LE LIVRE DE LA GRACE SPÉCIALE REVELATIONS DE SAINTE MECHTILDE VIERGE DE L'ORDRE

LE LIVRE DE LA GRACE SPÉCIALE REVELATIONS DE SAINTE MECHTILDE VIERGE DE L'ORDRE DE SAINT- RENOIT TRADUITES SUR l'ÉDITION LATINE DES PERES BÉNÉDICTIKS DE SOLESAiCS E ÉDITION, REVUE ET CORRIGÉE \IW " \ MAISON ALFRED MAME ET FILS TOURS ET PARIS 1921 Permis de néiMPRiRiER Oaînl-Paul-de-Wisques, le 27 juillet 1920. t Fr. Paul DELATTE, Abbé de Solesnies. Permis d'imprimer : Tours, le 2 septembre 1920. H. Pasquisr, vie. gen. PRÉFACE SAINTE Mechtilde nous est déjà connue par ce qui en a été dit dans la Préface des Œuvres de sainte Gertrude. Les dons surnaturels de ces deux grandes saintes, leur vie commune dans le cloître d'Helfta, l'amitié spirituelle qui les unit, tout les rapproche et les lie si étroitement que l'on ne peut guère parler de l'une sans mentionner Tautre. Il suffira donc de rappeler ici en quelques mots ce qui concerne sainte Mechtilde et de renvoyer pour plus de détails à son livre lui-même, assez explicite sur les personnes. Mechtilde de Hackehorn naquit en 1241. Elle avait sept ans quand elle accompagna sa mère dans une visite au monastère de Rodarsdorf, voisin du chcàteau des seigneurs de Hackehorn, près d'Halherstadt. Une sœur aînée de Mechtilde, Gertrude, plus âgée qu'elle de neuf ans, était moniale à Rodarsdorf. L'enfant, évidemment inspirée par la grâce, demanda avec larmes etohtint la faveur de rester parmi les épouses du Seigneur. Dix ans plus tard (1258; elle suivait sa sœur à Helfta, en Saxe. Là, Gertrude, qui était devenue VI LE LIVRE DE LA GUACE SÎ^ÉCIALE. libbc'sse du monastère en 1251, installa sa commu- nauté dans un domaine de famille que lui avaient cédé ses frères Louis et Albert. Les barons de Hackeborn partagèrent longtemps avec les comtes de Mansfeld. descendants du fondateur de Tabbaye, Thonneur d'assurer par leurs donations l'existence des moniales dHelfla -, mais la plus grande et la plus pure gloire de cette illustre famille est sans contredit sainte Mechtilde. Celle-ci, élevée avec soin par sa sœur, se distingua bientôt par son humilité, sa ferveur et une extrême amabilité, qui la faisait rechercher de toutes. Elle devint, très jeune encore, un précieux auxiliaire pourlabbesse Gcrtrude, qui semble lui avoir confié les écoles de chant et l'alumnat. Mechtilde seconda avec intelligence les desseins de sa scinir en instruisant dans les sciences divines et humaines, et en formant à la pratique de toutes les vertus, les enfants élevées parmi les moniales. C'est à cette maîtresse prudente et sage que Dieu confia en 1261 la petite fille de cinq ans qui devait être sainte Gertrudc la grande. Mechtilde avait alors vingt ans. La beauté de sa voix et l'expres- sion de piété intelligente qu'elle savait donner aux mélodies de la prière solennelle, qui est l'œuvre par exoellencc des enfants de saint Benoît, la désignèrent pour les fonctions de damna cantrix (dame chantre) du monastère; plus d'une fois son chant mérita les applaudissements de 1 Epoux divin, les seuls qu'elle ambitionnât. Les dons naturels de Mechtilde et ses grandes vertus ne la signalaient pas seulement aux yeux de ses PREFACE. VII sœurs ; sa renommée, appuyée en quelque sorte sur <:elle de l'abbessc Gertrude, s'étendait au loin et attirait à elle, en grand nombre, les âmes avides de lumières ou de consolations. De savants religieux de rOrdre de saint Dominique étaient benrcux de l'écou- ler, et nous savons que sainte Gertrude, au début de sa vie surnaturelle, s adressa à elle pour en recevoir 1 assurance que les faveurs dont elle était l'objet pro- cédaient bien de Dieu. Est-ce à cause de cette réputa- tion que Mechtilde, afin de garder sa liberté, cacha si longtemps et avec tant de soin les grâces extraor- dinaires dont le récit compose le Livre de la grâce spéciale ? On peut le supposer. Quoi qu'il en soit, J'humililé de Mechtilde et aussi le mystère dont le Seigneur aime le plus souvent à voiler ses dons, conspirèrent ensemble pour garder dans le secret les communications du ciel jusqu'à la cinquantième année -de la Sainte. A cette époque (1291), une grave maladie que contracta notre Sainte et la mort de l'abbesse Ger- trude. que Mechtilde ne put même assisteràses derniers instants, firentautour d'elle une solitude plus grande. Dieu lui ouvrit la bouche, et elle manifesta alors, non seulement aux personnes du monastère, mais à celles <\u dehors, ce que le Seigneur opérait en elle (2^ part., ch. xxvi). Deux moniales reçurent ses confidences (5^ partie, ch. xxii,xxiv) et les mirent par écrit, d'abord à 1 insu de la Sainte dont elles redoutaient 1 humilité. En effet, lorsque celle-ci eut connaissance du travail déjà presque achevé, elle en fut troublée ; puis, sur VIII LE LIVRE DE LA GRACE SPECIALE. l'assurance que Dieu lui donna d'avoir inspiré les deux narratrices, elle consentit à laisser terminer l'ouvrage, pour la gloire de Dieu et l'édification du prochain. Lune des deux moniales auxquelles nous devons ce travail fut sainte Gcrtrude elle-même: ce fait ressort clairement de la confrontation des deux livres, ainsi qu'il a été dit dans la préface de celui de sainte Gertrude. Mechtildc est fréquemment nommée dans le Héraut de Vamoiir divin, tandis que Gertrude ne Test jamais dans le livre de la Grâce spéciale, précisément parce que c'est elle qui l'a rédigé. Notre Sainte ne se rétablit pas de sa maladie et resta dans un état de grande faiblesse ; elle semblait n'avoir plus de force que pour révéler les grâces qu'elle recevait, ou celles quelleavait reçuesautrefois. Deux ans avant sa mort, les douleurs redoublèrent et vers la fin de 1 année ecclésiastique, à lavant-dernier dimanche après la Pentecôte, la malade comprenant que Dieu allait l'appeler à lui, commença à se prépa- rer, au moyen des exercices composés à cette inten- tion par sainte Gertrude. Le lendemain lundi, avant les Matines, elle reçut î'extrême-onction, sur l'avis de Gertrude et alors que les supérieurs et Mechtilde elle même ne croyaient [as que ce fut urgent. Des crises fréquentes appelèrent à plusieurs reprises le couvent auprès du lit de la mou- rante, pour y réciter les dernières prières ; et comme elle conservait, avec la connaissance entière, l'affabilité qui l'avait rendue si chère à toutes ses sœurs, chacune lui faisait des recommandations auxquelles elle répon- PKÉFACK IX (lait avec un esprit de foi et de charité incomparable. Le mercredi suivant se trouvait être le jour de la fête de sainte Elisabeth de Thuringe, mise, depuis quelques années seulement, au canon des saints, et très chère aux fidèles de ces contrées. Gcrtrude fut l'heureux témoin des faveurs prodiguées par le Seigneur à son épouse aux derniers instants ; elle vit comment les paroles de l'Ofiice étaient appliquées par les anges et par Dieu lui-même à la sainte mourante ; elle vit aussi s'accomplir à l'heure suprême lengage- mentcontracté autrefois par Mechtilde avec le Seigneur lorsque celui ci lui donna son Cœur en gage. A celte heure donc, l'Epoux divin lui redemanda ce gage ; et Mechtilde le lui ayant fidèlement rendu, fut aussitôt appelée à entrer dans les joies de son Seigneur pour y goûter les délices de Téternité. C'était le 19 novem- bre 1298. Sainte Mechtilde est honorée, par concession du Saint-Siège, dans certaines familles de l'Ordre de saint Benoît, et l'on y célèbre sa fête le 26 février. Sa dépouille mortelle, comme celle des autres grandes moniales d Helfta, repose sans doute dans ce monas- tère, dévasté quarante ans plus tard par 1 évêque intrus d'Halberstadt, Albert de Brunswick, et aban- donné alors pour le Neu-Helfta. Nous avons dit ailleurs comment il est niaintenant domaine royal, affecté à une grande exploitation agricole, et com- ment l'église seule est encore reconnaissable. Tout ce qui a été dit de la doctrine et de la mission de sainte Gertrude s'applique également à sainte X LE LIVRE DE LA GRACE SPECIALE. Mechlilde. Le mystère du Verbe incarné tient la première place dans les visions de l'une et de l'autre. L'Homme-Dieu y apparaît, non seulement comme Sauveur, mais comme Médiateur entre Dieu et l'homme C est l'amour qui la attiré des hauteurs des cieux jusque sur notre terre ; c'est l'amour qui l'a fait petit, pauvre, humble, souffrant, qui l'a cloué à la croix et l'a marqué des plaies, désormais glorieuses qu'il présente sans cesse à son Père afin de l'incliner vers ceux qu'il a acquis par son sang. Ici encore c'est le Cœur divin qui apparaît comme l'organe principal de l'amour et de ses opérations ; et Mechtilde en fournit peut-être encore plus d'images que Gertrude, dont les visions se présentent générale- ment sous une forme moins sensible. Cependant la caractéristique de sainte Mechtilde semble être la louange divine. 11 convenait que celle (juifut toute sa vie la première chantre du monastère et que le Seigneur salua, à son entrée dans le ciel, du titre de sa bien-ainice Philomèle (7*^ partie, 11), fût établie la propliétcsse de la louange divine. Celte louange solennelle, publique, qui demande son expres- sion à Dieu lui-même, qui s'inspire des leçons de la sainte Eglise, celle louange est répétée par Mechtilde avec amour, uploads/Religion/ revelations.pdf

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  • Publié le Dec 12, 2021
  • Catégorie Religion
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