HENRY-CHARLES LEA LÉO TAXIL DIANA VAUGHAN ET L'ÉGLISE ROMAINE HISTOIRE D'UNE MY
HENRY-CHARLES LEA LÉO TAXIL DIANA VAUGHAN ET L'ÉGLISE ROMAINE HISTOIRE D'UNE MYSTIFICATION Faut-il rappeler, à notre honte, la créance qu'ont rencontrée, chez les catho- liques, les inventions de M. Léo Taxil, son roman de Diana Vaughan, et toutes tes sornettes du palladisme et de l’oc- cultisme? Faut-il rappeler que des re- ligieux, dans leurs journaux et dans des Revues prétendues savantes, des prédi- cateurs du haut de la chaire, se soient faits les échos et les garants de ces sottises? Abbé HEMMER (Semaine religieuse de Paris, 1900, p. 214). Prix : 0 fr. 50 EN DEPOT A LA SOCIÉTÉ NOUVELLE DE LIBRAIRIE ET D'ÉDITION 17 , RUE CUJAS , 17 PARIS 1901 LÉO TAXIL ET L'ÉGLISE ROMAINE On a récemment prétendu que dans la pensée d'Anthony Sayer, de George Payne, du Dr Désaguliers et des autres fondateurs de l'Ordre maçonnique à Londres en 1717, l'objet de celte institution était de détacher de Rome toutes les nations catholiques et de préparer une union universelle des peuples sous l'hégémonie de la Grande-Bretagne. S'il est vrai que, sous le prétexte allégué de travailler au progrès de la tolé- rance, delà fraternité et de la concorde, ces hommes aient entre- tenu de si vastes desseins, ils durent éprouver une cruelle dé- ception. En effet, leur première succursale sur le sol étranger fut la « Loge » de Paris, fondée à Saint-Germain-en-Laye, en l725,par Lord Derwentwater, le Chevalier Maskelyne, le D r Ramsay et divers autres Jacobites, auxquels le mystère de l'Ordre offrait un voile propice aux complots catholiques contre la maison de Hanovre. Le développement de l'institution sur le conti- nent est dû en grande partie aux Stuarts exilés, qui s'en pro- mettaient beaucoup d'avantages pour leur politique toute dévouée à Rome. Aussi s'explique-t-on difficilement que le Saint-Siège, presque dès l'origine, ait fait preuve, à l'égard de la Franc- Maçonnerie, d'une hostilité acerbe, dont la conséquence natu- relle fut une animosité réciproque qui dure encore. — 8 - I Hors de l'Angleterre et des colonies anglaises, la croissance de la Franc-Maçonnerie fut assez lente. Mais l'Église s'alarma très vite et, en 1738, Clément XII condamna l'Ordre dans la bulle In eminenti. Les seules raisons alléguées de cette condamnation étaient le caractère secret de l'institution et le fait que des hommes de toutes religions pussent s'y rencontrer, ce qui autorisait les plus graves soupçons ; aussi les membres encouraient-ils une excommunication révocable par le pape seul, en même temps qu'il était enjoint aux évêques de les poursuivre et de les punir, comme « véhémentement » suspects d'hérésie. Il est vrai que le Parlement de Paris refusa d'enregistrer la bulle et que l'autorité de celte mesure ne se fit guère sentir hors des États Pontificaux, si ce n'est en Espagne; mais, à l'intérieur de ces États, la bulle fut rendue effective par un édit du cardinal- secrétaire, daté du 14 janvier 1739. Aux termes de cet édit, de- vaient être rigoureusement punis de mort non seulement tous les membres, mais quiconque encouragerait autrui à s'associer à l'Ordre ou en favoriserait en quelque manière la propagation, par exemple en louant un immeuble aux Maçons. Condamner à mort un propriétaire qui loue sa maison était assurément une mesure peu clémente. Heureusement, il n'y eut guère de sang versé; la seule victime de la peine capitale fut, dit-on, un Fran- çais, qui avait écrit un livre sur la Franc-Maçonnerie. En dépit de la réprobation pontificale, le poste de Grand-Maître fut accepté en France, en 1742, par Louis de Bourbon, comte de Clermont, prince du sang royal, et l'Ordre continua à croître dans ce pays. Lors du Jubilé de 1750, lent de pèlerins accou- rurent à Rome pour se faire absoudre de l'excommunication encourue de ce chef, que Benoît XIV s'émut et, le 18 mai 1751, lança la constitution Providas, par laquelle il renouvelait et con- firmait la bulle de Clément XII. 11 faisait spécialement ressortir l'injure que constituait, à l'égard de la foi, l'association d'hommes appartenant à des religions différentes, et il invoquait le concours — 9 — de tous les princes catholiques pour l'exécution des ordres du Saint-Siège. Dans la suite, Rome parait avoir cessé d'agir jus- qu'au jour où, en 1789, le grand imposteur Cagliostro osa tenter de fonder une loge dans la Cité Sainte. Il fut arrêté le 27 décembre de la même année ; mais son procès devant l'Inquisition se prolongea jusqu'au 7 avril 1791, bien qu'il eût confessé et ré- tracté ses erreurs et qu'il eût offert de signer tout ce qu'on vou- drait en vue de détromper ses disciples. Ce fut par ce moyen, sans doute, qu'il sauva sa tête, car la sentence portée contre lui constate qu'il a encouru la peine capitale prévue par l'édit de 1739, mais qu'une mesure spéciale de clémence a commué cette peine en l'emprisonnement à vie dans une forteresse. Emmuré au château de San Leone, Cagliostro mourut dans sa prison, probablement en 1795. Le bouleversement causé par la Révolution française détourna de la Franc-Maçonnerie l'attention de la Papauté. Sous le règne de Napoléon Ier, l'Ordre était un trop précieux instrument de la politique impériale pour qu'on se permît d'y toucher. Mais dès que Pie VII fut raffermi dans la chaire pontificale, il lança, le 15 août 1814, le bref Si antiqua, que suivirent deux édits du Se- crétaire d'État dirigés contre les Maçons. Jusqu'à cette époque, la Franc-Maçonnerie, si rudement attaquée, n'avait en apparence rien fait pour provoquer l'hostilité de l'Église ; mais un danger réel ne tarda pas à se manifester sous la forme d'un rameau de l'Ordre, la société secrète des Carbonari, organisation distincte, sans doute, et vouée à des desseins politiques bien arrêtés, mais constituée néanmoins sur le modèle de la Franc-Maçonnerie. Comme la secte prétendait n'être pas visée par les décrets de Clé- ment et de Benoît, Pie VII lança, le 13 septembre 1821, la bulle Ecclesiam, étendant aux Carbonari les pénalités portées contre les Maçons et leur reprochant, entre autres crimes, de permettre à chaque membre de conserver ses opinions religieuses, ce qui constituait un scandale intolérable. Léon XII, dans sa bulle Quae graviora, du 12 mai 1825, nous dit qu'au lendemain de son élec- tion il a diligemment porté son attention sur ces sectes et cons- — 10 — taté qu'elles se propageaient et menaçaient la paix européenne. C'est pourquoi il publie à nouveau les décrets de ses prédéces- seurs et presse instamment les princes et prélats de veiller à la répression du mal. Pie VIII, à son tour, lança, le 21 mai 1829, l'encyclique Traditi, confirmant les déclarations, antérieures des Papes contre ces sociétés secrètes « d'où ont surgi, comme des profondeurs de l'abîme, des maux si pernicieux pour la religion et pour l'État ». Quant à l'encyclique Mirari vos, publiée par Grégoire XVI le 15 août 1832, on la considère à tort comme dirigée contre la Franc-Maçonnerie ; en réalité, c'est plutôt une violente diatribe contre tout le progrès moderne et contre la pes- tilentielle folie de la « prétendue liberté de conscience ». Il est seulement fait allusion aux sociétés secrètes, qualifiées de « cloa- ques de sacrilège; de perversité, de blasphème, source première de toutes les calamités du temps ». C'était, semble-t-il, devenu une habitude que chaque pontife nouvellement élu signalât son avènement par quelque manifes- tation de ce genre. Pie IX, dans son encyclique Qui pluribus, du 9 novembre 1846, réitérait contre ces associations clandes- tines l'anathème fulminé par ses prédécesseurs et en ordonnait la rigoureuse application. Les douloureuses épreuves qu'il subit pendant les vingt années qui suivirent expliquent la rage qu'il exhala contre la Franc-Maçonnerie dans son allocution Multiplices inter, du 25 septembre 1865. Il attribue à cette insti- tution malfaisante les guerres et les séditions qui ont bouleversé l'Europe et causé tant de maux à l'Église; si les déclarations du Saint-Siège n'ont pu arrêter la propagation de la Franc-Maçon- nerie, la faute en est aux ignorants qui croient cette association inoffensive et charitable, et disent que la religion n'a rien à en redouter. Le pape se voit donc contraint de lancer une nouvelle condamnation et de confirmer les peines fixées par les constitu- tions apostoliques antérieures. Bien entendu, l'importante bulle Apostolicae Sedis, du 12 octobre 1869, portait contre les Maçons, les Carbonari et toutes les sociétés similaires les excommunica- tiens latae sententiae, qui ne peuvent être levées que par le Saint- __ II Siège. Finalement, dans l'épître Scite profecto, du 14 juillet 1873, le pape, donnant un exemple qui fut ensuite trop bien suivi, attribue à Satan la fondation de la Franc-Maçonnerie ; ce ne peut être que le Démon, dit-il, l'éternel adversaire de Dieu, auquel incombe cette responsabilité ; c'est lui qui a institué la secte et qui s'emploie à la faire prospérer ! Plus tard, le Grand-Orient de Paris sembla justifier en quelque mesure ces accusations, lorsqu'il élimina des conditions néces- saires à l'admission la croyance en Dieu et en l'immortalité de l'âme et déclara hautement que les conceptions métaphy- siques n'avaient pas à intervenir dans les affaires de l'Ordre, Cette tolérance uploads/Religion/ leo-taxil-diana-vaughan.pdf
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- Publié le Jan 21, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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