BACCALAUREAT BLANC CORRECTION DECEMBRE 2008-12-11 PHILOSOPHIE Série GET Drée :

BACCALAUREAT BLANC CORRECTION DECEMBRE 2008-12-11 PHILOSOPHIE Série GET Drée : 4 heures coefficient : 3 Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants. L’usage des calculatrices et du dictionnaire ou de tout autre document est interdit. Ce sujet comporte 14 pages. Page 1/2 1 er sujet : Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ? 2 ème sujet : Comment comprenez-vous cette formule de G. Bachelard : « l’esprit scientifique doit se former contre la nature, contre ce qui est en nous et hors de nous l’impulsion et l’instruction de la nature, contre l’entraînement naturel, contre le fait coloré et divers. L’esprit scientifique doit se former en se réformant. » 3 ème sujet : La science, dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose absolument à l’opinion. S’il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l’opinion, c’est pour d’autres raisons que celles qui fondent l’opinion ; de sorte que l’opinion a, en droit, toujours tort. L’opinion pense mal : elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l’opinion ; il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux- mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. Gaston Bachelard. Pour expliquer ce texte vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. QUESTIONS 1. Dégager la thèse du texte et les étapes de son argumentation. 2. Expliquez : a. « l’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances ». b. « ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique » ; c. « rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit ». 3. L’opinion fait-elle obstacle à la science, Page 1/2 SUJET 1 SUJET 1 : QUEL BESOIN AVONS-NOUS DE CHERCHER : QUEL BESOIN AVONS-NOUS DE CHERCHER LA VERITE LA VERITE ? ? A/ Coup de pouce. I/ Analyse du sujet. - Le Besoin renvoie à la nécessité d’un objet pour permettre la subsistance et la croissance d’un être. Dire que nous avons besoin de la vérité, c’est supposer que, sans cette recherche, notre survie et notre bien-être sont compromis. Il se distingue du désir, tendance vers un objet considéré comme source de satisfaction, mais dont la non-réalisation n’entraîne qu’une frustration. - La vérité, conformité de la pensée à son objet, manifeste une saisie du réel. Il faudra alors se demander si cette saisie répond à un besoin, si elle satisfait un manque, ou si elle n’est pas plutôt dangereuse pour la vie même. II/ Problématique et plan Si l’on a besoin de chercher la vérité, c’est parce qu’elle ne se donne pas d’emblée, qu’elle est voilée par les apparences. Dire que l’on a besoin de chercher la vérité, c’est affirmer qu’il y a danger pour notre existence à demeurer dans la croyance et le préjugé. On analysera donc d’abord les avantages du savoir, pour montrer ensuite en quel sens la vérité peut être angoissante, l’illusion et le mensonge se révélant être parfois plus efficaces d’un point de vue pratique et politique. Cependant, la recherche de la vérité reste un désir et un devoir ancrés au cœur même de la nature humaine. Reste à savoir si elle est un désir légitime. Plan de la dissertation I/ L’utilité pratique de la vérité II/ la recherche de la vérité ne répond pas à un besoin… III/ … mais à un désir que nous avons le devoir de satisfaire. IV/ Utiliser ses connaissances. - Afin d’évaluer l’intérêt de la recherche de la vérité, nous analyserons le mensonge et l’illusion. Le premier, assertion volontairement contraire à la vérité, montre que tous n’ont pas intérêt à la recherche de la vérité, et qu’elle ne répond en ce sens pas nécessairement à un besoin. L’illusion, née d’un désir, montre que l’on peut avoir besoin de se cacher la vérité : il est des vérités difficiles à entendre. - Platon : le mensonge peut s’avérer nécessaire en politique : on peut refuser la recherche de la vérité au nom de l’utilité : « A ceux qui gouvernent la cité […] Page 1/2 revient la possibilité de mentir, que ce soit à l’égard des ennemis ou à l’égard des citoyens quand il s’agit de l’intérêt de la cité » (La République ). - Pour Kant, dire la vérité est un devoir, l’on ne peut moralement vouloir le mensonge : « Être véridique dans les propos qu’on ne peut éluder, c’est là le devoir formel de l’homme envers chaque homme, quelle que soit la gravité du préjudice qui peut en résulter pour soi-même ou pour autrui » (Fondements de la métaphysique des mœurs). B/ CORRIGE : plan détaillé [Introduction] Le développement des sciences montre l’engouement de l’humanité pour la vérité. Valeur absolue, elle est l’objet d’une quête infinie. Mais quel besoin avons-nous de chercher la vérité ? Si nous admettons facilement que la vérité est digne de respect, nous préférons parfois secrètement ne pas voir la réalité telle qu’elle est. Mais la recherche de la vérité ne répond-elle pas au-delà de ses conséquences directes, à un désir profondément ancré dans la nature humaine ? [I/ L’utilité pratique de la vérité] La possession de la vérité (adéquation de la pensée au réel) assure à l’homme la saisie du fonctionnement des phénomènes. Le savoir a des vertus pratiques : il permet d’agir, de connaître les moyens permettant d’accéder aux fins que l’on se donne. La science développe la technique ensemble de procédés et savoir-faire permettant d’atteindre un but prédéterminé. L’homme se libère de la nature et des obstacles qu’il rencontre par le savoir. On recherche donc la vérité d’abord pour son utilité : elle permet de satisfaire besoins et désirs. Exemple : pour se nourrir, plus l’on maîtrise les techniques de l’agriculture, plus on connaît les moyens de garantir une bonne récolte, plus on peut satisfaire ses besoins. On a besoin de recherche la vérité pour combler ses manques physiques. [II/ La recherche de la vérité ne répond pas un à besoin] Cependant, dès lors qu’on maîtrise les techniques rudimentaires nécessaires à la subsistance, on peut abandonner la recherche de la vérité, celle-ci ne répondant plus à un besoin. Même plus, on peut parfois avoir besoin d’occulter la vérité. « Toute vérité n’est pas bonne à dire » ; la vérité est parfois décevante, cruelle, source d’angoisse. L’illusion est un besoin. Le mensonge peut également s’avérer efficace, notamment en politique : « A ceux qui gouvernent la cité […] revient la possibilité de mentir, que ce soit à l’égard des ennemis ou à l’égard des citoyens quand il s’agit de l’intérêt de la cité », écrit Platon (La République). Ce n’est pas la recherche de la vérité qui est ici nécessaire, mais le fait de la taire. Page 1/2 [III/ … mais à un désir que nous avons le devoir de satisfaire] Même si la vérité blesse, l’homme tend à la rechercher. N’est-ce pas plutôt à un désir que correspond cette quête, un désir légitime car inscrit dans la nature même de l’homme, comme le souligne Aristote lorsqu’il écrit : « Tous les hommes désirent naturellement savoir » (Métaphysique) ? La recherche de la vérité est, dans le domaine de la connaissance, non un besoin qui répond à ses caractéristiques biologiques, mais un désir essentiel à l’homme pour l’accomplissement de sa nature. Kant montre que ne peut être tenu pour moralement bon qu’un principe dont on peut vouloir qu’il devienne en même temps une loi universelle. Or, le menteur, ne souhaitant pas être découvert, désire qu’autrui agisse en fonction d’une maxime inverse à la sienne (maxime de la sincérité). Moralement, chercher et dire la vérité est un devoir. [Conclusion] Même si l’homme, en tant qu’animal, ne se caractérise pas par son besoin de cherche la vérité, le désir de la chercher le caractérise néanmoins en propre dès que l’on met l’accent sur son caractère raisonnable : si l’homme possède la raison, faculté de désirer, selon Kant, parce que toujours en quête de vérité, il ne peut actualiser son essence que par cette recherche qui se définit avant tout comme quête de liberté : savoir, c’est pouvoir s’émanciper. uploads/Science et Technologie/ bb1-corr 1 .pdf

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