www.frantice.net _ ___ __ frantice.net, numéro 8, avril 2014 50 Obstacles à l’i

www.frantice.net _ ___ __ frantice.net, numéro 8, avril 2014 50 Obstacles à l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le système éducatif marocain Barriers to integration of information and communication technology (ICT) in Moroccan education system Mohammed Mastafi CARISM et IREC, Université Panthéon Assas Paris 2, France Laboratoire d’Études et de Recherche sur l’Interculturel, Université Chouaib Doukkali, Maroc Résumé L’étude présentée dans le cadre de cet article vise l’identification des obstacles qui entravent l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans l’éducation au Maroc. Pour ce faire, 33 directeurs d’établissements scolaires primaires et secondaires et 4 responsables ministériels chargés de l’application de la stratégie du gouvernement en matière de la généralisation de ces technologies à l’école marocaine ont été entretenus. L’analyse thématique des données recueillies montre la présence de cinq principales catégories d’obstacles, à savoir : des obstacles généraux liés au système éducatif marocain lui-même, des obstacles relatifs à la politique et à la stratégie de mise en œuvre des technologies de l’information et de la communication dans l’éducation, des obstacles relatifs au soutien et au développement professionnel, des obstacles culturels et linguistiques et enfin des obstacles relatifs à l’infrastructure des technologies. Mots clés : Intégration, obstacles, technologies de l’information et de la communication, système éducatif marocain. Summary The study presented within the framework of this article attempts to identify the barriers of integration of information and communication technology in education in Morocco. To do so, 33 headmasters of primary and secondary schools and 4 departmental officials responsible for implementing the government's strategy regarding the widespread use of this technology in Moroccan school have been maintained. Thematic analysis of data show the presence of five main categories of barriers, namely: general obstacles related to the Moroccan education system itself, barriers related to policy and strategy for implementation of information and communication technology in education, barriers related to this technology infrastructure, barriers related to the support and professional development and the cultural and language barriers. Keywords: Integration, barriers, information and communication technology, Moroccan education system www.frantice.net _ ___ __ frantice.net, numéro 8, avril 2014 51 I. Introduction et problématique De nombreuses études faites dans différents pays montrent qu’il n’est pas du tout facile de cerner l’impact des TIC sur l’enseignement et l’apprentissage. Ces recherches font apparaître, comme le précisent Françoise Poyet et Michèle Drechsler (2009), des résultats nuancés et parfois contradictoires sur l’efficacité des TIC lors de leur application dans des contextes et des situations éducatifs différents. En effet, pour certains, l’usage de l’ordinateur par l’élève dans un but d’apprentissage peut avoir des effets préjudiciables sur le plan cognitif ; ainsi que des effets néfastes sur les plans physique et psychologique (Poyet, F. et Drechsler, M (INRT), 2009). Pour d’autres, l’utilisation des TIC dans l’éducation peut contribuer à des résultats fortement convaincants sur les acquis des élèves et d’une façon plus large sur la motivation, les aptitudes et les compétences des apprenants (Stella Kefala, Roger Blamire, Anja Balanskat, 2006). Selon Pouts-Lajus (2001), des effets pédagogiques positifs dans certaines situations sont observés, jour après jour, par les enseignants, les parents d’apprenants et les observateurs (cité par Françoise Poyet et Michèle Drechsler (INRT), 2009). De même, le suivi attentif et continu de l’usage des TIC par les enseignants et les élèves montre que cet usage peut modifier la nature et la forme de la relation pédagogique. En effet «les TIC donnent l’occasion de repenser et de délocaliser, dans l’espace et dans le temps, les échanges entre les enseignants et les élèves, et favorisent ainsi de nouvelles avenues pour les activités d’apprentissage ou de formation ». (Karsenti , Depover, et Komis, 2007, p.179). Le Maroc, convaincu par le rôle que peut jouer l’intégration des TIC dans son système éducatif, en vue d’améliorer la qualité d’enseignement et d’apprentissage, adopte-t-il depuis 2005, une stratégie, ayant pour objectif la généralisation de ces technologies en vue de leur intégration dans le système éducatif. Cette stratégie est actuellement fondée sur cinq axes à savoir l’infrastructure technologique, le développement professionnel, les ressources numériques pédagogiques, le développement des usages et le pilotage de telle stratégie. En fait, cette stratégie vise, particulièrement, l’équipement de tous les établissements scolaires en matériel informatique à l’horizon de 2013, la formation de 205000 enseignants, directeurs, cadres administratifs et corps d’encadrement pédagogiques, l’acquisition et la production de ressources éducatives numériques de qualité et adaptées au contexte éducatif marocain (Direction de « GENIE1 », 2009). Cependant, ces mesures rencontrent de multiples difficultés. En effet, l’enquête commandée par l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT, 2008), a abouti à des résultats insatisfaisants concernant l’usage des TIC à l’école marocaine. Pour cela, il nous semble que s’interroger sur cette situation est à la fois important et légitime. Certes, la réussite de l’intégration des TIC en éducation dépend de plusieurs facteurs. De nombreuses recherches montrent, en effet, que l’introduction de ces technologies à l’école rencontre de nombreuses entraves. En fait, l’application de ces technologies au domaine éducatif reste parmi les défis majeurs que connaissent les systèmes éducatifs non seulement des pays africains, mais aussi ceux de certains pays d’Amérique et d’Europe (Karsenti, 2009). En fait, il ne s’agit pas uniquement d’obstacles financiers qui entravent l’acquisition des ressources technologiques, mais d’autres facteurs politique, économique, technologique et culturel, qui entrent en jeux pour l’intégration des TIC en éducation. En outre, faute de documentation et de références complètes sur l’état d’utilisation de ces technologies en éducation, et plus particulièrement sur les obstacles susceptibles d’entraver ces usages dans les pays du Sud comme le Maroc (Farrell, Glen et Shafika, 2007), il nous semble extrêmement opportun de mener la présente étude dont l’objectif général est l’identification des obstacles majeurs à l’intégration de ces technologies dans les établissements scolaires primaires et secondaires marocains. II. Cadre théorique De nombreux écrits portants sur les obstacles à l’intégration des TIC en éducation affirment souvent que la disponibilité d’un ensemble de ressources infrastructurelles technologiques, laboratoires 1 GENIE : Programme ministériel relatif à la GENeralisation des tIc dans l’Enseignement www.frantice.net _ ___ __ frantice.net, numéro 8, avril 2014 52 informatiques avec connexion Internet, matériels informatiques opérationnels, enseignants motivés et ayant des compétences suffisantes permettant un usage efficace des TIC, et de professionnels qui apportent le soutien technique indispensable aux élèves et aux enseignants, sont des prérequis préalables à toute intégration de ces technologies dans un système éducatif (W.J.Pelgrum, 2001; Karsenti, T. (dir.), 2009; BECTA, 2004; Ertmer , 1999; Stella Kefala , Roger Blamire et Anja Balanskat,2006). A. Obstacles relatifs à l’infrastructure des TIC Au sens de la présente étude, les infrastructures des technologies de l’information et de la communication désignent les matériels, logiciels, contenus éducatifs et dispositifs de connexion au réseau. De nombreuses recherches ont montré que le manque ou l’insuffisance d’ordinateurs figurent en tête des obstacles majeurs. Les résultats de la seconde étude sur les TIC dans l’éducation (SITES2) réalisée en 1999, dans le cadre du programme de recherche axé sur une évaluation comparative de l’usage des TIC auprès des directeurs et des coordinateurs techniques d’établissements d’enseignement secondaire de 26 pays3 montrent que le nombre insuffisant d’ordinateurs arrive en tête des obstacles entravant l’intégration des TIC en éducation (Pelgrum, Anderson, 1999, 2001). De même, dans les dix premiers obstacles figurent également d’autres conditions matérielles, telles que des périphériques inadaptés, des copies de logiciels en nombre insuffisant et un manque d’ordinateurs permettant d’accéder simultanément à la toile (W. J. Pelgrum, N.LAW, UNESCO, 2004). L’intégration des TIC dans les établissements scolaires passe tout d’abord par l’installation de matériels et d’équipements. En effet, pour une intégration pédagogique de ces technologies en classe, les enseignants ont besoin d’un éventail complet de logiciels et de contenus éducatifs, d’informations en ligne aisément accessibles sur le sujet traité, et sont tributaires du niveau de difficulté et de facilité d’emploi des matériels (OCDE, 2001). En Afrique, l’obstacle principal rencontré au niveau de l’usage des TIC en éducation réside dans le manque de logiciels, d’ordinateurs, d’électricité, etc. (Karsenti, Salomon Tchameni NGAMO, 2009). Autrement dit, la plupart des pays africains sont confrontés à un accès limité à ces technologies du fait de la cherté des installations, de l’utilisation et de l’entretien des infrastructures nécessaires. L’accès et le matériel sont une composante essentielle de l’infrastructure et sont une condition sine qua non pour faire usage des TIC dans la pratique éducative, mais il reste évident que les contenus éducatifs appropriés sont tout aussi indispensables. En fait, dès l’introduction des ordinateurs dans les établissements scolaires, les praticiens ont eu beaucoup de mal à développer des contenus éducatifs adaptés aux besoins locaux (Pelgrum et Law, 2004). B. Obstacles relatifs au soutien et au développement professionnel Le développement professionnel concerne toute personne susceptible de contribuer à l’intégration des TIC dans les établissements scolaires. Il s’agit des enseignants, des chefs d’établissements et du personnel de soutien administratif, pédagogique et technique. Les résultats de l’enquête « SITES», précédemment décrite, montrent que dans la plupart des 26 pays participants à l’enquête, le manque de connaissances et de compétences des enseignants dans le domaine des TIC était un obstacle majeur entravant l’usage de uploads/Science et Technologie/ 6-mastafi.pdf

  • 18
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager