LA RUSSIE DE POUTINE LA RUSSIE SPÉCIAL 40 PAGES Cahier numéro un de l’édition n

LA RUSSIE DE POUTINE LA RUSSIE SPÉCIAL 40 PAGES Cahier numéro un de l’édition n° 2783 du 8 au 14 mars 2018 ALG. 410 DA, ALL. 5,60€, AND. 5,10€, AUT. 5,60€, BELG. 5,00€, CAN. 8,10 $CAN, ESP. 5,20€, GB 4,60£, GR. 5,30€, GUAD. 5,00€, GUY. 5,00€, IT. 5,00€, LUX. 5,20€, MAR. 43 DH, MART. 5,00€, PAYS-BAS 5,30€, PORT. CONT. 5,30€, RÉU. 5,00€, ST MARTIN 5,00€, SUI.6,80 CHF, TOM 850 XPF, TUN. 5,50 DT, ZONE CFA 3600 EXCLUSIF LES DERNIERS SECRETS D’HITLER 3’:HIKMMC=]UYZU\:?m@r@i@d@a"; M 02228 - 2783 - F: 4,50 E PLAINPICTURE - STÉPHANE LAVOUÉ / PASCO P. 46 L’OBS/N°2783-08/03/2018 4 L’ÉDITO STÉPHANE MANEL Par JEAN DANIEL Italie : l’Europe frappée au cœur L es populistes italiens ont donc confrmé leur victoire et il y a de bonnes raisons de penser que nous pourrions avoir afaire à une coalition où les identitaires de la Ligue ou les antisystème du Mou- vement 5 Etoiles prennent une place prépondérante. Ce n’est pas certain étant donné la complexité confuse et brouillonne du « calendrier électoral » de Rome. Nous avons donc quelque motif d’inquiétude. On dira bien sûr que nous n’en manquons pas. Mais avec les Italiens, nous avions noué tant de complicités, tant d’afnités intellec- tuelles qui avaient conduit une certaine gauche française à un socialisme néomarxiste et antistalinien. Dans les années 1970, cette liberté des communistes italiens avait attiré tous nos ténors français. Sartre disait volontiers que, pour bien discuter du marxisme, il fallait aller à Rome. Là, il rencontrait tous les collaborateurs du jour- nal « Il Manifesto » ainsi que le maître à penser du syn- dicalisme révolutionnaire Lucio Magri. Quant à nous, nous étions proches de « la Repubblica », le quotidien d’Eugenio Scalfari et de notre ami le grand chroniqueur Bernardo Valli. C’est toute une histoire commune. Nous avons même failli faire un journal européen commun avec les Espagnols d’« El Pais » et les Anglais de « The Independent ». Alors que reste-t-il aujourd’hui de cette gauche euro- péenne ? Elle a cédé tant de terrain face aux populistes. Certes, la France a résisté aux sirènes de Marine Le Pen. Mais l’Italie nous rappelle à quel point la démocratie reste fragile. Pour mieux saisir les enjeux, je me permets quelques réfexions. 1/ Le populisme n’a rien à voir avec le patriotisme, qui, lui, est un élan du cœur, un culte des premiers moments de tendresse et de sécurité, en souvenir de ceux qui vous ont aimé et qu’on aime. Pour ça, il faut avoir vécu dans certains endroits et dans certains cadres de préférence. On peut être patriote sans avoir hérité de toute cette mémoire ou simplement parce qu’on l’a épousée. Seule restriction, mais elle est rédhibitoire : il ne faut pas cher- cher à imposer le patriotisme à ceux qui ne peuvent pas partager la même histoire. 2/ En revanche, le populisme, s’il se veut parfois patriote, est un nationalisme. Il s’agit alors d’une volonté farouche, hargneuse de rester entre soi, de refuser et de rejeter l’étranger. En ce moment, les migrants sont une providence pour la xénophobie. Ce nationalisme peut très bien créer de véritables civi- lisations. Mais il devient éminemment dangereux quand il adopte une référence religieuse. C’est Dieu qui dicte alors les comportements et non pas la volonté des peuples ou leur fédération. Les nationalismes religieux, c’est tout simplement ce qui conduit à la guerre. C’est à cela que pensait Mitterrand quand il afrmait : « Le nationalisme, c’est la guerre. » 3/ C’est vrai pour tous les nationalismes religieux, jadis pour les catholiques et les protestants mais évidemment aujourd’hui pour les musulmans et les juifs. J’ai écrit un livre (« Dieu est-il fanatique ? ») pour expliquer la conver- sion chauvine et orthodoxe des Israéliens. Entre la pro- messe nationale de David Ben Gourion et la mystique nationaliste qui a conduit les terroristes à assassiner Yitzhak Rabin, il y a une terrible évolution. Alors faut-il craindre les nationalismes en Europe et d’abord en Italie ? Ce qui est singulier dans la rébellion italienne, c’est que les deux partis arrivés en tête, le Mouvement 5 Etoiles de Luigi Di Maio et la Ligue de Matteo Salvini, partagent un euroscepticisme, mais guère plus. Pour l’heure, c’est l’égocentrisme partisan qui mobilise notre voisine. Le seul espoir des Italiens libres, c’est l’impossibilité des populistes de s’entendre. Si l’Europe a imposé à l’Italie une cure d’austérité redoutable et s’est montrée incapable de l’aider face à l’afux des migrants, les Italiens ont d’abord exprimé leurs peurs. La haine nationaliste prospère sur le terrain des migrations et sur la religion. Avant même de connaître ses résultats électoraux, Matteo Salvini a juré « d’être fdèle à son peuple, à la Constitution italienne et de respecter les Saints Evangiles ». Autant en Allemagne le SPD défait a pris ses respon- sabilités en négociant un accord de gouvernement avec Merkel et en rejetant l’extrême droite en marge du jeu politique, autant en Italie, avec la place qu’occupe la reli- gion dans la péninsule, bâtir une coalition ne sera pas une sinécure. Dans cette nouvelle Europe, le président Macron semble désormais bien seul. Sans doute le dan- ger de cette chevauchée populiste venue d’Italie sert-il la droite française. En expliquant la poussée populiste transalpine par le phénomène migratoire, Macron s’est arrangé pour en tenir compte. Mais ses plans de relance du continent européen pourraient bien faire les frais du chaos italien. Pour ma part, ce qui me soucie le plus, ce sont les coups portés à cette grande, cette belle, cette majestueuse idée de l’Europe. J. D. L’OBS/N°2783-08/03/2018 6 STÉPHANE MANEL Par NICOLAS COLIN Associé fondateur de la société The Family et enseignant à l’Institut d’Etudes politiques de Paris LA LA FIN DE LA VOITURE EN VILLE L ’une des décisions politiques les plus courageuses des quinze dernières années est due à Xavier Bertrand. En 2006, alors qu’il était ministre de la Santé dans le gouvernement de Dominique de Villepin, il a imposé, contre vents et marées, l’interdiction de fumer dans les cafés et restaurants. Xavier Bertrand a d’abord dû faire face à une farouche résistance. Les cafetiers et buralistes se sont mobilisés contre sa décision car ils redoutaient une baisse de leur chifre d’afaires. Mais les pouvoirs publics ont tenu bon et, après une période d’ajustement, la mesure a révélé son impact positif. Une fois l’air redevenu respirable, ces lieux de convivialité que sont les cafés et restaurants ont enfn pu être fréquentés à nouveau par tous ceux qui redoutaient le tabagisme passif, à commencer par les familles avec enfants. Dix ans plus tard, l’interdic- tion de fumer dans ces lieux nous semble évidente. Une décision poli- tique courageuse a radicalement bouleversé nos normes sociales. Malheureusement, les pouvoirs publics n’ont pas eu le même courage sur un dossier plus récent : la limitation du trafc automobile dans les grandes villes. Des mesures ont été prises contre la prolifération des moteurs diesel, qui émettent des particules fnes dangereuses pour la santé. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a quant à elle décidé la ferme- ture défnitive des voies sur berge aux voitures (mesure annulée depuis par le tribunal administratif). Mais aucun dirigeant ne s’est inspiré du Xavier Bertrand de l’époque et n’a mis sur la table la seule mesure qui changerait radicalement la donne : la fn de l’usage des véhicules per- sonnels dans les grandes villes. Il faut dire que les conditions pour rendre possible une telle déci- sion sont loin d’être réunies, en particulier à Paris. Malgré le retour en grâce de modes de transport comme le tramway, la qualité des transports publics ne cesse de se dégrader. Surtout, si l’on met à part le développement du vélo en libre-service, il existe peu d’autres options pour ceux qui, en présence d’une telle mesure, renonceraient à circuler seuls dans leur véhicule personnel. Pour qu’une telle mesure soit couronnée de succès, il faudrait en réalité mettre en oeuvre trois chantiers complémentaires. Pour commencer, il faudrait lourdement pénaliser ceux qui sou- haitent à tout prix circuler seuls dans leur propre voiture. La « rede- vance de congestion » est l’initiative pionnière prise en 2003 à Londres par le maire de l’époque, le travailliste Ken Livingstone. La mesure est aujourd’hui considérée comme un succès : elle a provoqué une réduction de 10% du trafc dans le centre de Londres entre 2003 et 2013. Malheureusement, elle est encore loin d’être considérée en France. Par ailleurs, il faut accélérer l’ouverture des données et l’interconnexion des systèmes d’information des diférents modes de transport. Les outils permettant aux usagers d’optimiser leurs trajets dans le temps et l’espace en utilisant diférents moyens de transport sont encore rudimentaires ou inexistants – et ils n’intègrent pas le covoiturage, le transport avec chaufeur ou des informations utiles comme la charge en temps réel ou la bonne sortie de la station de métro. Or les usagers d’aujourd’hui sont agnostiques quant au mode de transport. Ce qu’ils veulent, c’est arriver à bon port soit au meilleur prix, soit au plus vite, soit dans les plus uploads/Religion/ l-obs-8-au-14-mars-2018.pdf

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  • Publié le Mai 01, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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