L ’Actualité Poitou-Charentes – Hors série mai 1998 4 ans son discours inaugura

L ’Actualité Poitou-Charentes – Hors série mai 1998 4 ans son discours inaugural de l’école, le 30 avril 1950, Henri Villat, prési- dent de l’Académie des sciences, ré- véla la pertinente erreur de salle qui Henri Cordier pour la thermique, auxquels vinrent s’adjoindre peu après : J.-M. Bourot, P. Laurent, Y. Pironneau. Des équipements récupérés ça et là au cours d’opérations «commando» menées avec le concours d’habiles techniciens, devenus très vite experts en la matière, commencèrent à envahir les locaux de l’ancienne faculté des sciences située alors rue de l’Université, à l’emplacement du parvis de l’actuelle média- thèque. Certains se rappellent encore les dé- marrages laborieux de la première soufflerie supersonique raccordée directement sur la rue, qui faisaient sursauter les passants ou privaient radicalement d’électricité tout le quartier. L’Imap accueillit en 1946 ses premiers étu- diants qui devinrent deux ans plus tard les premiers ingénieurs Ensma. En effet, le 16 janvier 1947, parut au Journal officiel le dé- cret instituant les Ecoles nationales supérieu- res d’ingénieurs. La fondation de ces nou- veaux établissements visait alors à renforcer le potentiel français en ingénieurs spécialisés dans différentes disciplines en prenant appui sur les instituts existant dans certaines facul- tés, notamment en province. Nul doute que cette année-là, les tractations furent vives dans les différentes universités de l’époque et les interventions pressantes auprès des pouvoirs publics pour obtenir la création d’une Ensi : les six premières élues, le 27 mars 1948, furent: Grenoble, Toulouse, Nancy, Nantes, Poitiers, Chimie de Paris. Anticipant sur l’avenir, Poncin avait recruté, dès octobre 1947, une promotion de vingt étudiants sous l’égide de la future Ensma, en se chargeant d’assurer lui-même les oraux de mathématiques ; il avait de plus obtenu l’af- fectation à l’Ecole et à ses annexes, – l’Institut de recherche scientifique et technique du Cen- tre-Ouest et l’Institut d’analyse et d’essais du HISTOIRE Cinquante années d’histoire et d’activité ne sauraient être décrites en quelques pages. Aussi sont rapportés ici seulement les principales étapes et les événements les plus décisifs, relatifs notamment aux premières années de l’Ecole. Nombreuses en outre sont les personnes qui sans être citées nommément ont contribué de façon déterminante à la notoriété de l’Ensma, au travers de sa vie quotidienne, qu’il s’agisse des directeurs adjoints, directeurs des études, enseignants internes et extérieurs, personnels techniques et administratifs, chercheurs et collègues visiteurs étrangers. Et puis il n’est pas de meilleurs promoteurs et ambassadeurs d’une école d’ingénieurs que ses élèves et anciens élèves. Tous figurent en filigrane dans les lignes ci-après. Ensma 50 ans par Jacques de Fouquet directeur de l’Ensma de 1976 à 1987 d’ D fut en 1927 à l’origine de l’existence de l’Ensma. Cette année-là, en effet, un jeune sous-lieutenant sorti depuis peu de l’Ecole normale supérieure, Henri Poncin, errait lors d’une permission dans les couloirs étroits de la Sorbonne à la recherche du lieu où devait se tenir une conférence de mathématiques. A tout hasard, il pénétra dans une salle où Villat faisait lui-même un exposé sur la méca- nique des fluides. Séduit par le sujet et sans doute aussi par le conférencier, Poncin une fois libéré de ses obligations militaires entre- prit une thèse sur les «cavitations dans les fluides pesants» sous la direction de Villat. Treize ans plus tard, il devenait professeur de mécanique générale à la faculté des sciences de Poitiers, rejoignant ainsi sa ville d’origine. Très vite, le projet de créer un Institut de faculté à vocation à la fois scientifique et technologique, destiné à la formation d’étu- diants et à la réalisation de travaux de recher- che dans le domaine du comportement méca- nique des fluides et des solides, s’imposa à son esprit. Dès la Libération, une convention entre la Direction technique et industrielle du mi- nistère de l’Air, les universités de Paris et Poitiers, donnait naissance à l’Imap : Institut de mécanique et d’aérotechnique de Poitiers. Poncin faisait alors appel pour le seconder à différents collègues soigneusement choisis en raison de leurs compétences alliées à des atta- ches poitevines : Adrien Saigne pour la tech- nologie, la gestion quotidienne et les réalisa- tions immobilières, Charles Chartier pour la mécanique des fluides et les missions diplo- matiques particulièrement délicates, Raymond Jacquesson pour la mécanique des solides, Coll. François Fisson Buste d’ancien directeur de l’Ensma, par un «anonyme du XXe siècle», trouvé un matin de 1981 dans la cour de l’Ecole : canular d’un élève, sans doute facétieux mais non moins dénué de talent. La future Ensma s’installe dans les locaux libérés du 20e RA, dès 1947 L ’Actualité Poitou-Charentes – Hors série mai 1998 5 l’Onera, tandis que quelques-uns entamaient une thèse dans l’un des laboratoires en voie de constitution de l’Ecole. Le développement de l’Ensma s’accéléra au cours des années 1951 à 1956 avec les arrivées de N. Manson en énergétique, A. Goethals en aérodynamique, P. Brousse en mécanique, C. Bory en thermi- que. A cette époque, l’Ecole fut sollicitée pour contribuer à la formation des officiers-méca- niciens de l’Ecole de l’Air. La construction de deux nouveaux bâtiments compléta harmonieusement le site de Dalesme; la soufflerie «béton» procéda à ses premiers essais, en même temps que le Ceat commen- çait à sortir de terre. La reconnaissance des compétences de l’Ensma et de ses diplômés en aérotechnique et mécanique étant acquise, Poncin, qui avait perçu les besoins en jeunes ingénieurs liés au démarrage du «nucléaire», mit sur pied, à la fin des années cinquante, une coopération entre l’Ensma et l’Institut national des scien- ces et techniques nucléaires ; durant une di- zaine d’années, les élèves effectuèrent en dé- but de 3e année un stage à Saclay afin de se familiariser avec les techniques de la radioac- tivité, le fonctionnement et la technologie des différentes filières de réacteurs. En juin 1962, se déroula le premier voyage d’études orga- Centre-Ouest –, de la majeure partie des lo- caux libérés par le 20e régiment d’Artillerie, à Dalesme, et d’un terrain à Biard destiné à l’implantation du futur Centre d’études d’aérothermique. En moins d’un an, sous la conduite de l’architecte Ursault et sous l’œil attentif d’A. Saigne, les chambrées quelque peu sinistres des anciens artilleurs furent trans- formées en salles de cours largement ouvertes à la lumière du jour ; les écuries furent aména- gées en salles de travaux pratiques et ateliers. Les premiers locaux rénovés furent occupés en octobre 1948 avec l’arrivée d’une nouvelle promotion de vingt étudiants dont une étu- diante qui toutefois démissionna en fin de 2e année pour épouser un Centralien ! Le corps professoral s’étoffa avec l’arrivée de J.-J. Mo- reau, en mathématiques, R. Siestrunk, P. Ger- main, en aérodynamique, et de jeunes technologues diplômés de l’Enset, J. Prat, A. Dumas, P. Thureau. La «maison des élèves» ouvrit ses portes en octobre 1949 sous la houlette de Jean Guilloux, nouveau secrétaire général de l’Ecole. André Paganel prit en main la même année la santé physique des élèves et convertit sur-le-champ aux bienfaits des sports les plus allergiques ou timorés en la matière ; nul n’échappait à son œil perspicace pour compléter une équipe ou défendre inopinément les couleurs de l’Ensma lors d’une compétition. L’inauguration officielle de l’Ecole eut lieu en avril 1950 à l’issue du Colloque international organisé en mémoire de Descartes. Parmi les nombreuses personnalités présentes, Sir Ro- deric Hill, directeur de l’Impérial collège de sciences et technologie de Londres, s’inspirant de Scévole de Sainte-Marthe, célébra «l’Ecole qui fit venir à elle celui qui boit les eaux du Tibre, l’Allemand et le Suisse libre, l’Anglais au visage roux», c’est-à-dire lui-même. Le premier bal de l’Ensma eut lieu à cette occasion ; cet événement devint aussitôt l’un des temps forts de la vie poitevine. Les premiers ingénieurs diplômés de l’Ensma entreprirent, au début des années cinquante, la percée dans différentes sociétés industrielles, dans les organismes de recherche tels que nisé avec le concours de l’EDF comprenant les visites successives des centrales de Chinon et de l’usine marémotrice de la Rance, alors en construction. Entre-temps, N. Manson avait succédé à Poncin à la direction de l’Ecole en 1962, relayé en 1964 par P. Laurent, et ce demier en 1968 par H. Cordier. L’effectif des promotions fut augmenté progressivement ; des enseignements de langues, d’électroni- que, d’automatique, puis d’informatique fu- rent successivement introduits. Un échange d’étudiants débuta en 1967 entre l’Ensma et l’Université Cornell. Au cours des années 1964 à 1968, les laboratoires de recherche se développèrent considérablement et devinrent des unités associées au CNRS. Les turbulences de 1968 furent très modérées à l’Ensma, hormis un emploi du temps quel- que peu perturbé et des débats plus ou moins animés sur la «participation» ; la célébration en juin du 20e anniversaire de l’Ecole sur le La première promotion entrée à l’Ensma, en octobre 1948. De gauche à droite, premier et deuxième rang : Rème dit “Théo”*, Jean Jacquesson*, Jean Destelle (=), Gilles Batailler, Jacques de Fouquet, Paul Smagghe, Pierre Septfonds, Jeanne Collard, François Flores, Claude Payerne, André Prot, Georges Dambrine (=), Louis Goepp, Claude Gauthier (=) ; au fond : P. Madier*, Jean-Pierre Hardouin, Ivan Proust* ; assis uploads/Science et Technologie/ actu-hs-mai1998-04-07.pdf

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