1.2.2 Défis environnementaux II EDUlib - Ingénieurs Canada – L'ingénierie durab

1.2.2 Défis environnementaux II EDUlib - Ingénieurs Canada – L'ingénierie durable Page 1 sur 3 Les activités humaines ont des impacts environnementaux importants et croissants. Plusieurs chercheurs nous mettent même en garde contre le fait qu'on soit en train de dépasser certaines limites planétaires, par exemple en matière de changements climatiques ou de destruction de la biodiversité, on pourrait franchir des seuils au- delà desquels le système Terre ne serait plus en mesure d'assurer des conditions propices à la vie ou au développement de la civilisation. La question qu'on peut se poser : pourquoi produisons-nous des impacts si importants et comment réduire ces impacts ? À ces deux questions très importantes, il existe tout un ensemble de réponses potentielles on peut faire référence à la psychologie humaine qui ne peut pas voir ses limites, à nos systèmes politiques qui ne voient pas le long terme, au système économique lui-même qui est organisé d'une certaine façon, et toutes ces réponses ont certainement des éléments de véracité. Ce qu'on va faire dans cette capsule, c'est de s'intéresser à une piste d'explication qui est celle proposée par les biologistes Anne et Paul Ehrlich dans les années 1970, ce qu'on appelle l'équation IPAT, l'équation de Ehrlich, et qui nous propose trois causes fondamentales à nos impacts, qui nous dit qu'en dernière analyse il y a trois éléments qui font en sorte qu'on a des impacts environnementaux importants. Alors l’équation IPAT - ce sera d'ailleurs une des seules, probablement la seule équation qu'on verra dans l'ensemble de ce cours, donc dès la première semaine, il n’y en aura plus beaucoup d'autres dans ce cours-ci. Ici, ce à quoi on s'intéresse, ce sont des impacts environnementaux, soit les ressources prélevées et les substances émises dans l'environnement. Donc, l'équation IPAT peut s'appliquer à tout un ensemble d'impacts environnementaux, ceux auxquels on vient de faire référence dans les limites planétaires, mais à toutes sortes d'autres impacts environnementaux : le prélèvement de ressources comme l'or, qui est important, les prélèvements d'eau, mais également des substances émises, par exemple les engrais phosphorés, azotés, qu’on rejette dans les cours d'eau, et bien sûr les émissions de gaz à effet de serre comme le CO2. À quoi sont dûs ces impacts ? Selon l'équation d’Ehrlich, trois facteurs. Le premier : P, la population, le nombre d'habitants. Plus on est nombreux, plus on émet de ressources et plus on en prélève. Le deuxième facteur : A – on est en anglais, affluence pour richesse, niveau de vie, qui est lié à la consommation, c'est-à-dire la quantité de biens et services consommés par habitant. Troisième facteur, le T, la technologie, et ici, la technologie, il faut bien regarder comment elle est définie, c'est-à-dire les ressources utilisées, les substances émises pour produire chacune des unités de biens et services qui sont consommées. Le T, des trois variables, c'est celui qui est le plus conceptuel d'une certaine façon, c'est pas l'efficacité d'une seule technologie, mais c'est l'ensemble du système technique, qu'est-ce que ce système là nous oblige, nous amène à consommer comme ressources et à émettre comme substances dans l'environnement. 1.2.2 Défis environnementaux II EDUlib - Ingénieurs Canada – L'ingénierie durable Page 2 sur 3 Prenons un exemple pour bien comprendre à quoi fait référence l'équation IPAT : celui des émissions de gaz à effet de serre. Si on regarde les données disponibles pour l'année 2013, alors en matière d'émissions de gaz à effet de serre, qu'on traduit généralement en CO2 équivalent, donc les quantités de CO2 émises en 2013 sont, selon l'équation IPAT, liées à la quantité d'habitants qu'il y avait sur la planète – je parle ici des données globales pour l'échelle planétaire –, à la richesse par habitant, donc PIB par habitant moyen mondial, et tout ça sera déterminé aussi par l'efficacité de nos technologies, c'est-à-dire la quantité de gaz à effet de serre, de CO2, émise pour chacun des dollars de biens services qu'on produit. Quelles sont les données que nous permet d'obtenir ce calcul ? En fait, ce qu'on arrive à mesurer assez bien, ce sont les émissions totales de l'humanité, qui étaient évaluées en 2013 à 36 milliards de tonnes de CO2 équivalent qui étaient émises en 2013. Nous étions, en 2013, 7 milliards d'habitants, je prends des chiffres arrondis ici, mais autour de 7 milliards d'habitants, et le PIB mondial était de l'ordre de 13 000 $ américains par habitant. Ce qui nous permet de d'évaluer l'efficacité de nos technologies globales à l'échelle planétaire, la quantité de gaz à effet de serre émise pour produire chaque dollar de biens et services consommés sur la planète. Donc ce CO2 par habitant, si on l'isole, ce sera donc la division de 36 milliards de tonnes de CO2 divisé par 7 milliards fois 13 000 $ par habitant, je ne ferai pas le calcul ici mais vous pourrez le faire, et vous noterez que donc, selon les données de 2013, l'ensemble de notre système technique émettait 0,4 kg, 400 g donc, de CO2 par dollar de PIB mondial. Projetons-nous en 2050, où on a un défi majeur à rencontrer. L’ONU nous dit que nos émissions de gaz à effet de serre en 2050 doivent être en absolu globalement réduites de moitié, donc nos émissions de gaz à effet de serre en 2050 ne devront plus être de 36 milliards de tonnes, mais bien réduites de moitié, de 18 milliards de tonnes de CO2. En 2050, selon les estimations de l'ONU, nous serons autour de 9,5 milliards d'habitants, plus 7 milliards mais bien 9,5 milliards. Et on évalue que si la croissance économique se poursuit, le PIB par habitant sera de l'ordre de 40 000 $ US par habitant. Qu'est-ce que ça nous dit sur les technologies requises, sur les émissions de gaz à effet de serre qu'on devrait viser à cette époque-là ? On refait le même calcul que tout à l'heure, et on arrive à ce chiffre assez impressionnant : si on veut rencontrer nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre, nous devrons, nos technologies, globalement, devront émettre 0,05 kg de CO2 par dollar de PIB. Et si on se réfère aux chiffres qu'on retrouvait tout à l'heure, de 0,4 kg qui est celui de 2013, et en fait on devra réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 8 par dollar de PIB, nos technologies devront donc améliorer leur efficacité et émettre 85 à 87 % moins de gaz à effet de serre pour chaque bien et service qui sera produit. L'équation IPAT, et je n'en ai donné qu'un seul exemple ici, celui des gaz à effet de serre, nous permet de prendre la mesure des défis technologiques qui nous attendent. Elle a été utilisée dans plusieurs domaines, dans plusieurs conférences, et une que je vous inviterais à aller voir, parce qu'elle est donnée par un ingénieur industriel, l'ingénieur Ray Anderson, qui est maintenant décédé, le président de 1.2.2 Défis environnementaux II EDUlib - Ingénieurs Canada – L'ingénierie durable Page 3 sur 3 l'entreprise et fondateur de l'entreprise de tapis Interface Carpet, qui est un ingénieur très particulier parce qu’il a vraiment fait prendre à son entreprise un virage vers le développement durable. Donc, dans sa conférence TED, vous avez la référence sur le site, il fait référence à l'équation IPAT, et ce qu’il nous dit essentiellement, c’est que l'équation IPAT nous parle des technologies actuelles, qui consomment beaucoup de ressources et qui émettent beaucoup de pollution, et en fait ce qu'on devrait viser, c'est à développer des technologies qui, à mesure qu'on les utilisera, auront pour impact de réduire nos ressources – la quantité de ressources consommées et les émissions produites – en envoyant le T du numérateur au dénominateur, ce qu'on souhaite, c'est des technologies qui réduiront nos impacts. Étant donné l'ampleur du défi qu’on a vu tout à l'heure, passer de T1 à T2, ce n'est pas simplement améliorer l'efficacité d'un moteur ou l'efficacité d'une technologie, c’est repenser, finalement, les technologies de façon beaucoup plus systémique, beaucoup plus globale. Alors passer de T1 à T2, ce n'est pas simplement augmenter, et bien sûr, il y a des efforts qui peuvent être mis pour améliorer l'efficacité du moteur d'avion, mais c’est repenser parfois les besoins de déplacement en avion, rendre le même service par des téléconférences, qui est de plus en plus réalisé, donc on a le même service rendu avec des déplacements beaucoup moindres. On peut aussi repenser la façon dont on consomme les biens : plutôt qu'une consommation individuelle, une consommation partagée. Les ressources, donc, des locations des ressources, ce qu'on appelle la consommation collaborative. Et en matière de mobilité, on le verra, l'auto électrique permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais des gains beaucoup plus importants sont possibles si on fait un virage vers la mobilité durable, vers les transports actifs, vers les transports collectifs. Alors on passe d'un système technologique à un tout autre système technologique. uploads/Science et Technologie/ 1-2-2-defis-environnementaux-ii 1 .pdf

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