DOCTRINES FONDAMENTALES DE L’EGLISE CATHOLIQUE Par le professeur abbé Grégoire

DOCTRINES FONDAMENTALES DE L’EGLISE CATHOLIQUE Par le professeur abbé Grégoire Maloba L’objectif du cours est d’une part, de permettre aux étudiants d’acquérir une connaissance suffisante et nécessaire de ce que l’Eglise Catholique croit et enseigne ; d’autre part de pointer des questions et débats suscités par les doctrines de l’Eglise dans une société plurielle. Contenu du cours : Une enquête sur le credo catholique va nous conduire à épingler l’originalité et la singularité de la foi chrétienne. De la révélation du visage de Dieu un et trinitaire, la réponse libre et engagée de l’homme à l’appel du mystère divin prendra tout son sens dans le temps et l’espace de l’Eglise. Les sacrements y seront étudiés à leur juste valeur comme signes du salut offert dès maintenant en attendant son accomplissement dans le monde à venir : c’est l’enjeu de la résurrection et de la vie éternelle. Le cours est divisé en 6 chapitres : La foi en Dieu, La foi en Jésus-Christ, la foi en l’Esprit Saint, la foi dans l’Eglise, le baptême et les autres les sacrements, la Résurrection et la vie éternelle. I. LA FOI EN DIEU Le credo ou symbole de la foi c’est le recueil de principales vérités de la foi. C’est la référence première et fondamentale pour connaître les doctrines fondamentales de l’Eglise Catholique romaine. Le credo débute par l’affirmation de la foi en Dieu. Si cette affirmation suggère l’existence de Dieu, elle ne va pas sans poser la question d’identité. Qui est Dieu ? 1. Qui est Dieu ? (la théologie) Poser cette question c’est déjà faire de la théologie. Que veut dire théologie ? En effet, selon l’étymologie, theos et logos du grec renvoient à la science de Dieu. Cette définition lapidaire fait surgir immédiatement une difficulté à ne pas occulter notamment : Dieu peut-il être objet de science ? N’est-il pas le Tout-Autre, l’au-delà absolu, insaisissable, transcendant tout langage et toute représentation ? Il convient de noter d’emblée que face à Dieu nous sommes devant un mystère, ce qui dépasse nos capacités d’appréhension. C’est ce qu’on appelle la théologie négative, c’est-à-dire celle qui consiste à dire ce que Dieu n’est pas pour écarter toute fausse image de lui, toute représentation à partir de l’expérience humaine, tout ce que la Bible appelle idole. Bref, le silence serait paradoxalement la meilleure manière de parler de Dieu. Mais ce silence ne vient-il pas clôturer notre cours ? Que non ! La tradition chrétienne tout en reconnaissant que Dieu est caché et tout autre, elle confesse aussi que Dieu lui-même s’est révélé et a parlé dans l’histoire des hommes. Si la représentation visible de Dieu restera toujours problématique, une certaine parole est possible : Dieu s’est révélé comme un Père. 2. Le Dieu-père : révélation de Dieu et réponse de l’homme La révélation de la paternité de Dieu est aussi problématique : « Quand Dieu est confessé comme Père, de qui est-il pensé le Père ? Est-ce de son Fils Jésus-Christ, de l’ensemble des hommes, ou de tous les êtres qu’il a créés ? » Les pères apostoliques du 2e s (Clément, Tatien) pensaient que la paternité est liée à la souveraineté universelle de Dieu. La création est aussi une paternité, parce qu’elle est déjà une alliance. Mais aujourd’hui, Il n'est pas toujours facile de parler de la paternité. Pour ceux qui ont fait l'expérience d'un père trop autoritaire et inflexible, ou indifférent et peu affectueux, ou même absent, ce n'est pas facile de réfléchir avec sérénité à Dieu comme Père et de s'abandonner à Lui avec confiance. Mais la révélation biblique aide à surmonter ces difficultés, nous parlant d'un Dieu qui nous montre ce que signifie vraiment être «père»; et c'est surtout l'Evangile qui nous révèle ce visage de Dieu comme Père qui aime jusqu'au don de son Fils pour le salut l'humanité. La référence à la figure du père contribue donc à comprendre quelque chose de l'amour de Dieu qui demeure infiniment plus grand, plus fidèle, plus total que celui de n'importe quel homme : «Mon père et ma mère m'ont abandonné, mais le Seigneur m'a reçu» (Ps 27, 10). Cela s’entend : Dieu est un Père qui n'abandonne jamais ses enfants, il est un Père aimant qui soutient, aide, accueille, pardonne, sauve, avec une fidélité qui surpasse immensément celle des hommes, pour s'ouvrir à une dimension d'éternité. 3. Le tout-puissant Après la paternité, le credo ajoute un autre attribut à Dieu : c’est la toute-puissance. Mais on peut se demander : comment est-il possible de penser à un Dieu tout-puissant, en regardant la puissance du mal dans le monde ? Nous voudrions certainement une toute-puissance divine selon nos schémas de pensée et nos désirs: un Dieu «tout-puissant» qui résout nos problèmes, qui intervient pour nous éviter les difficultés, qui vainc les puissances adverses, change le cours des événements et supprime la douleur. Ainsi, aujourd'hui, de nombreux théologiens disent que Dieu ne peut pas être tout-puissant, sinon il ne pourrait pas y avoir tant de souffrances, de guerres et d’injustice dans le monde. En réalité, face au mal et à la souffrance, pour beaucoup, pour nous, il devient problématique, difficile de croire en un Dieu Père, et de le croire tout-puissant; certains cherchent refuge dans les idoles, cédant à la tentation de trouver une réponse dans une présumée toute-puissance prétendue «magique» et dans ses promesses illusoires. Mais la foi dans le Dieu Tout-Puissant nous pousse à parcourir des sentiers bien différents : apprendre à connaître que la pensée de Dieu est différente de la nôtre, que les voies de Dieu sont différentes des nôtres (cf. Es 55:8), et même que sa toute-puissance est différente: elle ne s'exprime pas comme une force automatique ou arbitraire, mais elle est marquée par une liberté aimante et paternelle. En réalité, Dieu, créant les créatures libres, leur donnant la liberté, a renoncé à une partie de son pouvoir, laissant le pouvoir de notre liberté. Ainsi, il aime et respecte la réponse libre d'amour à son appel. Sa toute-puissance ne s'exprime pas dans la violence, ne s'exprime pas dans la destruction de chaque pouvoir adverse, comme nous le voudrions, mais s'exprime dans l'amour, la miséricorde, le pardon, l'acceptation de notre liberté et l'infatigable appel à la conversion du cœur, dans une attitude qui n'est faible qu'en apparence. En effet, une attitude apparemment faible, faite de patience, de douceur et d'amour, montre que c'est la vraie façon d'être puissant! C'est la puissance de Dieu! La toute- puissance de Dieu est la toute-puissance d’amour. C’est en tant que telle, qu’elle créatrice. 4. Le Créateur Même si l’idée de création a quelques antécédents en Egypte et en Mésopotamie, le concept de « création » est avant tout biblique. Il exprime l’acte par lequel Dieu est la cause libre et aimante d’un univers essentiellement bon et harmonieux, tiré du néant et mis à la disposition de l’homme, un acte qui inaugure le temps de l’histoire. Aussi le thème de la création tient-il une large place dans les Ecritures et y fait-il l’objet d’une réflexion constante. Deux récits de la création ont été intentionnellement placés au début de la Genèse, comme un portique qui ouvre sur le dessein d’Alliance de Dieu avec les hommes. La création apparaît comme le premier temps du salut. Son thème est constamment repris par les prophètes et les psaumes, dans le climat d’une adoration admirative et reconnaissante. Les livres sapientiels célèbrent la Sagesse créatrice, présente dès l’origine auprès de Dieu. Le Nouveau Testament n’est pas en reste, associant explicitement la personne du Verbe ou même du Christ à l’activité créatrice de Dieu (cfr Col 1, 15-17). Que crée Dieu ? Le symbole répond : le ciel et la terre, des êtres visibles et invisibles. Qu’est-ce que cela veut dire ? En effet, le ciel et la terre constituent un binôme oppositionnel destiné à exprimer une totalité (de même que l’on dit le bateau s’est perdu « corps et biens »). Les mondes visible et invisible renvoient au monde matériel et spirituel. La possibilité pour une partie du monde de ne pas être créée par Dieu est rejetée. La mention des êtres visibles et invisibles inclut création des anges, sur lesquels les premiers Pères de l’Eglise ont peu disserté formellement, tout en évoquant leur existence. Bref, le ciel, la terre, l’univers visible et invisible constituent la totalité du réel dont Dieu est le seul créateur. Il faut noter que la doctrine sur la création s’était butée à une double difficulté relative à deux doctrines : le monisme et le dualisme. De quoi s’agit-il ? En effet, le monisme nie qu’il puisse exister quelque chose qui soit distinct de Dieu. L’existence d’un être absolu étant en effet supposée, il n’est pas facile d’admettre que d’autres êtres aient réellement une existence distincte de la sienne. Finalement il n’existe plus que Dieu. L’infinité divine exclurait toute autre réalité hormis la sienne. Une telle conception tend à nier une authentique existence à ce qui n’est pas Dieu et ignore donc nécessairement la réalité créée comme uploads/Religion/ doctrines-fondamentales-de-l-1.pdf

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  • Publié le Oct 06, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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