EXPOSITION DE LA SALUTATION ANGÉLIQUE PAR SAINT THOMAS D'AQUIN Note des sermons

EXPOSITION DE LA SALUTATION ANGÉLIQUE PAR SAINT THOMAS D'AQUIN Note des sermons donnés à Naples, printemps 1273, prises de notes par Pierre de Andria Traduction par un moine de Fontgombault, Nouvelles Editions Latines, 1978 Édition numérique http://docteurangelique.free.fr/livresformatweb/sermons/08avemaria.htm mise en forme pour l'enregistrement audio par Salettensis Texte disponible à http://www.scribd.com/doc/62213845 audio disponible à http://www.archive.org/details/Saint_Thomas_d_aqui n_exposition_sur_ave_maria 1. La salutation angélique comprend trois parties. L’Ange compose la première. Voici ses paroles, d’après la Vulgate : Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, Vous êtes bénie entre les femmes (Luc 1, 28). La deuxième partie est l’œuvre d’Elisabeth, la mère de saint Jean-Baptiste ; celle-ci s’exprima ainsi : Béni est le fruit de vos entrailles (Luc 1, 42). L’Eglise a ajouté la troisième partie : Marie. L’Ange, en effet, n’a pas dit : Je vous salue, Marie, mais : Je vous salue, pleine de grâce. Ce nom de Marie, par sa signification, comme on le verra plus loin, s’harmonise avec les paroles de l’Ange Gabriel. 1 I JE VOUS SALUE 2. Dans l’antiquité, l’apparition des Anges aux hommes constituait un événement d’une très grande portée et les hommes tenaient pour un honneur inestimable de pouvoir témoigner aux Anges leur vénération. Aussi l’Ecriture loue-t-elle Abraham d’avoir donné à des Anges l’hospitalité et de les avoir traités avec beaucoup d’honneur. Mais qu’un Ange se fût incliné devant une créature humaine, on ne l’avait jamais entendu dire, avant que l’Archange Gabriel eut exprimé sa vénération à la Bienheureuse Vierge par ces paroles : Je vous salue. 3. Si, dans l’antiquité, l’homme révérait l’Ange et l’Ange ne révérait pas l’homme, la raison en était la supériorité de l’Ange par rapport à l’homme. Cette supériorité se manifeste de trois manières. Premièrement, l’Ange est supérieur à l’homme en dignité, du fait de sa nature spirituelle. Il est écrit en effet (Ps. 103, Vers. 4) : D’êtres spirituels (et incorruptibles), Dieu a fait ses Anges. Mais l’homme, lui, est d’une nature corruptible. C’est pourquoi Abraham disait à Dieu (Gn 18, 27) : Je parlerai à mon Seigneur, moi, cendre et poussière. Il ne convenait pas qu’une créature spirituelle et incorruptible rendît hommage à une créature corruptible. En second lieu, l’Ange surpasse l’homme par sa familiarité avec Dieu. L’Ange, en effet, appartient à la famille de Dieu ; il se tient auprès de lui. Des milliers de milliers d’Anges le servaient et dix milliers de centaines de milliers d’Anges se tenaient en sa présence, est-il écrit au livre de Daniel (7, 10). Mais l’homme, lui, est comme étranger à Dieu, comme exilé loin de sa face, par le péché, suivant cette parole du Psalmiste (Ps. 54, 8) : Je me suis éloigné de mon Dieu par la fuite. Il convient donc que l’homme honore l’Ange, à cause de sa proximité avec la Majesté divine et de son intimité avec elle. En troisième lieu, l’Ange est élevé au dessus de l’homme, par la plénitude de la splendeur de sa grâce divine. Les Anges, en effet, participent avec la plus grande plénitude à la lumière divine elle-même. Peut-on dénombrer les soldats de Dieu, dit Job (25, 3), et en est-il un seul sur lequel ne se lève sa lumière ? Aussi les Anges apparaissent-ils toujours lumineux. Les hommes, eux, participent bien à cette lumière de la grâce, mais avec parcimonie et comme dans un clair-obscur. 4. Il ne convenait donc pas que l’Ange s’inclinât devant l’homme, jusqu’au jour où parut une créature humaine, surpassant les Anges par sa plénitude de grâce (cf. nn° 5 à 10), par sa familiarité avec Dieu (cf. n° 10) et par sa dignité. Cette créature humaine fut la bienheureuse Vierge Marie. Pour reconnaître cette supériorité, l’Ange lui témoigna sa vénération par ces paroles : Je vous salue. 2 II PLEINE DE GRÂCE [Il ne convenait donc pas que l’Ange s’inclinât devant l’homme, jusqu’au jour où parut une créature humaine, surpassant les Anges par sa plénitude de grâce (cf. nn° 5 à 10), par sa familiarité avec Dieu (cf. n° 10) et par sa dignité. Cette créature humaine fut la bienheureuse Vierge Marie. Dans ce paragraphe nous verrons le premier caractère qui la fait surpasser les anges : la Plénitude de grâce et la B. V. la possède à trois titres : -Quant à la grâce qu'elle reçue en plénitude : puisque Dieu la donne pour deux motifs, à savoir pour faire le bien et pour éviter le mal. -Quant à la manière dont elle l'a reçue dans son âme : en plénitude et elle se manifeste dans le rejaillissement de la grâce de son âme sur sa chair et sur tout son corps. -Enfin dans une plénitude comme surabondance : au point de répandre de sa plénitude sur tous les hommes. 5. Premièrement, la Bienheureuse Vierge surpassa tous les Anges, par sa plénitude de grâce. Pour manifester cette prééminence, l’Archange Gabriel s’inclina devant elle et lui adressa ces paroles : Vous êtes pleine de grâce, ce qui revenait à lui dire : Je vous révère, parce que vous me surpassez par votre plénitude de grâce. 6. On peut envisager la plénitude de grâce de la Bienheureuse Vierge de trois manières. A. En premier lieu, son âme possède toute la plénitude de la grâce. Dieu donne la grâce pour deux motifs, à savoir pour faire le bien et pour éviter le mal. A ce double point de vue, la Bienheureuse Vierge fut favorisée de la grâce la plus parfaite. a) Car elle évita le péché, mieux que tout autre saint, après le Christ. Le péché en effet est soit originel soit actuel, mortel ou véniel. La Vierge fut préservée du péché originel, dès le premier instant de sa conception, et elle demeura toujours étrangère à tout péché mortel ou véniel. Aussi est-il dit à son sujet dans le Cantique des Cantiques (4, 7) : Vous êtes toute belle, mon amie, et sans tache aucune. « Hormis la Sainte Vierge, dit saint Augustin dans son livre de la nature et de la grâce, tous les saints et les saintes, durant leur vie terrestre à la question suivante : « êtes-vous sans péché ? » se seraient écriés d’une voix unanime : « Si nous disions : Nous sommes sans péché (cf. 1 Jn 1, 8), nous nous tromperions nous- mêmes et la vérité ne serait pas en nous. » La Vierge sainte, elle, fait exception. Pour l’honneur du Seigneur, quand il s’agit du péché, je veux qu’il ne soit jamais question d’Elle. Nous le savons en effet, à elle il fut donné une grâce plus abondante pour triompher complètement du péché. Elle mérita de concevoir Celui qui assurément ne fut souillé d’aucune faute. » Mais le Christ surpassa la Bienheureuse Vierge. Sans doute, l’un et l’autre furent conçus et naquirent sans le péché originel. Mais Marie, contrairement à son Fils, y était soumise de droit. Et si elle en fut de fait totalement préservée, ce fut par une grâce et un privilège singulier du Dieu Tout- Puissant, et en vue des mérites de son Enfant, Jésus-Christ, Sauveur du genre humain. 3 7. b) La Vierge accomplit également les œuvres de toutes les vertus. Les autres saints excellèrent en quelques-unes d’entre elles. Celui-ci fut humble, celui-là fut chaste, cet autre miséricordieux. Aussi les offre-t-on comme modèles de ces vertus particulières. Par exemple, on présente saint Nicolas comme modèle de la miséricorde. Mais la Bienheureuse Vierge, elle, est le modèle et l’exemplaire de toutes les vertus. En Elle, vous trouvez un modèle d’humilité. Ecoutez ses paroles (Luc 1, 38) : Voici la servante du Seigneur. Et encore (Luc 1, 48) : Le Seigneur a regardé la bassesse de sa servante. Elle est aussi un modèle de chasteté ; de son propre aveu en effet elle ne connaît pas d’homme (cf. Luc 1, 34). Et comme il est facile de le constater, elle donne l’exemple de toutes les vertus. La Bienheureuse Vierge est donc pleine de grâce et pour faire le bien et pour éviter le mal. 8. B. En deuxième lieu, la plénitude de grâce de la Vierge sainte se manifeste dans le rejaillissement de la grâce de son âme sur sa chair et sur tout son corps. Que les saints jouissent d’une grâce suffisante pour la sanctification de leur âme, c’est déjà un grand bienfait. Mais l’âme de la Bienheureuse Marie, elle, possède une plénitude de grâce telle qu’elle rejaillit de son âme sur sa chair, et que, de cette même chair, elle conçut le Fils de Dieu. « Parce que l’amour du Saint-Esprit, dit Hugues de Saint-Victor, brûlait dans le cœur de la Vierge avec une ardeur singulière, il opérait clans sa chair des merveilles si grandes, que d’Elle naquit un Homme-Dieu, conformément au message de l’Ange à cette Vierge sainte (Luc 1, 35) : Un Enfant saint naîtra de vous et sera appelé Fils de Dieu. 9. C. En troisième lieu, la Bienheureuse Vierge fut pleine de grâce, au point de répandre de sa plénitude sur tous les hommes. Que chacun des saints possède une grâce uploads/Religion/ saint-thomas-aquin-ave-maria.pdf

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  • Publié le Jul 31, 2022
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