Lucien Febvre, Le problème de l’incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabel
Lucien Febvre, Le problème de l’incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais Albin Michel, Paris, 1947, 549 pages, 6 planches hors texte. AVANT-PROPOS — Psychologie collective et raison individuelle. INTRODUCTION GÉNÉRALE PREMIÈRE PARTIE, RABELAIS L’ATHÉISTE ? NOTE LIMINAIRE. Le problème et la méthode. Livre premier : Le témoignage des contemporains. CHAPITRE PREMIER. Les bons camarades. 1. Les Apollons de Collège. — 2. Un témoin de Thuasne : Jean Visagier. — 3. Visagier, Bourbon, Dolet. — 4. Étienne Dolet, singe de Lucien. — 5. Rabelais, Rabella et Chesneau. — 6. De Rabellus à Charidemus. — 7. Jules-César Scaliger et François Rabelais. — 8 . Conclusion : Sur la légende rabelaisienne. CHAPITRE II. Théologiens et controversistes. 1. Une lettre de Calvin. — 2. Les imaginations de Guillaume Postel. — 3. Une condamnation en Sorbonne (l543). — 4. Rabelais Nicodérnite ? — 5. L’enragé Putherbe et le De scandalis (1549). — 6. Ce que vaut l’accusation d’athéisme au XVI e siècle. C ONCLUSION . — Témoignages et façons de penser. Livre deuxième : Scandales et griefs. CHAPITRE PREMIER . Les gamineries de Rabelais. 1. Quelques facéties d’hommes d’Église. — 2. Thélème sans église ? — 3. La nativité de Gargantua. — 4. Charitas omnia credit. — 5. Les hardiesses d’Origène. — 6. Rabelais et les prêcheurs. C HAPITRE II. La lettre de Gargantua et l’immortalité de l’âme. 1. Le sens d’un texte célèbre. — 2. Une négation de la vie éternelle. — 3. Psychologie du XVI e siècle : l’âme. — 4. « Totalement mourir ». — 5. Le tort de Rabelais. — 6. Unus ex multis. CHAPITRE III. La résurrection d’Épistémon et le miracle. 1. L’Évangile ou les Quatre fils Aymon ? — 2. Le XVI e siècle et les miracles. — 3. Une question posée avant Pantagruel. — 4. Rabelais aux Enfers. DEUXIÈME PARTIE CROYANCE OU INCROYANCE. Livre premier : Le christianisme de Rabelais. CHAPITRE PREMIER . Le Credo des Géants. 1. Le Dieu des Géants : Créateur et Providence. — 2. Toute-puissance de Dieu. Contre le déterminisme des astrologues. — 3. Une religion de la Parole et de l’Esprit. — 4. Le culte et ses ministres. — 5. L’objection de sincérité. — 6. Où Rabelais s’affirme chrétien. — 7. Si les Géants truffaient, ce serait en quel nom ? CHAPITRE II. Rabelais, la Réforme et Luther. 1. Entre 1532 et 1535 : qu’est-ce qu’être Réformé ? — 2. Credos et critères : l’Écriture. — 3. La Justification par la Foi. — 4. Foi formée de charité. — 5. La question des œuvres. — 6. Justification, critère délicat. — 7. Rabelais et les choses d’Allemagne. — 8. Souffles luthériens sur l’œuvre rabelaisienne. — 9. Rabelais a goûté l’Évangile, mais par qui ? CHAPITRE III — Rabelais, Érasme et la philosophie du Christ. 1. Un Érasme d’aujourd’hui. — 2. Cet Érasme et notre Rabelais. — 3. Quelques emprunts. — 4. Hardiesses érasmiennes, hardiesses rabelaisiennes. — 5. Qui fut le plus hardi ? — 6. Jusqu’où Rabelais suit Érasme. — 7. Religion gigantale, religion érasmienne. — 8. Rabelais, érasmien jusqu’au bout ? Livre deuxième : Les limites de l’incroyance au XVI e siècle. CHAPITRE PREMIER. — Prises de la religion sur la vie. 1. La vie Privée. — 2. La vie professionnelle. — 3. La vie publique. — 4. Le problème du précurseur. CHAPITRE II. — Les appuis de l’irréligion : la philosophie ? I. L’outillage mental : 1. Mots qui manquent. — 2. Syntaxe et perspective. — 3. L’objection du latin. — 4. Un exemple : l’infini. — II. Les deux pensées : 1. Pensée grecque, foi chrétienne. un conflit ? — 2. Philosophie grecque, foi chrétienne des échanges. CHAPITRE III. — Les appuis de l’irréligion : les sciences ? 1. Le vieux mythe de la Renaissance. — 2. L’imprimerie et ses effets : ouï-dire. — 3. Carence d’outils et de langage scientifique. — 4. Temps flottant, temps dormant. — 5. Hypothèses et réalité : le système du monde. — 6. Le point de vue de Copernic. — 7. Système du monde, certitude ou peur ? — 8. Le doute au XVI e siècle. — 9. La véracité au XVI e siècle. — 10. Mentalité artisanale. CHAPITRE IV. — Les appuis de l’irréligion : l’occultisme ? 1. Un siècle de précurseurs. — 2. Odeurs, saveurs et sons. — 3. La musique. — 4. Retard de la vue. — 5. Le sens de l’impossible. — 6. Naturel et surnaturel. — 7. Un univers peuplé de démons. — 8. Occultisme et religion. CONCLUSION. — Un siècle qui veut croire Fin du texte. BIBLIOGRAPHIE INDEX Table des planches hors-texte AVANT-PROPOS Psychologie collective et raison individuelle. Personne ne connaît mieux que Lucien Febvre l’histoire du XVIe siècle. Ç’a été son point de départ, et c’est resté son domaine de prédilection.D’une façon plus précise encore, c’est la Franche-Comté qui a été son terrain initial de recherche personnelle. Là il a acquis, avec un savoir puisé aux sources, la méthode et la doctrine. Muni de ce parachute, — expérience et réflexion, — il a pris son vol d’historien. Il a élargi sans cesse son souci de comprendre.Rien de ce qui se rapporte aux faits humains du passé, aux faits de tous ordres, — politique, économie, religion, philosophie, science, — rien, et pas davantage le milieu où se déroulent les faits 1, ne lui est demeuré étranger ; rien de ce qu’embrasse aujourd’hui le savoir encyclopédique n’échappe tout à fait à la curiosité du directeur de l’« Encyclopédie française ». Personne, à un plus haut degré, n’a cette préoccupation de synthèse qui a inspiré notre propre entreprise. On conçoit tout ce que l’histoire du XVIe siècle peut gagner à être traitée par un esprit de cette envergure. Le présent volume — que deux autres auraient dû précéder diffère, par le fond comme pour la forme, des volumes habituels de l’Évolution de l’Humanité. J’ai dit, au début de l’œuvre collective, que ce qui en ferait l’unité et l’autorité, ce serait, d’une part, le programme destiné à capter dans son filet les grands problèmes explicatifs, les éléments organiques de l’histoire ; et que ce serait, d’autre part, la solidité du savoir, la compétence, aussi grande, aussi reconnue que possible, des auteurs. Mais j’ai dit également que tous les volumes ne se ressembleraient pas de façon absolue ; que, les conditions premières étant sauves, chaque collaborateur manifesterait librement sa nature propre, sa manière personnelle, parfois son talent. Si je pouvais avoir comme collaborateur Michelet, j’accueillerais Michelet avec joie. Or, voici un autre Michelet, — mais mieux outillé, d’esprit plus critique, et qui, intuitif lui aussi, ne se laisse pas emporter par le génie créateur. Si original que soit ce livre, si vivant, si imagé qu’en soit le style, pour le fond historique Febvre y observe une prudence extrême (j’y reviendrai). A tout prix il veut « éviter le péché des péchés, le péché entre tous irrémissible : l’anachronisme » (p. 6). II veut l’éviter ; il le pourchasse chez autrui ; et le mot méprisant revient souvent sous sa plume 2. Sans que le mot soit toujours employé, c’est contre la chose que « tout ce livre s’est trouve dirigé » 3. Or, éviter l’anachronisme, atteindre la réalité d’un temps et d’un espace déterminés, en « comprendre et faire comprendre » la « façon de vouloir, de sentir, de penser et de croire » 4, c’est tâche particulièrement difficile. « L’historien n’est pas celui qui sait. Il est celui qui cherche » (p. 1). « Nous n’avons jamais de convictions absolues quand il s’agit de faits historiques... Nous cherchons. Avec les lumières de la seule raison ». Gardons- nous du simplisme. Méfions-nous de l’hypothèse : « hypothèse séduisante et vérité démontrée font deux » 5. Quel est donc, ici, le propos, en ce qui concerne le XVIe siècle, de cet historien à la fois si épris de sa science et si convaincu de la difficulté de savoir ? *** Un problème se pose : comment concevoir exactement l’attitude du siècle par rapport à la religion ? Ses croyances, et ses lutte de croyances, le tome 52 est destiné à les exposer : mais a-t-il été capable d’incroyance ? « C’est tout un siècle à repenser », dont il s’agit de retrouver « le sens et l’esprit » 6. Les opinions sont diverses : Febvre le montre. Il le montre à propos de Rabelais, si diversement jugé. Il recense les Rabelais, — Rabelais de la tradition, Rabelais des historiens et des critiques 7. Or, il s’attache particulièrement, parce qu’elle lui a donné le « choc » d’où ce livre est sorti, à la thèse d’Abel Lefranc, qui a vu dans Rabelais, dès la date de 1532, un « ennemi du Christ, un athée militant » (p. 15), émule de Lucien, et « qui est allé plus loin que tous les écrivains contemporains dans la voie de l’opposition philosophique et religieuse » (p. 218). Pour traiter le difficile problème, Febvre centre donc son enquête sur Rabelais. Et qu’on ne s’étonne pas si, dans uploads/Religion/ lucien-febvre-le-probleme-de-l-x27-incroyance-au-xvie-siecle-la-religion-de-rabelais.pdf
Documents similaires
-
23
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 25, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 2.9891MB