1 Le Dharma d'Emanuel Swedenborg: Une Perspective Bouddhiste Par David Loy Arca
1 Le Dharma d'Emanuel Swedenborg: Une Perspective Bouddhiste Par David Loy Arcana (Journal of the Swedenborg Association) Vol. 2, No. 1 (1995) pp. 5-31 Copyright 1995 by the Swedenborg Association __________________________________________________________________________________ Traduction française Les notes entre crochets [ ] et les astérisques sont du traducteur. La plupart des citations de Swedenborg ont été reprises des traductions françaises de LE BOYS DES GUAYS __________________________________________________________________________________ ... Cachées sous des noms, des phrases et des symboles judéo-chrétiens, et dispersées dans d'ennuyeux in-octavo dogmatiques et soporifiques, se trouvent les pures et précieuses vérités bénies du bouddhisme. Philangi Dasa, le bouddhiste Swedenborg (1887) Révolutionnaire en théologie, voyageur du Ciel et de l'Enfer, grand homme du monde spirituel, grand roi du royaume mystique, clairvoyant unique dans l'histoire, érudit d'une vigueur incomparable, scientifique à l'intelligence pénétrante, gentilhomme libre des vices mondains: tout cela combiné en une personne fait Swedenborg... Ceux qui souhaitent cultiver leur esprit, ceux qui déplorent la présente époque, doivent absolument connaître cette personne. DT Suzuki, Swedenborg (1913) En janvier 1887, un ancien pasteur Swedenborgien du nom de Carl Herman Vetterling, qui se faisait appeler Philangi Dasa, a commencé à publier aux États-Unis le premier journal bouddhiste. Le numéro inaugural de "The Buddhist Ray", qu'il a édité dans sa cabane, dans les montagnes au-dessus de Santa Cruz, proclamait se consacrer au bouddhisme en général, et au bouddhisme de Swedenborg en particulier. La première page du prospectus informe les lecteurs que seraient "publiés les enseignements conférés par les bouddhistes mongols à Emanuel Swedenborg, et qu'il diffusa dans ses écrits mystiques"."Comme cette déclaration le suggère, Philangi Dasa n'avait pas peur de la 2 controverse, et quelles que soient les lacunes savantes de son journal ce n'était pas ennuyeux. "Livrant ses vues peu orthodoxes avec ses vertueuses convictions, il offensa régulièrement les lecteurs, mais son franc-parler marqué par la sincérité fait de "The Buddhist Ray", l'une des revues bouddhistes les plus animées." 1 Dans la même année, Philangi Dasa a également publié "Swedenborg the Buddhist, or The Higher Swedenborgianism, Its Secrets and Thibetan Origin". George Dole a décrit avec tact cela comme " quelque peu étrange" 2 mais le livre n'est pas sans charme. Présenté comme un rêve de 322 pages, il prend la forme d'une conversation entre lui-même, Swedenborg, un moine bouddhiste, un brahmane, un Parsi, un Chinois, un Aztèque, un Islandais, et "une femme". Le résultat est une plaisante synthèse théosophique des croyances religieuses et des mythologies de nombreux pays. Comme on pouvait s'y attendre de par son arrière-plan et les textes disponibles de son temps, Philangi Dasa en savait plus sur Swedenborg que sur le bouddhisme, et son but déclaré, montrer que Swedenborg était vraiment un bouddhiste, cache une autre motivation, utiliser le bouddhisme pour révéler les lacunes du swedenborgisme. Le ton est celui d'un amoureux déçu: "Même si je suis bien préparé par Swedenborg, c'est mettre un rasoir dans les mains d'un enfant que de mettre ses écrits théologiques entre les mains d'un homme qui n'est pas versé dans les enseignements spirituels de l'Asie en général, et dans les enseignements du bouddhisme en particulier, car il peut les adopter et, avec un grand nombre de membres de la "Nouvelle-Église", mourir dans le doute et le désespoir." 3 La revue et le livre de Philangi Dasa sont oubliés depuis longtemps, mais il ne fut pas le seul à remarquer les similitudes entre Swedenborg et le bouddhisme. Quelques années plus tard, DT Suzuki, l'érudit japonais, qui deviendra plus tard célèbre pour ses nombreux livres sur le Zen, fut, autrefois, durant ses années de collaboration avec Paul Carus dans l'Illinois (1897-1908) introduit à l'œuvre de Swedenborg. 4 Une correspondance avec des swedenborgiens de la région de Philadelphie aboutit à une invitation à traduire en japonais "Le Ciel et l'Enfer", et qui s'accomplit lors d'une visite durant les fêtes de Noël à Londres. De retour dans son pays d'origine Suzuki introduit Swedenborg au Japon, en publiant la traduction en 1910 "Le Ciel et l'Enfer", suivie par "l'Amour Divin et la Sagesse" et "la Nouvelle Jérusalem et sa Doctrine Céleste" (les deux en 1914), puis la Divine Providence (1915). En outre, il a publié sa propre étude en japonais intitulée, tout simplement, Swedenborg (1915). Une grande partie a été compilée à partir de sources en anglais, mais l'introduction au premier chapitre est originale, il y note que: "Les doctrines théologiques présentées par Swedenborg ont une certaine ressemblance avec ceux du bouddhisme ... Le véritable salut repose sur une unité harmonieuse de ce que l'on croit avec que l'on fait. La Sagesse et l'Amour sont la manifestation du Divin, et l'Amour a plus de profondeur et d'ampleur que la Sagesse. La Providence divine atteint les moindres choses dans l'univers. Il n'y a aucun événement qui se produit par accident, tout est réglé par la Providence divine et par la Sagesse et l'Amour. Ce qui précède sont les choses mêmes qui évoquent l'intérêt des savants de la religion et nos Bouddhistes." 5 En 1927, Suzuki a publié un article de neuf pages suggérant que la doctrine des correspondances de Swedenborg peut être comparée avec la doctrine Shingon qui déclare que les phénomènes sont les 3 aspects de l'enseignement incessant du Bouddha Mahavairocana. Le dernier paragraphe conclut: "Il reste encore beaucoup de choses que je voudrais écrire sur Swedenborg, mais cela sera pour un autre jour." Malheureusement, ce jour-là n'est jamais venu: à l'exception de ce bref article, les écrits de Suzuki sur Swedenborg ont cessé après 1915, quand il avait 45 ans, tout en continuant à écrire durant les cinquante années qui s'ensuivirent, la majorité de ses livres (totalisant peut-être 20.000 pages) fut écrite après le milieu de la cinquantaine. Curieusement, après cette époque, ses écrits contiennent très peu d'allusions à Swedenborg, malgré le fait qu'il y a des références et des discussions parfois détaillées sur de nombreux autres écrivains occidentaux, y compris les mystiques chrétiens tels Eckhart. Swedenborg figure très peu dans ses nombreuses œuvres, aucune indication ne nous en donne la raison; bien évidemment ce n'était pas dû à une désaffection: toutes les références publiées par Suzuki sur Swedenborg sont positives, et il aimait citer Swedenborg dans les conversations. Selon son secrétaire privé Bekku Mihoko, aussi tard que les années 1950, il lui arrivait de remarquer, en réponse à une question: "Eh bien, Swedenborg dirait ..." 6 Et si l'on considère la direction que la vie de Suzuki a prise après sa rencontre avec Swedenborg, ne suggère-t-elle pas que l'exemple personnel de ce dernier – la constante et l'humble dévotion de Swedenborg ayant la tâche de consigner ses visions spirituelles – lui a peut-être servi de modèle? Cependant, l'autorité des traductions de Suzuki a peut-être aidé le développement du swedenborgisme japonais, mais sa contribution au dialogue entre le bouddhisme et Swedenborg semble, comme pour Dasa, avoir été oubliée, bien que je ne connaisse pas l'état des plus récents travaux sur ce sujet. Néanmoins, je pense que leur pertinence n'a pas été inopportune, et j'espère montrer qu'il y a en effet des similitudes profondes entre ce que Swedenborg écrit et ce qu'enseigne le bouddhisme et aujourd'hui, nous avons atteint un point où nous pouvons mieux les apprécier. Ces dernières années, le dialogue entre le bouddhisme et le christianisme est devenu une étape importante dans la pensée religieuse contemporaine, mais pour autant que je sache ce dialogue a négligé Swedenborg. Si ce qui suit est correct, les bouddhistes et des swedenborgiens peuvent partager et apprendre les uns des autres. Les eschatologies ont tellement tendance à être un produit de leur époque et de leur culture, que beaucoup sont aujourd'hui peu crédibles. Swedenborg est l'exception: à bien des égards, ce qu'il décrit est plus significatif pour nous aujourd'hui qu'il aurait pu être pour ses contemporains. Une raison à cela est que, en dépit de son point de vue ouvertement chrétien, sa compréhension religieuse est en grande partie non sectaire et donc attrayante pour les personnes de conviction différente spirituellement disposées. Cela concorde avec l'œcuménisme incontournable de la pensée religieuse moderne, et je crois que cela est particulièrement compatible avec une perspective bouddhiste. Le but de cet article est de mettre en évidence quelques-uns des plus importants parallèles entre Swedenborg et le bouddhisme, et à réfléchir sur leur signification qu'elles ont pour nous. Ces similitudes sont d'autant plus intéressantes lorsque l'on sait qu'à son époque, en Europe, les enseignements et textes bouddhistes fiables n'étaient pas disponibles. 7 Les vues de Swedenborg seront présentées en mettant l'accent principalement sur son œuvre la plus connue "Le Ciel et l'Enfer"*. Tandis que mes citations bouddhistes seront plus éclectiques, parce que je me reporterais à plusieurs traditions bouddhistes. * [ DE COELO ET EJUS MIRABILIBUS ET DE INFERNO EX AUDITIS ET VISIS] 4 Le concept du Soi Le Ciel et l'Enfer présentent une vision de l'existence humaine et postmortem qui contraste fortement avec notre méfiance postmoderniste à l'égard des grands récits qui proposent de tout expliquer. Aucun récit n’est ou ne pourrait être plus grandiose que celui de Swedenborg. Pourtant, comme le bouddhisme avec sa doctrine de uploads/Religion/ le-dharma-d-x27-emanuel-swedenborg 1 .pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 26, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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