INTRODUCTION Après la publication de la lettre recentiores episcoporum synodi p
INTRODUCTION Après la publication de la lettre recentiores episcoporum synodi par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur quelques questions concernant l'eschatologie en 1979, la Commission Théologique Internationale s’est vue dans l’obligation de publier en 1992 le document intitulé Quelques questions actuelles d’eschatologie. Et ce pour répondre aux questions préoccupantes et urgentes que rencontre notre monde aujourd’hui sur l’eschatologie. Questions qui non seulement troublent la foi des fidèles mais posent de multiples embuches à l’espérance chrétienne. La résurrection est au cœur du kérygme évangélique et de l'espérance chrétienne. Elle mesure les différentes affirmations de la foi qui concernent l'homme et sa fin ultime. Face à elle, aujourd'hui, se manifeste une mentalité, une incrédulité chez les chrétiens eux-mêmes, qui rend la prédication de l'Église malaisée. Tout d'abord, le long processus de déchristianisation qui prend la forme actuelle de la sécularisation aboutit à une indifférence ou à une marginalisation de la religion et de la foi chrétienne au profit de religiosités séculières qui font abstraction du mystère, qui le négligent ou le nient. Ce sécularisme influence la pensée et le comportement de bien des chrétiens face à la mort. On constate une «faiblesse de l'espérance» chez les chrétiens. La foi eschatologique des chrétiens est largement remise en cause jusqu'en ses fondements. La théologie dite des fins dernières en accuse le contrecoup. On parle même d'une «pénombre théologique», c'est-à-dire d'une réinterprétation des dogmes qui évacue ou transforme les conceptions traditionnelles de la résurrection, de l'âme, du jugement particulier et dernier, du ciel, du purgatoire et de l'enfer. Ensuite, d’autres motifs amènent également à passer l’eschatologie sous silence. Il s’agit principalement de la renaissance de la tendance à affirmer une 1 eschatologie intramondaine. Cette tendance est cultivée par certains théologiens de la libération qui insistent sur l’importance de construire le Royaume de Dieu déjà à l’intérieur de notre histoire, à tel point que le salut qui transcende l’histoire semble passer au second plan. La réponse chrétienne à la perplexité de l’homme contemporain, comme à l’homme de tous les temps, a pour fondement le Christ ressuscité, et elle est contenue dans l’espérance de la glorieuse résurrection future de tous ceux qui appartiennent au Christ. Le Christ est la fin et le but de notre existence ; c’est vers lui que nous devons nous mettre en marche, avec l’aide de la grâce, au cours de notre brève vie terrestre. Nous attendons le Christ et non pas une autre existence terrestre semblable à l’existence présente ; il sera l’accomplissement suprême de tous nos désirs. Dans le document produit par la Commission théologique internationale, onze (11) points ont été soulevés que, nous vous présenterons dans la première partie de notre travail et qui constitue la ligne théologique dudit document. La seconde partie consistera à relever les éléments de l’eschatologie chrétienne catholique et de les confronter avec la vision de Karl Rahner et celle de Joseph Ratzinger. 2 I. L’ESCHATOLOGIE CHRÉTIENNE CATHOLIQUE SELON LE DOCUMENT DE LA COMMISSION THÉOLOGIQUE INTERNATIONALE La commission théologique internationale résume l’enseignement de l’Église sur les fins dernières en 11 points : 1) La résurrection du Christ et la nôtre En s’appuyant sur les écrits de l’apôtre Paul aux Corinthiens, la commission affirme que le Christ est ressuscité le troisième jour selon les Écritures. Ainsi donc non seulement le Christ est ressuscité mais il est la résurrection et la vie et il est aussi l’espérance de notre résurrection. Aussi dans la profession de foi du Credo de Nicée-Constantinople résonnent les témoignages du Nouveau Testament : Les morts ressusciteront dans le Christ. L’expression : le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis, implique que l’événement de la résurrection du Christ n’est pas quelque chose de fermé sur soi-même mais s’étendra un jour à tous ceux qui appartiennent au Christ. On comprend que la résurrection du Seigneur est le modèle de notre résurrection. La résurrection du Christ est également la cause de notre résurrection future car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. On doit considérer la résurrection de ceux qui appartiennent au Christ comme le sommet du mystère qui a déjà commencé au baptême. Pour cette raison, elle se présente comme la communion suprême avec le Christ et avec nos frères, et aussi comme l’objet le plus élevé de l’espérance : « Ainsi, nous serons avec le Seigneur pour toujours » (1 Th 4, 17). À partir de tout cela, il apparaît que la résurrection du Seigneur est comme l’espace de notre future résurrection glorieuse, et que notre résurrection future elle-même doit être interprétée comme un événement ecclésial. 2) La parousie du Christ, notre résurrection. Dans le Nouveau Testament, on attribue à la résurrection des morts un moment temporel déterminé. Paul, après avoir affirmé que la résurrection des 3 morts aura lieu par le Christ et dans le Christ, ajoute : « Mais chacun à son rang : comme prémices, le Christ, ensuite ceux qui seront au Christ, lors de son avènement » (1 Co 15, 23 : en tê parousia autou). Un événement concret (la parousie du Christ) est indiqué comme le moment de la résurrection des morts. Le mot grec parousia signifie « la seconde venue », encore à venir, du Seigneur dans la gloire, différente de la première venue dans l’humilité : la manifestation de la gloire et la manifestation de la parousie se rapportent à la même venue. Le même événement est exprimé dans l’Évangile de Jean (6, 54) par les mots : « au dernier jour ». La même relation des événements se trouve dans la description vivante de la première Lettre aux Thessaloniciens (4, 16-17) ; et la grande tradition des Pères affirme : « à sa venue, tous les hommes ressusciteront ». À cette affirmation s’oppose la théorie de la « résurrection dans la mort ». Les théologiens qui proposent la résurrection dans la mort veulent supprimer l’existence, après la mort, d’une « âme séparée » qu’ils considèrent comme un reste de platonisme. On comprend fort bien la crainte qui motive les théologiens favorables à la résurrection dans la mort : le platonisme serait une très grave déviation de la foi chrétienne. Pour la foi chrétienne, en effet, le corps n’est pas une prison dont il faut libérer l’âme. Par ailleurs, dans le Nouveau Testament, la parousie est un événement concret qui conclut notre histoire. On fait violence à ses textes quand on cherche à expliquer la parousie comme un événement permanent qui ne serait rien d’autre que la rencontre de chaque individu, dans sa propre mort, avec le Seigneur. Au dernier jour, quand les hommes ressusciteront glorieusement, ils parviendront à la communion complète avec le Christ ressuscité. Cela est clair puisque la communion de l’homme avec le Christ sera alors une communion selon la réalité existentielle de chacun des deux. De plus, l’histoire étant désormais parvenue à sa fin, la résurrection de tous les compagnons de service et frères complétera le Corps mystique du Christ. C’est pour cela qu’Origène affirmait : Il y a un seul corps dont on dit qu’il ressuscite au jugement. Avec raison, donc, le concile de Tolède XI 4 confessait que la résurrection glorieuse des morts se produira non seulement selon l’exemple du Christ ressuscité mais aussi à l’exemple de notre Chef. 3) La communion avec le Christ sitôt après la mort, selon le Nouveau Testament. Les premiers chrétiens, qu’ils aient pensé que la parousie était proche ou qu’ils l’aient envisagée comme étant encore très lointaine, apprirent vite, par expérience, que certains d’entre eux avaient été enlevés par la mort avant la parousie. Puisqu’ils étaient préoccupés de leur sort, Paul les console en leur rappelant la doctrine de la résurrection future des fidèles défunts : Les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier lieu. Ainsi, Jésus crucifié a promis au bon larron : En vérité (amên), je te le dis : aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. L’idée fondamentale est que Jésus veut accueillir le bon larron dans sa communion immédiatement après la mort. L’idée de communion avec le Christ se trouve toujours soulignée ; commencée sur terre, cette communion avec le Christ est proclamée comme l’unique objet d’espérance dans l’état après la mort : « être avec le Christ ». L’état après la mort n’est désirable que parce que, dans le Nouveau Testament (à l’exception de Lc 16, 19-31 dont le contexte est cependant tout à fait différent), il implique toujours l’union avec le Christ. 4) La réalité de la résurrection dans le contexte théologique actuel. On comprend facilement que, à partir de cette double ligne doctrinale du Nouveau Testament, toute la tradition chrétienne, sans exception de grande importance, ait, pratiquement jusqu’à nos jours, conçu l’objet de l’espérance eschatologique comme constitué d’une double phase. Elle affirme que, entre la mort de l’homme et la fin du monde, un élément conscient de l’homme subsiste, qu’elle appelle « âme » (psychê), nom également employé par la sainte Écriture et qui, déjà dans uploads/Religion/ expose-eschatologie.pdf
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- Publié le Mai 10, 2022
- Catégorie Religion
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