VINTRAS Vintras, qui se disait la réincarnation du prophète Elie, arrive au XIX

VINTRAS Vintras, qui se disait la réincarnation du prophète Elie, arrive au XIXe siècle, en plein renouveau de l'occultisme. A sa mort, l'ex-abbé Boullan s'intitulera son successeur. Mentalement dérangé, perturbé par la certitude d'avoir été envoûté par Stanislas de Guaïta, miné par la débauche, Boullan finira par se prendre pour Jean-Baptiste réincarné. L’émotion fut intense dans le bocage normand, au début de l'année 1839, lorsque se propagea dans les masures et les paroisses, la nouvelle qu'un ouvrier cantonnier de Tilly-sur-Seules était visité par la grâce et qu'il faisait d'étonnantes prédictions. Né à Bayeux en 1807, puis élevé aux Enfants Trouvés de cette ville, le jeune Eugène Vintras montra de bonne heure des dons très vifs pour le sentiment religieux. Son application aux offices & son aisance à parler des saints le firent remarquer & l'aumônier pensa le diriger vers l'Eglise. Or il se maria, travailla chez un tailleur, fut domestique. Il habita Tréviéres, puis s'installa au moulin de Tilly-sur-Seules comme gérant d'une fabrique de cartons. C'est là, qu'il connut ses premières visions. On accourut. La châtelaine, la comtesse d'Armaillé, s'émut. Elle remercia le Seigneur de la présence de cet envoyé du ciel. Jésus m'est apparu ! Vintras, dans ses paroles inspirées, contait de façon convaincante ses illuminations. C'était un être privilégié. Ses prières bouleversaient l'auditoire. Il avait la certitude d'apparitions célestes. Il parvint à convaincre le baron et la baronne de Razac de lui prêter la chapelle de leur château de Sainte-Paix. De plus en plus de monde accourait voir et entendre cet illuminé. Il savait si bien parler du ciel, puis des événements actuels et de tous les bouleversements dus aux suites de la Révolution, que seule une foi passionnée pouvait conjurer. Une grande exaltation secouait les campagnes. L'abbé Charvoz, curé de Mont-Louis, assura que Vintras bénéficiait de lumières exceptionnelles. Alors, Vintras créa des cérémonies mystiques incantatoires dans le style des Exercices spirituels de Loyola. Des jésuites qui parcouraient la campagne, qui allaient de chaumière en chaumière et qui secouaient durement la population, il retint deux thèmes exhaustifs, essentiels qui le transfigurèrent comme deux proclamations de guerre sainte - Le culte marial - Le Sacré Coeur de Jésus. Les jésuites, dont l'illustre Compagnie avait été supprimée par Clément XIV en 1773, avaient été rétablis par Pie VIl en 1801, mais Napoléon ne les avaient pas supportés. Ils étaient revenus avec Louis XVIII. La Compagnie avait été officiellement admise, mais avec discrétion, selon l'exigence du monarque. On vit alors les pères de la Foi-en-robe-courte, les Congrégationalistes, les missionnaires, apporter aux petites gens la révélation du retour à Dieu, grâce à deux puissantes exaltations dans leurs prières, celle de la contemplation du Sacré Coeur de Jésus, que fit tant saigner la Révolution, et celle du Sacré Coeur de Marie, qui sauvera la France. Déjà fonctionnaient des confréries féminines de Dames de Marie. Il annonce le règne de Naundorff Louis XVII Vintras comprit dans un éblouissement que son heure était arrivée. Il annonça que Jésus lui était apparu, lui présentant son coeur sanglant, puis, que la Vierge Marie l'avait visité, toute belle, drapée de bleu et de blanc. En proie à son exaltation, Vintras se mit à officier, jamais à court d'une prière, d'une incantation, versant des pleurs. Il consacrait le pain et le vin. Et subitement apparaissait une hostie dégoulinante de sang. Le sang de Jésus. Il s'exclamait : - Il est descendu des cieux, ce coeur visible, pour nous ! Non pas une forme de coeur, mais un coeur vivant et véritable. S'il a laissé paraître cette forme, ce n'est point un sang qui est tombé, ce n'est point une image qu'il nous a fait apparaître, c'est son coeur vivant dans l'Eucharistie divine ! On cria au miracle. On s'affola. La comtesse d'Armaillé, qui avait reçu par lui le nom céleste d' « Azuolethaël » l'Ange, devint bientôt la nouvelle Eve. Eugène Vintras se dénomma désormais Pierre-Michel Strathanaël. Il se disait Elie réincarné. L'abbé Charvoz, le théologien Madroile, rapportent que c'est le 3 mai 1840 que le Christ apparut à Vintras, puis saint Joseph. Un dentiste de Caen, le sieur Cravoisier, attesta l'authenticité des hosties sanglantes, sur lesquelles parfois, on voyait dessiné un coeur en flammes. A cette époque, Vintras montre à ses adeptes passionnés un médaillon suspendu à un ruban bleu, qui lui avait été apporté la nuit par la Vierge. Encore un miracle. Tout était stupéfiant. Et chaque jour, à la « Septaine sacrée », se renouvelait le mystère des hosties sanglantes. En novembre 1840, il présenta un crucifix rouge vif, qui répandait du parfum. Il ne le quitta plus et le porta sur la poitrine. Il fit des prédictions qui se réalisèrent au village. Il guérit des malades. Stanislas de Guaïta rapporte qu'il possédait un pouvoir hallucinatoire incontestable. On pressentait autour de lui comme « un véritable tourbillon de folie entraînant tout : hommes, bêtes, jusqu'aux choses inanimées ; déracinant les convictions les plus affermies, affolant les plus belles intelligences, faisant dévier de la foi catholique les docteurs les plus austères et les plus éprouvés ! » Il décida alors de fonder l'oeuvre de la Miséricorde et il délégua des missionnaires qui parvinrent à fonder des « Septaines Sacrées » à Nancy, à Avignon, Carpentras, Lyon, Poitiers, Angers. A Paris la secte tenait ses messes sanglantes chez le docteur Godier, 17, rue Neuve des Mathurins. L'abbé Charvoz publia une brochure qui fit sensation sous le titre : Opuscule sur des Communications annonçant l'oeuvre de Miséricorde, avec cette devise : A la gloire du Père, du Fils et du. Saint Esprit et à la gloire de la Vierge Immaculée, pure et sans tache » et cette mention prophétique : « Et renovabis faciem terrae », la face de la terre sera renouvelée. Il s'agissait bien de renouveler le monde. Vintras misait sur Louis XVII, le fameux Naundorff, auquel il prédit qu'il allait bientôt monter sur le trône. Déjà, il lui décerna le titre de « grand monarque ». La comtesse, le baron et la baronne et toute la Normandie célébraient le « duc de Normandie » consacré par Vintras. Déjà, les dons pécuniaires des royalistes légitimistes de la bonne cause affluaient dans un courant de fanatisme. Naundorff revint souvent à la Septaine Sacrée. On illuminait le château. On chantait « la Royale ». Ce fut du délire. Le bleu marial de la toge de Vintras était bien celui du prétendant. Vintras s'entoura de fleurs de lys. Il raconta qu'il avait reçu une fort étrange visite, celle d'un vieillard déguenillé, qui lui fit grande impression. Il eut conscience qu'il avait devant lui, sous ce déguisement, le grand saint Michel. Alors, une immense vérité l'envahit, à savoir que ce messager du ciel lui confirmait la prochaine venue sur le trône de la France de Naundorff. Ceci causa maints remous politiques en Normandie : le ciel s'en mêlait. La secte vintrassienne entrait dans l'intrigue politique. Du Sang sur les hosties Eliphas Levi, abbé Constant, ancien vicaire de Saint-Sulpice, a conté dans son Histoire de la Magie, qu'il n'ignorait rien des extraordinaires prodiges qui environnent le mage de Tilly-sur- Seules : « apparaissent des hosties collées sur de la soie bleue ; Vintras a des sueurs de sang et son sang apparaît sur des hosties, où il dessine des coeurs avec des légendes, de l'écriture et de l'orthographe de Vintras. Des calices vides paraissent tout à coup pleins de vin, puis, où le vin tombe, apparaissent des taches de sang. Les initiés croient entendre une musique délicieuse et respirer des parfums inconnus ». Eliphas Levi ajoute « Des prêtres appelés à constater ces prodiges sont entraînés dans le courant de l'enthousiasme ». Eliphas Levi rappelle le témoignage du curé du diocèse de Tours, vieux et vénérable ecclésiastique, rapportant l'authenticité des phénomènes miraculeux, montrant des hosties injectées de sang « d'une manière inexplicable ». Des procès-verbaux circulaient, signés par plus de cinquante témoins. Il ajoute : « Les médecins ont analysé le fluide vermeil qui coulait des hosties et ont reconnu que c'était véritablement du sang humain » Le curé de Touraine, l'abbé Charvoz, voyait ainsi confirmé qu'il s'agissait là du Vrai Sang du Sacré Coeur de Jésus. Eliphas Levi se contente de juger que «tout est possible et que « le miracle n'est pas un fait contraire aux lois de la Nature ». Lui-même a vu des anges, des démons, il a parcouru des gouffres. Oui, c'est là, la vérité. De son côté, Stanislas de Guaita, qui en tant que Rose-Croix s'effrayait des prodiges de Vintras, a écrit dans Le Temple de Satan « Nous ne saurions dissimuler qu'Eugène Vintras n'est point un banal imposteur, ou quelque dévot vulgaire et perverti. L'abbé L.F. André, qui stigmatise cet homme au nom de la religion et de la morale, confesse qu'on ne saurait lui refuser un véritable génie et une puissance étonnante d'attraction sympathique ». Et Guaita qualifie plus loin, Vintras, de « prodigieux médium » et de « thaumaturge puissant », dont les étonnants phénomènes provoqués par lui, sont « d'une authenticité parfaite uploads/Religion/ vintras.pdf

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  • Publié le Aoû 17, 2021
  • Catégorie Religion
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