Les débuts du martinisme « institutionnel » (Volontairement, le texte s’attache

Les débuts du martinisme « institutionnel » (Volontairement, le texte s’attachera spécifiquement à l’histoire de l’Ordre Martiniste, Papus et ses successeurs était également à la tête d’autres sociétés et ordres) Le fragile dépôt L’histoire veut qu’en 1882, alors étudiant en médecine, Gérard Encausse (1865-1916) recueillit, selon ses dires, le « dépôt martiniste » des mains de Henri Delaage (1825-1882), qui l’initia, quelques mois avant sa mort, « Supérieur Inconnu » (marquons ici un premier doute car, d’après Robert Amadou, le journal intime des 17 ans de Papus n’en souffle mot). Papus écrit que Delaage reçut l’initiation par son grand-père, Jean-Antoine Chaptal (1756-1832), qui aurait été en relation avec Saint-Martin. Cette hypothèse est peu crédible puisque Henri n’avait que 7 ans à la mort de son grand-père et qu’il ne mentionna jamais cette initiation dans ses écrits. Il est très probable que le maillon manquant alors entre Delaage et Chaptal fut tout simplement son père, Clément Marie-Joseph Delaage (1785-1861), très impliqué en Franc-maçonnerie, et dont certaines correspondances laissent voir un intérêt certain et une bonne connaissance de l’œuvre du Philosophe Inconnu. Le fameux « dépôt » consistait, selon son propre récipiendaire, « uniquement de deux lettres et de quelques points » (les six points sont chez Saint Martin, Des nombres §20), dans la figure qualifiée pantacle par Papus). En réalité, la nature du dépôt, comme son existence réelle, demeurent très controversées mais, avec certitude, on peut évoquer, en reprenant les mots de Robert Amadou, une « filiation de Désir », qui n’est certainement pas en opposition avec l’idée de transmission initiatique que le théosophe d’Amboise défendait à la fin de sa vie. « Les premières initiations personnelles, sans autre rituel que cette transmission orale des deux lettres et des points, eurent lieu de 1884 à 1885, rue Rochechouart. De là, elles furent transportées rue de Strasbourg, où les premiers groupes virent le jour » Papus, Martinésisme, willermosisme, martinisme et franc-maçonnerie, Paris, Chamuel, 1899, p. 44 Selon l’histoire, le « fragile » dépôt martiniste aurait suivi deux voies distinctes de transmission, retranscrites dans ce schéma : Bien que leur première rencontre date de la fin 1887, c’est l’année 1888 qui va marquer une étape décisive dans l’histoire du martinisme « institutionnalisé », lorsque Papus « échange » son « initiation » avec Pierre-Augustin Chaboseau (1868-1946), alors bibliothécaire au Musée Guimet, rencontré à la fin de l’année 1887. Robert Ambelain (1907-1997) déclare que ce fut à Paris, dans un restaurant de la rive gauche où Papus et ses compagnons déjeunaient tous les mardis, que Papus et Chaboseau, au fil d’une conversation, se découvrirent inopinément disciples de Saint-Martin. Robert Amadou (1924-2006), dans son étude sur Louis-Claude de Saint-Martin et le martinisme…, nous apprend qu’un article inédit de Chaboseau, en sa possession, précise que Papus et lui s’échangèrent leurs initiations en 1888, « se conférant l’un l’autre ce que chacun d’eux avec reçu » (ibid). Ce point est essentiel car il coupe court à toutes les critiques faites par certains spiritualistes qui estiment la filiation de Chaboseau valide (Fait dorénavant contestée, notamment par son propre fils Jean, qu’il initia, dans sa fameuse lettre de 1947- Annexe 1, et qui précisera, d’après une note de son père, , qu’« il s'agissait uniquement de la transmission orale d'un enseignement particulier et d'une certaine compréhension des lois de l'Univers et de la vie spirituelle, ce qui, en aucun cas, ne saurait être considéré comme une initiation à forme rituélique ») mais estiment celle de Papus entachée par le doute subsistant sur la filiation de Henri Delaage. La régularité de Papus apparaît cependant certaine dans la mesure où il ne possédait pas seulement l’hypothétique filiation de Delaage mais « était validement détenteur de l’initiation de Saint-Martin par Chaboseau » (Ibid). Il faut maintenant être aussi clair et objectif que possible sur ces filiations : si elles apparaissent comme des hypothèses plausibles, nombre d’auteurs, parmi les plus notables, (Ambelain, Amadou, Caillet, etc.), ne reconnaissent pas leur validité au regard des éléments que nous détenons jusqu’à aujourd’hui et de l’absence de groupement ou d’initiation formels créés par Saint-Martin (tout au plus, peut-on convenir, et encore, de l’existence d’une « Sociétés des intimes » où notre théosophe aurait prêché la sainte parole). L’absence de filiation rituelle directe par Saint- Martin a été affirmée par Jean-Baptiste Modeste Gence (1755-1840) dès 1824 dans sa Notice biographique de Louis-Claude de Saint-Martin, repris en 1946 par le Dr Octave Béliard (1876-1951), et confirmé par Robert Ambelain dans son Martinisme contemporain et ses véritables origines de 1948. Louis-Claude de Saint-Martin (Le Philosophe Inconnu) 1743-1803 Abbé de Lanoue (-1820) Antoine Hennequin (1786-1840) Henri de la Touche (1785-1851) Adolphe Desbarolles (1801-1886) Amélie de Boisse-Mortemart (-) ( ??=Paul adam : 1862-1920) Augustin Chaboseau (1868-1946) Jean-Antoine Chaptal 1756-1832 ( ?? Clément Marie-Joseph Delaage (1785-1861) Henri Delaage (1825-1882) Gérard Encausse PAPUS (1865-1916) Quelle conséquence alors sur la transmission martiniste ? Aucune, pensons-nous, car la disparition du corps est une chose, celle de l’esprit une toute autre. L’intention vraie, le désir pur peuvent permettre un rattachement à « l’égrégore » ; entendons par égrégore la conjonction spirituelle autour d’une filiation, d’un groupement, d’un ordre, etc. Création de l’Ordre Martiniste "Selon Papus même, et à sa diligence : premières initiations personnelles en 1884 " (R. Amadou, in Documents martinistes, N° 2, 1979). Fin 1887, Il fonde, avec Stanislas de Guaïta (1861-1897) et Joséphin Péladan (1858-1918), la première loge martiniste, probablement dans l'appartement de ces derniers, rue Pigalle. Le nom "Ordre Martiniste" apparaît déjà à ce moment. Dès le départ, l’Ordre possédait 3 grades : Associé, Initié et Supérieur Inconnu (ce dernier comprenait également, à l’époque, la fonction d’Initiateur). Après leur échange d’initiation, Papus et Chaboseau décidèrent de constituer une organisation qui conserverait ce dépôt initiatique et le transmettrait plus largement. Pour cela, ils s’entourèrent de quelques chercheurs, indépendants les uns des autres, et créèrent ensemble « l’Ordre Martiniste ». Papus en fut le premier Grand Maître et le président du premier Suprême Conseil, constitués de 12 personnalités, chiffre symbolique s’il en est. La Chambre de Direction de l’Ordre Martiniste a toujours conservé ce chiffre limite de 12 membres. Aujourd’hui, le Suprême Conseil répond à cette constitution : Les membres de la Chambre de Direction et tous les représentants reconnus, ou délégués, nationaux des autres pays.  Février 1889 : Premier manifeste officiel de l'Ordre Martiniste paru dans la revue l'Initiation.  Octobre 1890 : Publication des statuts de l'Ordre et premiers cahiers d'instruction. Le premier conseil, fondé le jeudi 10 septembre 1891, fut composé de : o Gérard Encausse « Papus » (1865-1916), o Augustin Chaboseau (1868-1946), o Stanislas de Guaïta (1861-1897), o Lucien Chamuel ( ?- 1936) o Yvon Le Loup « Paul Sédir » (1871-1926) o Paul Adam (?- ?) o Maurice Barrès (1862-1923), o Julien Lejay (?- ?), o Georges Montière (?- ?), o Alfred Faucheux « François-Charles Barlet » (1838-1921), o Jacques Burget (?- ?), o Joseph-Aimé Péladan (1858-1918). A noter que Barrès et Péladan démissionnèrent assez rapidement, remplacés par Charles Haven (gendre de Monsieur Philippe) et par Victor-Émile Michelet.  Juillet 1891 : Le Suprême Conseil s’élargit et différents « statuts » apparaissent. Il est déclaré « définitivement constitué ». 21 membres, 7 dans le comité d’administration (pour 4 ans), 7 titulaires et 7 actifs (pour un an).  10 septembre 1891, première réunion du Suprême Conseil de l'Ordre Martiniste. Papus, fondateur du Suprême Conseil, est nommé président à vie. Les autres membres sont nommés pour quatre ou un an, selon leur statut. Bien que désigné comme cofondateur, Chaboseau, apparaît, aussi objectivement que possible, comme acteur secondaire dans cette constitution, tant la puissance de rassemblement et l’énergie de mobilisation de Papus en font le véritable porteur et réalisateur. Chaboseau apportera néanmoins un soutien spirituel et complémentaire indispensable (et même sûrement crucial et décisif aussi sur des plans moins visibles). C’est sensiblement à cette période que Papus qualifia le martinisme de « voie cardiaque ». Cette appellation reprend la manière dont le Philosophe Inconnu définit l’initiation qu’il transmet, et se réfère également à la place du « sentiment » dans ce que Papus nomme « l’ésotérisme ». L’essor du martinisme « constitué » Le Groupe indépendant d'études ésotériques, fondé en 1889 servira d'anti chambre à l'Ordre martiniste qui, de son coté, recrute l'Hermetic Brotherhood of Light anglo-américaine, avec une branche française dirigée par F.-Ch. Barlet (Albert Faucheux, 1838-1921), puis l'Ordre kabbalistique de la Rose-Croix sous la Grande Maîtrise de Guaita. Le 08 novembre 1891, Le Suprême Conseil fixe les modalités d'attribution des chartes aux loges martinistes. L’Ordre Martiniste compte alors 17 loges en France et 25 loges à l’international, réparties en Espagne (avec un Délégué Général), Italie (Délégué Général), Allemagne et Etats- Unis. Dix-huit correspondants spéciaux dans les pays pas encore implantés. Entre 1887 et 1891, les initiations ayant été transmises, elles permirent donc à cette transmission de se structurer, certes en se « figeant » sous une forme rituelle, mais la mise en symboles garantissait que l’essentiel perdure, les instructions orales complétant l’ensemble. Il était clair que "l’initiation" constituait uploads/Religion/ les-debuts-du-martinisme.pdf

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  • Publié le Jui 15, 2021
  • Catégorie Religion
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