RECUEIL DE NOTES SUR LES MASA TOME 1 MISSION CATHOLIQUE BONGOR 1993 recueil de

RECUEIL DE NOTES SUR LES MASA TOME 1 MISSION CATHOLIQUE BONGOR 1993 recueil de notes sur les Masa -1 Beaucoup de matériel sur les coutumes des Masa a été collecté dans le passé par les missionnaires, matériel resté pour la plupart inédit ou utilisé en des thèses non publiées. Nous avons donc pensé de saisir à l’ordinateur toutes ces notes pour les rendre disponibles aux amis des Masa. Ces notes ont été corrigées en septembre 1993 à Kumi avec l’aide de Lawan. P. Jean Goulard O.M.I. - P. Tonino Melis S.X. Table des matières Lowna le Dieu des Masa P. 3 Yeyta et les notions masa de la naissance 6 Put ma Lowna 8 Tuwal Bakawna 11 Matna dans le panthéon masa 13 Quelque coutumes masa 14 Doley ma ceynna 22 Doley ma ceynna - suite 27 Doley ma ceynna - textes 31 Animaux « voués » et « divinités » 37 Les rites « por » 44 Yam niyna 49 Misewna 52 Yowna 54 La notion masa de « *af » 56 recueil de notes sur les Masa -2 LOWNA: LE DIEU DES MASA Si, comme l'écrit M. MESLIN, "le sacré se définit comme une relation", ceci se vérifie dans l'expérience multiforme que les Masa font de Lowna et qui se reflète dans leur langage et leur culte. Faute d'avoir saisi cela, longtemps il nous a été impossible de nous y retrouver dans les diverses appellations suivantes : Lowna, Bakawna ou Low-Bakawna, Low barra, Low yina et de concilier des affirmations aussi contradictoires, nous semblait-il, que "Dieu qui engendre les hommes"(Low ma vu' sumuna) et "chacun a son Dieu personnel" (sa gi ge kow Lowna va* ka'a, ka'a). En fait, chacune de ces appellations et expressions désigne bien le même personnage: Lowna, mais saisi dans une relation et à travers une expérience particulière. Les Masa font l'expérience de Lowna à travers les phénomènes naturels comme la pluie fécondante, le tonnerre et la foudre. Parce que le lieu de ces phénomènes est en haut, Dieu se voit qualifié de "Dieu qui en haut" (Low ma kulona); mais les Masa distinguent Dieu du firmament. Celui-ci est désigné par des expressions qui littéralement signifient "poitrine de Dieu" (dika-Lowna), ou "ventre de Dieu" (Wura-Lowna). "Le temps est à la pluie" (liyn lowo), "les nuages s'amoncellent" (Lown mok tuwamu), "il pleut" (Lown si'e) toutes ces expressions et bien d'autres portent le nom de Dieu. Il est celui qui donne la pluie fécondante; sous cet aspect, il est "l'époux de la terre" (jufa nagata) et fin mai, début juin quand tombent les premières pluies importantes qui détrempent profondément la terre assoiffée, la population exprime fréquemment sa satisfaction par des paroles comme celle-ci:" Ah! Aujourd’hui il s'est accouplé à la terre" (vayt nam una nagatawa). Mais en même temps, d'autres expressions, concernant aussi cette pluie qu'il prodigue, présentent Dieu comme une femme; ainsi dit-on: nul ne peut la prévoir (Lown, sina valam ma ca ta puku sa wi kalam zew qi) et encore "Dieu a accouché" (Lown pukawa); ces images expriment admirablement la soudaineté avec laquelle éclatent les orages en pays Masa, mais en même temps elles rejoignent le symbolisme: Femme-Eau-Fécondité/Dieu-pluie- fécondité. Celui qui accorde la pluie fécondante est aussi celui qui assure la croissance des plantes. Un conte masa illustre joliment cela; on y retrouve le thème des "épreuves impossibles" si répandu dans la littérature orale africaine. Une des épreuves proposée au héros consiste à mettre en terre une graine de calebassier, à en récolter le fruit le jour même, à le travailler et à présenter, le soir même, à l'adversaire une calebasse neuve; c'est la "grande-femme" du héros, sa première épouse, "la fille de Dieu" (gorta vi Lowna) précisément, qui lui permet de triompher de cette épreuve impossible: "elle fit pleuvoir, dit le conteur, et aussitôt la plante sortit, s'étendit, donna un fruit qui instantanément atteignit sa grosseur définitive". Une autre épreuve impossible proposée au héros consiste à trier des graines de sésame mêlées à du sable sans qu'un seul grain ne reste à terre; c'est encore la fille de Dieu qui permet à son mari de triompher de cette épreuve en faisant ramasser les graines de sésame par des oiseaux mouches. Dieu est non seulement celui qui donne la pluie fécondante qui assure la croissance des plantes, il est aussi le maître des animaux. recueil de notes sur les Masa -3 Bagawna ou Low-Bagawna, c'est encore Dieu, mai saisi à travers l’expérience redoutable de la foudre. Alors que l'expression "Dieu pleure" (Lown tiya) désigne le grondement lointain du tonnerre; l'expression "Dieu rugit" (Lown baya) désigne, elle, soit un coup de tonnerre éclatant, soit la foudre. Chacun de ces deux derniers phénomènes peut être perçu, par un Masa, comme une manifestation, à lui personnelle, de Lowna et dès lors, chaque année, il rendra un culte à Bagawna comme l'indique le témoignage suivant:"Si tu le (culte) fais, c'est qu'il s'est manifesté à toi en tonnant (bay); soit qu'il ait tonné quelqu'un sans le tuer, soit qu'il ait tonné quelqu'un en le tuant". Ce n'est pas le lieu ici de détailler ce culte à Bagawna; signalons-en seulement la structure: dédicace d'un animal - à Bagawna , on dédie un mouton - puis, en principe un an plus tard, le sacrifice (tuwalla) comprend la préparation d'une bière rituelle, la mise à mort de l'animal dédié, sa cuisson et sa consommation suivie de la consommation de la bière; enfin, après une libation de tabac, chacun des participants se prosterne, front à terre, et tous ensemble prononcent les paroles suivantes:"laisse-nous en paix, ne fais plus cette chose là" (hinma' sleqe, li zla na'ta loqi). On trouve aussi dans des enclos masa des animaux dédiés au Dieu du vent, de la tornade (Low barra). Le "Dieu appelé" (Low yina), c'est encore Lowna qu'on a appelé, invoqué dans une situation de détresse, le plus souvent: maladie ou mort d'un enfant, stérilité, crainte de mourir sans descendance. On le voit, c'est d'un vœu qu'il s'agit ici, et s'il est exaucé, si la situation se rétablit, le bénéficiaire se fera un devoir d'accomplir sa promesse. Le plus souvent s'il s'agit d'une femme, elle dédie un mouton à Lowna; s'il s'agit d'un homme il dédie un bœuf à Lowna. Selon une structure du culte déjà rencontrée, cette dédicace sera suivie plus tard d'un tuwalla auquel succédera la dédicace d'un nouvel animal en remplacement de l'animal sacrifié. Mais le vœu et la promesse peuvent avoir une autre forme telle que celle rapportée par le témoignage suivant (témoignage de Marie Hayta, voire "animaux dédiés, p. 39) Bien sur d’autres vœux peuvent être adressés à Lowna; de vieux parents, délaissés de leurs enfants, par exemple, peuvent "appeler" un adoucissement de leur sort. Mais ce qui vient d'être dit de Low yina et des vœux qui lui sont adressés le plus fréquemment nous montre à la fois, combien les Masa sont désireux d'avoir des enfants et qu'ils les attendent, ces enfants, de Lowna. C'est Lowna en effet, qui donne les enfants et les conserve dans l'existence. Dans le culte, il est souvent invoqué comme celui "qui engendre les hommes" (Low ma vu' sumuna). Il est donc le "père des hommes" (Bum sumuna). Père de tous, il est aussi "ton père", et s'est sans doute ainsi, saisi dans une relation personnelle et en tant qu'il fixe et préside au destin de chacun, qu'il est le plus souvent invoqué dans le culte:" Dieu qui m'a engendré" (Low ma vuqanna), "Dieu mon père" (Lowna, Bunu), "mon Dieu" (Lowna vanu). Sous cet angle, Dieu est responsable de la bonne et de la mauvaise destinée, et il n'est pas rare d'entendre un Masa, éprouvé par l'existence ou victime de la malchance, dire :" Mon Dieu est faible" (Lowna van tuku). Inversement de quelqu'un qui réussit on dira que "son Dieu est fort" (Lowna valam dono'o), ou "il a son Dieu" (Lowna valam ka'a). Une telle conception peut entraîner une attitude fataliste, défaitiste face aux revers de l'existence et c'est le cas parfois. Mais les Masa ont aussi l'équivalent de notre "aide-toi et le ciel t'aidera"; il s'agit d'une fable: le buhurra, espèce de varan, réputé pour se laisser attraper facilement, décide de donner une vache à Dieu pour qu'il le protège, mais Lowna refuse la vache car, dit-il à buhurra, "tu ne veux même pas te cacher, comment veux-tu que je te protège?". Un autre texte oral, un proverbe cette fois, laisse pourtant entendre que Dieu prend un soin particulier des faibles et des pauvres, ou du moins que ces derniers ont plus facilement recours à lui: Pauvre, ton ami c'est Dieu" (Hawn, bana* recueil de notes sur les Masa -4 mi Lowna). Ce proverbe contient-il l'espoir d'une rétribution dans un au-delà de la vie terrestre? Peut-être...., mais là-dessus les Masa sont peu bavards. Certes la mort quand "Dieu prend ton souffle" est envisagée comme un départ; "il est parti" (nama kaliya) équivaut à "il est mort". Mais un départ pour où? Pour quelle survie? La véritable survie du Masa ne serait- elle uploads/Religion/ coutumes-masa1.pdf

  • 30
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jul 02, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
  • Taille du fichier 1.3245MB