Ghazâlî Le Tabernacle des Lumières Michkât Al-Anwâr Le Tabernacle des Lumières
Ghazâlî Le Tabernacle des Lumières Michkât Al-Anwâr Le Tabernacle des Lumières (Michkât Al-Anwâr) Ouvrages de Roger Deladrière KALÂBÂDHÎ Traité de soufisme Les Maîtres et les Étapes Sindbad, 1981 JUNAYD Enseignement spirituel Traités, lettres, oraisons et sentences Sindbad, 1983 IBN'ARABÎ La Vie merveilleuse de Dhû-l-Nûn l'Égyptien Sindbad, 1988 IBN'ARABÎ La Profession de foi 3' édition, Sindbad, 1991 SULAMÎ La Lucidité implacable Épître des hommes du blâme Arléa, 1991 IBN'ARABÎ Les Soufis d'Andalousie Albin Michel, 1995 BAYHAQI L'Anthologie du renoncement Le Livre majeur du renoncement Verdier, 1995 Ghazâlî Le Tabernacle des Lumières (Michkât Al-Anwâr) TRADUCTION DE L'ARABE ET INTRODUCTION PAR ROGER DELADRIÈRE Éditions du Seuil ISBN 978-2-02-023211-1 (isBN 2-02-005744-1, 1- publication) © Éditions du Seuil, 1981, pour la traduction française Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. lbute représentation cal reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans k consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et ccostitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. i, Dieu est la Lumière des Cieux et de la Terre. Sa Lumière est semblable à un Tabernacle où se trouve une Lampe ; la Lampe est dans un Verre; le Verre est comme un astre brillant; elle est allumée grâce à un Arbre béni, un olivier, ni d'orient ni d'occident, dont l'Huile éclairerait, ou peu s'en faut, même si nul feu ne la touchait. Lumière sur lumière. Dieu guide vers Sa Lumière ceux qu'Il veut. Dieu propose des para- boles aux hommes. Et Dieu est de toute chose Sa- vant. » Coran XXIV, 35. Introduction I. GHAZÂLL MAÎTRE SPIRITUEL DE LA COMMUNAUTÉ MUSULMANE Abû Hâmid Muhammad al-Ghazâlî naquit à TU, ancienne ville du Khorassan, province de l'Iran oriental, en 1058/450 de l'Hégire, et mourut dans sa ville natale en 1111/505 de l'Hégire, laissant une oeuvre considérable — plus de quatre cents titres — et honoré des noms prestigieux de « restaurateur de la Religion » et de « preuve de l'Islam ». Tour à tour docteur de la Loi, théologien dogmatique et théoricien du soufisme, il avait en effet combattu inlassablement pour faire triompher la Sunna et la foi sunnite de tous ceux qui menaçaient l'unité, la paix et l'équilibre de la Communauté musulmane rassem- blée derrière le calife abbâsside de Bagdad. Résumer une telle vie ne serait point une tâche aisée, si Ghazâlî lui-même n'avait indiqué dans un ouvrage à caractère autobiographi- que sa propre évolution spirituelle, le but qu'il s'était assigné et les adversaires prioritaires contre qui il luttait. C'est en effet en suivant le plan du célèbre Al-Mungidh rnin al-Dalâl, littéralement: « Celui qui sauve de l'égarement », par allusion à l'enseignement du Prophète, que l'on peut distinguer les principales périodes de l'activité de Gha- zâlî, de la façon suivante : 1. La formation et la première période d'enseignement : de 1058 à 1095/de 450 à 488 de l'Hégire. 2. La période de retraite : de 1095 à 1105/de 488 à 499 de l'Hégire. 9 LE TABERNACLE DES LUMIÈRES 3. La reprise de l'enseignement et la direction spirituelle : de 1106 à 1111/ de 499 à 505 de l'Hégire. La formation C'est en compagnie de son frère Ahmad, qui devait être connu plus tard comme le théoricien du « pur amour» de Dieu, que Ghazâlî étudia, tout d'abord à Tûs et ensuite à Jurjân, la jurisprudence (fiqh) selon l'école de l'Imâ'm Châfig (mort en 820/204). Des renseigne- ments qui nous sont fournis par l'historien syrien Subkî nous appren- nent que les deux frères s'initiaient, à la même époque, au soufisme sous la direction d'un docteur également chafiite. A partir de 1082 jusqu'à 1085/474-478, Ghazâlî séjourna à Nishâpûr comme disciple de Juwaynî, célèbre théologien de l'école d'Ach`arî (mort en 935/324) et théoricien du droit, nommé par le nouveau vizir seljouquide, Nizâm al-Mulk, comme directeur de la madrasa Nizâmiyya, appelée ainsi du nom de son fondateur. C'est dans cette mosquée-institut, créée pour l'enseignement du droit chafiite, que Ghazâlî paracheva sa connais- sance de la jurisprudence et de la théologie dogmatique (kalâm). C'est également de cette époque que datent les premières oeuvres de Gha- zâlî, notamment un traité sur les fondements du droit (uçûl al-fiqh ), base de tout ordre légal. L' enseignement Après la mort de son maître, Juwaynî, en 1085/478, Ghazâlî rejoi- gnit Nizâm al-Mulk, qui « l'admit dans le cercle de ses familiers et de ses intimes » . C'est sans doute par ses contacts avec le vizir seljou- quide, qui devaient durer jusqu'en 1092/485, date de son assassinat, que Ghazâlî avait pris clairement conscience du rôle politique des théologiens et des juristes. C'était en étendant et en développant l'enseignement de la Religion et de la Loi, basé sur l'acharisme et le chafiisme, que pouvait se maintenir et s'affermir l'autorité d'un État sunnite, confié au calife abbâsside, le seul calife légitime, et dirigé par 10 INTRODUCTION les sultans et les vizirs seljouquides. Cette diffusion de l'enseignement de la Sunna, grâce notamment à la création des madrasa-s, était la grande idée de Nizâm al-Mulk. Elle devait, selon lui, faire échec à la propagande ismaélienne qui, après celle des Qarmates et des Fâtimi- des d'Égypte, prenait alors une nouvelle forme, celle du terrorisme politique. Ghazâlî mettait à profit ces quelques années passées à l'ombre de l'amitié bienveillante de Nizâm al-Mulk pour rédiger des traités de droit, devenus par la suite des manuels classiques. Mais la notoriété, déjà grande, de Ghazâlî trouva sa consécration quand le vizir lui confia l'enseignement du droit chafiite à la Nizâ- miyya de Bagdad. Ghazâlî, maître prestigieux et à l'auditoire nom- breux — plus de trois cents étudiants fréquentaient ses cours, nous dit-il avec fierté et regret dans son Munqidh —, exerça ses fonctions à la Nizâmiyya pendant quatre ans, de 1091 à 1095/484-488. C'est pendant cette période que Ghazâlî fut en proie au besoin de plus en plus impérieux et obsédant de la « certitude » (yaqîn), luttant avec lui-même et livrant bataille aux philosophes et aux ismaéliens par des ouvrages magistraux qu'il rédigeait « pendant les rares moments qu'il dérobait à son enseignement ». L'exposé de leurs doctrines et leur réfutation répondaient chez lui, à cette époque, à la double nécessité de se convaincre lui-même et de convaincre les autres mu- sulmans que ce n'était pas là que se trouvaient la certitude et la vérité, qui font de l'âme « une âme pacifiée ». Ghazâlî et la philosophie La fermeture de l'École d'Athènes par Justinien en 529 avait favo- risé l'accueil en Orient par les nestoriens et les jacobites de la philoso- phie déjà implantée à Alexandrie, Édesse, Nisibe et Antioche. Les nouveaux centres culturels de Djundîshapûr, Hira, et Harrân où se regroupaient les sabéens et les hermétistes, jouèrent un rôle important dans la transmission au monde musulman de la philosophie, de la médecine, des mathématiques et de l'astronomie. La fondation de la « Maison de la Sagesse » (Bayt al-Hikma) par le calife Al-Ma'mûn en 11 LE TABERNACLE DES LUMIÈRES 832/217 à Bagdad ne fit qu'accentuer la diffusion de la pensée grecque et hellénistique. Son équipe officielle de traducteurs, nestoriens pour la plupart, contribua à répandre les oeuvres d'Aristote et de ses com- mentateurs, les trois dernières Ennéades de Plotin, appelées par mé- prise Théologie d'Aristote, et de nombreuses oeuvres apocryphes de Platon. Le rationalisme mu`tazilite, devenu doctrine d'État sous le règne des trois califes Al-Ma'mûn, Al-Mu`taçim et Al-Wâthiq, et qui imposa par une véritable inquisition (mihna) la croyance au caractère créé du Coran, est à l'origine à la fois de la faveur dont jouirent les philosophes dans les milieux « humanistes » et de la réaction sunnite, à partir du calife Al-Mutawakkil (mort en 861/247), sous la forme hanbalite d'un retour au pur fidéisme et au littéralisme traditionniste et sous la forme d'une théologie apologétique usant de la dialectique, le Kalâm, illustrée par Ach`ad. Quand Ghazâlî résolut de s'attaquer aux philosophes, la période des traductions, du grec en arabe ou du syriaque en arabe, avait fait place à celle de la production d'oeuvres originales. La falsafa était née et s'était développée, d'abord avec Al-Kindî (mort en 873/260), l'auteur d'un célèbre petit traité sur l'Intellect, puis surtout avec Al-Fârâbî (mort en 950/339), surnommé « le second Maître », le premier étant Aristote, et Ibn Sînâ (Avicenne ; mort en 1037/429), dont le renom en médecine et en philosophie s'étendit en Occident jusqu'à la Renais- sance. L'encyclopédie philosophique des Ikhwân al-Çafâ (« les Frères de la Pureté »), rédigée par des ismaéliens entre 961 et 986 sous forme d'épîtres, représentait également un danger pour la foi sunnite aux yeux de Ghazâlî, davantage, semble-t-il, que l'humanisme éthique de Tawhîdî et Miskawayh, contemporains d'Ibn Sînâ. Par souci de méthode, Ghazâlî commença, avant de critiquer et de réfuter les positions philosophiques contraires à l'enseignement de l'Islam, par exposer impartialement les Intentions des philosophes (Maqâçid al-Falâsifa), avec une telle fidélité que, lorsque l'ouvrage fut traduit en latin, les théologiens chrétiens du mir siècle considérè- rent tous « Algazel uploads/Religion/ ghazali-le-tabernacle-des-lumieres-pdf.pdf
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- Publié le Mar 06, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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