bjg Commentaire des hikam par Ibn ‘Ajiba. (Iqadh al-himam wa sharh al-hikam) Bi

bjg Commentaire des hikam par Ibn ‘Ajiba. (Iqadh al-himam wa sharh al-hikam) Biographie et avant-propos. ‘Abu l-Abbas Ahmad b. Muhammad ibn ‘Ajiba et-Tittawani naquit dans la tribu des Anjra, à al-Khamis, village situé à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Tétouan, dans la région des Jbala, bordant le littoral méditerrané du Maroc, en 1747-48. La famille d’Ibn ‘Ajiba descendait du Prophète par les chorfa idrissides et par Hassan, fils de ‘Ali. Dès son plus jeune âge, nous dit Ibn ‘Ajiba dans son Autobiographie (fahrasa1), il manifesta les traits de caractère qui allaient marquer sa personnalité et son haut degré spirituel : une piété constante, une implication rigoureuse et sans concessions, et un ardent désir de connaissance de Dieu. Ibn ‘Ajiba ne pouvait trouver de consolation qu’en Dieu. “Ma mère, dit-il, m’a raconté que tout petit, quand arrivait le temps de la prière et son moment exact, je me mettais à crier et lui disais : “lève-toi, va prier !”, ne m’arrêtant de prier que lorsqu’elle s’était levée. Elle me prenait alors sur son dos et allait faire la prière.” Lorsqu’à treize ans il eut appris le Coran par cœur, ne pouvant se résoudre à fréquenter les autres jeunes garçons de son âge, Ibn ‘Ajiba quitta al-Khamis pour apprendre la psalmodie et la récitation du Livre Saint. Au bout de cinq de cinq années auprès de divers maîtres, il put alors entreprendre, en jeune adulte, des études de sciences exotériques qui se poursuivirent douze années durant à Tétouan et à Fès. Il étudia entre autres les célèbres recueils de traditions prophétiques de Bukhari et Muslim, le Kitab ash-Shifa, receuil de hadiths axé sur la noblesse de caractère du Prophète de l’Islam du Qadi ‘Iyad, ainsi que les poèmes al- Hamziyya et al-Burda de Busiri. Il découvrit aussi les Hikam d’Ibn ‘Ata- Allah, dont il est question dans le présent ouvrage, et auquel nous reviendrons. Bien qu’étudiant avec une ardeur peu commune, Ibn ‘Ajiba, ne réduisant pas son développement personnel à cela, passa rarement une nuit sans veiller jusqu’à l’aube en prière : “J’étais accoutumé à la solitude, nous dit-il, et habitais toujours seul afin de pouvoir m’adonner entièrement à l’étude et à l’adoration.” A trente ans, Ibn ‘Ajiba était un jeune savant, fort de ses connaissances fraîchement acquises, et en même temps nourri par le Très-Haut par une aspiration qui le plongeait dans d’intenses oraisons nocturnes. Ibn ‘Ajiba se trouva donc prêt à recevoir la science intérieure (al ‘ilm al-batin). Cette science-là n’était moralement recevable qu’à condition d’avoir acquis une certaine rectitude dans l’action et une conformité à la loi religieuse, car comme dit Jean-Louis Michon : “L ’action ne peut avoir de retentissement dans le for intérieur que si les sens et les facultés externes sont maintenus dans la rectitudes2.” 1 Trad. J. L. Michon, Leyde, 1969. 2 J. L. Michon, Le soufi Marocain Ahmad Ibn ‘Ajiba et son Mi’raj, Librairie Philosophique J. Vrin, Paris. Les références du même ouvrage seront citées sous le nom “Michon”, suivi du numéro de page. Nous sommes redevables envers M. Michon pour ses ouvrages pionniers sur Ibn ‘Ajiba. Ce passage d’une connaissance exotérique vers la Réalite de son être fut précipité par une lecture qui nous intéresse ici de près : les Hikam d’Ibn ‘Ata- Allah al-Iskandari. Le Kitab al-Hikam est le premier ouvrage de Ibn ‘Ata- Allah, natif d’Alexandrie (1259) et mort au Caire (1309), et deuxième successeur du grand shaykh Ash-Shadili qui fonda la confrérie Shadiliyya à laquelle se rattachera Ibn ‘Ajiba via le shaykh Darqawi. Considéré comme le fruit de la réalisation spirituelle d’Ibn ‘Ata- Allah, ou du moins comme l’expression de celle-ci sous forme écrite, les Hikam ont souvent été commentées3, et constituent de par le monde soufi un véritable manuel de convenances et de réalités spirituelles. Il s’agit d’un ensemble d’épîtres et de suppliques traitant des divers aspects du cheminement vers Dieu et de repères donnés au novice afin qu’il évite les écueils de ce cheminement semé d’embûches dressées par l’ego. Après avoir lu et relu ce précieux petit recueil, Ibn ‘Ajiba décida d’abandonner sa formation pour se consacrer à la pratique dévotionnelle, à l’invocation de Dieu et à la Prière sur le Prophète. Ibn ‘Ajiba relate ce qui lui arriva alors : “Je ressentais parfois le désir de pratiquer la retraite et me rendais…au mausolée de sidi Talha…Au milieu de la matinée, je priais environ quinze hizb du Coran, et de même pendant la nuit ; à part cela, j’invoquais Dieu sans relâche, jour et nuit, ceci pendant plusieurs journées consécutives. Une fois que je me tenais ainsi près du tombeau de sidi Talha, celui-ci m’apparut en songe. Il se baissa vers moi jusqu’à toucher les poils de ma barbe. Je pensai : “Il me faut le consulter sur ce que j’ai l’intention de faire”. J’étais résolu à ce moment-là à vendre mes livres pour aller me retirer dans la montagne…Je dis donc à sidi Talha : “Ô Sidi ! Je veux abandonner la science et me retirer pour adorer Dieu sans autre préoccupation. -Etudie !, répliqua-t-il. -La science ? demandais-je. -Oui ! Etudie la science à fond, à fond !” Je me remis donc à l’étude. Mais l’esprit se dirigeait déjà vers son Maître et le cœur tout entier était avec Dieu. Je prenais place dans le cercle des étudiants par respect pour le Shaykh qui m’avait ordonné d’étudier, mais je ne savais pas de quoi parlait le professeur, tant j’étais occupé par le souvenir de Dieu. Je m’absorbai entièrement dans la prière sur l’Envoyé de Dieu, jusqu’à pouvoir réciter les Dala-il al-khayrat4. Il me parut ensuite que la répétition de la prière sur le Prophète au moyen du rosaire facilitait la concentration et je me mis à la répéter un très grand nombre de fois. Pendant que j’étais ainsi plongé en elle, je voyais briller des lumières, des ornements, des palais et toutes sortes de choses extraordinaires m’apparaissaient, mais je m’en détournais ; plusieurs fois, en songe, je vis le Prophète. 3Par exemple : Al-Harraq, Sharnubi, Ahmad , al-Rundi. 4 Recueil de litanies sur le Prophète, récité encore de nos jours dans des confréries surtout Marocaines, non seulement celle qui se rattache à son auteur, la Jazuliyya. “Ensuite, je désirai posséder le Coran et me mis à le lire inlassablement. Je le récitais en priant, debout, et quand je me sentais trop faible, je continuais à prier assis. De cette façon, j’arrivais à faire chaque mois peut-être quatorze lectures complètes. Puis je le lus sur les planchettes…non sans avoir d’abord lu le commentaire, de façon à bien comprendre le sens des versets.” 5 Cet état de choses dura trois ou quatre ans, toujours selon Ibn ‘Ajiba. Il se maria alors et se mit à enseigner, tout en poursuivant les exercices spirituels qu’il énumère plus haut, pendant quinze ou seize ans, toujours dans la ville de Tétouan. Ibn ‘Ajiba jouissait alors d’une position éminente dans l’enseignement, respecté de l’élite comme du vulgaire. “Lorsque je me rendais au marché, dit-il, non sans dérision, les gens me tombaient dessus comme lorsqu’on fait visite à un tombeau.” Mais sa rencontre avec le shaykh Darqawi et avec un disciple de celui-ci, Muhammad al-Buzidi, qui deviendra shaykh à sa succession, précipita Ibn ‘Ajiba dans une période de crise où il verra s’écrouler tout l’édifice honorifique bâti par sa situation sociale. “Je restai trois jours auprès [d’eux] et, pendant ce temps, nous nous entretînmes des sciences et des secrets de l’Unité divine.” Ibn ‘Ajiba a pu alors faire en lui-même l’esquisse d’un soufisme du détachement intérieur qui allait, par son intensité, caractériser son enseignement jusqu’à sa mort. “Sache, dit Ibn ‘Ajiba, …que la voie doit nécessairement comporter une rupture des habitudes, l’acquisition de traits valeureux et la lutte contre les tendances égoïstes, afin que tu puisses entrer dans la Sainte Présence… Les hommes d’élite ne se distinguent du vulgaire que par le combat qu’ils mènent contre leur âme. Le s habitudes les plus tendances qu’il faut arracher de l’âme sont la gloire et la richesse, afin que la gloire se mue en humilité et la richesse en pauvreté.” 6 Et voici venu le temps de l’épreuve. Ibn ‘Ajiba, homme d’action et du désir de Dieu, ne pouvait plus vivre dans l’estime et la distinction sociale : “Aussitôt après mon initiation, je revêtis une jellaba de tissu grossier…Lorsque le shaykh me vit ainsi vêtu, il se réjouit beaucoup et acquit la certitude que je recevrais des lumières sur les secrets spirituels…Le jour suivant, je fis mon entrée dans la ville [de Tétouan] vêtu de cette djellaba avec le groupe des foqara7 qui chantaient la haylala8. Beaucoup de gens nous regardaient, étonnés. J’entendis alors, au-dedans de moi, mon âme qui appelait au secours et criait ; la sueur ruisselait sur mon corps : c’était en effet la première fois que j’éprouvais une brisure…Peu après j’ai mis le gros rosaire à mon cou. Lorsque j’arrivai chez moi avec la djellaba et le rosaire, ce fut un tollé général parmi les gens de ma maison. Cependant, uploads/Religion/ commentaires-des-hikam-par-ibn-x27-ajiba-pdf 1 .pdf

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  • Publié le Mai 23, 2022
  • Catégorie Religion
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