ÉCRI Z-OU DE MAEME Orthographe du poitevin-saintongeais Commission Parlanjhe de

ÉCRI Z-OU DE MAEME Orthographe du poitevin-saintongeais Commission Parlanjhe de l’U.P.C.P. - Métive Sommaire 3 - Introduction 5 - Exposé du système 17 - Tableau récapitulatif 20 - Principaux graphèmes en API 21 - Eléments de grammaire 32 - Exemples de textes 46 - Conclusion 48 - Pour en savoir plus 1 Introduction 2 Nous appelons poitevin-saintongeais la langue - le parlanjhe - qui se parle approximativement entre Loire et Gironde, Atlantique et Limousin. Cette région fut peuplée par les peuples gaulois des Pictons et des Santons. Elle appartient au 1er siècle à la grande Aquitaine. Du IXe au XIIIe siècle, sous la dynastie des Guilhem, comtes de Poitiers, l’Aquitaine - l’Aguiéne -, constitue un État féodal indépendant, tourné vers le sud. Le poitevin-saintongeais résulte de l’articulation du latin par les Pictons et les Santons sous l’influence germanique des Francs moins forte au sud de la Loire que dans le reste du domaine d’oïl. On peut aussi considérer qu’un parler occitan remontant à la grande Aquitaine a été recouvert par un parler d’oïl. Dans la phrase i o di, çheù : je le dis, ça, le pronom sujet i présente l’évolution du latin ego et peut se comparer à l’occitan ieu, le pronom neutre complément o présente l’évolution du latin hoc aussi bien en poitevin-saintongeais qu’en occitan, di est une forme verbale identique à celle du français, çheù : ceci, cela, est une forme de démonstratif neutre avec un son noté çh étranger au français. La variante saintongeaise de cette phrase pourra être jh’ou di, çheù où la différence principale est jhe, forme du pronom sujet proche du je français, mais avec un son différent noté jh (j expiré). Si les mots i, o/ou, di correspondent à des phonèmes (sons) que les graphèmes (lettres, groupes de lettres), du français peuvent transcrire, çheù pose d’autres problèmes : il s’agit de l’ancien poitevin-saintongeais iqueù, issu du latin ecce-illum, correspondant au castillan aquello. Dès le XVIe 3 siècle, le qu [k] initial s’est « mouillé » , palatalisé, pour aboutir aux modernes [quieu/tcheu/çheu/tieu]. De même, la voyelle notée eù peut se réaliser [u] ou [eu]. Aussi pour la forme palatalisée du pronom neutre, nous pourrions aboutir à huit graphies différentes, correspondant chacune à une prononciation locale. Autre exemple : la diphtongue ea, notée ainsi dès le Moyen Âge, représente l’évolution du suffixe latin ellu, en face du français eau, de l’occitan el/eu : coutea, couteau, cotel, coteu. Actuellement, ea peut se réaliser de six façons différentes et on pourrait écrire : coutéa, coutèa, coutia, couta, coutua, coutè. De fait, on trouve dans les textes de la fin du XIXe à nos jours ces six graphies, plus quelques autres comme coutai, coutais ! Veut-on écrire un dictionnaire ? Veut-on écrire une grammaire ? Veut-on écrire le poitevin-saintongeais avec une autre ambition que celle de plus ou moins bien transcrire des nuances phonétiques locales ? Un système d’orthographe, s’appuyant sur les traits essentiels de la langue, s’avère indispensable. Perdre à l’écrit la nuance locale, c’est gagner en ouverture, oser participer à la restauration d’une langue, à sa reconnaissance institutionnelle. Ainsi ont raisonné nos voisins occitans pour un domaine bien plus vaste que le nôtre. Ainsi a raisonné Jacques Duguet, quand il a voulu réaliser un dictionnaire, une Anthologie (Sefco, 1973). C’est le mérite de Vianney Pivetea d’avoir proposé en 1988 à l’UCPC un système de graphie normalisée. S’inspirant des travaux antérieurs de Jacques Duguet et Pierre Bonnaud (Sefco, septembre- octobre 1971), son grafanjhe normalesi cherche à donner conscience de l’unité de la langue par des graphèmes susceptibles de plusieurs réalisations locales. 4 Exposé du système I - Consonnes non modulées S1 b, d, f, l, m, n, p, r, t, v notent les mêmes sons qu’en français. Les consonnes ne seront pas redoublées : annàie : année se lit an-nàie avec une voyelle nasale [an], te bufes : tu souffles, te ghétes : tu guettes, pale (du latin pala) : pelle. On utilisera c au lieu de ch, f au lieu de ph, t au lieu de th dans les mots tels que crétién : chrétien, farmacerie : pharmacie, Toumas : Thomas. k et w, lettres non latines, sont exclues. S2 c note le son [k] devant a, o : carbàu : charbon, coce : bûche, le mancant : ils manquent, coue (du latin cauda) : queue. On écrira qu pour les pronoms-adjectifs et les conjonctions selon l’étymologie : quauque : quelque, quau : quel, quant, quoure : quand. S3 qu note [k] devant e parfois i : quelle : quille, qui, variante de çhi : qui. À noter les variantes : queme/ coume : comme, quemence/coumence : commence, quemande/ coumande : commande, queneùtre, counétre : connaître. S4 c note [s] devant e, i, conformément à l’étymologie : cent : cent, citre : cidre, chace : chasse, gace ou cace : flaque. À noter les suffixes en -ciun : prpousiciun : proposition, votaciun : vote. S5 ç note [s] devant a, o, u, conformément à l’étymologie : maçun : maçon, chaçour : chasseur, çartén, variante de cértén : certain. 5 S6 s note [s] lorsqu’il n’est pas entre voyelles, notamment à l’initiale : la sàu : le sel, éspllique : explication, sér : soir. S7 ss note [s] entre voyelles, selon l’étymologie (voir S4) : o mollasse : il bruine, vassai : fatigué, assenbllàie : assemblée. S8 s note [z] entre voyelles : osea, oiseau, jhaunesir : jaunir, vese : cornemuse, mésun : maison. S9 z note [z] à l’initiale ou après consonne : zire : dégoût, forzir : devenir fort. Mais on écrira s entre deux voyelles (voir S8) : asirai : dégoûté, vesour : joueur de cornemuse. On écrira grandzir : grandir plutôt que grandesir, grand pouvant être invariable en genre. Généralement, les verbes en -sir se forment sur le féminin : apetitesir : diminuer, enbounesir : améliorer. Remarque Le son [s] peut être noté selon l’étymologie : c (S4), ç (S5), s (S6), ss (S7). Nous n’avons pas suivi les incohérences de l’orthographe française moderne. Comparer chaçàe avec chasser et l’ancien français chacier (du latin captiare). S10 ch note le son [ch] expiré ou non expiré : chevàu : cheval, chén : chien. S11 jh note un son [j] expiré ou non : jharnàe : germer, jhàu : coq, o jhele : il gèle, jhéne : jeune. La graphie jh note une prononciation vivante dans le Marais du nord-ouest, le sud des Deux-Sèvres, le Civraisien, la Saintonge. Elle évite aussi l’hésitation entre j et g pour noter le son [ j ] : mojhétes/ munjhétes : haricots. 6 S12 h note une expiration de la voyelle initiale : huntous : honteux, hàut : haut. Mais eùtre : huître, eùre : heure . On distinguera h et jh malgré une prononciation parfois très proche : jhàu : coq, hàut (et non jhaut) : haut. S13 g note le son [g] devant a, o et consonnes : gache : sorte de brioche, glla : glace, grous : gros. S14 gu note le son [g] devant e : guenelle : guenille, grégue : sévère. S15 x note [gz] : éxistàe : exister, éxenplle : exemple. Mais éspràe : exprès, ésplliques : explications. II - Consonnes palatalisées S16 çh note les sons [qui/tch/ti/çh] (çh étant analogue au ch doux allemand), issus d’une palatalisation ou mouillure de [k] : çhau [quio/tcho/tio/çho] : ce, içhi : ici, çheùre : cuire, çhénze : quinze : çhurai : curé. Cette graphie a été proposée pour la première fois par le Saintongeais Pierre Jonain (1869) avant d’être reprise par Jacques Duguet et Pierre Bonnaud, (Sefco, sept-oct 1971). S17 gh note les sons [gui/dj/y] issus de la palatalisation ou mouillure de [g] : pa ghére [guiére/djére/yére] : guère, s’en anghit [andjit/anyit] : s’en alla, aghusàe : aiguiser. Graphie proposée par Jacques Duguet et Pierre Bonnaud (1971). S18 gn comme en français : gna : agneau, vegne : vigne. S19 ll note le l mouillé, même réduit à [y] et en toute position : égall rosée, souléll/soulall : soleil, jhenell/jhenall/jhenoll : 7 genou, o moulle/molle : il pleut, felle : fille, quelle : quille, bllan : blanc, tablle : table, cllai : clé, cllun : portillon, mouclle : moule, fllanbe : flamme, gllajhou : iris, plleùe : pluie, sénplle : simple. Malgré les prononciations [tab], [mouc], on écrira tablle, mouclle. Le l mouillé est encore prononcé dans le Marais de Challans et le centre-ouest de la Vendée. Sa notation permet d’éviter des notations aberrantes après [k] : quiai, kiai pour cllai : clé, ou devant e muet : tabye, tabie pour tablle : table. NB : Les palatalisations de d, t devant i ne sont pas notées : dire [djire] : dire, petit [petchit] : petit. III - Métathèse de r ou r voyelle S20 r entre deux consonnes note [er/re/or] : brcea [bercea/ brecea/borcea] : berceau, crve : crève, drdellàe : frissonner, frmàe : fermer, grmele : grommelle, mrvélle : merveille, prne : prune, trvire : remue. Après consonne initiale et devant uploads/Religion/ ecri-z-ou-de-maeme-orthographe-du-poitevin-saintongeais-pdf.pdf

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  • Publié le Jui 15, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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