J. KRISHNAMURTI L INTRODUCTION _______________ a majorité des lecteurs de la re
J. KRISHNAMURTI L INTRODUCTION _______________ a majorité des lecteurs de la revue « Spiritualité » sont très familiers de la pensée de Krishnamurti. Beaucoup d’entre nous ont assisté à tous les camps d’Ommen de 1929 à 1937. D’autres encore ont, depuis plus de vingt ans, entendu de nombreux commentaires de l’éminent penseur hindou. Mais lorsque la plupart d’entre nous vinrent écouter, ou lurent l’exposé admirable que René Fouéré fit à Bruxelles, sous les auspices de l’Institut Mondial des Synthèses Spirituelles, une appréciation unanimement enthousiaste accueillit son travail. La synthèse de René Fouéré est à la fois la plus profonde, la plus pénétrante, la plus juste, la plus tranchante et la plus précise de la pensée « krishnamurtienne ». L’auteur est parvenu à nous donner, en un minimum de pages, la quintessence d’un enseignement, dont seules les générations futures pourront discerner la profondeur et la mission fondamentale. C’est en témoignage d’admiration pour ces lignes que nous considérons comme un chef-d’œuvre, et par amour pour l’enseignement si simple et lumineux de Krishnamurti, que nous avons jugé indispensable d’intégrer cet ouvrage dans notre collection « Spiritualité ». Ram LINSSEN. P Krishnamurti, L’homme et sa pensée par René Fouéré arler de Krishnamurti, que je considère comme l’une des figures les plus étonnantes de tous les temps, est une tâche très ardue et très aventureuse. Mon exposé se divisera en deux parties. La première sera principalement une biographie rapide de Krishnamurti. Dans la seconde, je m’efforcerai de vous dire en quoi consiste son enseignement. Je passe immédiatement à la partie historique. Les renseignements que je donnerai dans cette partie seront puisés, parfois textuellement, soit dans les Bulletins de l’Étoile, soit dans le livre de Ludovic Réhault, « Krishnamurti l’Instructeur du Monde ». Krishnamurti est né en 1895 à Madanapalle, près de Madras, de parents brahmanes. Son nom de famille est Jiddu mais selon une coutume de sa caste il est connu sous son nom personnel, nous dirions en Europe son prénom, Krishnamurti. Ce nom personnel qui signifie apparence de Krishna lui a été donné parce qu’il fut, comme le dieu Krishna, un huitième enfant mâle. Sa mère, femme très douce, mourut prématurément. Son père, haut fonctionnaire dans l’administration anglaise, ne tarda pas à perdre sa situation et tomba dans la misère avec ses enfants, au nombre de neuf. Ces circonstances contribuèrent, paraît-il, à le rendre extrêmement dur et ses enfants recevaient, dit-on, plus de taloches que de nourriture ou de vêtements. Krishnamurti, en raison de sa nature pensive fut particulièrement malmené et devint ainsi très timide. Privé de nourriture, vêtu de haillons, il errait, avec son plus jeune frère Nityananda, sur les routes et les plages du Bengale. C’est, nous dit Réhault, sur l’une de ces plages que M. Van Manen, bibliothécaire du Quartier Général de la Société Théosophique, remarqua les deux enfants et eut l’idée de les présenter à la présidente de la Société. Fondée en 1875 par H. P. Blavatsky, cette société s’était donné pour tâche de propager dans le monde un enseignement que l’on peut tenir, en dépit de diverses critiques, pour une sorte de synthèse des doctrines de l’Inde. Au point où nous en sommes de l’histoire de Krishnamurti, la Société Théosophique était présidée par Madame Annie Besant, qui avait été jadis l’un des fondateurs du parti travailliste et dont la réputation était mondiale. Madame Besant était assistée d’un lieutenant, Leadbeater, qui passait pour un médium remarquable. Précisément, lorsque Krishnamurti et Nityananda furent amenés au quartier général de la Société Théosophique, Leadbeater se trouvait là. Ce dernier, mis en présence des deux frères, aurait déclaré qu’il y avait en Krishnamurti quelque chose de très grand. Les deux enfants, avec le consentement du père, devinrent les pupilles de Madame Besant. Or celle-ci prétendait communiquer télépathiquement avec de mystérieux personnages, doués de hauts pouvoirs spirituels et appelés Maîtres. Les messages qu’elle avait reçus de ces Maîtres annonçaient la venue imminente parmi les hommes d’un Instructeur qui, à la manière de Jésus et du Bouddha, enseignerait au sein de la confusion présente la voie du salut. Pour préparer la venue de cet Instructeur, Madame Besant fonda en 1911 l’ordre mondial de l’Étoile d’Orient dont Krishnamurti est nommé chef. Presque au même moment le père de Krishnamurti demandait que les deux enfants lui fussent rendus, l’éducation reçue par ceux-ci étant, selon lui, contraire aux règles de sa caste. A la suite d’un procès que Madame Besant faillit perdre le père fut finalement débouté de sa demande. Durant le procès les deux enfants, dont on craignait qu’ils fussent enlevés, furent envoyés en secret à Septeuil. Krishnamurti reçoit en Angleterre une éducation privée mais n’entre dans aucune université. Il suit également des cours de français et de sanscrit à la Sorbonne où on l’appelle familièrement « le petit prince ». Selon Madame Besant il est non seulement le chef de l’Ordre de l’Étoile, mais encore l’être élu en lequel s’incarnera l’Instructeur du Monde et il porte déjà le fardeau de cette prophétie écrasante. En 1922, il se rend en Californie où l’on espère que le climat rétablira la santé chancelante de son frère. En 1925, Nityananda meurt. C’est une grande souffrance pour Krishnamurti qui écrira plus tard : « Il est mort. J’ai pleuré dans la solitude. Partout où j’allais, j’entendais sa voix et son rire heureux. Je cherchais son visage sur tous les passants et demandais partout si l’on avait vu mon frère. Mais personne ne put me réconforter. J’ai prié, j’ai adoré, mais les dieux restaient silencieux. » Ces accents simples et émouvants nous découvrent la profonde sensibilité de Krishnamurti. La mort de son frère devait amener en lui une transformation décisive : « Je souffris, dit-il, mais je commençai à me délivrer de tout ce qui me limitait, jusqu’à ce qu’enfin, je m’unis au Bien-Aimé, j’entrai dans l’océan de libération et l’établis au-dedans de moi. » Krishnamurti est devenu soudainement méconnaissable. Une flamme s’est allumée en lui. Un enthousiasme inattendu le possède. Une immense expérience intérieure l’a bouleversé. Que s’est-il passé ? Est-il devenu l’un de ces mystiques dont toutes les annales religieuses nous entretiennent ? On pourrait le croire. Il semble que d’invisibles présences l’entourent et son Bien-Aimé n’est-il pas quelque chose d’analogue au Jésus des visionnaires chrétiens? Mais cette illumination, ces extases, ne parviennent pas à le satisfaire. « Aussi longtemps, se dit-il, que je les verrai (les, ce sont les grands Instructeurs passés) hors de moi comme un tableau, images objectives, je serai éloigné du centre. » Ainsi, se manifeste déjà en lui une immense aptitude au doute qui lui inspirera plus tard ces lignes si caractéristiques : « Il nous faut donc tout mettre en doute afin que du paroxysme du doute naisse la certitude. Ce n’est pas lorsque vous vous sentez fatigués ou malheureux qu’il faut douter ; n’importe qui peut faire cela. C’est dans les moments d’extase que vous devez douter, car vous découvrez alors si ce qui demeure est vrai ou faux. » Sans ce paroxysme de doute, Krishnamurti n’eut été qu’un mystique parmi tant d’autres, un homme ébloui, agenouillé devant une divinité extérieure et invisible. Grâce à ce paroxysme de doute il passe à travers toutes les images, crève toutes les toiles. Il sort de ses propres rêves. Les personnages s’évaporent. Krishnamurti demeure seul ou plutôt, et c’est fantastique, indescriptible, il disparaît lui-même de son propre regard. Nous aurons l’occasion de revenir tout à l’heure sur cette conclusion inouïe. Il nous faut reprendre l’histoire extérieure de Krishnamurti au point où nous l’avons laissée. * Krishnamurti n’avait dit jusque là que de vagues généralités. Maintenant, il déclare qu’il est positivement l’Instructeur. Quel instructeur ? Selon Madame Besant, il doit être le Christ réincarné. Quoi qu’il en soit cette nouvelle provoque un déchaînement d’enthousiasme. Krishnamurti reçoit des hommages capable de faire tourner la tête la plus solide ou de corrompre l’homme le mieux disposé. A Trichinopoly, le parquet de son wagon disparaît sous les lilas et les roses. On lui fait présent d’un château historique entouré d’un domaine de 5.000 acres. Tout cet encens qui monte vers lui ne parvient pas à l’étourdir. Il reste tout à fait lucide et d’une simplicité déconcertante. Mais de nouvelles difficultés vont surgir. Non seulement les chefs théosophiques avaient annoncé la venue de l’Instructeur du monde mais encore, si l’on peut dire, ils en avaient réglé d’avance tous les détails. Krishnamurti allait-il endosser ce vêtement confectionné pour lui ? Allait-il, en particulier, prendre en mains ces organismes constitués exprès pour le servir, je veux parler de la Court Masonery, mouvement mixte d’inspiration maçonnique, et de l’Église Catholique Libérale dont le rituel, calqué sur celui de l’Église romaine, avait été soigneusement expurgé de toute trace de colère ou de haine ? Allait-il consentir à monter sur les autels préparés pour lui ? Question angoissante pour ses adorateurs ; et la simplicité de Krishnamurti, son silence à l’égard des organismes mentionnés, n’étaient pas faits pour dissiper les pires inquiétudes. Des pressions commencent à s’exercer sur Krishnamurti, discrètes d’abord, puis de plus en plus précises. uploads/Religion/ krishnamurti-l-x27-homme-et-sa-pensee-par-rene-fouere.pdf
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- Publié le Dec 10, 2021
- Catégorie Religion
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