Grand Schisme d'Occident 1 Grand Schisme d'Occident Pour les articles homonymes
Grand Schisme d'Occident 1 Grand Schisme d'Occident Pour les articles homonymes, voir Grand Schisme. On appelle Grand Schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le catholicisme au tournant des XIVe et XVe siècles (1378 - 1417), divisant pendant quarante ans la chrétienté catholique en deux obédiences. Cette crise survient en Europe en pleine guerre de Cent Ans, à la faveur des transformations d'un système féodal qui ne répond plus aux besoins d'une société en pleine mutation. En effet, l'Église n'a plus le rôle culturel et social qui était le sien au début du Moyen Âge et qui l'avait rendue indispensable à l'exercice du pouvoir. Au Moyen Âge tardif, les mutations économiques induisent la création d'États modernes que l'Église n'a plus les moyens d'assujettir culturellement. Sur le terrain politique, cela se traduit par l'affrontement du roi de France Philippe le Bel et du pape Boniface VIII qui cherchent à affirmer la primauté absolue de leur pouvoir. En Italie, les luttes du Pape et de l'Empereur débouchent sur l'affrontement entre Guelfes et Gibelins du XIIe au XIVe siècle. Ces tensions et conflits aboutissent dans un premier temps à l'installation de la papauté à Avignon puis en 1378, au Grand Schisme. Celui-ci, inscrit dans une crise profonde du sentiment et de la pensée religieuse, est marqué par deux successions pontificales simultanées, l'une à Rome et l'autre à Avignon (dont les tenants en titre sont qualifiés d'antipape par leurs adversaires). L'Église, dont une partie du rôle social et culturel a été pris en charge par la bourgeoisie depuis le XIIIe siècle, sort moralement et spirituellement affaiblie de cette crise : le gallicanisme se développe, les particularismes nationaux s'exacerbent, le sentiment religieux se modifie, de nouvelles hérésies émergent[1]. Enluminures de Jean Froissart, XVe siècle. En 1378, l'Église se scinde en deux obédiences qui vont lutter l'une contre l'autre pendant 30 ans. Les sources du conflit Grand Schisme d'Occident 2 Mutation sociétale Le mouvement de la paix de Dieu assoit par des décisions conciliaires le rôle de chacun des trois ordres dans la société médiévale. Depuis le Xe siècle et le mouvement de la Paix de Dieu, l'Église impose l'image d'une société divisée en trois ordres[2]. Laissant le pouvoir temporel et militaire à la noblesse, elle devient le garant moral de l'équilibre social. Concentrant toutes les connaissances depuis la fin de l'Antiquité, principal promoteur de l'enseignement et des progrès scientifiques et techniques (principalement au sein des abbayes), le clergé se positionne comme l'élément central et indispensable de la société médiévale. Les clercs, sachant lire et compter, gèrent les institutions ; les religieux font fonctionner les œuvres caritatives[3] et les écoles[4] ; par le biais des fêtes religieuses, le nombre des jours chômés atteint 140 par an[5]. Maîtrisant les échanges culturels et bénéficiant des meilleures connaissances techniques, les abbayes se taillent vite la part du lion dans le tissu économique encore majoritairement agricole. L'Église connaît l'apogée de sa puissance économique, culturelle, politique et même militaire, du fait des ordres militaires qui permettent de pouvoir compter sur des forces armées permanentes sans avoir à les solder, pendant les croisades. Mais à partir de la fin du XIIIe siècle, l'équilibre entre les trois ordres se rompt. D'une part la bourgeoisie, désormais bailleur de fonds des princes et des hauts dignitaires de l'Église, détient une puissance économique qui la rend progressivement politiquement indispensable[6]. D'autre part, pour les besoins du commerce, puis pour assurer sa propre ascension sociale, elle a pris en charge une partie de la culture, créant des écoles laïques[7] et finançant un mécénat culturel[8] ainsi que nombre d'œuvres sociales[9]. La plupart des innovations techniques sont alors le fait de laïcs, ingénieurs, architectes (tels Villard de Honnecourt)[10], artisans (tels Jacopo et Giovanni Dondi, concepteurs de l'horloge à échappement[11])... La place de choix accordée à l'Église dans la société pour son rôle culturel et social, se justifie de moins en moins. Les travaux de Pierre de Maricourt sur le magnétisme permettent la mise au point de compas : Epistola de magnete (1269). Alors que le clergé était à la pointe du progrès scientifique et philosophique avec des universitaires comme Roger Bacon, Robert Grossetête, Pierre de Maricourt, Pierre Abélard ou Thomas d'Aquin, certains de ses membres craignent d'être dépassés par des évolutions qui remettent en cause sa place. Un tournant est pris le 7 mars 1277, lorsque l'évêque de Paris, Étienne Tempier, condamne les averroïstes (Siger de Brabant) et certaines thèses de Thomas d'Aquin[12]. L'Église devient une force conservatrice tout en laissant développer des positions mystiques, laissant la bourgeoisie prendre un rôle croissant dans le progrès scientifique et philosophique[12]. Confrontée à sa perte d'influence spirituelle, elle tente d'accaparer le pouvoir temporel, ce à quoi Philippe le Bel réagit très violemment, s'appuyant en particulier sur les universitaires et la bourgeoisie dont il renforce le pouvoir politique en créant les États généraux. Les XIVe et XVe siècles sont marqués par la lutte entre deux conceptions de la société qui transparaît en filigrane dans la guerre de Cent Ans où l'ordre féodal est menacé par la demande de reconnaissance politique des villes, avec pour exemple Étienne Marcel ou l'ordonnance cabochienne… Articles détaillés : Paix de Dieu, Croisades et Renaissance du XIIe siècle. Grand Schisme d'Occident 3 L'affrontement entre Philippe le Bel et la papauté Arnolfo di Cambio, Statue de Boniface VIII, Museo dell'Opera del Duomo (Florence). Philippe le Bel. Philippe le Bel a besoin de ressources pour entretenir une armée et une marine capables de maîtriser les velléités d'autonomie des riches villes flamandes. Il décide de lever, en 1295, un impôt exceptionnel sur le clergé, la « décime ». Le pape Boniface VIII, qui tire des revenus abondants de France, répond par la bulle de 1296, Clericis laicos, à l'intention des souverains, que le clergé ne peut être soumis à aucun impôt sans l'accord du Saint-Siège. Les évêques sont tenus de suivre les recommandations du Saint-Siège sous peine d'excommunication. En rétorsion, Philippe Le Bel interdit toute exportation de valeurs hors du royaume de France, ce qui a pour effet de priver le pape d'une part importante de ses ressources. Les rapports avec Rome se tendent et en 1302, par la bulle Unam Sanctam, Boniface VIII affirme la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel et, de ce fait, la supériorité du pape sur les rois, ces derniers étant responsables devant le chef de l'Église[13]. C'en est trop pour Philippe le Bel, qui réunit un concile des évêques de France pour condamner le pape, puis également des assemblées de nobles et de bourgeois à Paris. Le roi cherche l'appui de tous ses sujets, afin de légitimer la lutte qu'il mène contre le pape[14]. Ce dernier menace d'excommunier Philippe IV et de jeter l'interdit sur le royaume de France. Tombe de Boniface VIII, grotte vaticane. Fort du soutien de la population et des ecclésiastiques, le roi envoie son Garde des Sceaux, le chevalier Guillaume de Nogaret, avec une petite escorte armée, vers l'Italie, afin d'arrêter le pape et de le faire juger par un concile. Nogaret est bientôt rejoint par un ennemi personnel de Boniface VIII, Sciarra Colonna, qui lui fait savoir que le pape s'est réfugié à Anagni. Le 8 septembre 1303, lors d'un entretien tumultueux, le pape Boniface VIII est menacé par Guillaume de Nogaret. Il meurt quelques semaines plus tard[14]. Article détaillé : Attentat d'Anagni. Son successeur, Benoît XI, est élu le 22 octobre 1303 dans une atmosphère détestable. Il annule la plupart des mesures de nature à vexer le puissant roi de France avant de mourir lui-même le 7 juillet 1304. Pendant onze mois, de pénibles tractations se déroulent entre le parti français, conduit par la famille romaine des Colonna, et le parti du défunt Boniface VIII, emmené par les Caetani. On décide finalement de choisir le pape à Grand Schisme d'Occident 4 l'extérieur du Sacré Collège des cardinaux, et l'unanimité ou presque se fait sur le nom de Bertrand de Got, prélat diplomate et juriste éminent, resté neutre dans la querelle entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. Le 5 juin 1305, les cardinaux, réunis en conclave à Pérouse, portent à la tête de l'Église Bertrand de Got qui choisit le nom de Clément V. C'est le premier pape français depuis l'élection de Sylvestre II en 999. Il monte sur le trône de Saint Pierre à l'âge de quarante ans alors que l'Église traverse une grave crise politique. Le nouveau pape renonce à se rendre à Rome par crainte des intrigues locales et des risques liés au conflit des guelfes et des gibelins[15]. Il choisit en définitive de se faire couronner à Lyon, en terre d'Empire, le 1er novembre. Façade du palais des Papes à Avignon Clément V fait son possible pour se concilier les bonnes grâces du puissant Philippe le Bel, mais repousse sa demande d'ouvrir un procès posthume contre Boniface VIII, qui aurait pu justifier a posteriori l'attentat d'Anagni[15]. En 1307, il a un entretien avec le roi capétien où il est question en particulier du sort des Templiers. Philippe le uploads/Religion/ grand-schisme-d-x27-occident-wikipedia.pdf
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- Publié le Aoû 01, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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