De la perpendiculaire au niveau : JF. TOLEDO 22/03/2010 Page 1 De la perpendicu
De la perpendiculaire au niveau : JF. TOLEDO 22/03/2010 Page 1 De la perpendiculaire au niveau Préambule Selon que l'on se place dans une perspective de transmission ou d'emprunt entre la maçonnerie opérative et la maçonnerie spéculative, le rapport aux symboles peut différer. Dans le premier cas l'interprétation symbolique reste proche des caractéristiques opératives de l'outil symbolisé. Dans le second (l'emprunt), la transposition symbolique s'appuie beaucoup plus sur le principe du "phénomène" transposé. A l'origine (grecque) le "sumbolon" qui a pour sens : joindre, mettre ensemble, était constitué des deux morceaux d'un objet brisé, de sorte que leur réunion, par un assemblage parfait, constituait une preuve de leur origine commune et donc un signe de reconnaissance très sûr. Le symbole est aussi un mot de passe. Dans le domaine spirituel, le symbole garde ce sens de joindre, mais il joint un "signifiant" et un "signifié" qui ne peuvent se réunir parfaitement que si l'on partage la même connaissance initiatique. Usuellement le "signifiant" est "l'image", le support de représentation et le "signifié" est le "phénomène" qu'il est possible de représenter dans différents sens. Comme pour les mots du langage, il y a donc une "polysémie" symbolique et pour bien se comprendre (se joindre), il convient de bien s'entendre sur le sens donné aux symboles. La sémiotique est l'étude des signes et de leur signification. Dans l'expression maçonnique : "Passer de la perpendiculaire au niveau", utilisée dans le mémento du Compagnon, on observera qu'il s'agit d'une action : le passage, entre deux symboles représentant des phénomènes différents. On peut d'emblée considérer que toutes les caractéristiques de ces phénomènes ne seront pas nécessairement concernées par cette action de passage, qui elle-même a sa propre finalité. La linguistique nous apprend que si les mots peuvent avoir plusieurs sens en eux-mêmes, ils acquièrent un sens particulier dans le cadre d'une phrase, qui pour être bien construite, doit au moins posséder un verbe (une action) et un sujet (objet de cette action) avec éventuellement un complément d'objet. Il en est de même dans le langage symbolique où il est vain d'agiter des symboles dans tous les sens, hors de tout propos, pour verser dans du "maçonnisme". La "méthode maçonnique" en 3 degrés d'analyse (trialectique) devrait nous aider à clarifier cette expression. • Au 1er degré : il s'agit d'entendre, au sens d'entendement, de dégrossir ces pierres brutes, que sont ces symboles de "perpendiculaire" et de "niveau", ainsi que la notion de "passage" • Au 2ème degré : il s'agit de comprendre (de prendre ensemble) la relation entre les symboles, de construire l'ouvrage, pour mettre en évidence leur aspect de système organisé pour un but, une finalité. En l'occurrence l'organisation et le but de ce "passage" de la perpendiculaire au niveau. Ce qui est spécifique au 2° c'est ce (système de) passage, alors que les éléments peuvent être définis au 1°. • Au 3ème degré : il s'agit d'exalter et de transmettre. Exalter dans le sens de dépasser, de relativiser le système présenté, dans un ensemble plus vaste où il interagit avec d'autres systèmes. Enfin, transmettre dans le sens de dégager les "valeurs" qui doivent être conservées, comme des valeurs "sacrées", c'est-à-dire immuables (et non pas dogmatiques), afin que soit préservée la finalité de l'ouvrage. Ce qui importe, c'est la fin et non les moyens, sous réserve que ceux-ci soient moraux et licites. Au 1er degré (de la méthode) nous allons tenter de définir les notions de : perpendiculaire, de niveau et de passage • • • • La perpendiculaire, du latin "per-pendiculum", signifiant un "fil à plomb", représente la direction que prend tout corps matériel placé dans un champ de gravitation. Ainsi ce terme n'a de sens que dans un champ de gravitation, fut-il allégorique. La perpendiculaire représente alors un axe de référence en un point de la surface du corps qui manifeste le champ de gravitation. La verticale est quant à elle une droite parallèle à la perpendiculaire de référence. Il apparait donc que selon la courbure de la surface du corps, des perpendiculaires distantes, ne seront pas parallèles, et donc que des verticales distantes de la perpendiculaire de référence, ne seront pas elles-mêmes perpendiculaires. Dans une acception usuelle la perpendicularité s'éloigne de son sens originel lié à la gravitation, pour caractériser "l'orthogonalité" de deux droites ou de deux plans qui se coupent en formant un angle droit. Ces particularités géométriques peuvent avoir leur intérêt dans la maçonnerie opérative, mais elles sont riches d'un autre enseignement dans la maçonnerie spéculative. La perpendicularité s'exprime alors par rapport à un "corps doctrinal et symbolique". Le champ de gravitation est celui qui constitue le corps doctrinal. La perpendicularité du maçon s'exprimant alors par rapport au Rite qu'il pratique, dans lequel il est sensé suivre une démarche personnelle dans l'altérité de ses frères. On remarquera qu'une démarche par trop personnelle, voire solitaire, risquerait d'être biaise par rapport à la perpendiculaire du rite. De même un maçon qui ne se baserait que sur l'exemplarité de ses frères, risquerait tout en étant parallèle à eux, de ne plus être dans la perpendicularité De la perpendiculaire au niveau : JF. TOLEDO 22/03/2010 Page 2 du rite. Il semble donc important que chacun connaisse directement le rite qu'il pratique, sans se contenter d'interprétations colportées, même animées des meilleures intentions. Enfin un maçon doit éviter de confondre l'orthogonalité avec la perpendicularité, comme dans l'acception usuelle, sans quoi il perdrait de vue l'orientation donnée par le corps doctrinal de son Rite, pour verser dans un relativisme qui risquerait de le "désorienter". • • • • Le niveau, dans son acception usuelle, le niveau est un outil permettant de vérifier l'horizontalité de la surface avec laquelle il est en contact. Dans son acception usuelle la notion d'horizontalité s'est éloignée de son sens premier de parallèle à l'horizon, pour caractériser un plan orthogonal à la perpendiculaire passant au point de mesure et servant de plan de référence. On remarquera que tous les plans parallèles au plan de référence seront à des "niveaux d'élévation" différents et qu'ils auront des horizons différents, constatant que plus on s'élève, plus on voit loin comme repoussant l'horizon. Les glissements de sens que l'on observe sont riches d'enseignements, dans la mesure où ils caractérisent le fait que l'esprit raisonne le plus souvent sur les effets d'un phénomène, plutôt que sur le phénomène en lui-même. En physique, cet aspect a donné le concept de "charge" afin de manipuler un phénomène dont on connait les effets, sans en connaitre la cause. La notion de "charge électrique" est un exemple, mais il y a d'autres charges utilisées en physique. Dans le symbolisme maçonnique, se mettre de niveau, aura le double sens, de se placer dans un "plan de connaissance" orthogonal à la perpendiculaire (le rite), et de se placer sur un "niveau d'élévation" parallèle au plan horizontal de référence. Ainsi c'est en se plaçant à "l'ordre", qu'un maçon adopte cette perpendicularité et par sa posture indique à quel "niveau de connaissance" (grade) il se situe. Enfin, on remarquera que l'on ne peut pas définir un niveau, si l'on ignore la perpendiculaire, et que cette dernière, n'ayant de sens que dans un champ de gravitation, fut-il allégorique, pour représenter un "corps doctrinal", est aussi un "axe d'élévation" sur des plans de connaissance successifs. Dans ce sens la perpendiculaire, comme "axis mundi", est assimilable à un "axe théurgique". • • • • Le passage de la perpendiculaire au niveau, représente le passage d'une droite à un plan qui lui est orthogonal. Ce faisant on peut alors construire un référentiel d'espace avec la perpendiculaire comme axe d'élévation, et deux droites orthogonales situées dans le plan de référence. Ces deux dernières peuvent être choisies arbitrairement, pour constituer ce référentiel de 3 axes orthogonaux, mais elles peuvent aussi être "orientées", où l'une pointant sur l'orient (l'Est où se lève le Soleil), l'autre orthogonale pointant au Nord, comme indiqué par une boussole. On dispose ainsi d'un système de "points cardinauxi" : Nord, Sud, Est et Ouest dans le plan horizontal et Zénith (ciel) et Nadir (terre) dans le plan perpendiculaire. Dans ce référentiel d'espace, applicable dans l'espace réel, on peut transposer un espace spirituel allégorique, dans lequel on pourra tenter d'observer l'articulation de ces différents systèmes spirituels, au travers de plans successifs de niveau d'élévation de la connaissance. Dans cet espace spirituel, la perpendiculaire devient l'alors "l'axis mundi" : l'axe du monde spirituel, où l'on pourra observer une évolution relative des systèmes se situant par rapport à la "Parole perdue", représentative du système originel. On pourrait penser que ce référentiel d'espace spirituel serait arbitraire, défini par convention, mais il prend un tout autre aspect placé dans la perspective d'un phénomène d'ordre. Un ordre né comme une réponse à un besoin d'organisation de la pensée, lors des périodes successives d'évolution des paradigmes. L'approche est épistémologique, on observe des évolutions discontinues de la manière de penser, de se représenter le monde. Les paradigmes structurent alors les connaissances et les savoirs de cette époque, et différents ordres se créent pour organiser les relations entre des uploads/Religion/ de-la-perpendiculaire-au-niveau.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 12, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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