Avant-Propos Ceux qui me font l'honneur de me lire, et qui possèdent quelque co
Avant-Propos Ceux qui me font l'honneur de me lire, et qui possèdent quelque connaissance des doctrines ésotériques ou religieuses, ont été surpris par certaines de mes affirmations. Plusieurs m'ont demandé à quelle source j'avais puisé; je n'ai répondu que de vive voix, et aux très rares seulement de la conviction inébranlable desquels j'étais certain. Mais je dois à la sincérité des autres questionneurs quelques mots d'éclaircissement. J'ai déclaré dans l' « Avant-Propos » de la première édition que les idées que j'exposais n'étaient pas de moi : « Celui qui me les a fournies, ajoutais-je, me pardonnera si j'ai involontairement déformé Sa Lumière; les erreurs et les omissions, je les réclame; qu'à Lui retourne tout le bien que Son enseignement m'a donné, et qu'Il pourra produire encore malgré la maladresse de l'interprète ». Je renouvelle cette déclaration, avec toute la force dont je suis capable : mais, pas plus qu'autrefois, je ne désignerai expressément Celui à qui je dois tout. On a pu croire et dire que mon mutisme était une ingratitude habile; je suis heureux de cette méprise. Je continuerai à me taire, pour préserver un grand nombre de spiritualistes de ces médisances profondes dont les suites sont redoutables; -- pour éviter à l'oeuvre de mon Maître une publicité prématurée; -- pour enfin ne pas Le rendre responsable de mes erreurs. Le public, en effet, manque de sens critique. Il lui est difficile de faire la part de l'équation personnelle; il simplifie; il commet des pétitions de principes et des fautes de logique. De plus, Celui qui m'a instruit possède ce don très rare, que l'on a appelé le « don des langues », et que les théologiens expliquèrent insuffisamment. Si un orateur ne parlant que le français, par exemple, se fait comprendre d'auditeurs cosmopolites qui n'entendent, eux, que leur idiome propre, il possède le don des langues; mais celui qui, s'adressant à des compatriotes, fait que son discours est compris différemment par chaque individu, selon ses capacités et ses besoins personnels, celui-là aussi possède le don des langues (1). Moi, donc, disciple, j'ai perçu, à la lecture de l'Évangile, aux paroles de mon Maître, les seules lueurs que j'ai été capable de saisir, celles qu'Il a jugé utile que je saisisse. Serai-je présomptueux ? Croirai-je L'avoir complètement compris, L'avoir même entendu correctement ? Aurai-je la vaine prétention de mettre le résultat de mes études sous l'ombre de Son Nom ? Lui, qui voit clair dans mon coeur, sait bien si j'essaye de me jucher sur un piédestal; et Il saura bien aussi amener à Lui ceux qui auront lu mes commentaires particuliers à Sa parole universelle. Malgré que certains semblent vouloir m'obliger à des déclarations formelles, pour ces raisons et pour d'autres je me tairai donc encore. Le Précurseur se déclarait indigne de dénouer la chaussure du Christ; que suis-je en face du plus grand parmi les enfants des hommes ? Que ceux qui veulent bien me lire gardent toute leur émotion et leur enthousiasme pour Celui-là seul qui est leur Maître depuis la naissance de leur âme, et qui demeurera leur Ami jusqu'aux éternités futures. ___________________________________________________________________ _____ (1) Entendre le langage des plantes, des bêtes, des invisibles, c'est une troisième forme du don des langues; et il y en a d'autres encore. Le corps des évangiles: LES DOGMES - L'EXÉGESE - LE MODERNISME - LE MIRACLE - LE POINT DE VUE INTÉRIEUR - LES DEUX EXÉGESES -LEUR ACCORD FUTUR - DIFFÉRENCES ENTRE LES QUATRE ÉVANGILES - L'IDENTITÉ DE JÉSUS - LE SURNATUREL - LES ÉVANGÉLISTES - LEURS SYMBOLES - LE MESSIE - CORRESPONDANCES - LES ADEPTES - L'INITIATION CHRISTIQUE - MÉTHODE D'ÉTUDE - Tout le monde sait que le mouvement libertaire de l'intelligence humaine, né dans la Réforme, a grandi dans le déisme du XVIIIe siècle et s'épanouit depuis un siècle environ sous les espèces du Modernisme. En face de lui se dresse la figure immuable de l'orthodoxie catholique, appuyée sur saint Thomas d'Aquin. La Somme n'est pas une encyclopédie; comme son nom le fait sentir, c'est une immense bibliothèque,que les théologiens remplissent peu à peu : ses casiers sont en assez grand nombre pour contenir toutes les applications que l'Église a faites et fera de ses dogmes fondamentaux. La base de la Somme, c'est le Traité de la Vraie Religion. Saint Thomas d'Aquin y pose le catholicisme sur deux colonnes : les Écritures et l'Église et en appuie les enseignements sur les Conciles, les Pères et les théologiens. Ce qu'on remarque dans les magnifiques didactismes de l'Ange de l'École, c'est qu'il prétend tout prouver par la raison; il est aristotélicien; et cependant la raison ne peut prouver le surnaturel, ce surnaturel dont les Écritures sont saturées; elle ne le prouve que négativement. Voilà ce que disent les modernistes, Littré en tête. La seule preuve du surnaturel qu'ils admettraient, c'est le miracle; or ils n'ont jamais pu trouver un miracle certain, authentique, scientifiquement constatable; ils présument donc que le miracle n'existe pas, et le surnaturel non plus. Si les Écritures ne sont pas d'origine surnaturelle, le catholicisme n'est plus divin, mais humain. D'autre part, l'exégèse nous apprend qu'il y a, dans les livres de l'Ancien Testament et dans ceux du Nouveau, des contradictions, des fables, des erreurs historiques, des interpolations. Le P.Richard Simon et Sylvestre de Sacy s'en étaient déjà aperçus; et tout le monde a lu les déclarations retentissantes d'Ernest Renan et de l'abbé Loisy. Que répondre à un philologue qui vous prouve que les prophéties messianiques des Psaumes sont fausses, que le livre de Daniel est un apocryphe composé au temps d'Antiochus Epiphane, que l'évangile de Matthieu est un recueil de divers récits ajoutés bout à bout, que Jésus n'est pas né à Bethléem, qu'II n'était pas de la famille de David, que l'évangile de Jean est une greffe alexandrine ? * Les intellectuels ont toujours été fermés à la notion de miracle; ils portent en eux une idolâtrie tenace des lois de la matière, et qui persiste même après des perturbations intérieures profondes. Ainsi, dans cette charmante Vie de saint François d'Assise que Jorgensen a écrite, l'anecdote du loup de Gubbio est interprétée comme la symbolisation populaire d'un fait social; et Jorgensen était un artiste, converti au catholicisme par le côté esthétique de cette religion ! Mais c'était aussi un savant, un philosophe; certains aspects de la vie lui échappaient : il ne concevait pas qu'un animal puisse comprendre un saint; c'est une impossibilité; son intelligence travaillait sur un à priori. Que le trop célèbre auteur de la Vie de Jésus juge François d'Assise extravagant, et sainte Thérèse hystérique, cela se conçoit; son maître en psychologie, ce fut Charcot; tous les psychistes qui présentent les saints et le Christ comme des médiums, des magnétiseurs ou des mages sont également des matérialistes transcendants, des occultistes. Pour eux, le surnaturel n'existe pas; ils n'ont pas encore fait la différence entre le prodige, dû à une force inconnue de la Nature et le miracle, dû à l'intervention directe de Dieu; il faudra d'abord qu'ils s'aperçoivent que tous les prodiges ne proviennent pas d'une source pure. De même les théologiens seront un jour obligés d'avouer que tous les prodiges ne viennent pas du diable. Il faudra étudier l'histoire naturelle de l'Invisible; il faudra s'apercevoir que c'est un univers extérieur à nous, parallèle à notre inconscient. William James, Boutroux et Bergson ont préparé les intelligences à cette ouverture : j'aurais aimé qu'ils eussent proclamé l'origine traditionnelle et mystique de leurs idées. Si l'on sent la vérité de ces deux points : l'existence de l'Invisible créé, et l'existence de l'Incréé, toutes les discussions des exégètes et des apologistes perdent leur raison d'être. On s'aperçoit alors que ce qui est vrai, c'est bien moins la lettre des Écritures que leur esprit. * Et, en effet, qu'importe si les récits évangéliques ne sont que des racontars transmis plus ou moins exactement, par des gens incultes et quelque peu imaginatifs ? Qu'importe si Jean semble démarquer Philon ? Ou bien, ne serait-ce pas Philon qui traduit la métaphysique christique en langage platonicien ? Jésus n'a-t-Il pas parlé toutes sortes de langages ? Et les termes de « Verbe », de « Fils de Dieu , de « Lumière », d' « Union » ne sont abstraits que pour le philosophe : le mystique y voit des réalités fort concrètes. Ernest Renan a beau déclarer, non sans quelque arrière-pensée tendancieuse, que Jésus ne fut pas un lettré, qu'Il ne connut ni Philon, ni les Grecs, ni le Talmud, qu'Il ne fut qu'un homme du peuple, simpliste et superstitieux, sans système, mais possédant une énorme volonté personnelle, dépassant toute volonté connue; il a beau prétendre que la beauté et le charme des Évangiles ne sont qu'un reflet de la beauté de la Galilée, que Jésus ne fut pas thaumaturge, que les miracles, la Cène et la résurrection ne sont que légendes symboliques; que le Bouddhisme et le Talmud (Pirké Aboth) contiennent déjà la plupart des maximes et des paraboles évangéliques; que Jésus subit fortement l'influence uploads/Religion/ sedir-09-l-x27-enfance-du-christ.pdf
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- Publié le Jul 11, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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