La religion favorise-t-elle la paix ? Exemple d’une dissertation rédigée en int
La religion favorise-t-elle la paix ? Exemple d’une dissertation rédigée en intégralité Dans sa célèbre chanson intitulée «Imagine», John Lennon rêve d’un monde vivant en paix, «sans propriété... et sans religion». On pourrait donc, à première vue, comme Lennon, penser que la religion est un frein à la paix. De nombreuses guerres ont, en effet, été menées au nom de la foi. Au nom de leurs convictions religieuses, des individus ont également été intolérants, comme certains papes interdisant, au 16e siècle, la publication des théories de l’héliocentrisme. Autant de tensions qui rendent la paix sociale difficile. Mais c’est aussi la paix intérieure d’une personne avec elle-même que le discours religieux pourrait fragiliser. Les mythes religieux représentent l’homme comme un être mauvais, donc, en apparence, favorisent la culpabilité, et non la paix de l’individu face à sa propre conscience. Pourtant, ce n’est pas parce que des hommes ont lancé des guerres au nom de la religion qu’ils ont été fidèles à la religion. Se servir de la religion, ce n’est pas servir la religion. Peut- on dire que les aristocrates qui ont mené les croisades du Moyen-âge étaient des croyants fidèles alors que le Christ nous a demandé de «prier pour nos ennemis» ? Loin d’être source de violence, la religion semble, au contraire, exiger l’amour du prochain et l’amour de soi. Autrement dit, la religion est-elle un obstacle à la paix dans la mesure où elle serait source d’intolérance, de guerre et de culpabilité ? Ou bien faut-il dire que la religion favorise la paix sociale et la paix intérieure car elle serait une exigence d’amour des autres et de soi ? Tel est le problème que nous tenterons de résoudre. # # La religion pourrait apparaître comme une source d’intolérance et non pas comme une source de paix entre les hommes. En effet, la religion est une communauté qui croit en un ou plusieurs dieux. Mais les religions ne semblent jamais d’accord concernant la nature de Dieu. S’agit-il du Christianisme ? Dieu se serait incarné dans un homme, Jesus. Mais une telle affirmation est rejetée par l’Islam qui affirme que Jésus n’est qu’un homme, un homme sage certes, mais en rien un être divin. Le dieu de l’islam ne peut donc pas s’incarner. Mieux, les divergences se développent au sein d’une même religion, comme au sein du Christianisme entre catholiques et protestants, ces derniers refusant de croire en l’existence d’un purgatoire qui permettrait aux âmes, après la mort du corps, de se purifier avant de rencontrer Dieu ou encore de reconnaître l’autorité du pape catholique, de pratiquer la canonisation de certaines personnes... On le comprend, les religions paraissent diverger profondément quant à la nature de l’être divin et concernant certains dogmes. Or de telles polémiques ne favorisent pas la paix, c’est-à-dire la concorde entre les hommes, mais davantage les tensions entre individus. Les polémiques peuvent, en effet, aboutir à l’intolérance qui est le fait d’interdire à l’autre d’exprimer ses opinions : irait-on empêcher autrui de diffuser ses idées si on était d’accord avec celles-ci ? L’intolérance semblerait naître des controverses produites par les religions elles-mêmes. Par exemple, un roi comme Louis XIV a interdit, par l’édit de Fontainebleau, aux protestants d’exprimer leurs idées et de pratiquer leurs cultes afin de transformer le catholicisme en religion officielle. Loin de favoriser la paix, la religion serait donc source d’intolérance. Intolérants, les croyants peuvent également s’engager dans la voie de la violence physique. Afin d’empêcher l’expression de certaines convictions, le moyen le plus efficace, et en même temps le plus condamnable, reste de tuer les individus défendant ces convictions. La religion semble avoir déclenché des guerres dans ce but. Dès lors, la religion ne favoriserait pas la paix. On pourrait effectivement définir une religion comme une institution, c’est-à-dire un groupe d’hommes détenant un pouvoir et souhaitant le renforcer. Une école peut être ainsi 1 considérée comme une institution lorsqu’elle bénéficie d’une certaine renommée. Cette renommée est une forme de pouvoir. Le pouvoir peut être défini comme une influence que l’on exerce sur autrui. Dans une école, des professeurs peuvent influencer leurs élèves, concernant leur futur métier ou encore concernant les convictions morales qui vont guider leur vie. A partir du moment où une école devient une institution, ses cadres cherchent naturellement à renforcer leur pouvoir, en augmentant les effectifs des classes, en rachetant un autre établissement, ou encore en créant des associations. Apparemment, la religion n’échappe pas à cette logique. Pire, l’histoire montrerait qu’elle a cherché à renforcer son pouvoir par tous les moyens, y compris par la guerre. Par exemple, après la prise de Jérusalem par les Turcs en 1076, le pape de l’Eglise chrétienne a convaincu, en 1096, la noblesse européenne d’envoyer des armées afin de reconquérir Jérusalem. L’enjeu de cette guerre était de renforcer, contre l’Islam, le pouvoir du christianisme dans cette partie du monde. Source d’intolérance et de guerre, la religion ne favoriserait pas la paix entre hommes. Peut- on alors dire qu’elle favorise la paix au sein d’un même individu ? Il existe deux types de paix : la paix sociale comme accord entre personnes différentes et la paix intérieure comme accord d’une personne avec elle-même. Loin d’aider un individu à être en accord avec lui- même, les discours religieux semblent, au contraire, développer la culpabilité qui est une forme de conflit de soi avec soi. Les textes paraissent confirmer cette hypothèse. La religion polythéiste grecque affirme, à travers le mythe de Prométhée, que l’homme est incapable d’utiliser l’intelligence morale donnée par Zeus puisqu’au lieu d’être justes les uns envers les autres, les êtres humains, d’après le mythe, ont tendance à s’entretuer. Quant aux religions monothéistes, elles ont développé la notion de péché, c’est-à-dire de désobéissance de l’homme envers un commandement divin. «Tu ne mangeras pas du fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal» affirme Dieu dans le récit de la Genèse au début de la Bible. Pourtant Adam et Eve commettront la faute irréparable. Gaspillant des dons divins ou transgressant des interdits divins, l’homme apparaît toujours fautif dans les textes religieux. Le discours religieux semblerait inciter l’homme à se mépriser lui-même, à se voir comme un être mauvais. Dans ces conditions, comment la religion pourrait-elle favoriser la paix spirituelle, l’accord d’un individu avec lui-même ? # # A première vue, la religion ne favoriserait donc pas la paix. Certes, des guerres de religion ont bien existé et la religion reste culpabilisante. Mais la culpabilité n’est-elle pas l’étape inévitable d’un progrès moral et donc d’un nouvel accord de soi avec soi ? Quant à l’intolérance et à la guerre, ont-elles vraiment leur origine dans la religion elle-même ? En réalité, ce n’est pas la religion elle-même qui entraînerait de tels troubles, mais ce serait la religion instrumentalisée par l’Etat. En apparence et seulement en apparence, la religion engendre des tensions. En réalité, à condition d’être séparée de l’Etat, elle favorise la paix comme nous allons le montrer dans le deuxième moment de notre réflexion. # # Quelle est l’origine réelle des guerres de religion et de l’intolérance religieuse ? Peut-on accuser la religion d’être à l’origine de ces tensions sous prétexte qu’elle serait source de controverses ? Il est vrai que les religions et les courants religieux divergent concernant les questions théologiques. Mais la religion elle-même n’appelle jamais les hommes, au nom de ces divergences, à devenir intolérants ou à lancer des guerres. C’est ce que prouvent sans ambiguïté les évangiles chrétiens. Dans ces textes, le Christ ne préconise jamais d’interdire par une loi politique l’expression d’idées opposées aux siennes. De même, le Christ n’a 2 jamais dit qu’il fallait mener des guerres au nom de la religion. Il ne faut pas faire la guerre contre nos ennemis, mais, répète le Christ, prier pour eux. Simples paroles ? Discours non suivis d’effets ? Bien au contraire. La conduite du Christ en témoigne. Il n’a jamais demandé aux Romains, alors au pouvoir dans son pays, d’interdire par une loi la diffusion des idées religieuses qu’il n’admettait pas. De même, face à ceux qui le crucifient, il n’appelle pas son Père à se venger mais à leur pardonner. D’autres chrétiens ont suivi cet exemple en devenant martyrs. Certes, comme nous l’avons vu dans le premier moment de notre réflexion, certains chrétiens ont, à l’inverse, fait preuve d’intolérance, comme Louis XIV à l’égard des protestants. Mais dans ce cas, Louis XIV s’oppose aux paroles et aux actes du Christ, aux actes et aux paroles de son propre Dieu. La religion n’est donc pas une source d’intolérance et un frein à la paix. C’est, à l’inverse, lorsque l’on trahit la religion que l’on devient intolérant et hostile à la paix. Reste à définir ce qu’est finalement une religion. La religion est un pouvoir spirituel. Telle est la définition qui nous semble la plus pertinente. Comme l’a montré John Locke dans sa Lettre sur la tolérance, un pouvoir spirituel se distingue d’un pouvoir temporel par son but et ses moyens. Le but d’un pouvoir spirituel est le salut uploads/Religion/ exemple-dissertation-philo.pdf
Documents similaires










-
34
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 19, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 0.0602MB