ORGANISATION DE COOPÉRA TION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES ORGANISATION F OR
ORGANISATION DE COOPÉRA TION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES ORGANISATION F OR E CONOMIC CO-OPERA TION AND DEVELOPMENT Conférence internationale OCDE/CERI « Apprendre au XXIe siècle : recherche, innovation et politiques » Comprendre le cerveau : naissance d’une science de l’apprentissage Nouveaux éclairages sur l’apprentissage apportés par les sciences cognitives et la recherche sur le cerveau ORGANISATION DE COOPÉRA TION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES ORGANISATION F OR E CONOMIC CO-OPERATION AND DEVELOPMENT 1 COMPRENDRE LE CERVEAU : NAISSANCE D’UNE SCIENCE DE L’APPRENTISSAGE Ce chapitre, extrait de la publication portant le même titre, rassemble les messages clés et les implications politiques potentielles, montrant en quoi la recherche neuroscientifique contribue d’ores et déjà aux politiques et aux pratiques éducatives en termes d’apprentissages. Les thèmes abordés comprennent : l’apprentissage tout au long de la vie; le vieillissement; les approches holistiques en matière éducative; la nature de l’adolescence; les âges propices à certaines formes d’apprentissage, en lien avec les programmes; le traitement des « 3 D» (dyslexie, dyscalculie, et démence); et les problèmes relatifs à l’évaluation et à la sélection, dans lesquels la neuroscience pourrait être de plus en plus impliquée. On indique également ici dans quels domaines il apparaît, à la suite des chapitres précédents, que la recherche en neuroscience de l’éducation peut ou doit faire porter ses efforts à venir. Résumé Après vingt ans d’un travail de pointe en neurosciences, la communauté éducative prend conscience du fait que « comprendre le cerveau » peut indiquer de nouvelles voies de recherche et améliorer politiques et pratiques éducatives. Ce rapport constitue un panorama synthétique de l’apprentissage informé par le fonctionnement cérébral, et soumet des thèmes cruciaux à l’attention de la communauté éducative. Il ne propose pas de solutions simplistes, ni ne prétend que la neuroscience ait réponse à tout. En revanche, il constitue un état des lieux objectif des connaissances actuelles au carrefour des neuroscience cognitives et de l’apprentissage; il indique également des pistes à explorer, et liste des implications politiques pour la prochaine décennie. La première partie, « Le cerveau apprenant », constitue le rapport proprement dit. Il est issu de sept ans d’analyses et de travaux du projet « Sciences de l’apprentissage et recherche sur le cerveau » du CERI de l’OCDE. La seconde partie, « Articles en coopération », contient trois réflexions portant sur le cerveau apprenant, durant la petite enfance, à l’adolescence et à l’âge adulte respectivement. Chacun est l’œuvre de trois experts, qui ont mis en commun expérience et connaissances pour réunir les perspectives de la neuroscience et de l’éducation. L’annexe A est tirée du site Internet interactif, ouvert à la société civile et comprenant un forum destiné aux enseignants. L’annexe B présente au lecteur les dernières avancées en matière de technologies d’imagerie cérébrale, qui sont au cœur des découvertes étudiées dans ce rapport. Le premier chapitre est un abécédaire de mots clés, qui présente brièvement des concepts complexes et permet au lecteur de se référer aux chapitres correspondants pour plus de détails. Le début du chapitre suivant présente ce qu’il faut savoir de l’architecture et du fonctionnement du cerveau. Comment le cerveau apprend au long de la vie Les neuroscientifiques ont clairement montré que le cerveau dispose d’une grande capacité d’adaptation aux demandes de son environnement : la plasticité. Des connexions neuronales sont créées ou renforcées, d’autres sont affaiblies ou éliminées, selon les besoins. L’ampleur de la modification dépend du type d’apprentissage effectué : l’apprentissage à long terme entraîne des modifications plus profondes. Elle dépend aussi du moment où l’apprentissage a lieu : chez les bébés, la création de nouvelles synapses se fait 2 à un rythme extraordinaire. Mais l’un des messages les plus fondamentaux reste celui-ci : la plasticité est une caractéristique fondamentale du cerveau tout au long de la vie. Malgré cette plasticité permanente, il existe des périodes idéales ou « sensibles » durant lesquelles un apprentissage donné présentera une efficacité maximale. Pour les stimuli sensoriels (tels les sons du langage) et pour certaines expériences émotionnelles et cognitives (telle l’exposition à une langue), les périodes sensibles sont assez brèves et se situent à un âge assez jeune. D’autres compétences (comme l’acquisition de vocabulaire) ne connaissent pas de période sensible nette et peuvent être apprises de façon optimale tout au long de la vie. Les images de cerveaux d’adolescents montrent qu’ils sont loin d’être arrivés à maturité, et qu’ils subissent d’importantes modifications structurelles bien après la puberté. L’adolescence est une période fondamentale pour le développement émotionnel, en raison de la grande quantité d’hormones présentes dans le cerveau; l’immaturité du cortex préfrontal des adolescents joue sans doute un rôle crucial dans l’instabilité de leur comportement. Nous traduisons cette combinaison d’immaturité émotionnelle et de fort potentiel cognitif par l’expression : « la puissance est là, mais pas le contrôle ». Chez les adultes plus âgés, l’aisance ou l’expérience dans une tâche donnée peut réduire le niveau d’activité cérébrale : on peut considérer cela comme une preuve d’un traitement plus efficace. Mais le cerveau décline quand on l’utilise moins, ainsi que quand on vieillit. Des études ont montré qu’apprendre peut limiter le déclin cérébral : plus les personnes d’âge mûr ont l’occasion d’apprendre (via des cours pour adultes, leur métier ou des activités sociales), plus elles ont de chances de retarder l’apparition de maladies neurodégénératives, ou d’en limiter le développement. L’importance de l’environnement La neuroscience montre que la façon dont on nourrit et traite le cerveau joue un rôle crucial dans les processus d’apprentissage, et commence à déterminer quels sont les environnements les plus favorables à l’apprentissage. La plupart des façons d’améliorer le fonctionnement cérébral dépendent de facteurs simples et quotidiens – qualité de l’environnement social et des rapports humains, alimentation, exercice physique et sommeil – qui semblent tellement évidents qu’on a tendance à négliger leur importance. En prêtant attention à l’état du cerveau et du corps, il est possible de mettre à profit la plasticité cérébrale et de faciliter l’apprentissage. Il faut adopter une approche globale, qui tienne compte des liens étroits entre bien-être physique et intellectuel et ne néglige pas l’interaction entre aspects émotionnels et cognitifs. Au centre du cerveau humain se trouve un ensemble de structures parfois appelé « cerveau émotionnel »: le système limbique. On sait aujourd’hui que nos émotions « sculptent » le tissu neural. En cas de stress excessif ou de peur intense, les processus neuraux de régulation émotionnelle sont perturbés, ce qui diminue les capacités de jugement social et les performances cognitives. Le stress rend performant et améliore la cognition et l’apprentissage, mais au-delà d’un certain niveau, on obtient l’effet inverse. Quant aux émotions positives, il est clair que l’un des plus grands facteurs de motivation est ce sentiment d’illumination qui se produit lorsqu’on comprend un nouveau concept; le cerveau réagit très bien à cette sensation. L’école devrait faire en sorte que les enfants découvrent très jeunes le plaisir de comprendre, se rendant ainsi compte qu’apprendre est une expérience très agréable. Pour apprendre efficacement, il est très important de savoir gérer ses émotions; l’autorégulation est l’une des compétences émotionnelles et comportementales les plus importantes parmi celles qui sont nécessaires à l’enfant comme à l’adulte dans leurs environnements sociaux. Les émotions guident ou perturbent les processus psychologiques tels que la concentration ou la résolution de problèmes, et influencent les relations humaines. La neuroscience (appuyée sur la psychologie cognitive et l’étude du 3 développement de l’enfant) commence à identifier d’importantes régions cérébrales dont l’activité et le développement sont en relation avec le self-control. Langage, littératie et cerveau Le cerveau est biologiquement préparé à acquérir le langage dès le début de la vie, mais ce processus doit être catalysé par l’expérience. Il existe une relation inverse entre l’âge et l’efficacité de l’apprentissage pour de nombreux aspects des langues : en général, plus jeune est l’apprenant, plus efficace est l’apprentissage. La neuroscience connaît mieux à présent les différences dans la façon dont enfants et adultes gèrent le langage au niveau cérébral. Cela pourrait avoir d’importantes répercussions sur les politiques éducatives concernant l’enseignement des langues étrangères, qui ne commence souvent qu’à l’adolescence. Adolescents et adultes sont bien sûr capables d’apprendre une nouvelle langue, mais cela leur est plus difficile. L’importance simultanée, dans la façon dont le cerveau gère le langage, du traitement phonologique et du traitement sémantique « direct » peut alimenter le débat classique autour des méthodes de lecture. Comprendre le rôle et la place de ces deux processus permet d’avancer que la meilleure façon d’enseigner la lecture combine l’instruction dite « syllabique » et la méthode dite « globale », l’importance relative de chacune de ces approches devant être fonction des caractéristiques morphologiques de la langue concernée. Une grande partie des circuits cérébraux permettant la lecture est commune à toutes les langues, mais il existe des différences lorsque les spécificités de chaque langue nécessitent des fonctions particulières (par exemple en cas de différences dans les types d’encodage ou les stratégies de reconnaissance des mots). Pour se limiter provisoirement aux langues alphabétiques, ce rapport s’intéresse surtout aux différents niveaux de « transparence » des orthographes : une langue uploads/Science et Technologie/ comprendre-le-cerveau-naissance-d-x27-une-nouvelle-science-d-x27-apprentissage.pdf
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- Publié le Mai 28, 2022
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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