Peter Lang Alain Bovet, Esther González-Martínez et Fabienne Malbois (eds.) Fai

Peter Lang Alain Bovet, Esther González-Martínez et Fabienne Malbois (eds.) Faire de la sociologie avec Harvey Sacks Langage, activites et ordre social Le sociologue américain Harvey Sacks (1935-1975) a apporté une contri- bution décisive au développement de l’ethnométhodologie en fondant l’ana- lyse de conversation et l’analyse des catégorisations. Il a renouvelé l’étude du rapport entre langage et action sociale en élaborant une démarche empirique originale fondée sur le recueil, la transcription et l’analyse détaillée d’échanges langagiers. L’engouement pour les démarches pragmatistes que connaissent aujourd’hui les sciences sociales confère une grande actualité à cet explora- teur de la première heure de l’organisation endogène des pratiques sociales. Le lecteur trouvera ici une introduction circonstanciée à son œuvre et une in- vitation à poursuivre de manière critique et innovante le type d’enquête qu’il a initié. Quatre textes de Sacks inédits en français sont suivis de cinq textes ori- ginaux qui entrent en dialogue avec sa démarche singulière. Ces contributions examinent la dimension sociologique de l’œuvre, aux niveaux épistémolo- gique, analytique et méthodologique. Elles mettent également en évidence ses apports au traitement d’objets tels que la socialisation, les structures sociales et les identités individuelles et collectives. Alain Bovet est chercheur postdoctoral au Département des sciences écono- miques et sociales de Telecom Paristech - Deixis-Sophia. Esther González- Martínez est professeure au Département des sciences sociales de l’Univer- sité de Fribourg ainsi qu’à la Haute école Arc santé. Fabienne Malbois est chercheuse postdoctorale à l’Institut des sciences sociales-LABSO de l’Univer- sité de Lausanne. Langage, activites et ordre social Peter Lang Bern · Berlin · Bruxelles · Frankfurt am Main · New York · Oxford · Wien Alain Bovet, Esther González-Martínez et Fabienne Malbois (eds.) Faire de la sociologie avec Harvey Sacks Langage, activites et ordre social ,AÏPUBLICATIONÏDEÏCETÏOUVRAGEÏAÏB¼N¼lCI¼ÏDUÏSOUTIENÏDUÏ#OMIT¼ÏDEÏLAÏTHÏ#ONFERENCEÏ OFÏTHEÏ)NTERNATIONALÏ)NSTITUTEÏFORÏ%THNOMETHODOLOGYÏANDÏ#ONVERSATIONÏ!NALYSISÏ 5NIVERSIT¼ÏDEÏ&RIBOURG Ï ÏJUILLETÏ ÏAINSIÏQUEÏDEÏLAÏ3OCI¼T¼Ï!CAD¼MIQUEÏ Vaudoise. .OUSÏAVONSÏOBTENUÏLAUTORISATIONÏDEÏ4HEÏ%STATEÏOFÏ(ARVEYÏ3ACKSÏETÏDEÏ"LACKWELLÏ POURÏLAÏPUBLICATIONÏDEÏTRADUCTIONSÏENÏFRAN»AISÏDESÏTEXTESÏDEÏ(ARVEYÏ3ACKS « A mis-hearing (‘a green ?’) ; A taboo on hearing »; « ‘Hotrodders’ as a revolutionary CATEGORYÏwÏiÏ3EEINGÏANÏ@IMITATIONÏwÏiÏ/NÏTHEÏANALYZABILITYÏOFÏSTORIESÏBYÏCHILDRENÏwÏ )3".Ï    ÏPBÏ )3".Ï    ÏE"OOK šÏ0ETERÏ,ANGÏ3! Ï%DITIONSÏSCIENTIlQUESÏINTERNATIONALES Ï"ERNEÏ (OCHFELDSTRASSEÏ Ï#( Ï"ERNE Ï3UISSE info@peterlang.com, www.peterlang.com Tous droits réservés. #ETTEÏPUBLICATIONÏESTÏPROT¼G¼EÏDANSÏSAÏTOTALIT¼ÏPARÏCOPYRIGHT Toute utilisation en dehors des strictes limites de la loi sur le copyright est interdite et punissable sans le consentement explicite de la maison d’édition. #ECIÏSAPPLIQUEÏENÏPARTICULIERÏPOURÏLESÏREPRODUCTIONS ÏTRADUCTIONS ÏMICROlLMS AINSIÏQUEÏLEÏSTOCKAGEÏETÏLEÏTRAITEMENTÏSOUSÏFORMEϼLECTRONIQUEÏ )MPRIM¼ÏENÏ3UISSE Information bibliographique publiée par «Die Deutsche Nationalbibliothek» «Die Deutsche Nationalbibliothek» répertorie cette publication dans la «Deutsche .ATIONALBIBLIOGRAlEwÏLESÏDONN¼ESÏBIBLIOGRAPHIQUESÏD¼TAILL¼ESÏSONTÏDISPONIBLESÏÏ sur Internet sous ‹http://dnb.d-nb.de›. La publication de cet ouvrage a bénéficié du soutien du Comité de la 10th Conference of the International Institute for Ethnometho- dology and Conversation Analysis (Université de Fribourg, 11-14 juillet 2011) ainsi que de la Société Académique Vaudoise. Remerciements Nous remercions toutes les personnes et institutions qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage et, en particulier, Emanuel Schegloff pour nous avoir autorisés à publier des traductions des textes de Harvey Sacks ; Alain Coulon et Jean-Paul Thibaud pour nous avoir généreuse- ment aidés dans les démarches de publication des traductions ; le Comité de la 10th Conference of the International Institute for Ethnomethodo- logy and Conversation Analysis (Université de Fribourg, 11-14 juillet 2011) et la Société Académique Vaudoise pour leur soutien financier ; Marcel Burger et Laurence Kaufmann pour nous avoir chaleureusement accordé leur recommandation lors de la recherche de fonds ; l’équipe de Peter Lang pour le professionnalisme avec lequel elle a géré la publica- tion de cet ouvrage. Table des matières Introduction ...........................................................................................1 Harvey Sacks Un « mal-entendu » ; un tabou sur l’écoute ........................................11 Harvey Sacks « Hotrodder », une catégorie révolutionnaire ........................................25 Harvey Sacks Voir une « imitation » .......................................................................43 Harvey Sacks De la possibilité d’analyser des récits d’enfants..................................53 Fabienne Malbois Chercher la société dans la conversation, s’engager dans une sociologie de l’ordinaire ...............................................................83 Esther González-Martínez L ’organisation de la conversation comme phénomène social............117 Sara Keel Des adultes et des enfants en situation d’interaction, redécouvrir la socialisation ...............................................................139 Alain Bovet Aperçus d’une sociologie inédite, analyser les pronoms, les proverbes et les paradoxes ........................................................165 x Philippe Sormani et David Rossé Le rapport entre « dire » et « faire », du problème épistémologique au phénomène empirique .......................................187 Conclusion ..........................................................................................217 Annexe – Conventions de transcription .............................................223 Auteurs Alain Bovet, chercheur postdoctoral, Département des sciences économiques et sociales, Antenne Deixis-Sophia – Telecom Paristech. alainbovet@bluewin.ch. Esther González-Martínez, professeure, Département des sciences sociales – Université de Fribourg et Haute école Arc santé. esther.gonzalezmartinez@unifr.ch. Sara Keel, docteure en sciences sociales et en sciences du langage, Haute école de santé Vaud. sara.keel@hesav.ch. Fabienne Malbois, chercheuse postdoctorale, Institut des sciences sociales, Laboratoire de sociologie – Université de Lausanne. fabienne.malbois@unil.ch. David Rossé, doctorant, Université de Lausanne et Ecole des hautes études en sciences sociales. dr.boncourt@bluewin.ch. Philippe Sormani, chercheur postdoctoral, Département d’études des sciences et des techniques – Université de Vienne. philippe.sormani@univie.ac.at. Introduction Dans le monde scientifique francophone, les théories sociologiques connaissent depuis une vingtaine d’années un tournant « pragmatique » ou « praxéologique » qui les conduit à faire de l’action conjointe, en situation, une unité centrale d’analyse (Boltanski, 1990 ; Céfaï, 2002 ; Heinich, 1998 ; Latour, 1987 ; Quéré, 2004 ; Thévenot, 2006). Ce tournant pris par l’enquête sociologique se nourrit aux sources mêmes qui ont irrigué la sociologie américaine : les philosophies pragmatistes de John Dewey (1993 [1938]), George H. Mead (2006 [1934]) et Charles S. Peirce (2003), et la sociologie empirique et interprétative de l’Ecole de Chicago (Park, Burgess, 1921), qui s’était elle-même beaucoup inspirée de la sociologie des « formes sociales » de George Simmel (1999 [1908]). Cette réorientation est également marquée par les perspectives qui, à partir des années soixante, se présentent comme des alternatives à la sociologie structurale-fonctionnaliste américaine et ont été pro- gressivement traduites en français : l’interactionnisme goffmannien (Goffman, 1973 [1959]), l’interactionnisme symbolique (Strauss, 1992 [1959]), la sociologie phénonoménologique d’Alfred Schütz (1987), en particulier dans sa reprise par Peter L. Berger et Thomas Luckmann (1986 [1966]), et l’ethnométhodologie (Garfinkel, 2007 [1967]). Bien qu’il ait joué un rôle tout aussi central dans l’étude de l’action pratique, le sociologue américain Harvey Sacks (1935–1975) est encore largement absent des débats dans le monde scientifique francophone1. 1 Schegloff (1992a, 1992b) offre une discussion détaillée de l’œuvre de Sacks, notamment de ses Lectures ; voir aussi : Coulter (1976), Lynch, Bogen (1994), Silverman (1998), Watson (1994). A ce jour, seulement quelques textes de Sacks ont été traduits en français : Sacks (1973, 1985 [1984], 1993 [1963], 2002 [1984] ; 2002 [1989]) ; Garfinkel, Sacks (2007 [1970]). Pour des textes en français de présentation et de mise en œuvre du programme de Sacks, voir notamment : Ackermann et al. (1985) ; Barthélémy (2002) ; Barthélémy, Bonu, Mondada, Relieu (1999) ; Bonu, Mondada, Relieu (1994) ; Conein (1987) ; 2 Introduction Cet ouvrage a dès lors pour ambition de proposer une introduction synthétique et néanmoins circonstanciée à cette œuvre magistrale, qui gagne véritablement à être connue. Ne serait-ce que parce que si elle s’est constituée en dialogue constant avec la discipline, elle l’a également profondément remise en question. A la fin des années 1950, après des études de droit et de sciences politiques, Sacks suit les séminaires de Talcott Parsons à Harvard, où il rencontre Harold Garfinkel, puis entreprend un doctorat en sociologie sous la direction d’Erving Goffman à Berkeley. A partir de sa thèse de doctorat, dont le corpus empirique est constitué par des appels télépho- niques à un centre de prévention du suicide (Sacks, 1966), il apporte une contribution décisive à l’ethnométhodologie naissante, renouvelle l’étude des interactions sociales et développe deux nouvelles approches analytiques : l’analyse de conversation et l’analyse des catégorisations. Sa brillante carrière est cependant très tôt interrompue. A l’âge de 40 ans, il décède d’un accident de la route. Même s’il n’a pas pu le poursuivre, le travail de Sacks constitue une contribution importante et innovante à l’interrogation, centrale dans les sciences sociales américaines dès les années soixante, sur le rapport entre langage et action sociale. Aux côtés des perspectives déjà mentionnées, ses autres principaux animateurs sont la sociolinguistique interactionnelle de John J. Gumperz (1989), l’ethnographie de la com- munication de Dell Hymes (1962) et la sociolinguistique variationniste de William Labov (1993 [1972]). En 1974, Sacks publie avec Emanuel Schegloff et Gail Jefferson, tous trois sociologues, l’article fondateur de l’analyse de conversation : « A simplest systematics for the organi- zation of turn-taking for conversation ». Cet article, qui a paru dans Language, la revue de la Linguistic Society of America, est à l’origine d’une myriade de recherches dans un grand nombre de disciplines en sciences humaines et sociales. Toutefois, dès l’introduction du texte, Sacks et ses coauteurs précisent que la motivation disciplinaire de leur travail est bel et bien sociologique (Sacks, Schegloff, Jefferson, 1974, p. 698). En effet, si Sacks a commencé à étudier des conversations, ce Fornel, Ogien, Quéré (2001); Fradin, Quéré, Widmer (1994) ; Relieu (1994) ; Widmer (2010). Introduction 3 n’est pas parce que le langage revêtait pour lui un intérêt en soi. La principale raison de ce choix, qui pourrait sembler curieux a priori, est la suivante : il s’agit d’un type d’activité sociale dont il pouvait facilement recueillir des uploads/Science et Technologie/ langage-activite-s-et-ordre-social 1 .pdf

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