UN MAÎTRE SPIRITUEL DE NOTRE TEMPS DOM AUGUSTIN GUILLERAND PRIEUR CHARTREUX 187

UN MAÎTRE SPIRITUEL DE NOTRE TEMPS DOM AUGUSTIN GUILLERAND PRIEUR CHARTREUX 1877-1945 par André Ravier, s. j. DESCLÉE DE BROUWER Imprimi potest Philippe LAURENT, s. j. Praep. Prov. Lutetiae Par. 20 décembre 1963 Imprimatur J. HOTTOT Vic. Gén. Arch. Lutetiae Par. 21 janvier 1964 © Desclée De Brouwer 1965 ÉCRITS DE DOM AUGUSTIN GUILLERAND Silence cartusien (6e édition). Avant-propos du Professeur O. Tescari. (Traduit en allemand, en italien et en espagnol.) (épuisé) Voix cartusienne (4e édition). (Traduit en italien.) (épuisé) Ces deux ouvrages ont été traduits en anglais et publiés en un seul volume sous le titre : « They speak by silences » (édit. Longmans Green, Londres). Harmonie cartusienne (2e édition). (Traduit en italien et en espagnol.) (Traduit en anglais, avec des notes de direction, sous le titre : « Where silence is praise », édit. Darton, Longman et Todd, Londres.) (épuisé) Face à Dieu (2e édition). (Traduit en italien.) (épuisé) Hauteurs sereines (2e édition). (épuisé) Contemplations mariales (2e édition). Préface de Mgr Cristiani. (Tra- duit en anglais.) Liturgie d'âme (2e édition). Préface de Mgr Cristiani. Au seuil de l'abîme de Dieu. Élévations sur l'Évangile de saint Jean (2e édition). Préface et présentation du R. P. A. Ravier, s. j. Vivantes clartés. L'édition critique des ÉCRITS SPIRITUELS est en préparation (en 2 volumes). Éditeur pour tous les volumes : Benedettine di Priscilla. Catacombe di Priscilla. 430, Via Salaria. Roma. Italie. Dépositaire pour la France : Office Général du Livre. 14 bis, rue Jean-Ferrandi. Paris, VIe. 1 PRÉFACE Ce n'est pas sans avoir longtemps hésité que j'ose nommer Dom Au- gustin Guillerand un « maître spirituel de notre temps ». Car je pressens toutes les objections qui se peuvent élever contre ce titre : bien qu'il ait été vicaire, puis professeur et préfet de division dans un collège ecclé- siastique, et enfin dix ans curé en deux paroisses, Dom Augustin fut es- sentiellement, même avant son entrée en Chartreuse, un contemplatif ou plus exactement un homme de solitude. Dans les textes que nous possé- dons de lui, nous trouverons, certes, une doctrine, — et combien spiri- tuelle ! — de la charité apostolique : mais il faut le constater dès le dé- part, afin de lever toute ambiguïté, le souffle original qui anime ses écrits, et qui s'est imposé dès leur première révélation, à des milliers de lecteurs, pousse l'âme vers le silence, l'intériorité, la contemplation, la lutte spirituelle et sa paix reconquise, l'intimité personnelle avec Dieu plutôt que vers les affrontements avec l'homme, sa condition, sa misère ou son péché. Sur l'existence, le temps qui passe, la souffrance et la joie, la vie et la mort, Dom Guillerand jette délibérément un regard d'éternité. Le jugement qu'il porte sur les personnes et sur les choses est un juge- ment absolu, sans compromission avec l'éphémère ni le contingent. N'est-il pas alors étranger à une époque merveilleusement missionnaire et « pastorale » ? N'apparaît-il pas comme un « exilé » volontaire, un « déserteur » de l'action ? Ne s'est-il pas de lui-même, et par toute la poussée de son tempérament et de sa grâce, mis à l'écart de la foule ? Un homme peut-il à ce point appartenir, d'un même mouvement d'âme, « à l'éternité » et « à son temps » ? Loin de nous la prétention de réduire toutes les dissonances qui exis- tent entre la spiritualité de Dom Augustin et certaines tendances du ca- tholicisme contemporain. Ce livre ne cherchera en aucune façon à les estomper, et moins encore à les escamoter. À quoi bon ? Une longue fréquentation de la pensée de Dom Augustin nous a convaincu en effet que ce chartreux, en vivant avec une fidélité, parfois héroïque, sa vie de chartreux, avait atteint très vite ce point extrême de la vie mystique où l'âme, dépassant toute contemplation et toute action au sens exclusif ces termes, n'aspire plus qu'à l'union à Dieu par Jésus-Christ, c'est-à-dire, pour parler le langage même de Dom Augustin, n'aspire plus qu'à parti- ciper au « mouvement d'amour » qui unit le Père, le Fils et le Saint- Esprit dans la Trinité, et à reproduire en elle, quoi qu'elle fasse, par la 2 vie de grâce, cette vie divine. L'âme de Dom Augustin est toute impré- gnée de la pensée de saint Jean et de saint Paul : elle en vit profondé- ment, intensément. Nous nous refuserons à préciser, au cours de cette biographie, si le Seigneur a gratifié Dom Augustin de faveurs « extraor- dinaires » : ce serait ouvrir un débat qui lui aurait singulièrement déplu. Lui-même eut d'ailleurs toujours grand soin ramener les âmes les plus mystiques à la contemplation de la vie de Jésus de Nazareth. Ce qui est sûr, c'est que sa spiritualité, dont la Règle cartusienne favorisait admira- blement l'efflorescence, répond encore à un besoin, au besoin spirituel le plus urgent de l'homme d'action. Avec quelle souplesse par exemple, cette spiritualité se muait en directives d'éducation pour quelque petit neveu : l'ancien professeur du Collège Saint-Cyr de Nevers coïncidait alors avec le chartreux. Je crois aussi pouvoir affirmer que s'il avait eu à conseiller ou à diriger des prêtres engagés dans le ministère, l'ancien curé de Ruages et Limon, en lui, ne se serait pas moins trouvé en accord avec le chartreux ! Quant aux laïcs, fussent-ils parmi les plus fervents nos formes modernes d'évangélisation, ils sont nombreux déjà à raviver leur ardeur aux heures lourdes de leur itinéraire ou de leur combat, dans les Écrits de Dom Augustin... Un dernier point encore doit être précisé avant que ne s'ouvre ce livre. Cette étude ne vise pas, comme les biographies ordinaires, à présen- ter jusque dans son détail le plus fouillé une existence. Les premiers admirateurs de Dom Augustin se rappellent encore de quel sévère ano- nymat s'entouraient dans les commencements Silence cartusien, Voix cartusienne, Harmonie cartusienne : ces opuscules n'étaient même pas présentés comme les écrits d'un chartreux ! (Encore qu'il fût difficile de ne pas s'en apercevoir...) Si la discrétion — j'allais dire la pudeur — car- tusienne requérait pour de nombreuses et justes raisons ce silence, le succès même de ces recueils ne permettait pas d'espérer que la pieuse curiosité des lecteurs ne déchirerait pas tôt ou tard le voile... C'est à pré- sent chose faite : le nom de Dom Augustin Guillerand appartient à la littérature contemporaine de spiritualité. Mais en cette étude, nous avons été invités par les supérieurs de Dom Augustin, et nous avons tenu per- sonnellement, garder quelque chose de la discrétion première. Notre but n'est pas tant d'étaler sous le regard du public l'existence de Dom Au- gustin, que de lui révéler son âme, dans la mesure où cette âme explique la tonalité originale et le rayonnement ses écrits. 3 Nous nous sommes pourtant assuré une base scientifique large et sûre. Nous avons interrogé la plupart des personnes qui ont connu Dom Augustin, et qui sont encore de ce monde ; nous avons écouté ceux qui l'ont aimé et admiré, et avec non moins d'attention ceux qui ont souffert de son impulsivité et de sa nervosité (car parfois les nerfs cédaient sous l'effort spirituel...). Nous avons pèleriné en tous les lieux où il a vécu (sauf, à notre regret, à Vedana). Nous avons recueilli impartialement les critiques et les réserves qui ont été adressées à l'une ou l'autre ses œuvres ; nous sommes d'ailleurs personnellement persuadés que ce se- rait le trahir que de publier telle méditation intime, telle note jetée à la volée sur le premier bout de papier qui lui tombait sous la main, telle inspiration qu'il n'avait pas amenée son point correct de formulation. Lui-même rechignait à confier à tel admirateur un peu trop pressé ou pressant le manuscrit de ses Sermons capitulaires... Il n'écrivait que pour lui ! Son texte n'était jamais assez au point ! Et par trois fois au moins, à notre connaissance certaine, il brûla ses notes : en quittant San Frances- co, puis Vedana, et une quinzaine de jours avant sa mort. Nous tiendrons compte, en cette étude, du fait que les écrits de Dom Augustin sont à présent édités et que chacun peut se les procurer à son gré. Pourtant, nous essaierons de lui laisser à lui-même la parole chaque fois qu'il nous sera possible de le faire, et nous le citerons largement en des écrits inédits. Rien ne saurait remplacer, à notre avis, le contact im- médiat avec son âme ; sur ce point, tout le monde s'accorde, amis ou, disons, indifférents : Dom Augustin avait un « charisme » pour l'entre- tien particulier, vivant, direct, familier ; et ceux ou celles qui ont bénéfi- cié de ses conseils diraient volontiers ce que disait l'un de ses amis les plus sûrs : « Ses écrits, c'est le fond de son âme. » En la fête de saint Bruno 6 octobre 1964 A. R. 4 Introduction biographique L'HOMME ET SA VOCATION 5 I. « NOS GENTILS VALLONS NIVERNAIS » (26 novembre 1877-1916) La famille de Guillaume Guillerand « Aujourd'hui, uploads/Religion/ dom-augustin-guillerand-un-maitre-spirituel-de-notre-temps-par-a-ravier.pdf

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  • Publié le Sep 16, 2021
  • Catégorie Religion
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