Le Grade de Maître Secret 4ème degré du Rite Écossais Ancien et Accepté Le Grad

Le Grade de Maître Secret 4ème degré du Rite Écossais Ancien et Accepté Le Grade de Maître Secret 4e degré du Rite Écossais Ancien et Accepté Roger Bonifassi Ce grade, rejeté le 18 janvier 1782 comme « absolument nul » par la 4° Chambre1 du Grand Orient de France chargée de la rédaction des “hauts grades“, jugé « insignifiant » en 1813 par le Thuileur de Delaunaye2, représente aujourd’hui la base des grades de Perfection dans la Juridiction du Suprême Conseil de France. Il semble, pour beaucoup de ses titulaires, intangible dans son fond comme dans sa forme et sortir tel quel des brumes de l’écossisme. Pourtant, que de transformations dues tant aux diffé- rents « essais » lors de sa constitution, du contexte sociologique des années « positivistes » qu’il a tenté d’accompagner ou encore des transformations de la société dues aux évènements douloureux du siècle dernier. La révision des rituels, entreprise par le Suprême Conseil de France3 au cours de la dernière décennie (1990-2000), est venue redonner à ce degré ses bases traditionnelles sans négliger de conserver toutefois les apports que le temps et nos prédécesseurs avaient introduit en tenant compte de l’esprit traditionnel du Rite. C’est ainsi que le rituel de ce degré est revenu, dans ses grandes lignes, à ce qu’il était en 1783, lorsque Henry Andrew Francken4 (1720-1795) le mit par écrit, comme les 24 autres degrés du Rite de Perfection, à l’intention de David Small, un député inspecteur qu’il venait de nommer. Le plan suivi dans cette étude sera uniquement chronologique et historique et devrait permet- tre, après avoir situé le grade de Maître Secret dans la nébuleuse des grades de l’Écossisme naissant, d’en noter les principales modifications (ajouts, retraits) mais surtout les éléments pérennes qui forment encore aujourd’hui l’ossature de ce grade. Trois paramètres essentiels doivent toutefois être rappelés avant d’entreprendre la lecture de cet exposé : - La relativité des dates de rédaction des documents qui sont parfois de simples copies ne donnant qu’avec approximation la date réelle de rédaction de l’original ; - L’absence parfois durable de documents, le phylum chronologique complet des rituels de Maître Secret étant loin d’être établi. C’est ainsi qu’après l’inévitable nébuleuse de ce degré lors de sa naissance au cours de la décennie 1740-1750, apparaît un « trou » de près de soixante ans, entre les années 1810-1820 et 1870 environ.5 - La relative incertitude de certaines illustrations qui ne sont que des reconstitutions possibles basées sur des descriptions des rituels et qui sont signalées, dans l’étude, par le signe « ® ». 1 Les autres chambres étaient celles « de Paris », « des provinces » et « d’administration ». 2 “Thuileur des 33 degrés de l’Écossisme“… Paris 1821. Réédition Éditions d’aujourd’hui – 1979. page 37 3 Le T∴I∴F †Georges Queney étant Président de cette commission de révision. 4 Trois documents sont connus sous le nom de “Manuscrits Francken“, le premier rédigé en 1771, le deuxième en 1783 (comportant ta totalité des rituels dont le Maître Secret), le troisième en 1786. Les deux premiers ont été édités par les Publications Latomia. 5 Des documents publiés à l’étranger (en espagnols ou en anglais) ont tenté de pallier ce manque. 2 1 - Les origines du 4e degré. L’instruction du 4e degré (édition 1997) délivrée aux nouveaux Maîtres Secrets par le Suprê- me Conseil de France relate l’apparition de ce grade sous forme de dialogue. « D- Quelle est l’origine du 4e degré ? R- la naissance probable de ce degré se situe vers 1750 auprès de la Mère Loge écos- saise de Bordeaux. Il prendra place dans le rite de Perfection organisé en vingt-cinq degrés, par Etienne Morin, à Saint Domingue et à la Jamaïque, dans les années 1760– 1770. Le rituel du quatrième degré est issu de la transcription des rituels du Rite de Perfec- tion faite par Francken en 1783. » Le livret d’instruction du grade répond de façon très rapide -pourrait-il en être autrement en ce genre de document ? - aux questions concernant une gestation et une apparition plus qu’obscures qui méritent d’être examinées. 11 - Les premières gestations. Les premiers documents faisant état des hauts grades de l’Écossisme en France sont : Tout d’abord, les Règlements Généraux de la Grande Loge de France6 du 11 décembre 1743 qui dans son article 20 proclament, pour les combattre ensuite : « depuis peu quelques frères s’annoncent sous le nom de Maîtres Ecossais et forment dans des loges particulières des pré- tentions et exigent des prérogatives…. » Cette affirmation est relayée à la même époque par deux divulgations françaises. Johel Coutu- ra, dans son Anthologie « Les débuts de la maçonnerie française »7, reproduit la divulgation « la Franc-maçonne » parue à Bruxelles en 1744. Un vieux maître taciturne y dresse à la fin d’une agape, le triste bilan de la Maçonnerie parisienne de l’époque. « …L’ignorance est si générale, que la plupart des maîtres et des surveillants ne sa- vent pas encore que la maçonnerie est composée de sept grades, et la loge générale même a décidé à l’aveugle, le 11 décembre 1743, qu’elle ne regarderait les maçons du quatrième, c’est-à-dire, les maîtres écossais, que comme de simples apprentis et com- pagnons. » Idem dans le « Parfait Maçon »6 : « On débite parmi les maçons qu’il y a encore plusieurs degrés au-dessus des maîtres dont je viens de parler ; les uns en comptent six en tout, d’autres vont jusqu’à sept. Ceux qu’on appelle Maçons écossais prétendent composer le quatrième grade. » Pourtant, les premiers grades “écossais“ finiront par être acceptés, et dans les statuts8 de sa loge « St Jean de Jérusalem » qui devaient servir de modèle à toutes celles du Royaume, le Comte de Clermont en reconnu bientôt la prééminence. Nous trouvons mention incidente, dans l’article XXXX des statuts5, des grades ainsi reconnus : « Les Maîtres ordinaires s’assembleront avec les Maîtres, les parfaits et Irlandais trois mois après la St Jean, les maîtres élus six mois après, les Ecossais neuf mois après et ceux pourvus de grades supérieurs quand ils le jugeront à propos. » 6 Cité par Alain BERNHEIM, Contribution à la connaissance de la première Grande Loge de France. VdH n°17 – 1988 7 Éditions « Publication de l’Université de Saint-Etienne » - 1994 8 Adoptés le 24 juin 1745. 3 En 1745 nous avons donc connaissance de l’existence de Maîtres Parfaits, de Maîtres Irlan- dais, de Maîtres Élus, d’Écossais ainsi que d’autres grades supérieurs. Ce qui corrobore, pour le nombre des grades, l’affirmation de la « Franc-maçonne » et du « Parfait Maçon », mais il n’est toujours pas question de Maître Secret. 12 - L’arrivée du Maître Secret Bientôt, des documents plus nombreux commencent à préciser, ne serait-ce que par la négati- ve, le grade de Maître Secret. Les voici classés par ordre chronologique, du plus ancien au plus récent. 1- Le Rituel de «Grand Ecossais ou Parfait Elu »9 pratiqué par la « Parfaite Loge d’Ecosse des Elus Parfaits » de Bordeaux fondée par Etienne Morin en 1745 et daté de 175010, dé- taille les neuf degrés qu’il est nécessaire de posséder pour accéder à celui de « Maître Élu Parfait ou Grand Écossais » (qui a quelques ressemblances avec notre 14e degré). Ce sont les degrés d’Apprenti, Compagnon, Maître, Maître Secret, Maître Parfait, Secrétaire ou Maître par curiosité, Prévôt et Juge ou Maître Irlandais, Intendant des Bâtiments ou Maître Anglais et Maître Elu. « Quatrième Grade… Maître secret. D'abord, on vous a mis au nombre des sept qui remplacent un seul, et, comme Maître Secret, on vous a ouvert la première porte du sanctuaire, on vous a décoré d'une Clef d'Ivoire, symbole de votre discrétion, on vous a donné rang parmi les lévites ; l'on vous a appris le Mot Gizon, que doivent pronon- cer tous ceux qui, comme eux, veulent entrer dans le saint Lieu et on vous a fait espé- rer les Connaissances les plus sublimes. » 2- Dans une correspondance datée du 16 mai 1750 et émanant de la « Parfaite Loge des Elus parfaits ou anciens Maîtres » située à Paris à la « Parfaite Loge d’Elus parfaits dite (sic) Ecossaise »11 située par 44 degrés latitude Nord, la loge parisienne explique : … « Je n’ai qu’une chose à ajouter c’est qu’il faut etre Elu parfait pour etre chevalier de l’orient, et que pour etre elu parfait c’est a dire ecossais, il faut avoir passe par les 9 degrés de la maçonnerie »12. 3- Dans une correspondance datée du 15e jour du premier mois, l’an de la G. Lumière 5751 (15 juin 1751) et émanant de la « Parfaite Loge des Elus parfaits ou anciens Maîtres » si- tuée à Saint Pierre de la Martinique à la « T.R.& P.L. d’Elu de Bordeaux »13, celle-ci écrit « nous n’avons pas le grade de chevalier du Soleil, de me. Secret, et de me. Parfait par Curiosité ; notre maitre Parfait est le maitre Irlandais. » 4- Enfin, uploads/Religion/ le-grade-de-maitre-secret.pdf

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  • Publié le Jul 02, 2022
  • Catégorie Religion
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