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CHAPITRE I : ETUDE DES NOTIONS DE LAÏC ET DE POUVOIR DE GOUVERNEMENT I- La figu

CHAPITRE I : ETUDE DES NOTIONS DE LAÏC ET DE POUVOIR DE GOUVERNEMENT I- La figure du laïc dans l’Eglise 1- Définition du concept laïc Le terme laïc (Laicos en grec, qui est dérivé du terme ‛Laos‘ peuple) signifie appartenance au peuple. Ce mot ne se rencontre pas dans le nouveau Testament, bien qu’il ait des appuis bibliques « Les expressions du nouveau Testament désignent toutes une communauté qui elle- même, se définit par sa référence à Dieu (au Christ) : église (ecclésia) de Dieu ou du Christ, peuple (Laos) de Dieu, corps (sôma) du Christ. Les membres de cette communauté sont nommés : appelés (Kleroi), saints (Hagi), disciples (mathètai), mais surtout frères, fraternité (adelphoi, adelphotès) »1. Il désigne donc les membres d’une communauté religieuse par opposition aux païens, le Judaïsme ou l’emploie pour désigner ceux qu’unissait la même foi2. Toutes ces expressions voudraient tout d’abord désigner le « peuple eschatologique que Dieu se recrute désormais dans le monde entier et à travers toute l’histoire, pour son Royaume, pour hériter avec lui de la vie éternelle dans le Christ »3. Ceux-ci qui répondent alors à cet appel, entrent dans ce peuple et participent dans le Christ, à la vie céleste. Cet appel les consacre et fait d’eux des saints (hagioi). Dès lors, de « non peuple »4 . Ils sont désormais le peuple de Dieu. Le Nouveau Testament transfère alors à cette communauté les termes et les thèmes de l’Ancien Testament : Royaume sacerdotal5 ; Temple Spirituel6 ; mais du Roi céleste où un culte spirituel lui est rendu. 1 Yves CONGAR in les laïcs et la mission de l’Eglise, études et documents du cercle St Jean- Baptiste présentés par Jean DANIELOU, Paris, Ed. Centurion, P. 11. 2 Ac 6,3 ; 1co 6,6. 3 Y. CONGAR, Id. 4 Ibid, p. 12. 5 Cf Ex. 19,6 ; IS 43, 20-21, 1P2, 9-10. 6 Cf. 1Co 3, 16- 17; 2 Co 6, 16-17; Eph 2, 19- 22; He 10, 21-22. 1 Le Nouveau Testament appliquera ainsi à toute l’Eglise les termes de l’ancien Testament qui se rapportent à la pureté, à la Sainteté et à la Sacralité du temple et de tous ceux qui en sont au service. C’est- à- dire les prêtres et lévites. La première affirmation qu’il fait est celle des chrétiens sont consacrés à Dieu. Cette affirmation ne fait pas encore de distinction entre laïcs et prêtres à l’intérieur de l’Eglise, mais porte plutôt sur une opposition entre ceux qui, étant appelés, sont membres de l’Eglise tout entière et ceux qui sont du monde, le non- peuple, entre les frères et le reste. Peu à peu, on retrouve plus tard dans le nouveau Testament des différenciations internes dans le peuple qui viennent des charismes qui sont des dons spirituels, distribués à chacun selon l’Esprit, mais en vue du bien commun7. Ces dons sont à la fois personnels, parce que se rattachant à la personne elle- même et communautaires. On trouve aussi des différenciations qui portent sur la place8 ou la part9 que certains ont de par leur fonction. Les fonctions sont aussi relatives à la communauté : ministres10, Présidents11, Pasteurs12, Presbytres13, Docteurs14, Episcopes15. À l’origine, le terme laïc ne déterminait pas un statut dans l’Eglise, mais comme nous le voyons, peu à peu, il est venu à désigner avec le temps, ceux qui n’étaient pas clercs. Cette désignation apparait pour la première fois en 95 dans l’épître de Clément évêque de Rome. Il y désigne un simple fidèle par distinction au diacre ou au prêtre : « aux grands prêtres ont été dévolues des fonctions qui lui sont particulières, aux prêtres a été marquée leur place particulière, aux lévites sont imposés des services particuliers. Celui qui est laïc est lié par les préceptes propres aux laïcs »16. Au deuxième siècle, on le désigne par Plebeius, avec Justin, on voit que le laos répond au président de la célébration eucharistique. Dans cette perspective, on commence à distinguer d’une part les trois degrés de la hiérarchie (grand-prêtre, prêtre, lévites) et d’autres part le laïc qui appartient à une catégorie dont le seul attribut semble être la soumission. Le 7 Cf. 1 P 4, 10 ; Ga 5, 13 ; 6 ; 1-2. 8 Cf. AC 1, 25. 9 Cf. 1 P 5, 3. 10 Cf. 1 Co 4, 1. 11 Cf. Rm 12,8 12 Cf. Eph 4, 11. 13 Cf. Ti 1, 5. 14 Cf. AC 13,1. 15 Cf. AC 20,28. 16 Cité par A. FAIVRE, les laïcs aux origines de l’Église, Paris, Centurion, p. 31. 2 laïc subit le sort qui lui est assigné par le bon plaisir de la volonté souveraine du maitre et semble n’avoir ni fonction ni service. 2- Evolution du rôle du laïc Au fil de l’histoire, les laïcs ont été soit actifs, soit passifs selon les époques et les mouvements théologiques et sociologiques influant sur l’Église. a- Les trois premiers siècles Dans l’Église apostolique, les collaborateurs des apôtres sont nombreux, hommes ou femmes. Certains reçoivent l’imposition des mains17, mais ce n’est pas la majorité ; les autres sont donc, pour employer le langage d’aujourd’hui, des laïcs. Ce sont ces derniers qui formèrent de nombreuses communautés pour lesquelles ils en étaient les messagers, les docteurs et les dirigeants18. A l’intérieur de ces communautés, au sein du peuple, certains rempliront les fonctions de veuves, lecteurs, vierges, sous-diacres, guérisseurs19. Ce sont des fonctions qui n’ont pas de rôle culturel et n’ont donc pas à recevoir l’imposition des mains ; mais pour qu’elles soient reconnues par la communauté, un rite d’installation est nécessaire20. Les premiers chrétiens, par leur baptême, sont conscients de leur mission d’être des témoins, de témoigner de l’œuvre du Christ partout dans le monde : « L’appel de l’humanité à la foi était considéré comme le fait de tout le corps des fidèles, organisé pour l’œuvre du ministère […]. L’entrée des païens dans l’Eglise était considérée comme un engendrement par tout l’Eglise, comme une maternité introduisant dans une communion de vie avec Dieu »21. L’œuvre missionnaire confiée par le Christ est donc l’affaire de tous, sans exception. Il existe néanmoins des distinctions entre les fidèles comme le dit Roche « pour que tous accomplissent le ministère de l’Eglise, quelques-uns sont donnés par l’Esprit aux Eglises 17 Cf. Ac. 6,6 ; 13,3 ; 1 Tm 4,4. 18 Cf. K.H. SCHELKLE, “service et serviteurs dans les Eglises au temps du Nouveau Testament, traduit de l’allemand par H. ROCHAIS in Concilium, 43 (1999), p. 15. 19 Cf. A. ASSELIN, l’articulation des ministères ordonnés et des ministères non ordonnés dans le gouvernement du diocèse, Ottawa, Université Saint-Paul, p. 6. 20 Cf. A. FAIVRE, Naissance d’une hiérarchie : les premières étapes du cursus clérical (Théologie historique, 40), Paris, Beauchesne, 1977, pp. 48-51. 21 B.- D. DUPUY, « laïc » in G. JACQUEMET (dir.), Catholicisme : hier, aujourd’hui et demain, Vol. 6, Paris Letouzey et Ané, 1947, col. 1633. 3 pour être au service de tous »22, mais ce qui importe c’est la mission de l’Eglise. Tout ministère est avant tout un don de l’Esprit pour l’Eglise et tous sont appelés à se mettre au service des autres, la fonction étant plus importante que le titre. A la fin du IIème siècle et au début du IIIème siècle, un ministère principal se détachera, celui de l’épiscope, des presbytres et des diacres triade modelée d’après l’organisation de l’exercice du culte religieux juif le grand- prêtre, les prêtres et les lévites23. Les pères de l’église Ignace d’Antioche, Clément d’Alexandrie, Origène sont parmi les premiers à désigner une catégorie séparée au sein du peuple de Dieu, les laicoi, distincts des klèroi24. L’Evêque est alors le chef de la Communauté chrétienne et il est aidé dans sa tâche par son presbyterium et ses diacres (le diaconat pouvait être exercé aussi par des femmes en ce temps). Mais au cours du IIIème siècle : « […] très vite, laïc est totalement opposé à clerc : tous les hommes qui ne sont pas clercs et appartiennent à l’Eglise deviennent laïcs […]. La conception du laïc n’a plus rien d’élitiste et lorsque pour la première fois dans l’histoire des communautés chrétiennes, le mot « ministère » est associé au terme « laïc », c’est pour désigner comme tâche essentielle au laïc le soin d’assurance la subsistance des ministres de l’autel »25. On voit ainsi que la pratique du IIIe siècle admet la possibilité d’un certain ministère des laïcs. Ils se voient attribuer la faculté de conférer le baptême dans certains cas comme dit le canon 38 des concile d’Elvire(Vers 300-306) qui prescrivait que « lorsqu’on navigue au loin ou s’il n’est pas d’Eglise à proximité, un fidèle qui a gardé intact son baptême et qui n’est pas bigame, peut baptiser un catéchumène qui se trouve dans la contrainte d’une maladie, mais de telle sorte que, s’il survit, il le conduise auprès de l’évêque afin qu’il puisse être parfait par l’ Imposition des mains »26. 22 J.- P. ROCHE, Prêtres-laïcs : un couple à dépasser, Paris, Ed. de l’Atelier/Ed. Ouvrières, uploads/Religion/ memoire-corrige.pdf