Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux Sommaire Pour un

Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux Sommaire Pour une liberté de croyance et un assouplissement des lois relatives au blasphème ............... 1 1. De la difficulté de définir le blasphème ............................................................................. 2 2. Des abus fréquents liés aux lois sur le blasphème ............................................................. 3 3. Du principe coranique « Pas de contrainte en matière de religion » .................................. 3 4. De l'invalidité de la foi sous contrainte .............................................................................. 4 5. Le dogme musulman ne criminalise pas le blasphème ...................................................... 4 6. Dieu seul est en droit de juger et punir le sacrilège ........................................................... 6 7. Le Coran recommande la discussion et le débat en matière de foi .................................... 6 8. Choisir la patience face à la provocation ........................................................................... 9 Conclusion ............................................................................................................................... 11 Annexe Un : Les lois religieuses musulmanes médiévales relatives à la peine de mort pour apostasie ................................................................................................................................... 11 Annexe Deux : Réflexion sur l'islam et la liberté de croyance ................................................ 16 Droits d'auteur .......................................................................................................................... 17 ISBN-10: 1941120016 ISBN-13: 978-1-941120-01-9 par Dr. Usama Hasan PAS DE CONTRAINTE www.IslamAndRF.org EN MATIERRE DE RELIGION: ISLAM & LIBERTE DE CROYANCE 1 Pour une liberté de croyance et un assouplissement des lois relatives au blasphème Il va de soi qu'il convient de condamner toute tentative de susciter haine et sectarisme religieux - ou antireligieux -, toute violence, qu'elle soit gratuite ou présentée comme une réponse à une provocation, toute émeute que l'on serait tenté de justifier sous prétexte de se sentir offensé. Nous, auteur de cet article, entendons pour autant présenter ici un plaidoyer pour la liberté de croyance en islam, à la fois dans une opposition à un renforcement des lois relatives au blasphème et dans un soutien à une reconsidération de ces mêmes lois, où qu'elles soient en vigueur dans ce monde. Notre argumentaire s'appuie sur les considérations suivantes : 1. La notion de blasphème est en elle-même difficile à définir en contexte mondialisé ; en effet, ce qui peut relever du blasphème dans un cas peut être perçu comme relevant de la liberté de croyance religieuse dans un autre. 2. Les lois relatives au blasphème sont réputées pour offrir prétexte à excès, et offrent aux gouvernements autoritaires les moyens de pratiquer toutes sortes de discriminations à l'encontre des minorités religieuses. 3. D'un point de vue islamique, l'interdiction de toute coercition en religion est un des principes fondamentaux du Coran : la foi sincère s'appuie sur la libre volonté et le libre choix. 4. Toute croyance ou pratique religieuse placée sous contrainte ne saurait être authentique et reste à ce titre contre-productive. 5. Aucun châtiment n'est explicitement mentionné, que ce soit dans le Coran ou dans la Sunna (enseignements du Prophète Muhammad), à propos d'une éventuelle criminalisation ou sanction du blasphème. En réalité, le contraire prévaut : les quelques textes scripturaux avancés à ce sujet sont incorrectement cités et font tous référence à des contextes de guerre. En outre, la jurisprudence islamique médiévale relative au blasphème, jurisprudence sévère, n'a été développée que plusieurs siècles après la mort du Prophète. 6. Les textes islamiques promeuvent la foi en les symboles sacrés et le respect de ceux-ci ; toute sanction justifiée par une violation de ces derniers reste de l'ordre du spirituel et applicable dans l'au-delà seulement ; elle ne relève pas de législations ou de sanctions temporelles. 7. L'esprit général même du Coran défend la libre discussion et le débat en matière de foi et de religion, de manière à faire des individus des acteurs moraux qui choisiraient leur foi en connaissance de cause. 8. Les débats et discussions se doivent idéalement de rester courtois, respectueux et civilisés : lorsque ce n'est pas le cas, une attitude digne du Prophète consiste à répondre à l'insulte, au comportement incivil et à la violence par la patience, la tolérance, le pardon et la compassion. Nous allons maintenant aborder chacun de ces points en détail. 2 1. De la difficulté de définir le blasphème La notion de blasphème est en elle-même difficile à définir en contexte mondialisé. Ce qui peut relever du blasphème dans un cas peut être perçu comme relevant de la liberté de croyance religieuse dans un autre. De par la nature même du sentiment religieux, la foi peut souvent amener une personne à penser que les croyances religieuses d'une autre sont dans le tort, voire constituent une insulte, un blasphème. La plupart des religions de ce monde ont des conceptions et des certitudes très différentes dans leur manière d'aborder Dieu, Muhammad, Jésus, Bouddha et les dieux hindous, comme elles ont des positions très différentes dans de multiples domaines éthiques et sociaux. Si plusieurs approches intellectuelles et religieuses entendent rapprocher les principales religions de ce monde, notamment à travers certaines traditions mystiques et philosophies pérennialistes, elles restent néanmoins le plus souvent marginalisées par le débat public. Les critiques d'une religion en particulier ou de la religion en général, tout comme les convertis, peuvent ainsi aisément être accusés de blasphème et, à ce titre, faire l'objet de discrimination voire de poursuites criminalisantes1. Ironiquement, les responsables des plus grandes offenses en matière de blasphème à l'encontre des diverses religions sont le plus souvent des musulmans, ce qui ne les empêche pas d'être à la fois les plus virulents à manifester leur vexation lorsque leurs propres symboles sacrés sont malmenés. A titre d'exemple, les commentaires désobligeants contre les juifs sont monnaie courante au sein de la société et dans les médias égyptiens, quand les incitations à la haine à l'encontre des chrétiens ont pu parfois expliquer des cas de violence civile en Egypte2, au Pakistan et en Indonésie.3 Un autre exemple serait le récit rapporté par le Coran relatif à une communauté juive ayant eu à résoudre un dilemme relatif aux règles du Sabbat. La tradition musulmane, tolérante, a toujours abordé ce sujet de manière introspective, un choix dont peuvent s'inspirer aussi bien les musulmans que les juifs et les chrétiens. Toutefois, les fondamentalistes et prêcheurs de haine musulmans ne font que citer de manière erronée l'histoire en question pour justifier leur tendance à qualifier les juifs - et occasionnellement les chrétiens - de « singes » et de « porcs »4. Il serait pourtant utile de rappeler que ce type d'attitude, inconsistant, est en l'occurrence prohibé par le Coran : Malheur aux escamoteurs, qui lorsqu'ils achètent aux gens leur prennent large mesure et lorsqu'ils leur vendent, à la mesure ou au poids, leur font perdre, n'appréhendent-ils pas 1 A titre d'exemple, voir : Compass Direct, ‘Blasphemy’ Laws in Egypt, Sudan Threaten Converts, mai 2011, http://www.compassdirect.org/english/country/egypt/article_112328.html 2 Ibid. 3 Human Rights First, Blasphemy Laws Exposed: The Consequences of Criminalizing “Defamation of Religions”, mis à jour en mars 2012, http://www.humanrightsfirst.org/wp- content/uploads/Blasphemy_Cases.pdf 4 Pour plus de détails : Usama Hasan, When Words Are Immutable, The Guardian’s Comment Is Free, 2010, http://www.guardian.co.uk/commentisfree/belief/2010/feb/26/quran-translation-tafsir. 3 ceux-là, d'être ressuscités en un Jour solennel, un Jour où les hommes comparaîtront devant le Seigneur des univers ? (83:1-6) 2. Des abus fréquents liés aux lois sur le blasphème Les lois relatives au blasphème sont réputées pour offrir prétexte à excès, et offrent aux gouvernements autoritaires les moyens de pratiquer toutes sortes de discriminations à l'encontre des minorités religieuses. Il existe de nombreux cas documentés de ce genre d'abus. Récemment, un rapport présenté par une ONG travaillant dans le domaine des droits de l'Homme donnait une série d'exemples sur la manière dont les lois sur le blasphème : (i) bloquent toute discussion et toute protestation au sein de la sphère publique, (ii) jouent le rôle d'étincelle dans le déclenchement de violences civiles, (iii) violent à la fois la liberté de croyance et la liberté de pensée, (iv) peuvent être utilisées comme une arme pour régler des différends d'ordre privé5. Mis à part quelques cas, la vaste majorité des dizaines de situations mentionnées dans le rapport en question concerne des accusations de blasphème à l'encontre de l'islam dans des pays majoritairement musulmans. 3. Du principe coranique « Pas de contrainte en matière de religion » D'un point de vue islamique, l'interdiction de toute coercition en religion est un des principes fondamentaux défendus du Coran : la foi sincère s'appuie sur la libre volonté et le libre choix. (i) Le verset coranique « Pas de contrainte en matière de religion » (2:256), qui fait aujourd'hui office d'adage, est considéré comme l'expression d'une valeur fondamentale de l'islam : non seulement il apparaît juste après le Verset du Trône (2:255), verset dédié à la majesté de Dieu, mais il a été décrit par le Prophète Muhammad lui-même comme « le verset le plus important du Coran ». (ii) Le fait est que Ibn ‘Abbas, un cousin, compagnon et disciple du Prophète Muhammad, et une des premières autorités en matière de commentaire du Coran, a avancé que ce verset (2:256) a été révélé suite au choix fait par les enfants de certains compagnons du Prophète de se convertir au judaïsme et au christianisme ; sur la base de ce verset, les compagnons du Prophète ont été interdits de forcer leurs enfants à se convertir à l'islam6. uploads/Religion/ pas-de-contrainte-en-matiere-de-religion-islam-amp-liberte-de-croyance.pdf

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  • Publié le Jui 02, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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