Mélina NEPERT L LA A B BÉNÉDICTION ÉNÉDICTION DE DE P PROMÉTHÉE ROMÉTHÉE, , REL
Mélina NEPERT L LA A B BÉNÉDICTION ÉNÉDICTION DE DE P PROMÉTHÉE ROMÉTHÉE, , RELIGION RELIGION ET ET TECHNOLOGIE TECHNOLOGIE M M ICHEL ICHEL L L AGREE AGREE (1946-2000) (1946-2000) P P R É S E N T A T I O N R É S E N T A T I O N D E D E L L ’ ’ A U T E U R A U T E U R Michel Lagree (1946-2000), un professeur d’histoire contemporaine, consacra ses recherches et ses études à l’histoire religieuse contemporaine et plus particulièrement aux liens et aux antagonismes existants entre la religion et les évolutions culturelles. Il réalisa sa thèse à partir du thème de la religion et la culture bretonne de la période de 1850 à 1950 et se concentra sur la nature des divers rapports entre le catholicisme et l’évolution des techniques. En 1999, il rédigea d’une main passionnée un ouvrage de référence, La bénédiction de Prométhée. Religion et technologie XIX e - XX e siècle , (Paris, Fayard, 1999) ce qui lui valut progressivement la réputation de spécialiste en matière d’histoire religieuse contemporaine. En effet, il enrichit et actualisa les connaissances générales dans ce domaine et fit volontiers le rapprochement entre la religion et d’autres sujets culturels et historiques tels que le sport ou les spécificités régionales. Suite à sa disparition en 2000, on édita à titre d’hommage un recueil de ses meilleures publications, Religion et modernité. France, XIX e - XX e siècles (Rennes, PUR, 2002). I I N T R O D U C T I O N N T R O D U C T I O N Le domaine religieux est confronté aux progrès et aux découvertes de la science depuis un âge proche de celui de l’Antiquité. Autrefois, les techniques étaient une discipline bien distincte des sciences si bien que, les seules études ayant tenté un rapprochement entre la religion et les techniques ne concernaient que l’usage moral (ou conforme aux préceptes religieux) que l’on pouvait en faire. Lagree écrivit cet ouvrage principalement afin d’enrichir les données déjà reconnues sur le sujet des relations entre le domaine du religieux et celui des techniques. Il a voulu remettre à jour l’idée selon laquelle après avoir pénétré dans une « ère désenchantée », l’homme a dû réinventer sa façon de croire en la raison relativement au domaine de la foi. D’autre part, en analysant précisément le titre de l’œuvre, « La bénédiction de Prométhée », on décèle une métaphore n’émanant principalement que du domaine symbolique. En effet, l’auteur rappelle dans son introduction que l’univers religieux resterait le pilier de son raisonnement. De la sorte, en usant du terme « bénédiction », il fait référence à un encouragement d’ordre divin. Cependant, en attribuant le fait de cette bénédiction à Prométhée, il introduit sa réflexion. Premièrement, d’un point de vue philosophique, Prométhée est perçu comme un héro et un bienfaiteur. Il est celui qui aurait attribué aux hommes une forme de liberté à travers le feu et la connaissance. Deuxièmement, d’un point de vue chrétien, Prométhée ne serait nul autre que Lucifer, l’ange déchu. Il serait alors selon la religion chrétienne, l’Ange de lumière ou le porteur de lumière qui, ayant trahi la confiance de Dieu, fut banni du royaume des cieux. Ainsi, l’idée qui émane du titre de l’ouvrage présente une double facette du rôle des techniques, d’un point de vue religieux et philosophique. Par conséquent, cette « bénédiction » est-elle à cette époque, aux yeux des catholiques un cadeau des enfers ? Etait-ce alors l’heure de la délivrance de Prométhée ou au contraire celle de sa condamnation ? Quelle est durant cette époque, l’évolution de la place du religieux au sein de la société française face au développement de l’innovation dans le domaine des techniques ? Mélina NEPERT L’auteur développe son raisonnement en neuf chapitres autour desquels s’articulent trois axes majeurs. L L E E DÉBAT DÉBAT ENTRE ENTRE L L’ ’ ÉGLISE ÉGLISE CATHOLIQUE CATHOLIQUE ET ET LE LE MONDE MONDE DES DES TECHNIQUES TECHNIQUES: : ENTRE ENTRE PASSIONS PASSIONS ET ET ENTENDEMENT ENTENDEMENT Dans un contexte où l’industrie s’offre en spectacle et tend à s’élever comme une forme nouvelle d’expression du savoir-faire humain, un débat virulent entre le catholicisme et l’industrie se développe à travers la presse et la littérature. Les médias se mettent alors à nourrir une vision pour le moins légère mais spontanée de ce face à face en tirant leur arguments jusque dans les ères de la Grèce Antique et du Moyen Age. Le Siècle, un quotidien républicain et anticlérical s’oppose à un œilleton du catholicisme libéral intitulé Le Correspondant. On compte aussi parmi les prosélytes catholiques, L’Ami de la religion du Monseigneur Dupanlou de tendance gallicane face à l’ultramontain, Louis Veuillot et son quotidien, L’Univers. Par ailleurs, l’exposition universelle de 1855 de Paris fait l’admiration des anti- traditionalistes qui vantent sa large faculté à favoriser les évènements de pèlerinage via le chemin de fer. Ainsi, quand certains annoncent la naissance d’une nouvelle religion, celle du progrès, d’autres préfèrent y entrevoir une forme de Jugement dernier. Cette exposition est en effet, la preuve ultime du rapprochement de l’homme et de Dieu. Alphonse Baudon quant à lui, dans Le Correspondant voulait y percevoir l’opportunité de la conciliation de deux éthiques, celle de la religion chrétienne et celle enfantée par le progrès matériel. A partir de là, le catholicisme préviendrait le monde des maux causés par l’industrie, la matrice du mal et de la douleur, en lui inculquant des principes moraux. Selon L’Univers de Veuillot, l’industrie n’a eu aucun impact concret sur la richesse des nations et pourrait au contraire avoir privé les campagnes de leur aisance. Selon lui, « Il faut que le monde revienne aux vieux errements. La vie patriarcale, la vie sauvage elle-même sont bien préférables à ces monstruosités dont nous sommes témoins. […] Ce qui ne vient pas de Dieu, auteur de la nature, n’est donc pas bon par nature. Il y a donc lieu de comprendre que ces choses viennent du diable, du falsificateur de la nature. » Dans Le Siècle, au contraire, l’exemple du chemin de fer montre un affranchissement des peuples des péages féodaux et des brigands de grands chemins. D’autre part, l’auteur précise que l’antagonisme de ces différents discours est le fait de clivages ancestraux. En effet, depuis l’Antiquité le travail est l’apanage de la servitude et de la souffrance alors que de l’artefact, il s’exhale une forme de liberté. Cette représentation est aussi présente dans la Bible puisque Jésus est fils d’artisan. « A l’époque où Jésus vint au monde, le travail était l’objet d’un souverain mépris, d’une universelle désapprobation. Les plus grands génies de la Grèce, Platon et Aristote, n’avaient pas hésité à la flétrir et à proclamer qu’il était indigne d’un homme libre. » Toutefois, avant d’être associé à la servitude, le travail fut aussi le loisir de l’artisan. Selon l’histoire germanique, le plus dur labeur s’élève au rang des arts. Le courant stoïcien, voudrait aussi que la nature soit la seule garante du sort de l’humanité et que rien ne viennent en modifier le dessein. Enfin, on attribue à la philosophie, loin des relents religieux, le mérite d’avoir élevé une nouvelle nature à travers la technique. Il serait alors un don de la terre pour l’homme que de savoir produire de ses mains les conditions nécessaires à son bonheur dans la continuité de l’œuvre divine Pourtant, durant les années 1840, certains antirévolutionnaires comme Louis de Bonald considère l’innovation technologique comme une chose ayant toujours existé et dont l’homme aurait toujours éprouvé le besoin, seulement, selon lui un développement Mélina NEPERT excessif de l’industrie s’écarterait de sa vision traditionnaliste du progrès. Dans ce camp on compte aussi Veuillot qui alimentait l’idée selon laquelle l’humanité à elle seule pouvait constituer un être unique et que les technologies les plus viles étaient celles qui s’évertuaient à vouloir remplacer l’homme. Il parlait aussi « d’attentat contre la nature » car nul n’aime savoir qu’il travaille pour le petit confort d’une minorité. Cette forme de romantisme l’amenait même à comparer trait pour trait l’industrie à une « géhenne de feu », une science obscure réduisant les masses en esclavage. Durant les années 1860, Veuillot s’opposa fortement au tournant libéral du Second Empire car il semble que l’homme ne contrôle plus les machines comme Dieu le voudrait ; les canons et les fusils à aiguille guident la destinée des peuples. En effet, leur perfectionnement devient liberticide et tyrannise les esprits faibles et corruptibles. C’est ainsi qu’en1869, même les découvertes « utiles » sont mises en rebut et certains journaux, comme la « Revue du monde Catholique » n’annonce sans cesse qu’une idée : l’apocalypse et ses mots sont aux portes de notre monde, des signes annonçant la fin se dessinent derrières chaque innovation. Que se soit Tardivel, d’Armignon ou d’autres admirateurs de lointaines techniques de leur jeunesse tous en vinrent à suivre la philosophie veuillotiste et à percevoir en l’industrie une sainte horreur. Face uploads/Religion/ la-benediction-de-promethee.pdf
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- Publié le Mai 05, 2022
- Catégorie Religion
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