1 ABBÉ JOSEPH LÉMANN LA VIERGE MARIE DANS L’HISTOIRE DE L’ORIENT CHRÉTIEN 1904

1 ABBÉ JOSEPH LÉMANN LA VIERGE MARIE DANS L’HISTOIRE DE L’ORIENT CHRÉTIEN 1904 CHAPITRE VI - D'OU ÉMANERA L'ACTE SUPRÊME QUI FERA SORTIR L'ORIENT DU TOMBEAU. I. Il est impossible aux Puissances de rien conjecturer sur un avenir de résurrection concernant l'Orient ; seuls, les Livres saints permettent d'entrevoir des conclusions réjouissantes. - II. Pour cette résurrection dont l'heure est le secret du Ciel, un homme extraordinaire est tenu en réserve : le prophète Elie. Toutes les conditions nécessaires pour rappeler l'Orient à la vie sont réunies dans cet homme, et le Christ l'a nommé le Restaurateur. Signe unique donné par l'Ecriture pour augurer de son retour. - III. Comment le débordement du mal pourrait exciter les justes en détresse à faire intervenir la Vierge Marie dans ce retour. - IV. Un peuple extraordinaire, dont les restes sont épars comme des ossements, doit aussi aider au relèvement de l'Orient. Connexion légitime entre une résurrection israélite et une résurrection orientale. Exemple d'un mort qui fait revivre un antre mort. - V. Le moyen pratique qui doit être employé pour le relèvement de l'Orient est désigné, dans les Ecritures, sous les termes pleins de charme de «réunion des cœurs». Cette réunion des cœurs semble exiger la participation des Arabes, postérité d'Ismaël. Ce serait la fin du mahométisme. - VI. Une Jérusa- lem doit être le centre de toute cette restauration orientale. Le cantique de Tobie, au sortir des ténèbres de sa cécité, la désigne sous des couleurs qui ne peuvent convenir qu'à l'Eglise catholique et à la Vierge Marie. I Nous avons graduellement examiné et constaté l'état sépulcral de la plus belle partie du monde, l'intervention tou- chante et combinée de la Vierge Marie et de l'Eglise romaine pour préparer son retour à la vie, et la présence inaccoutu- mée et collective des grandes Puissances avec des desseins plus ou moins favorables à ce relèvement. Notre examen a été impartial. Partisan des nations guérissables, interrogeons, jusqu'au bout, le prototype de la résurrection de Lazare, et de- mandons-nous dans ce solennel chapitre d'où émanera l'acte suprême qui fera sortir l'Orient du tombeau. Y aura-t-il une voix qui proférera l'ordre divin de revenir à la vie ? Qui en sera l'organe ? A quelle heure de ce siècle ou d'un autre siècle cette grande miséricorde aura-t-elle lieu ? Quels pourront en être les effets ? Sur tous ces points la poli- tique des Puissances ne saurait fournir aucun indice, et leurs chancelleries sont réduites à la courte vue. Pour elles se réalise l'obscurité décrite par Job : Celui qui fait briller les étoiles les tient, à cette heure, enfermées comme sous un sceau (Job, IX, 7). L'horizon politique est cerné de toutes parts, semblable lui-même à une chambre sépulcrale. Toutefois, si nous nous conformons au conseil de l'apôtre saint Pierre qui déclare que nous avons les oracles des prophètes auxquels on fait bien de s'arrêter comme à une lampe qui luit dans un lieu d'obscurité (II Pierre, I, 10), il pour- rait nous être donné de discerner, dans la nuit des temps à venir, des conclusions réjouissantes sur l'Orient, en rapport avec l'astre du matin et son aurore qui sont Notre Seigneur Jésus-Christ et la Vierge Marie, et dignes de créance puis- qu'elles se rattachent aux oracles des prophètes. Dans l'acte suprême qui doit faire sortir l'Orient du tombeau, les divins oracles nous permettent d'entrevoir, comme instruments, un homme, un peuple, un relèvement, tous trois extraordinaires. Pour chacun d'eux, notre plume cô- toiera le cours tutélaire de la Tradition. Il Premier instrument : un homme extraordinaire. Pour mériter d'être le porte-voix de l'ordre divin qui ferait revenir à la vie, ne faudrait-il pas que l'homme chargé d'une pareille entreprise réunisse ces quatre conditions : qu'il fût l'ami de Dieu à un degré supérieur à celui des autres hommes ; qu'il fût dépositaire des faveurs de la Vierge Marie ; que la Mort, en l'apercevant, demeurât interdite et craintive ; que l'Orient, au contraire, reconnût en lui, avec enthousiasme, son libérateur. Or l'Ecriture présente et annonce positivement un homme revêtu de tous ces caractères, en vue d'un appel à la vie : cet homme extraordinaire, le prophète Elie ! D'abord le Livre de l'Ecclésiastique énumère les complaisances divines sur Elie. En voici quelques traits : Ce prophète s'est élevé comme un feu, et ses paroles brûlaient comme un flambeau ardent. Quelle gloire, ô Elie, vous êtes-vous ac- quise par vos miracles, et qui peut se glorifier comme vous ?... Vous qui avez été enlevé au ciel dans un tourbillon de feu, et dans un char traîné par des chevaux ardents. Vous qui avez été destiné pour adoucir la colère du Seigneur par des ju- gements que vous exercerez au temps prescrit... Bienheureux sont ceux qui vous ont vu et qui ont été honorés de votre amitié (Ecclés., XLVIII). Aux complaisances de Dieu sur ce zélateur de Sa gloire, il faut joindre celles de la douce Vierge Marie. N'est-ce pas Elie, en effet, qui aperçut et honora sur la cime du Carmel la célèbre petite nuée figurative, salut en ce temps-là contre la sécheresse ? La Vierge qui a sauvé l'univers désolé n'a jamais oublié ce premier hommage. A plusieurs reprises, dans le cours des siècles chrétiens, elle a fait le Carmel dépositaire de ses plus délicates faveurs, honorant ainsi saint Élie au re- gard de la catholicité1. La troisième condition pour être le porte-voix de la résurrection sera également remplie par cet homme : puisque, en- levé sur un char de feu, Élie a été soustrait à la faux de la Mort qui ne moissonne que sur la terre. Il est conservé vivant, 1 Entre autres faveurs, Marie a confié au Carmel la distribution de son scapulaire, et aussi les sommets de la perfection où sainte Thé- rèse et les carmélites se rapprochent le plus possible du voisinage de leur père saint Élie. 2 depuis trois mille ans, dans le secret de la face de Dieu2. Comment, à son retour et à son aspect la Mort ne se montrera- t-elle pas interdite et tremblante ? Au contraire, l'Orient se portera, ce semble, avec transport vers son libérateur, et ce sera la quatrième condition ac- complie. En effet, l'Orient qui, à cause de la fragilité de sa mémoire ou de son indifférence indolente, a oublié les noms et les services de beaucoup de personnages, a fait exception, dans les coloris de son imagination, pour les hauts faits d'Élie et son enlèvement. Son nom est donné dans les familles. L'Église grecque et latine honore sa mémoire le 20 juillet. Et lorsque chaque année reviennent certaines fêtes au mont Carmel, musulmans, schismatiques, syriens, arabes, orientaux de n'importe quelle caste se joignent aux catholiques pour vénérer la grotte qui lui servit d'asile, et rappeler la force de son bras sur les bords du Cison. Voilà bien l'homme extraordinaire. Mais la certitude d'une résurrection est-elle attachée et son retour ? C'est là le point le plus important. Le Fils de Dieu Lui-même a pris soin de prononcer cette affirmation consignée dans l'Évangile de saint Matthieu : Elie doit venir, et il rétablira toutes choses (XVII, 11) Quand Celui qui est la Vérité éternelle a tenu ce langage, tu étais, ô Orient, le centre de Son horizon, de Ses pas, de Ses miséricordes. Comment alors mettre en doute qu'au temps prescrit pour le retour d'Élie, ton état de mort ne soit au premier rang des sollicitudes du sublime restaurateur en réserve, et que la vie catholique ne soit rendue à tes populations, à ton cœur, à ton attente ? La parole du Sauveur ne désigne pas un lieu plutôt qu'un autre lieu, une ruine plutôt qu'une autre ruine ; mais absolue, elle rayonne dans toutes les directions : tout sera à terre, et Élie relèvera tout, Elias restituet omnia. Outre les bienfaisants résultats de ce retour, qu'est-ce que les divins oracles y désignent encore comme certain ? C'est que cette restauration n'aura pu s'effectuer qu'après avoir été heureusement précédée d'un adoucissement de la colère de Dieu : la terre aura mérité d'être frappée d'anathème et Elie interviendra. Je vous enverrai, dit un premier oracle, le prophète Élie... de peur qu'en venant je ne frappe la terre d'anathème (Malachie, III, 23). - O Elie, dit un second oracle, vous avez été destiné pour adoucir la colère du Seigneur par des jugements que vous exercerez au temps pres- crit (Ecclés., XVIII, 10). Quels méfaits aurez-vous donc accumulés, ô grandes Puissances, en Orient et chez vous-mêmes, puisque, sans l'in- tervention du prophète au zèle si agréable à Dieu, la terre eût mérité d'être frappée d'anathème ? Il y a un mystère d'ini- quité qui grandit au milieu de vous. Sera-ce lui qui, arrivé à son comble, lassera la patience du Seigneur ? L'arrêt de sa justice va sillonner le monde par des coups de foudre : c'est alors que l'homme de miséricordieuse réserve apparaît. Il ar- rête la foudre. Et parce que les grandes allures de la Divinité consistent à aller d'un extrême à uploads/Religion/ j-lemann-l-islam-et-la-france.pdf

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  • Publié le Fev 16, 2021
  • Catégorie Religion
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