ŒUVRES SACERDOTALES D U C H O I X DE SERMONS ET D'INSTRUCTIONS D E 1839 A 1849
ŒUVRES SACERDOTALES D U C H O I X DE SERMONS ET D'INSTRUCTIONS D E 1839 A 1849 TOME I P A R I S 0, rue Soufflot, 9 LIBRAIRIE H. OUDIN, ÉDITEUR 9, rue du Chaudron-d' Or, 9 P O I T I E R S CARDINAL PIE Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2010. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. OEUVRES SACERDOTALES DU C A R D I N A L P AVERTISSEMENT Depuis longtemps les nombreux admirateurs du cardinal Pie ne cessent de réclamer la publication intégrale de ses Œuvres. « C'est, disent-ils avec rai- r son, un trésor de doctrine qui appartient à l'Eglise, et dont on ne saurait priver la foi et la pieté catho- lique. y> Tel était aussi l'avis du légataire universel du grand Eveque de Poitiers, qui se considérait comme simple dépositaire des manuscrits confiés à sa garde; mais des circonstances indépendantes de sa volonté avaient jusqu'à ce jour mis obstacle à ses projets. Mgr Baunard, Téminenl historien du cardinal Pie, avait d'abord espéré compléter son œuvre, en réunis- sant dans un volume les documents qui lui parais- saient les plus intéressants ; absorbé par une charge et des occupations importantes, il dut bientôt renon- cer à un travail cependant très doux pour son esprit et son cœur. C'est alors que M. le chanoine lléline, ancien secrétaire de Mgr Pic, voulut bien se souvenir de l'auteur de la Viciée Marie, hommage de recon- naissance à la mémoire de l'Évêque de Poitiers, et lui remettre les manuscrits conserves avec une solli- citude toute filiale. Après avoir lu attentivement ces précieux docu- ments, dont tous n'ont pas la même valeur, nous avons reconnu qu'il serait possible d'en former trois volumes : l'un continuerait la série des Œuvres épis- copales ; les deux autres en deviendraient comme l'in- troduction, sous le titre à'Œuvres sacerdotaies(1). Nous ne croyons pas utile de publier ce qu'on pourrait appeler les Œuvres de la jeunesse, qui comprennent les essais de composition littéraire, philosophique ou religieuse, soit à Saint-Chéron, soit à Issy, soit à Saint-Sulpice. Aussi n'en dirons-nous qu'un mot dans cet avertissement, emprunté presque tout entier, en les résumant, aux premiers chapitres de l'Histoire si complète du cardinal Pie. I. Œuvres delà jeunesse. — A peine sorti de rhé- torique, Edouard Pie, à qui une santé délicate ne permettait pas d'entreprendre alors les éludes philo- sophiques, fut nommé professeur d'une classe de sep- tième au petit séminaire de Sainl-Chéron.Doué d'une vive imagination et d'une mémoire heureuse, le jeune littérateur, épris d'idéal, savait Virgile par cœur; c'est au poète de Mantoue, croyons-nous,. (1) Sous le nom d'Œuvres sacerdotales nous ne comprenons que le? Œuvres oratoires, qui seules ont été publiées parmi les Œuvres épis- cojtales. — III — gu'iï déroba celte grâce harmonieuse d'un style tou- jours limpide, qui caractérise ses compositions latines. Outre ses pièces en vers de toutes sortes à l'honneur de Marie, on doit signaler, comme animée d'un souffle puissant, une ode sur la Première Commu- nion du duc de Bordeaux, en 1832, « C'est, observe Mgr Baunard, le cri de la France rappelant chez elle le fils de France, et demandant à Dieu le retour de celui qu'il vient de visiter. » Afin de se reposer des fatigues de renseignement, le jeune professeur s'essayait aussi à la composition de vers français, pour laquelle il éprouvait une grande facilité. A l'instigation de l'évoque de Chartres, Mgr de Montais, qui Paimail comme un fils et encou- rageait ses juvéniles travaux, il commença sur le sé- minaire de Saint-Chéron un poème didactique qu'il dédia à la très Sainte Vierge, Reine de cette maison. Je chante ces beaux lieux, où la douce innocence Par un sentier de fleurs conduisit mon enfance, Où de la piété l'aimable et tendre main M'accueillit jeune encore et me prit sur son sein. Inspire-moi, Marie, ô douce Souveraine. Quand je chante ces lieux, je chante ton domaine. Mgr Pie aurait pu devenir un poète sinon de haut vol, au moins plus qu'ordinaire : on le sent en parcou- rant ses essais dans lesquels il chante la campagne en fleurs, les riants vallons, les sombres forêts, les nuits étoilées, les gracieuses prairies avec leurs exha- laisons balsamiques, les charmes d'une douce amitié^ — TV — le bonheur d'une vie modeste et chrétienne, le par- fum des vertus de Marie, Reine du ciel et de la terre, et, par-dessus tout, le Cœur de Jésus et son amour. Toutes ces poésies n'étaient que l'élan d'une àme religieuse, se servant des créatures comme autant de degrés pour s'élever à Dieu. Qu'on ne s'étonne point 3 dirons-nous avec Mgr Baunard(l), de voir la vie intellectuelle de celui qui fut un si grand évoque débuter par cette période poétique. Tous les Pères de l'Eglise ont connu ces innocents délasse- ments. La poésie est la saison de la jeunesse des Ames comme de la jeunesse des nations. Nécessaire comme le printemps, elle est profitable comme lui, pourvu que la saison des fleurs sache faire place à la saison des fruits. En 1835, l'abbé Pie, qui depuis deux ans avait reçu la tonsure des mains de son évêque, se rendit, après les vacances, à la maison d'Issy, aux portes de Paris, où Mgr do Montais envoyait, sous l'habile direction des Sulpiciens, l'élite de ses séminaristes. Parmi ses résolutions de retraite, au commencement du mois d'octobre, nous trouvons celle de réciter chaque jour le chapelet à des intentions spéciales; une dizaine était offerte pour unir ses souffrances aux souffrances du Cœur de Marie. Cette compassion au Cœur douloureux de Marie devint la forme particu- lière de sa dévotion à la très sainte Vierge. A partir de (1) Histoire du cardinal Pie, 1" édition, t. I, p. 33. ce moment, il n'y a pae un écrit de lui qui ne porte en tôte, à gauche, les lettres .4. et c. c. d. M., qu'il faut traduire par cette invocation : Amour et compatissance an Cœur douloureux de Marie ; et, adroite, les ini- tiales des noms bénis de Jésus, de Marie et de Joseph : /. M. J. Avec une intelligence sérieuse, naturellement por- tée vers les choses élevées, l'abbé Pie manifesta, dès le premier jour, un grand intérêt pour les études philosophiques et les sciences mathématiques et na- turelles. « Si ma santé me le permettait, disait-il, je me livrerais à toutes ces sciences avec fureur... Le beau livre de la nature est ouvert atout le monde... Il est consolant pour un esprit chrétien de voir la source des objections contre le christianisme se chan- ger en un trésor de démonstrations. » Parmi les travaux de celte période de sa vie, qui fut comme une initiation à sa polémique contre les erreurs modernes, on peut signaler plusieurs disser- tations françaises sur d'importants sujets : la spiri- tualité, l'immortalité, la liberté de l'àme, et les droits et les devoirs de la société. Ces compositions, ob- serve Mgr Baunard, « commencent à nous révéler de nouvelles facultés dans cet esprit jusqu'alors à peu près confiné dans le littéraire pur ; on sent que désor- mais derrière l'humaniste il y a le philosophe, au vrai sens de ce nom ». Lorsque viendra plus tard le moment de combattre le matérialisme sous toutes ses formes et de défendre le règne social de Jésus-Christ, w « l'Evêque de Poitiers n'aura qu'à se souvenir de l'enseignement d'Issy et à le compléter » (1). L'année suivante, l'abbé Pie quitta le séminaire d'Issy pour celui de Saint-Sulpice à Paris, où il devait achever, par l'élude de la Théologie et la pratique des vertus sacerdotales, sa formation ecclésiastique. En entrant dans cette sainte maison, pépinière de tantd'é- vêques, l'honneur du clergé français, il se mit d'a- bord en présence, du noble but qu'il se proposait d'atteindre. « Adquidvcmsti? se demanda-t-il avec saint Bernard. Pourquoi suis-je dans ce monde ? Pourquoi suis-je dans ce séminaire ?... Vous m'avez envoyé dans ce monde, ô mon Dieu, pour vous connaître, vous aimer et vous servir, et dans ce séminaire pour vous faire un jour connaître, aimer et servir. » Il renouvela ensuite la promesse déjà faite au Cœur dou- loureux de Marie, de prêcher avec zèle la compassion à ses souffrances, aussitôt qu'il serait appelé à con- duire les âmes. L'étude de la théologie, cette science des sciences, exerça sur l'abbé Pie un irrésistible attrait. Dans ce nouveau champ ouvert à l'activité de son intelligence, il conserva la supériorité qui, jusqu'alors, l'avait partout distingué, et qu'il s'efforçait de dissimuler sous les dehors les plus modestes. L'étude des saints Pères, vivants interprètes de la tradition, devint aussi Tune de ses principales occupations; mais,par-dessus tout, celle de la Sainte Ecriture conquit sur son esprit fi) Histoire du cardinal Pie, t. I, p. 42. — va — un ascendant souverain, La lecture de la Bible, le livre par excellence, le mit en face de beautés d'un ordre supérieur qu'il n'avait jamais soupçonnées ; et c'est dans la fréquentation assidue des grands Doc- leurs de Y Eglise uploads/Religion/ oeuvres-sacerdotales-du-cardinal-pie-tome-1.pdf
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- Publié le Jan 18, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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