CONTEXTES PIERRE-ANTOINE FABRE Ignace le Loyola le lieu de l'image VRIN EHESS l
CONTEXTES PIERRE-ANTOINE FABRE Ignace le Loyola le lieu de l'image VRIN EHESS lgnace de Loyola Le lieu de l 'image Pierre-Antoine F ABRE, né en 1957, ancien éleve de l'École Normale Supérieure, docteur de l'École des Hau- tes Études en Sciences Sociales, est chargé de conférence a l'EHESS. 11 a collaboré a la publication des Écrits (Des- clée De Brouwer, 1991) et prépare une nouvelle édition du Journal des motions intérieures d'lgnace de Loyola. CONTEXTES PIERRE-ANTOINE FABRE IGNACE DE LOYOLA LE LIEU DE L'IMAGE Le problerne de la cornposition de lieu dans les pratiques spirituelles et artistiques jésuites de la seconde moitié du xv1e siecle A vec 16 illustrarzons Éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Snóaks Librairie Philosophique .\. \' rin 199~ La loi du 11man1957 n'autoriunt, aux termea des alinéu 2 et l de l'article 41, d'une part, que • la copies ou reproduáioiu llrictement réservée1 i l'usa¡e privé du copiste el non de1li- Dla l une UIÍÜllliOll coJJective •et, d'autre part, que les analyses el les courtes citations dans un but d'aanple CI d'ilhutrllion, • toute repré1entation ou reproduction intégrale, ou par- tidle, flÍte 111U le COlll<lltelllCll de l'auteur ou de 1e1 ayan11 droil ou ayanll cause, est illicile » (lliDéa 1• de l'anicle 40). CClk représentalion ou reproduction, par quelque procédé que ce soil, constituerait done une <Olllld~ llllClionaée par les articlcs 42S et 1uivan11 du Code Pénal. ~ librairit Philosophique J. VRIN, 1992 Printed in Fronce ISBN 2-7116-109~-0 Pour Louis Marin Michel de Certeau m'avait encouragé a entreprendre ce tra- vail, qui s'est poursuivi et achevé dans l'impulsion de sa pensée. Cet ouvrage reprend la plus grande partie d 'un Doctoral pré- paré a l'École des Hautes Études en Sciences Sociales sous la direc- tion de Louis Marin et soutenu en juin 1989 devant un jury com- pasé d' Adrien Demoustier, Yves Hersant, Jacqucs Le Brun et Louis Marin. Je les rcmercie, ainsi que Luce Giard, Maurice Giuliani, Pierre-Jean Labarriere, Sabine Lodéon, Daniel Mercadier et Moni- que Schneider pour l'attention qu'ils ont accordé, alors et depuis, a mon travail. Exposition Nous nous sommes proposés dans le présent travail de démon- trer et de décrire - de démontrer jusqu'a pouvoir simplement décrire - la formation d'un lieu. Le lieu, locus, désigne, outre l'endroit (une certaine aire géo- graphique, une localité), le tombeau, la sépulture ; aussi le sanc- tuaire, l'espace sacré ; le moment, l'occasion, l'opportunité, la pos- sibilité ; encore la place, l'emplacement ou l'intervalle dans une série ordonnée, la position, le rang ; enfin le fragment marqué, cité, isolé, d'un texte (locus evangelicus)'. Le lieu, d'« endroit » qu'il apparait d'abord, lieu propre, lieu du propre, se révele cependant frappé de vide, creusé de failles, qu'il soit lui-meme une faille ou qu'il en soit cerné lui-meme une faille, lorsqu'il s'énonce comme une virtualité, occasion a saisir, place a prendre ou encore lorsqu'il ouvre au trou du tombeau, a l'emplacement du corps; lorsqu'il ouvre une breche dans le plein, ou s'engouffre l'étrange, ou l'étranger lieu hanté, lieu désert. Cerné de failles, le sanctuaire surgit et fait le vide ; comme la loca- lité et ses frontieres ; comme le lieu naturel lui-meme, unité con- quise, paysage compasé, concrétion de sens dans le chaos ; comme le texte, passage sauvé, passé et repassé, lieu de reconnaissance, repére dans l'étendue du texte. Le lieu s'instaure a la charniere de ces deux faces, obscure et lumineuse. 11 les joue l'une avec l'autre ainsi du locus evangelicus, surabondant de sens parce que surin- vesti, réceptacle autant que figure de proue ; ainsi de l'intervalle l. A. 8LAISE, Diclionnaire ff11nrau-latin da awtftlrs 1.·lt,Yt~ru. Strasb...lU.r&. 19.54, p. ")();et G. fREUND, Grand dit:tionNire M la lllPllMt lo11rw. Pans, 1883. qui retient l'exemple (PLAUTE, M'n~dtm. 2, 7, 2') de l't< Ol-Uli locu.s "· lr\."lU, p¡.."C de l'tt:il. d'inscription possible, de l'instant disponible, du vide plein de l'enceinte sacrée. Le lieu esta l'article du fini et de l'infini. Mais il est aussi bien le lieu de leur échange, en creusant, en minant la plénitude du pro- pre, la ou elle se finit et ou l'évidement l'indéfinit ; Ja ou J'infini s'égare ; la ou la précipitation du nom donné balance, llotte le lieu est seulement lieu-dit, vecteur et incertain, prégnant et diffus. Le lieu renvoie les édifices du cru et du connu a leur fonda- \ tion énigmatique en meme temps qu'il découvre, de ces fondations, le manque. Le lieu se définit comme la détermination négative de l'espace qui Je représente et qui le fonde en Je déterminant comme sa propre ombre. Le Jieu n 'est pas daos cet espace, qui est seule- ment de ce lieu : Je lieu résiste a l'espace qui )'engendre ; il Jui est antérieur et postérieur ; il se définit ainsi coextensivement au temps Lcomme présence - de l'avant a l'apres -, une présence mainte- nue au revers de l'espace de représentation des figures détachées sur ce lieu. Le lieu s'espace pour l'accueil des figures. Mais nous cherchons ici le lieu sous son espacement, Ja ou, infigurable, purement ima- ginaire ou inimaginable, il est aussi Je Jieu de toute image possible, le lieu réel de toute image possible, de toutes formes figurées. Le lieu n'est pas l'opacité inaugurale dont se délivrerait l'envol spa- 1( tial. Le lieu révele daos Ieur opacité les formes qui l'habitent, lors- 1 que, projetées dans l'espace, elles y inscrivent la limite de leur lieu. Le lieu est cette limite informulable, d'ou s'imaginent les formes 1 et qui inscrit leur trace. 11 est ainsi au point de convergence d'un_e putssance et d'une connaissance. C'est un point de vue, soustratt au regard (qui ne traverse jamais que l'espace) et livré a la contem- plation de ses objets. Comment semblable lieu est-il désignable ? Comment désigne-t-il a son tour ses objets et quelle est la mesure de la distance qui les sépare de lui ? Qu'advient-il de l'espace de rep~ésentation du point de vue de ce Jieu qui le peuple et le juge, ma1s qm se trouve lui-meme marqué par cet espace ? / Nous découvrons le lieu, se~ent exposé, dans le livret des Exercices spiritue/s d'lgnace de Loyola. Nous posons ci-dessous les prémices théoriques de la recons- truction du dispositif spirituel de la composition de lieu ignatienne, et esqu1ssons l'enjeu de cette reconstruction la constitution d'un objet logico-historique spécifique, c'est-il-dire l'articulation logi- que des fonctions de l'image et de ses« lieux » - spirituel, esthé- tlque, pohuque - en tant que ces fonctions et « lieux » engendrent EXPOSITION 11 dans un temps historiquement déterminé la représentation de toute histoire possible. L'expérience ignatienne est pratiquement réeffectuée, mais théoriquement effectuée et découverte, construite comme expérience théorique, aux rebours conjugués de l'élaboration philosophique moderne - de Descartes a Kant et Schelling - du probleme de l._ l'imagination et de la tradition pratique du rélle de l'imagination dans la postérité spirituelle du fondateur de la Compagnie de Jésus. De ce double rebours, de ce double conflit, la conséquence majeure est de poser dans l' expérience de la composition de lieu, préam- bule de la contemplation spirituelle dans le livret des Exercices spi- rituels d'lgnace de Loyola, la connexion d'un objet théorique et d'une pratique qui en reste disjointe, et dont la disjonction se mani- feste comme le principe meme de l'énigme de cet objet. Mais cette connexion infondée et manquante, inductrice de manque, marque en meme temps la possibilité, au revers de l'histoire théorique et pratique de l 'imagination dans la philosophie et la spiritualité modernes et au terme de la rétroaction engagée, d'une réeffectua- tion de cette histoire, autrement concevable comme pratique théo- rique de l'imagination dans son effort a libérer son lieu imaginaire de toute représentation du monde réel : l'imagination est d'abord ' un projet d'images - une opération réfléchissante -, mais ce projet est d'abord, au revers de toute réflexion et de toute représen- tation, ou il leur endroit, une mise en présence du lieu de cette opération. L'histoire de l'imagination n'est pas seulement l'histoire de ses V projets. l. L'ENGAGEMENT CRITIQUE DES CONCEPTS DE LA TRADITION PHILOSOPHIQUE MODERNE La recherche s'ouvre sur un paysage aporétique, que pourrait ramasser la question suivante : que! lieu pour l'image, c'est-a-dire, selon notre premiere approche, que! intervalle spécifique pour la fondation du projet d'image, dans la perspective de l'articulation du voir et du croire, par laquelle le sol de croyance - la foi per- ceptive - s'institue de la référence visible de ses objets qu'il faille en quelque sorte le voir pour le croire, et non parce qu'on ne le voit pas ou bien qu'on le croit ? I 12 LE LIEU DE L'IMAGE La sltuatlon du sujet cartéslen. La corrélation du voir el du croire slructure la relation de la 1· production et de la réception des images sur le mode j'imagine/vous voyez je projette un « schéma imaginaire d'élucidation »' que vous recevez comme une représentation de l'expérience pure, une vue théorique. Ainsi par exemple du modele de formation du monde dans le Discours uploads/Religion/ contextes-fabre-pierre-antoine-ignace-de-loyola-le-lieu-de-l-x27-image-le-probleme-de-la-composition-de-lieu-dans-les-pratiques-spirituelles-et-artistiques-jesuites-de-la-secone-moitie-du-xvie-sie-p.pdf
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- Publié le Apv 10, 2022
- Catégorie Religion
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