LA GRANDE VIE DE JÉSUS-CHRIST PAR LUDOLPHE LE CHARTREUX NOUVELLE TRADUCTION INT
LA GRANDE VIE DE JÉSUS-CHRIST PAR LUDOLPHE LE CHARTREUX NOUVELLE TRADUCTION INTÉGRALE AVEC PRÉFACE ET NOTES PAR Le P. Dom FLORENT BROQUIN Religieux du même Ordre TOME PREMIER GÉNÉRATION ET VIE PRIVÉE † Deuxième édition Paris C. DILLET, LIBRAIRE-ÉDITEUR 15, RUE DE SÈVRES ___ 1883 Nous avons fait examiner avec soin la GRANDE VIE DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST , par Rodolphe le Chartreux, traduite et annotée par le Père dom Florent Broquin, religieux de notre Ordre. Sur le rapport favorable qui nous a été fait, nous en autorisons l’impression. À la Grande-Chartreuse, le 19 juin 1869. Fr. Charles-Marie, prieur de Chartreuse. IMPRIMATUR Fr. Anselmus Maria Prior Cartusiœ et Vic. gen. Gratianopi 22ª Xbris 1882 Paris-Auteuil. — Imp. Des App.-Orph. — Roussel. — 40, rue La Fontaine. PRÉFACE DE LA PRÉSENTE ÉDITION Parmi les auteurs qui ont écrit la Vie de Jésus-Christ, d’après les quatre Évangélistes et d’après les saints Pères, il en est un qui, depuis près de 600 ans, jouit d’une réputation justement méritée : c’est Ludolphe, ou Leutolfe ou Landulphe, surnommé tantôt le Saxon, à cause de son origine, et tantôt le Chartreux, à cause de sa profession monastique. Malgré la grande célébrité de cet écrivain, on ne sait ni en quelle année, ni en quelle ville il naquit ; bien qu’il soit origi- naire de Saxe, il a pu naître dans les diocèses de Cologne ou de Mayence qui faisaient alors partie de cette province, selon la re- marque d’un historien. Il était très jeune encore, lorsque vers le commencement du quatorzième siècle, il revêtit l’habit domini- cain, dans quelque couvent de son pays. C’est là qu’il fut for- mé à la pratique des vertus chrétiennes et religieuses, ainsi qu’à l’étude des lettres divines et humaines ; il ne tarda pas à se dis- tinguer par les qualités de l’esprit et du cœur, sous la direction des habiles que l’institut des Frères-Prêcheurs possédait dans les contrées voisines du Rhin. On y voyait alors fleurir des hommes très versés dans les matières spirituelles, entr’autres Eckart, Egnolf, Jean de Tambac, Jean Taulère et le bienheureux Henri Suso. Ludolphe qui vivait dans la vie de ces illustres mystiques, se sentit appelé à la contemplation des choses cé- lestes, et pour s’y livrer tout entier avec une plus grande facili- té, il résolut d’embrasser la vie solitaire. Après avoir milité vingt-six à trente ans sous la discipline de saint Dominique, il passa sous celle de saint Bruno, et se lia par des vœux nouveaux, non point en la Chartreuse de Cologne, ainsi que l’a dit Ellies Dupin, ni en celle de Mayence, comme Labbe l’a supposé, mais en celle de Strasbourg, d’après le sen- timent de Trithème et des anciens chroniqueurs. Beaucoup pré- tendent que ce changement d’Ordre s’effectua vers l’an 1330 ; mais il n’arriva pas avant 1340, si nous en croyons D. Léon Le Vasseur qui paraît mieux informé. Car ce religieux, qui fut se- crétaire du Rév. Père Général D. le Masson, a rédigé les Ephe- merides Cartusiennes, sur des documents très précis qu’il avait recueillis des différentes maisons de son Ordre. Le même an- naliste nous apprend que, dès l’an 1343, Ludolphe fut élu Prieur, non pas de la Chartreuse de Strasbourg, comme la plu- part l’ont affirmé, mais de celle de Coblentz Confusiœ, au dio- cèse de Trèves. Doux de caractère et non moins remarquable par ses vertus que par ses talents, notre vénéré Père n’avait pas tardé à gagner l’estime et la confiance de ses confrères qui l’avaient mis à leur tête, trois ans seulement après sa nouvelle profession. Au bout de cinq ans, l’an 1348, il se démit de sa charge pour vaquer plus librement à la méditation des vérités éternelles et à la composition d’utiles ouvrages. Ayant obtenu la permission de visiter diverses bibliothèques, il se retira quelque temps à la Chartreuse de Mayence, et revint à celle de Strasbourg. Plusieurs ont cru qu’il était mort à Mayence ; mais D. Le Vasseur assure qu’il mourut à Strasbourg, dans une heureuse vieillesse, le 13 avril 1378. Chéri de Dieu et des hommes pour la pureté de sa vie et pour l’aménité de sa conver- sation, il répandit et laissa une telle odeur de sainteté que, dès le siècle suivant, l’historien Bostius, écho de l’opinion publique, célébra ses louanges, avec enthousiasme, comme d’un bien- heureux habitant du ciel. Cœlicolum et legis custos Ludolphus avitos Æquavit Patres, patriamque accepit Olympum Et conservatæ æternum pietatis honorem. Dans les nombreux documents imprimés ou inédits que nous avons compulsés, voilà tout ce que nous avons trouvé touchant la biographie de Ludolphe. Beaucoup d’écrivains en parlent avec de grands éloges, mais ce qu’ils en rap- portent se réduit à quelques lignes, et encore ils se contre- disent sur plusieurs points que nous avons signalés ; tous du moins s’accordent à proclamer la science profonde et l’émi- nente piété du Chartreux Saxon. Ce religieux modeste qui, dans son célèbre ouvrage sur la Vie de Jésus-Christ, a prêché l’humilité avec tant de conviction et d’éloquence, a voulu rester inconnu dans la retraite et le silence, uniquement occu- pé de l’étude et de la prière, loin des honneurs et des dignités que lui méritaient ses rares vertus et ses vastes con-nais- sances. Pendant sa longue carrière, qui n’a pas duré moins de 80 ans, il a mené plus de 60 ans, à l’ombre du cloître et de l’autel, une vie obscure et cachée, qui n’en a pas été moins salutaire ni moins profitable pour lui-même et pour les autres. Sous ce rapport, Ludolphe peut être regardé comme un type parfait de vrai Chartreux. Quoique sa sainteté soit attestée d’un concert unanime, elle ne paraît pas avoir été honorée d’un culte public. On ne doit pas en être surpris, si l’on considère l’esprit traditionnel de l’Ordre érémitique auquel il appartenait. En effet D. Grég. Paravicini, Chartreux de Pavie, écrivant les Annales de son Ordre, l’an 1774, commence par avouer que: « au lieu de publier les actions louables et vertueuses « de leurs Pères et Confrères, les écrivains Chartreux « avaient préféré, pour la plupart, enseigner à vivre « d’une manière louable et vertueuse. Les écrivains « étrangers, ajoute le même historien, conviennent « également que les Chartreux avaient plutôt coutume « de taire que de révéler les choses glorieuses de leur « Ordre. » Aussi Benoît XIV dit dans son célèbre traité de Beatifica- tione et Canonizatione : L’Ordre de saint Bruno possédait jadis et possède encore beaucoup de très-saints person- nages, quoique très-peu aient été canonisés. Dans le Bref autorisant le culte décerné au Bienheureux Nicolas Albergati, cardinal Chartreux, qui avait été un de ses glorieux prédécesseurs sur le siège de Bologne, le même Souverain-Pontife déclara, l’an 1744, que l’Ordre Cartusien s’appliquait moins à procurer les honneurs de la Canonisa- tion que les mérites de la sainteté à un grand nombre de ses membres, comme on l’avait justement observé. Cette obser- vation avait été faite déjà par le jésuite Théophile Raynaud, polygraphe du dix-septième siècle. Autant Ludolphe est peu connu par ses actions, autant il est célèbre par ses écrits. Quoique sa vie ait passé sans éclat, elle n’est pas restée sans fruit, et son existence, bien que pai- sible, n’a pas été oisive. Comme l’abeille diligente produit dans le secret de sa ruche un miel délicieux, notre laborieux Père a composé dans le calme de sa cellule d’excellents ou- vrages. Parmi ceux qui lui sont attribués, le Carme Bostius et le Chartreux Petreius mentionnent des sermons et des trai- tés qui depuis longtemps sont perdus. Ce ne sont peut-être que des extraits de son grand ouvrage, comme les titres qu’on leur prête semblent l’indiquer, entr’autres celui-ci : De remediis contra tentationes spirituales. De plus, nous lisons dans la dissertation de Barbier sur les traductions de l’Imitation de Jésus-Christ: « Un traducteur de « ce livre, Jehan de Grave (1544) affirme avoir entendu « des gens savants et particulièrement exercés en telles « vacations, qu’un personnage docte et dévot de l’Ordre « des Chartreux, appelé Ludolphe de Saxone, était « l’auteur de l’Imitation. » Or, ajoute un savant critique de nos jours, bien que certainement Ludolphe ne soit point l’auteur de l’Imitation, c’est néanmoins pour lui un grand honneur d’avoir mérité qu’on lui attribuât ce livre immortel. Mais, comme le dit Gence dans la Biographie universelle, art. Ludolphe : si l’Imitation a été attribuée à Ludolphe, c’est que, en quelques manuscrits, elle a été donnée à un Char- treux, Prieur de Cologne, puis de Strasbourg, au quatorzième siècle, Henri Kalkar, qu’on a confondu avec son contempo- rain, l’auteur plus connu de la Vie de Jésus-Christ. Quelques-uns ont aussi attribué à ce dernier auteur, sans preuve suffisante, une version allemande de l’Imitation. Les titres plus solides sur lesquels repose la grande répu- tation de Ludolphe, ce sont les ouvrages latins certainement sortis de sa plume qui nous ont été fidèlement transmis. Ain- si, il a rédigé, sous le titre Enarratio in Psalmos, un Com- mentaire dans lequel, sans négliger le sens littéral, il uploads/Religion/ la-grande-vie-de-jesus.pdf
Documents similaires










-
60
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 22, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 2.1113MB