CHERCHEURS 2.0 ? Gabriel Gallezot, Olivier Le Deuff Lavoisier | « Les Cahiers d

CHERCHEURS 2.0 ? Gabriel Gallezot, Olivier Le Deuff Lavoisier | « Les Cahiers du numérique » 2009/2 Vol. 5 | pages 15 à 31 ISSN 1622-1494 ISBN 9782746224773 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2009-2-page-15.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Lavoisier. © Lavoisier. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Communication scientifique Introduction Des échanges épistolaires à la diffusion en ligne globalisée, le chercheur, au- delà de communiquer ses résultats a toujours dû mettre en avant sa personne pour continuer ses recherches. Il semble que le chercheur doive désormais veiller davantage à sa marque de fabrique que constitue sa signature, ce qui l’entraîne dans des stratégies d’intelligence personnelle au sens d’intelligence économique ou territoriale. En effet, ce dernier travaille davantage en réseau au point que désormais nous pouvons parler de science réticulaire qui opère en liaison. Faut-il pour autant parler de « chercheur 2.0 » ? Notre propos est d’analyser les conséquences des nouveaux outils du web 2.0 dans les pratiques du chercheur, notamment en les resituant sur une échelle diachronique de la communication scientifique. Nous montrons l’intérêt et les risques éventuels que constituent les blogs de chercheurs, les wikis et autres dispositifs de collaboration labellisés « 2.0 ». Nous étudions les classements de blogs et notamment celui des blogs « scientifiques » de Wikio qui comme le moteur de blogs Technorat i1 confond autorité et popularité. La place du chercheur au sein de la société doit être également interrogée, notamment via les stratégies de vulgarisation du savoir et d’accès plus aisé au grand public des documents scientifiques, mais également parce que sa présence au sein de la blogosphère l’incite davantage à prendre position ou à exprimer son opinion notamment sur des domaines annexes par effet de contiguïté. De la même manière, nous nous interrogeons sur les changements concernant l’évaluation scientifique et sur le partage d’informations entre chercheurs autour des outils comme CiteULike, Delicious, BibSonomy, qui constituent une forme d’eScience mêlant les possibilités offertes par les entrepôts d’information et les stratégies de veille qui se développent autour, formant l’esprit d’une « Open Science » (Hooker, 2006abc). Nous analysons ainsi un corpus d’articles en information-communication présents sur @rchivesic et référencés au sein des plates-formes de partage de signets scientifiques. Nous essayons aussi de distinguer si les pratiques informationnelles et communicationnelles des chercheurs sont profondément renouvelées par les outils du web 2.0, justifiant le vocable « chercheur 2.0 » ou sont le résultat d’une 1. Le moteur Technorati attribue un indice d’autorité aux blogs qui correspond en fait à un indice de popularité puisqu’il est basé sur le nombre de liens renvoyant vers le blog. © Lavoisier | Téléchargé le 29/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 90.13.123.248) © Lavoisier | Téléchargé le 29/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 90.13.123.248) Chercheurs 2.0 ? 17 appropriation des outils liés au phénomène de l’eScience, débutée il y a quelques décennies déjà. Retour à l’article, en direction des unités informationnelles Jusqu’aux années 1960 le cœur de science se trouve dans les articles qui constituent les revues (une alternative au livre, notamment pour des raisons de « rapidité » de diffusion). Des échanges épistolaires à la naissance des premières revues (Journal des Scavans et Philosophical Transaction), c’est donc pendant plus de 300 ans que le contenu intrinsèque de chaque texte est l’unité de références. Figure 1. Une échelle diachronique simplifiée de la communication scientifique 2 Le développement de la science, l’accroissement de ses résultats et la nécessité de les faire connaître impose la création de technologies de repérage et d’accès. La Classification Décimal de Dewey (1876), puis la Classification 2. Ce schéma et le texte qui l’accompagne ont été établi à partir de Guédon (2001). © Lavoisier | Téléchargé le 29/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 90.13.123.248) © Lavoisier | Téléchargé le 29/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 90.13.123.248) 18 LCN n° 2/2009. Communication scientifique Décimale Universelle (1905) en sont l’archétype au sein des bibliothèques. Elles permettent un accès séquentiel et raisonné au travers d’une somme de texte toujours plus grande. Le Mundaneum imaginé par Henri La Fontaine et Paul Otlet et plus spécifiquement le « traité de documentation » (1934) et par la suite le Memex (1945) imaginé par Vannevar Bush préfigurent le réseau que nous connaissons aujourd’hui. Le principe de « lien » qui sous-tend ces utopies, permet de naviguer au sein d’un vaste corpus et d’accéder aux documents. Ce « lien » sera en quelque sorte dévoyé par Eugène Garfield avec l’apparition du Science Citation Index (SCI, 1963). Le passage de la bibliographie à la bibliométrie (scientométrie), peut être perçu comme le passage de la connaissance des textes (de leur existence) à la quantification de leur influence où le vecteur de communication devient plus prégnant que le contenu diffusé. Cela a pour effet d’instituer une concordance entre le cœur de revue et le cœur de science, reléguant l’article à une simple somme de références ornée du label d’une revue. Ainsi, le diktat du publish or perish relayé par les indices de citations et autres indicateurs de productivité brouille l’accès au contenu. Les chercheurs semblent délaisser l’article et son contenu, au profit d’un cœur de revues suscitant un intérêt commercial pour les éditeurs, et une simplification pour l’évaluation de l’activité scientifique. Les années 1970 voient émerger les bases données, le mail et les Request For Comment (RFC) 3, des outils d’organisation de références bibliographiques et de données factuelles, un moyen de communication de pair à pair et la première pierre du travail collaboratif réticulaire. Si les bases de données ont favorisé le développement des projets bibliométriques, comme l’Impact Factor (1975), elles renforcent aussi la collecte des données issues des terrains scientifiques et plus tard, par le biais de CGI (Common Gateway Interface), la publication de ces mêmes données sur le web. La gestion de contenu telle que nous la connaissons aujourd’hui sur le web (GCW) ne peut se concevoir sans base de données (qu’elle soit « à plat », relationnelle, objet…). Du site web au blog en passant par les moteurs, les wikis, les archives ouvertes... la diffusion d’un volume conséquent de données sur le réseau s’appuie majoritairement sur une plate-forme étayée sur une base de données. Son principe de découpage de l’information en unités informationnelles ordonnées par un schéma conceptuel autorise une manipulation granulaire du contenu. Un recentrage sur le contenu est ainsi opéré. 3. Les RFC sont des documents numériques techniques rédigés par des experts et soumis à la communauté des internautes pour commentaires, d’où la traduction littérale « demande de commentaires ». © Lavoisier | Téléchargé le 29/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 90.13.123.248) © Lavoisier | Téléchargé le 29/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 90.13.123.248) Chercheurs 2.0 ? 19 De même, le mail est à considérer comme l’actualisation électronique des premiers échanges épistolaires. Avec toutefois la possibilité de véhiculer autre chose que du texte de manière multilatérale et la facilité de parcourir de grandes distances en quelques seconde. Là encore le focus sur le contenu est apporté. Les RFC 4 soulignent la capacité de travailler en réseau, à distance sur un même contenu. L’aspect communautaire (l’ensemble des experts) et interactif (succession de commentaires sur un contenu) préfigure ce que nous dénommons aujourd’hui le web 2.0. La science en liaison Bref panorama des services-outils orientés science 2.0 5 Les plates-formes de partage de références (CiteULike, Connotea, Delicious, BibSonomy, Zotero...) sont intéressantes à observer en ce qu’elles s’apparentent au Memex et au WoS. Elles stockent et organisent les références (bibliographiques, webographiques), elles les lient, permettent une consultation sur le web, autorisent des principes alertes... mais à la différence de leurs aînées le contenu peut être partagé en réseau. Les weblogs, représentants numériques des carnets de recherche, d’une certaine vulgarisation scientifique (dissémination sociétale des résultats), de réseautage, d’influence, de stratégies et d’expression envers ses pairs, présentent eux aussi des spécificités à analyser. Du site de chercheur aux « agrégateurs » de billets (Postgenomic), en passant par les plates-formes dédiées à la recherche (Hypothèses), les blogs ont dépassé l’extime 6 au profit d’une expression scientifique. Les plates-formes de réseau social comme SciLink, Pronetos, myExperiment ou UsefulChem sont plus récentes. Bien qu’ici nous mélangions aussi bien les sites de réseautage (fabrication de groupe, de communauté de uploads/Science et Technologie/ chercheur-2-0.pdf

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