LA PARAPSYCHOLOGIE, A LA CROISES DES CHEMINS (Revue PSI. Numéro 1. Septembre-Oc

LA PARAPSYCHOLOGIE, A LA CROISES DES CHEMINS (Revue PSI. Numéro 1. Septembre-Octobre 1977) par L.J. Delpech professeur à PARIS VII (Sorbonne) Actuellement, en France, tout le monde parle de parapsychologie, c'est-à-dire des phénomènes paranormaux (hors de la norme) comme la télépathie, les maisons hantées, pour aller jusqu'aux clefs tordues d'Uri GELLER. France-Inter, chaque jeudi soir, donne des témoignages plus ou moins intéressants et R.T.L. institue une véritable consultation parapsychologique. La question que nous posons dans cet article est la suivante : comment se fait-il que la parapsychologie, créée il y a près de cent ans en Angleterre, aux Etats-Unis et en France (de Rochas, d'Assier, Richet), ait fait des progrès si minimes et n'ait pu s'imposer devant les milieux scientifiques ? Pour y répondre un long cheminement sera nécessaire. LES PSEUDO-RESISTANCES Le journal « Le Monde » publie, dans son numéro du 7 avril 1976 un manifeste du Professeur H. GASTAULT (spécialiste mondial d'électro-encéphalographie), professeur de neurophysiologie clinique et Président de l'Université d'Aix Marseille II ; dans son article H. GASTAULT précise qu'une Fédération française de parapsychologie a été créée et qu'elle a publié un manifeste pour la reconnaissance officielle de cette discipline en France, dans lequel on lit : « Nous demandons le droit d'informer le public quant aux seuls phénomènes scientifiques prouvés et à leurs limites. A cet effet, nous demandons, dès maintenant, de pouvoir disposer de grands moyens d'information... Tandis que la recherche en parapsychologie est officiellement encouragée dans les pays de philosophie matérialiste, il est inadmissible que ceux qui opposent leur véto en France le fassent au nom de la défense des vieilles théories matérialistes qui avaient cours à l'époque des luttes clérico-religieuses. Il faut en tout cas, que cesse cet ostracisme qui contraint les scientifiques français les plus éminents à poursuivre leurs recherches en parapsychologie d'une manière clandestine. Ceux qui occupent les postes officiels ne doivent plus être obligés de signer leurs travaux sous des noms d'emprunt afin d'échapper au discrédit et au risque de compromettre leur carrière... C'est pourquoi nous demandons que la qualification de chercheur en parapsychologie soit désormais officiellement reconnue et que les moyens financiers soient accordés à cette recherche. » Or, dans un article du même Monde du 4 août 1976, un chercheur russe Wladimir LWOFF précise; « La vraie position de la science soviétique envers la parapsychologie a été formulée plusieurs fois par plusieurs savants parmi les plus éminents, et occupant des postes clefs de notre science. Voici quelques exemples : le célèbre biochimiste, fondateur de la conception contemporaine de la vie, l'académicien Alexandre OPARINE, écrivait : « Il faut constater que le manque d'esprit critique chez quelques savants conduit parfois à une situation extrêmement dangereuse que je pense caractériser comme une vague de mysticisme pseudo-scientifique. Nous assistons, dans ce cas, à une propagande tapageuse des superstitions, comme la transmission extra-sensorielle de la pensée, les pressentiments mystiques, etc... Le plus lamentable, c'est que ces blagues sont communiquées au grand public comme des faits établis et inexplicables par la science d'aujourd'hui. » LWOFF ajoute : « II n'y a pas de parapsychologie comme branche légitime et officiellement reconnue de la science soviétique. Aucun Institut ou Centre de Recherche en U.R.S.S. ne s'occupe de la télépathie ou de la psychokinésie. Mais il y a quelques groupes d'amateurs, avec une demi douzaine de membres diplômés de science sans aucun doute (!) qui s'occupent du « paranormal » avec l'aide de quelques journalistes peu scrupuleux en matière d'exactitude scientifique. » Mais qu'en est-il pour la France ? Tout d'abord, une précaution doit être prise autour du terme, par exemple, d'Université. Quels sont les professeurs d'Université qui, peu ou prou, s'intéressent ou se sont intéressés à la parapsychologie ? Dire qu'il y a une prohibition de l'occulte paraît peut-être exagéré. Du côté des médecins on trouve une large ouverture. Mon ami le Professeur Jules REGNAULT, professeur d'anatomie à l'Ecore Sainte-Anne de Toulon, mort en 1962, avait soutenu devant la Faculté de Médecine de Bordeaux, en 1896, une thèse sur « La sorcellerie et les sciences biologiques » qui fut réimprimée en 1936. Et depuis le début du siècle, on peut compter plus de vingt thèses de médecins sur la parapsychologie, voire la radiesthésie qui peut être comprise comme une branche de cette discipline. Des prix Nobel de biologie et de médecine comme RICHET et CARREL furent de chauds partisans de cette discipline, et les directeurs ou les présidents de l'Institut Métapsychique International: GELEY, OSTY, MARTINY, furent tous des médecins, à l'exception de R. WARCOLLIER qui était chimiste. Qu'il y ait une barrière psychologique du côté de la médecine me paraît une illusion, mais il faut reconnaître que les travaux de médecins touchant à la parapsychologie se situent soit dans le domaine des risques psychiatriques qu'elle peut provoquer, comme les thèses de AUBIN sur « les délires métapsychiques », soit dans le domaine paramédical, comme les thèses du Dr LARCHER publiées sous le titre « Le sang vaincra-t-il la Mort? » ou la thèse du Dr GASTNER sur « L'instantanéité des guérisons de Lourdes ». Une analyse un peu approfondie montre que le médecin, ou plutôt l'esprit de la médecine étant un ultra-empirisme, c'est-à-dire une tentative pour utiliser toutes les méthodes afin d'arriver à un résultat, produit des gens à l'esprit très ouvert devant toutes les nouveautés. UN SONDAGE REVELATEUR H. GASTAULT, dans son papier du « Monde », nous donne un très utile renseignement : « Il m'apparaît utile, écrit-il de faire connaître le résultat d'une enquête effectuée l'an dernier (1975) dans l'Université d'Aix Marseille II. Le formulaire avait été adressé aux mille quatorze enseignants chercheurs de tous grades de l'Université qui devaient répondre en quelques minutes aux quatre questions suivantes : 1° — vous intéressez-vous: pas du tout, un peu ou beaucoup à la parapsychologie ? 2° — croyez-vous que les phénomènes paranormaux soient des faits établis, probables, possibles, improbables ou impossibles ? 3° - croyez-vous qu'il faille ou non entreprendre dans l'université des études sur la parapsychologie ? 4° — voulez-vous décliner votre identité ? si oui, précisez : nom — âge — sexe — grade et discipline. 392 personnes ont répondu (soit 38,55 %), dont 350 précisaient leur identité, témoignant ainsi de leur sincérité. A la première question, 196 répondent ne pas s'intéresser du tout à la parapsychologie (50 %), 150 disent qu'ils s'y intéressent un peu (38,25 %), et 46 beaucoup (11,75 %). A la seconde question, 25 répondent que les phénomènes, sont des faits établis (6,38 %), et 44 que ce sont des faits impossibles (11,25 %), 101 considèrent qu'il s'agit de faits possibles (25,75 %) 89 de faits probables (22,70 %) et 126 de faits improbables (32,15 %) et 7 seulement sont sans avis. A la troisième question, 230 répondent que la parapsychologie peut ou doit être étudiée dans l'université (58,67 %), 96 quelle ne doit pas (24,50 %), tandis que 66 n'ont pas d'opinion sur la question (16,85 %). Une étude détaillée de ces résultats fait apparaître une forte cohérence entre les réponses aux trois questions et, plus important encore, un manque total de relations significatives entre la nature de ces réponses et le sexe, l'âge, le grade, et la discipline des sujets interrogés. » Si l'on accepte le principe que les résultats de cette enquête locale sont applicables au reste de la France, compte tenu de l'importance de l'échantillon, il apparaît qu'ils devraient apaiser l'inquiétude exprimée par la Fédération Française de Parapsychologie dans son manifeste. Les résultats démontrent, en effet que près de 90 % des chercheurs français, quel que soit leur profil psychologique, sont disposés à admettre l'existence des phénomènes paranormaux lorsqu'ils les jugent démontrés, et que moins d'un quart d'entre eux sont hostiles à des études parapsychologiques dans le sein de l'université ». On voit donc que pour des scientifiques français, il n'existe pas de tabou contre la parapsychologie. Il n'en a pas toujours été ainsi, dans l'avant guerre avec RICHET et de ROCHAS. De même, dans l'entre deux guerres, avec des physiciens comme SAINTE-LAGÜE ou DUFOUR. UNE NOUVEAUTE FORT ANCIENNE Récemment, on annonçait comme une nouveauté la jonction de la parapsychologie et de la physique. Or CROOKES1, O. LODGES, n'étaient-ils pas des physiciens? et 1 Sir William Crookes (1832-1919), chimiste et physicien anglais, découvrit l'élément thallium en 1861. Ses recherches sur les décharges électriques dans les gaz raréfiés CRAWFORD? Enfin, les philosophes et les psychologues français étaient très ouverts à la parapsychologie : tout d'abord et avant tout, Henri BERGSON qui conclut le livre qui est son testament spirituel, « Les deux sources de la Morale et de la Religion » (1931), en déclarant que seule la métapsychie (nom qu'on donnait alors à la parapsychologie) pouvait donner une certitude sur le problème essentiel de la survie. Il faut encore rappeler les deux ouvrages du Recteur de l'Académie de Dijon E. BOIRAC. Maurice BLONDEL, professeur à Aix a accepté deux diplômes d'études supérieures, l'un sur le spiritisme (Turcan) en 1907, et un autre sur les soufis (1912). Plus récemment, la Faculté de Toulouse a accepté uploads/Science et Technologie/ l-j-delpech-la-parapsychologie-a-la-croisee-des-chemins.pdf

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