Source gallica.bnf.fr / La Pensée La Pensée (Paris) Centre d'études et de reche

Source gallica.bnf.fr / La Pensée La Pensée (Paris) Centre d'études et de recherches marxistes (France). La Pensée (Paris). 1998/10-1998/12. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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SOCIOLOGUES ET SOCIOLOGIE DEVANT LE PHENOMENE SECTAIRE y Emile Poulat * E ntre les inspecteurs des Renseignements généraux qui, en France, relèventdu ministère de l'Intérieur, et les sociologuesqui dépendent de la recherche scientifique et de l'enseignementsupérieur, il existe un pointcommun : tous ont charge d'observerla société et ce qui s'y passe. Là s'arrête la ressemblance. Les premiers observent pour informer les autorités responsables de l'ordre public, les seconds pour comprendre le mouvement d'une société qui ne cesse de se transformer. Ils n'ont pas même vocation. Observersuppose une certaine distance, mais aussi une réelle proximité : un ajustement délicat, qui n'est jamais sans risques de dérèglement avec toutes ses suites, pour les uns comme pour les autres. Il arrive que le temps se gâte et que les éléments se déchaînent. Ceux qui sont sur le terrain, au contact de l'histoire immédiate, peuvent se trouverpris dans la tourmentesans y avoirété nécessairement préparés.Leurformationprofessionnelle et leurs connaissancesthéoriquesne leur suffisent plus. Connaître son métier, qui est de connaître la société, peut placer dans des situations et entraînerdans des aventures qui vont au-delà du métier. Les manuelsà l'intentiondu parfaitinspecteurou du petit sociologue ne laissentguère soupçonnerces questions. S'intéresseraux faits religieuxa longtemps paru une occupationde tout repos, sans grand intérêtpourle progrès de notre sociétéavancéeet sans effet notable sur sa marche. La sécularisation l'emportait sur la religion : le « sens de l'histoire » étaitévident. La liberté étaitlaissée à chacunde réglerses problèmesde conscience comme il l'entendait. Les techniques de sondage et leur vogue dans les médias permettaientde suivre ce reflux des grandes religions et le recul de leur emprise sur les esprits. On vivait dans une logique de « la mort de Dieu » et l'avènement d'un monde libéré de son « cadavre ». Les choses se sont avérées moins simples, plus complexes, et l'histoire moins unilinéaire, plus tourmentée, largement imprévisible. L'illusion d'un « éternel * École des hautes études en sciences sociales (Palis). retour » ne vaut pas mieux que celle du « grand soir » qui changera tout ou des « utopies futuristes » qui se donnent le monde à venir en privilégiant ce qui leur convient. Ce qui est advenu en matière religieuse est un démenti cruel, voire tragique, aux considérations et spéculationsde tous bords, de tous ordres, dont se sont défaites les assurancescontradictoires. Prisede court,notresociété s'affole,fantasme, improvise.Les Égliseshistoriques en deviennentrassurantes,comme de vieilles connaissances,d'autantplus qu'elles apparaissent en position de faiblesse, devantl'inquiétanteet pullulantenouveauté des sectes. L'alarme est donnée par les gouvernements, les parlements, les médias. Au confortd'unesociologiemagistrale, ou comptable,succède, pourles sociologues qui s'en occupent,une conjoncturedifficile qui les malmène parfois avec vigueur. Certains sont publiquement disqualifiés, dénoncés à la vindicte de l'opinion ou même menacés des tribunaux. LA SOCIOLOGIE EN CHAIRE On a beaucoup disputé sur sociologie pure ou sociologie appliquée. Aujourd'hui, il n'existe plus de sociologie sans choc en retour de la société, et celui-ci peutêtre brutal. Le sociologue se redécouvrecitoyen,membreàpartentière et sujet de la société dont il a fait son objet, alors que l'ethnologue, étranger venu d'ailleurs, tenait son extériorité pour irréductible et constitutivede sa méthode. L'homme, disait Aristote, est un animal politique. Est-il aussi un animal religieux ? Les préhistoriens se sontintéressésà l'enfancereligieusede l'humanité, comme Durkheim et son école aux formes élémentaires de la religion. Un long chemin- on le compte aujourd'hui en millions d'années -, identifié à l'œuvre de civilisation, a été nécessaire pour en arriver où nous en sommes. Ontogenèse, phylogenèse, anthropogenèse,sociogenèse : chacun de ces niveaux d'existence a sa spécificité, et l'on n'a que trop tendance actuellementà rabattre la sociologie sur la psychologie sociale. On ne connaît pas de société sans têtes et sans cœurs, mais on ne fait pas une société avec simplement des opinions, des croyances, des représentions,des « mentalités ». Religion et secte, ce sont deux mots latins dont l'étymologie est pareillement incertaineet indécidable.Le premier,sanséquivalentindo-européen, est, à la lettre, intraduisible,ce quin'a pas empêché son expansion : onlui afaittoutavaler, jusqu'à ces « religions séculières » qui en étaient l'antipode, de manière à en faire une catégorie universelle En son sein, l'usage a fini par creuser une niche pour le second, par un effet d'attraction que rien ne suggérait et moins encore imposait. Un effetd'oppositiona suivi quand on a glissé de la relation taxinomique au statut social. Espèce du genre religion, la secte apparaît aussi, à l'aune des institutions, comme une menacepour la religion qui occupe l'espace public et ne voitaucune bonne raison de le partager. Si la religion est un lien et un liant (avec la divinité, 1. Michel Despland, La Religion en Occident.Évolutiondes idées et du vécu, Montréal,Fides, et Paris, Cerf, 1979, XIV-580 p. (Préface de Claude Geffré) ; Maurice Sachot, « Comment le christianisme est-il de- venu neligio ? », Revue des sciences religieuses, 1985, 2, pp. 96-118 ; « Religio/superstitio. Histoired'une sub- versionet d'un retournement », Revue de l'histoire des religions,1991,4, pp. 355-394.Repriset précisé dans L'invention du Christ (Paris, Odile Jacob, 1998) : «Jésus est devenu Christ, et le christianisme est devenu religion. » Les mêmesmalentendusse retrouventautourde l'ésotérisme : une notion strictementcernée par les spécialistesuniversitaires et mise à toutes les sauces dans ses usagesvulgaires. avec les morts, entre les vivants), la secte s'affiche comme rupture de ce lien, dissolution de ce liant. Cette hypothèque ne serajamais levée. A l'inverse de religion, qui n'a fait que gagner du terrain, secta est à l'origine une notion tous terrains, progressivement rétrécie et cantonnée. Le mot latin désignait une école de pensée associée ou non à un genre de vie. L'Église catholique romaine est-elle « une secte qui a bien réussi », selon la formule qui circule un peu partout ? Au sens latin, le judaïsme n'ajamais été perçu comme une secte, et il ne semble pas que les Romains se soient beaucoup intéressés aux courants qui le traversaient, sinon à la hauteur de leurs incidences politiques. Toute cette effervescencejudéo-chrétiennerentrait mal dans ce que le monde gréco-romain pouvait qualifierde « secte ». Si nous en parlons ainsi, ce ne peut être que par une lecture rétrospectiveau risque de l'anachronisme. On relèvera que l'EncycloPédiethéologique de Migne (171 volumes en 3 séries, 1845-1866) n'a conçu aucun « Dictionnaire des sectes ». Elle s'en est tenue d'une part à un Dictionnaire des hérésies, des erreurset des schismes (1847, 2 vol.), d'autre part à un Dictionnaire universel, historique et comparatif de toutes les religions du monde (1849-1851, 4 vol.). Reste à savoir si nous parlons bien des mêmes choses à travers les siècles et si le mot garantit le sens. L'étymologiene nous sera ici d'aucun secours, et pas davantageles dictionnaires de langue, quelle que soit l'autorité de Littré ou de Larousse pour le français. En revanche,ce qui nous fait défaut, c'estune étude de sémantique historique- religion, secte et leurs rapports- sur la longue durée et tout au moins depuis l'âge classique. Trois ou quatresiècles,est-ce trop demander ? Les latinistesl'ontfait pour quelques uploads/Religion/ emile-poulat-sociologues-et-sociologie-devant-le-phe-nome-ne-sectaire-la-pense-e-10-1998 1 .pdf

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  • Publié le Jui 18, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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