 = humilité (Evangile) ; e) : vv.35-39 = conclusion (conditions de la conversion). C- : «L’école du service du Seigneur » : un chemin du Salut. (uia salutis) a) : vv . 40-44 = fin et but ; b) : vv. 45-49 = de la crainte à l’amour ; d) : v. 50 = vers le Royaume du Christ. Commentaire (1). « Obsculta, o fili, praecepta magistri » …Ecoute, mon fils, les préceptes du maître (i.e. ses instructions), ce que son expérience lui a fait acquérir de sagesse et qui se trouve condensé dans cette Règle de vie. Le « maître » dont il est question ici, n’est donc pas Le Seigneur lui-même, mais l’Ancien aguerri au combat spirituel par une longue « pratique » (ascèse), peut-être S.Benoît lui- même... N’est-il pas surprenant que, parvenu à la sagesse, devenu un authentique « spirituel » (docile aux injonctions de l’Esprit), Benoît écrive au Mont, Cassin vers 530-540, une « Règle pour les moines »? Pourquoi faire oeuvre de législateur alors que la Loi de l’Esprit lui sert de Règle absolue? N’y aurait-il pas là régression, retour à un légalisme pré-évangélique? Non, car il y a harmonie (symphonie) entre la lettre qui, certes, peut tuer, et l’Esprit qui vivifie (cf. 2 Co 3,6). « Je ne suis pas venu pour abolir (la Loi et les Prophètes), mais pour accomplir » (Mt 5,17), ou, comme traduit Marcel Jousse: « Point ne pensez que je sois venu faire cesser la Loi et les Prophètes, mais les utiliser » (Anthropologie du geste). Et inclina aurem cordis tui, « et prête l’oreille de ton coeur ». Notons le vocabulaire de l’écoute: ausculta, aurem... »La foi procède de l’écoute », comment croire sans d’abord entendre? » (cf. Rm10,14). Aurem cordis tui...L’anthropologie de Benoît est biblique. C’est le coeur de l’h. (leb, kardia, cor) qui est le siège de l’écoute de la parole (de la Parole) qui habite le tréfonds de la personne, le sanctuaire de sa conscience (cf. Rm 10,8). « Donne-moi un coeur qui écoute », demandait Salomon au Seigneur (1 R3,9). 4 Et admonitionem pii patris libenter excipe et efficaciter comple. « accepte les conseils d’un vrai père et suis-les effectivement ». Le magister est aussi « père », comme l’Eglise est Mater et Magistra...(cf. Innocent III, Concile du Latran 1214) C’est la jonction, la synthétique et indissociable union entre la fermeté qui éduque en contraignant le vieil homme à s’amender, à se perdre pour laisser naître l’h. nouveau, et la tendresse qui berce, console, prodigue l’amour vital, et ressuscite. Le maître instruit; le vrai et tendre père avertit, admoneste, conseille. C’est là toute la nuance entre ce qui est d’obligation (prescrit par la loi naturelle et divine) et de conseil. Ce « père » est l’Abbé, selon Benoît auteur de la Regula (cf. Commentaire BAC p.195).S. Augustin parlera d’Ambroise de Milan comme d’un pater et episcopus: »suscepit me paterne, perigrinationem meam satis episcopaliter dilexit » - Conf. V,XIII,23 -. Déjà là, Benoît ouvre toute la problématique de la « Règle des moines »: si le précepte n’est pas librement et amoureusement accueilli comme expression de l’Amour, il deviendra un insupportable fardeau. Mais si l’amour reprend la première place et devient égèmonikon, principe directeur de l’action, alors le précepte s’accomplira comme « naturellement » (cf. Pr 48: « dilatato corde inenarrabili dilectionis dulcedine curritur via mandatorum Dei...). Libenter excipe et efficaciter comple « Acueille (l’exhortation du tendre père qui t’aime) librement (de bon gré) et mets-la en oeuvre dans ta vie concrète ». La vie chrétienne, mue par la grâce qui a toujours l’initiative - comme l’Ecriture l’affirme et comme S. Augustin l’a si constamment défendu contre Pélage - fait appel à notre libre consentement. L’acte de foi est l’acte le plus libre qui soit: il suppose l’adhésion de toute la personne (A. Chouraqui traduit « foi » - pistis, fides -par « adhésion » dans sa traduction de la Bible). Devenus des « fils » en Jésus-Christ, par le baptême, nous sommes « sous la grâce » (Rm 6,14) qui nous arrache à « notre ancien esclavage » (Ga 5,1). Et la foi opère par la charité (Ga 5,6); d’où son « efficacité », car « la charité du Christ nous presse » (2 Co 5,14). (2)ut ad eum per oboedientiae laborem redeas, a quo per inoboedientiae desidiam recesseras... « afin que tu reviennes par le labeur de l’obéissance à Celui dont t’avait éloigné la lâcheté de la désobéissance ». ut redeas: il s’agit d’un retour vers Dieu; c’est l’itinéraire chrétien et donc monastique du retour vers Dieu. Si le péché est aversio a Deo, détournement de Dieu, la seule thérapeutique possible est la metanoia, le changement de mental et de coeur, la conuersio ad Deum (cf. schéma anthropologique d’Augustin dans « S.Aug., un itinéraire de retour vers D. », par Marcel Neusch). Passage librement décidé et motivé par la certitude de l’accueil miséricordieux du Père du prodigue (cf. Lc 15); passage de la désobéissance à l’obéissance: obéissance peineuse au début, mais qui deviendra douce, facile, « sous la brûlure de l’amour » (fin du Pr.). L’obéissance à Dieu, c’est la foi en son Amour (cf. Rm 6,15-19); c’est l’attitude juste de l’h. devant Dieu. Son contraire, la désobéissance, est qualifiée de « lâche », paresseuse (desidia); c’est un refus de se mettre en marche pour aimer, une reprise d’autonomie orgueilleuse qui dit « non » aux suggestions de l’Esprit-Saint; c’est le « désaccord des volontés », celle de l’h. et celle de Dieu (par opposition, voir S.Bernard, Serm./Ct 71,10-11). (3)Ad te ergo nunc mihi sermo dirigitur, quisquis abrenuntians propriis uoluntatibus Domino Christo uero regi militaturus, oboedientiae fortissima atquae praeclara arma sumis... « A toi donc s’adresse maintenant ma parole, qui que tu sois, qui renonces à tes volontés propres et prends les fortes et nobles armes de l’obéissance, afin de te mettre au service du Seigneur Christ, notre véritable Roi ». 5 Ce maître et père, zélé et plein de sollicitude, s’adresse à quiconque renonce à ses propres volontés: voilà l’unique condition posée par S.Benoît pour accepter quelqu’un dans « les rangs fraternels ». Militaturus: c’est un participe futur qui marque l’intention; se disposant à servir, décidé à servir (voir Chr. Mohrmann, « Etudes sur le latin chrétien »). A cause du Christ, objet de notre amour et sujet de l’Amour Source, il est possible et même souhaitable de renoncer à ce qui restreint l’amour, l’entrave ou l’atrophie. Le moyen d’y parvenir est d’entrer dans la voie de l’obéissance à Dieu, de « suivre le Christ ». C’est de cette obéissance au Christ, par les médiations incarnées explicitées plus loin - en particulier l’Abbé - qu’il est question ici: une obéissance très proche de uploads/Religion/ comment-rb.pdf
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- Publié le Mai 02, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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