VOYAGE AU COEUR DE LA QADIRIYYA FADELIYYA CHEIKH SAADIBOUH ET SON ENTOURAGE D’A

VOYAGE AU COEUR DE LA QADIRIYYA FADELIYYA CHEIKH SAADIBOUH ET SON ENTOURAGE D’APRES UN MANUSCRIT INEDIT La revue, qui doit tant de choses intéressantes à M. l’administrateur des Colonies H. Gaden, a reçu de lui, il y a quelque temps, de nouveaux documents, parmi lesquels se trouvait un fort curieux manuscrit arabe : Daou’al-Asfâr fî Charh Mandhoûmat al-Ach’âr « La Lumière des voyages, commentaire de la Mandhoûmat al-Afkâr », ouvrage du fameux Cheikh Saadibouh. L’auteur de ce commentaire, écrit il y a une vingtaine d’années, est le Cheikh Abdallâh ben Salâh ben El-Mokri El- Djamrî El-Hoseïnî El-Mâliki El-Ach’arî El-Djoneïdî, et la copie que nous avons entre les mains, d’une belle exécution calligraphique, a été faite pour Cheikh Saadibouh lui-même. Nous pensons donner dans un avenir prochain l’analyse détaillée de ce manuscrit, qui comprend les matières les plus diverses : théologie, droit canonique, soufisme, littérature, grammaire, et renferme, au point de vue historique et géographique, des données précieuses, mais dans lequel, malgré les digressions continuelles de l’auteur, on distingue une idée dominante : l’utilité des voyages et leur mérite au point de vue religieux. Voyager est œuvre excellente on se met en rapports avec les peuples étrangers, auxquels on porte la bonne parole et chez lesquels on se fait des parents et des amis. Cheikh Abdallah insiste sur l’importance des mariages contractés à l’étranger ; on acquiert de l’expérience, on s’instruit, on devient meilleur. Aujourd’hui, nous nous contenterons de donner quelques détails biographiques intéressants sur Cheikh Saadibouh, son père Cheikh Mohammed Fadel et Mâ El-Aïnin, détails qui servent, en quelque sorte, d’introduction à l’ouvrage. Cheikh Mohammed Fadel, chef de la branche des Kaderia, dont le centre principal est la région comprise entre le Tagant et l’Atlantique, entre l’Adras Et-Temar et le Tirés, a été un personnage considérable. Jurisconsulte et théologien estimé, mentionné plusieurs fois par Senoussi, il appartenait à ces Chorfa de Oualata si influents dans la région, et ses fils, connus également par leurs ouvrages théologiques, continuent son œuvre. La branche des Kaderia, dont il est le chef, n’a pas moins d’importance que celle de Cheikh Sidia (I). Ce fut réellement un saint parfait, wâli, kâmil. Connaissant à fond les sciences religieuses, il savait le Coran par cœur, possédait de manière impeccable la Sounna et les Hadîths, et servait d’exemple en toutes choses, par son austérité et son exactitude à remplir toutes les prescriptions religieuses, la prière, le jeûne et l’aumône. Il disait un jour à Cheikh Saadibouh : « O mon fils, autrefois je rougissais des anges ; maintenant ce sont eux qui rougissent de moi. On ne doit penser qu’à servir Allah et qu’à lui obéir ». Littérateur et savant de mérite, il se faisait remarquer à la fois par sa vaste érudition, son talent poétique, sa puissante mémoire, qui lui avait permis d’apprendre par cœur, en une seule séance, cent vert de l’Alfiya. C’est, disait-il, parce que le sens et les lettres dépendent les uns des autres, et que moi je ne dépends pas d’eux. Ayant le don des miracles, il sera près de dix ans au sommet d’une colline, n’ayant ni vivres, ni argent, ni bétail, ni maison. Sa famille, cependant, ne manquait de rien ; il lui envoyait des vases couverts, dans lesquels elle trouvait tout ce qui lui était nécessaire. Une nuit, Cheikh Mohammed Fadel entend des gémissements. Il s’informe, et on lui dit qu’ils proviennent d’une femme qui, enceinte pour la quatrième foi, n’avait jamais pu accoucher : chaque fois, il avait fallu, pour la sauver, tuer l’enfant et l’arracher membre par membre, à la suite de quoi la main du médecin se couvrait toujours de lèpre. Maintenant son mari est résolu à divorcer si elle survit, et sa mère ne veut pas la remarier. Apportez-moi un aliment, ou simplement de l’eau, dit le Cheikh. – On lui donne du lait, sur lequel il prononce le Bismillah, et ordonne de le faire boire à la femme. Celle-ci accoucha sans difficulté d’un enfant mâle. Bien constitué, et elle a eu depuis plusieurs enfants dans des conditions normales. D’après le manuscrit qui nous fournit ces détails, Cheikh Mohammed Fadel serait mort, âge de 91 ans, le 10 moharrem 1286 (22 avril 1869), étant en état de pureté, après avoir fait ses ablutions et les prières du Maghreb et de l’Achâ, au lieu même où il était né et avait été élevé. La veille, il avait vu en songe Allah, qui lui avait dit à trois reprises : « Salut à toi, mon serviteur ! – Tu es le salut, de toi vient le salut, Maître du monde ! » fut la réponse. Levant les yeux au ciel, le Cheikh dit : « Voilà ce que nous ont promis Allah et le Prophète ; tous les deux sont sincères. » - Il adressa ensuite aux assistants quelques exhortations à la piété et s’éteignit paisiblement. Il faudrait des volumes pour raconter toutes les belles actions de Cheikh Mohammed Fadel, qui était bon, pieux et humain au-delà de toute expression, et aimait Allah par-dessus toute chose. ………………………………………………………………………………………… Cheikh Saadibouh a succédé comme chef des Kaderia à son père Cheikh Mohammed Fadel, qui le préférait à ses frères et l’a formé. De temps à autre, il lui envoyait par une servante une tablette mystérieuse, loûh es-sirr, contenant ses recommandations. Sa zone d’action va de Tichit, sur la limite du Tagant et du Oualata, au Tirés méridional. Trois de ses frères, Cheikh Mohammed Taki Allah, Cheikh El-Hadrami, Cheikh Mouley Aïnin, se partageaient le reste de la région ou s’exerce l’influence de cette branche des Kaderia ; mais il est de beaucoup le plus connu et le plus influent des quatre, et c’est à lui que, d’ordinaire, vont les offrandes. Il a des disciples sur beaucoup de points, un représentant à la Mecque, et son influence est considérable au nord du Sénégal. Il résulte des entretiens du commentateur avec Cheikh Saadibouh que celui-ci, en matière de religion, serait assez éclectique ; tout en étant Kaderî, et donnant à ses disciples l’enseignement de la confrérie à laquelle il appartient, il voit d’un œil sympathique les autres confréries, estime qu’il faut profiter de leurs lumières et s’initier à leurs secrets, car le Prophète veut que tous les Croyants forment une seule communauté. Personnellement Kaderî, il suit la voie tracée par son ancêtre Yahyâ Es-Seghîr, disciple de Zarroûk ( Ahmed), qu’une succession ininterrompue de Cheikhs rattache aux enseignements du Prophète Mohammed. Le pays de Cheikh Saadibouh est le Haoud (son lieu de naissance-ndlr), appelé Maskat Ras par le Kachchâf, qui a pour centre Aouad, dans une région de sables fixés, Reg. C’est là qu’il est né. Il a passé ensuite quatorze ans près de là, dans la localité de ‘Aïn El-Fath, voisine de celle de Mohmoûd, où se trouve un vaste lac, navigable et où les poissons abondent ; le terrain, bas et rocailleux, n’absorbant pas l’eau. La région du Haoud a, au centre, une montagne ronde, d’où la vue s’étend fort loin, et qu’entourent cent palmeraies. Au sud-est se trouve Tagant et, en face de Tagant, En- Na’am ; à l’est, Sig ; à l’ouest, Tichit. Entre ces deux localités il y a environ vingt jours de marche ; il en faut une quinzaine pour aller de Tagant a En-Na’am. Plusieurs races sont fixées dans le pays ; d’abord des « Abyssins », Noirs ou Bambaras ; des Ayfoullan ou Ifoullan, c'est-à-dire des Peuls : des Massina ; des Isouang ou Soninké ; des gens du Fouta ; entre Tagant, Irguiba et Ekmedj, sont des Tinouadjian et des Zaouga, ou Lemtouna. Tichit est entouré d’une zone déserte et aride de sables, qu’il faut huit jours pour parcourir et où l’on ne trouve qu’un seul puits, celui de Ouotfon. L’ouest est habité par des tribus Zaouïa, des Arabes nomades et sédentaires. Tichit et Oualata sont séparés par dix jours de marche ; il suffit d’un jour et demi pour aller de cette dernière localité à En-Na’am. Cheikh Saadibouh avait beaucoup de facilité pour l’étude. Il mit sept années à se pénétrer des enseignements du Coran, et en passa sept autres au service de son père Cheikh Mohammed El- Fadel, à qui il témoigna beaucoup de dévouement et de soumission. Allâh a gratifié Saadibouh de trois faveurs précieuses : Son regard n’est jamais tombé sur une étrangère ; Il a toujours exécuté de façon exacte le rite de la prosternation ; Il n’a pas passé un seul jour sans voir douze fois le Prophète. Et ces faveurs ne sont pas les seules. Il a le don des prodiges, et l’a montré. Une maison ébranlée par la pluie menaçait ruine ; pendant une nuit entière Cheikh Saadibouh, faisant l’office d’une colonne, la soutint de son corps. Etant tombé dans la mer, et ne sachant pas nager, il prononça la formule Bismillâh, aussitôt l’eau, se congelant, le préserva de tout danger. Et Cheikh Saadibouh, l’âme transportée d’une joie sans égale, joie qu’il a toujours éprouvée depuis, comprit qu’il devait s’expatrier pour aller au Maghreb faire « l’éducation uploads/Religion/ voyage-au-coeur-de-la-qadiriyya-fadeliyya.pdf

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  • Publié le Jan 04, 2022
  • Catégorie Religion
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