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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/242749974 Paradigmes et entrepreneuriat Article in Revue de l’Entrepreneuriat · January 2005 DOI: 10.3917/entre.041.0033 CITATIONS 39 READS 4,373 4 authors, including: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: L'ancrage territorial - territorial anchoring View project The Entrepreneurial University as Driver for Economic Growth and Social Change: Key Strategic Challenges.https://www.journals.elsevier.com/technological- forecasting-and-social-change/call-for-papers/the-entrepreneurial-university-as-driver-for-economic-growth View project Thierry Verstraete IAE de l'Université de Bordeaux 52 PUBLICATIONS 339 CITATIONS SEE PROFILE Fayolle Alain EMLYON Business School 369 PUBLICATIONS 5,448 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Thierry Verstraete on 03 March 2014. The user has requested enhancement of the downloaded file. Thierry VERSTRAETE et Alain FAYOLLE Revue de l’Entrepreneuriat, vol 4, n°1, 2005 33 Introduction La recherche, la pratique et l’éducation sont servies par le mot paradigme. Le caractère savant du terme le réserve néanmoins principalement à la recherche, qui nous intéresse ici. Au sein de ce champ social, le consensus sur l’acception à retenir du terme paradigme est difficile à obtenir. Tout au plus peut-on tenter d’en proposer un sens relativement large : un paradigme est une construction théorique faisant l’objet d’une adhésion d’une partie suffisamment significative des chercheurs qui, au sein de la communauté ainsi constituée, partagent le point de vue proposé par le paradigme. Par construction théorique, on peut, dans un premier temps, entendre : concept, modèle, théorie ou tout autre qualificatif résultant d’une intellectualisation d’un objet ou d’une notion. L’utilité des paradigmes dans un domaine de recherche tient en plusieurs points : - ils fédèrent et ancrent les réflexions dans une base d’interprétations partagées au sein de la communauté réunie ; - ils déclenchent la discussion scientifique entre partisans du même paradigme ou de paradigmes différents ; - ils jalonnent la construction théorique en permettant d’apprécier les évolutions scientifiques ; - ils donnent du sens et de la cohérence. Ils sont nécessaires pour que la conversation scientifique (au sens où le reprend Huff, 1999) puisse s’installer. Les paradigmes sont l’enjeu de stratégies où la construction sociopolitique de la connaissance intervient, plus ou moins directement. S’il serait naïf de croire le contraire, le chercheur ne peut néanmoins se défaire de la raison et, ainsi, parier que la science reprenne ses droits. A ce titre, personne ne peut qualifier de « paradigme » sa propre construction intellectuelle, voire celle d’un autre, tant qu’une partie des chercheurs ne rejoint durablement le point de vue proposé (pour Kuhn, 1983, cette partie peut se limiter à une vingtaine de chercheurs). L’adhésion à un paradigme suppose d’en intégrer les fondements (en offrant l’économie d’une nouvelle démonstration), d’en accepter à la fois les principes, la position épistémologique et les axes présupposés de travail. En cela, le paradigme peut figer. Pourtant, l’histoire des sciences montre qu’un paradigme évolue, se transforme et subit des Paradigmes et entrepreneuriat Par Thierry VERSTRAETE Professeur à l’Université Montesquieu Bordeaux IV Directeur de l’équipe Entrepreneuriat et Stratégie Associé aux programmes en entrepreneuriat de Bordeaux Ecole de Management et Alain FAYOLLE Maître de Conférences à l’I.N.P. Grenoble Professeur E.M. Lyon Membre du CERAG Directeur de l’équipe technologique EPI (entrepreneuriat et processus d’innovation) Cet article fait suite à une communication présentée au CIFEPME 2004, intitulée « quatre paradigmes pour cerner le domaine de recherche en entrepreneuriat ». Résumé l’entrepreneuriat est un domaine de recherche pouvant être qualifié de préparadigmatique. Il a dépassé l’émergence mais semble stagner à l’adolescence. Pour grandir encore, il lui faut, entre autres, sans doute montrer davantage à la communauté de la recherche ses écoles de pensée, ses courants ou, plus encore, ses paradigmes pour qu’un relatif consensus puisse, non pas régir les programmes de recherche, mais offrir un cadre minimal d’accumulation des connaissances. Sans verser dans l’état de l’art, et en prenant certes le risque de partialité, le texte relève quatre paradigmes génériques pour un double objectif : discuter, à la fois, des paradigmes en entrepreneuriat et de leur complémentarité... Thierry VERSTRAETE et Alain FAYOLLE Revue de l’Entrepreneuriat, vol 4, n°1, 2005 34 révolutions, c’est-à-dire qu’il est remplacé par un autre, ce qui est, selon Kuhn (1983) : « le modèle normal du développement d’une science adulte » (p.32). A défaut de considérer l’entrepreneuriat comme une science, il n’est pas déraisonnable de l’accepter comme un domaine de recherche singulier traversé par plusieurs paradigmes (voire des courants de pensée, ou encore des écoles, nous y reviendrons) se combinant parfois1. Quant à sa maturité, Low (2001) place le domaine au stade adolescent. L’optimisme peut alors s’imposer, puisque par essence l’adolescence appelle un développement certain, sauf accident… Selon une perspective épistémologique, plutôt qu’adolescent, le domaine de recherche en entrepreneuriat est préparadigmatique (cf. Kuhn). En ce sens, il lui manquerait un cadre unificateur (un paradigme) scellant la recherche dans une véritable accumulation de la connaissance. Il ne faudrait toutefois pas croire en un paradigme unique. L’entrepreneuriat a moins besoin de ce dernier que de l’unité de sa communauté. Dans le domaine de l’entrepreneuriat, la multiplicité des propositions témoigne finalement d’un domaine moins jeune qu’il n’y paraît. Il n’est guère difficile d’identifier les chercheurs liant, pour les uns, entrepreneuriat et innovation (dans la veine des réflexions de Schumpeter ; section 4), pour les autres, entrepreneuriat et détection d’opportunité (l’article de Shane, Venkataraman, 2000, consacrant ce paradigme prenant ses sources dans l’école des économistes autrichiens ; section 1). La création de valeur ou de richesse (ex : Ronstatd dans le monde anglo-saxon, Bruyat dans le monde francophone ; certaines revues affichant d’ailleurs explicitement que l’entrepreneuriat est un phénomène de création de valeur et de richesse ; section 3) et la création d’une organisation (ex : Gartner aux USA, Verstraete en France ; section 2) constituent également des fondamentaux de l’entrepreneuriat. Nous prendrons ces exemples pour atteindre un double objectif : discuter des paradigmes en entrepreneuriat et montrer leur complémentarité (section 5). Un point restera à discuter : le caractère effectivement paradigmatique de ce qui mériterait peut-être plutôt la qualification de « courant » ou d’« école »2. Quelques précisions éviteront les amalgames. 1. Le paradigme de l’opportunité d’affaires Dictionnaire Larousse. Opportunité : qualité de ce qui est opportun, occasion favorable. (opportun : qui convient au temps, aux lieux, aux circonstances ; qui survient à propos). Affaires : ensemble des activités financières, commerciales, industrielles ; milieu où elles se pratiquent (ex : elles est dans les affaires) ; Relation, suite d’opérations financières, commerciales (ex : traiter une affaire). « An entrepreneur is someone who perceives an opportunity and creates an organization to pursue it » (Bygrave, Hofer, 1991, p.14). « Entrepreneurship is the process of creating or seizing an opportunity and pursuing it regardless of the ressources currently controlled » (Timmons, 1994, p.7). « The scholarly examination of how, by whom and with what effects opportunities to create future goods and services are discovered, evaluated and exploited (Venkataraman, 1997). Consequently, the field involves the study of sources of opportunities ; the process of discovery, evaluation, and exploitation of opportunities; and the set of individuals who discover, evaluate, and exploit them » (Shane, Venkataraman, 2000, p.218). Ces citations montrent la centralité du concept d’opportunité dans l’approche des auteurs3, mais aussi l’association de celui-ci à d’autres aspects de l’entrepreneuriat. Timmons y associe le contrôle des ressources nécessaire à l’exploitation de l’opportunité. Bygrave et Hofer concilient le paradigme de l’opportunité à celui de la création d’une entité, mais leur propos porte sur l’entrepreneur plus que sur l’entrepreneuriat. Shane et Venkataraman, auteurs s’inscrivant sans doute le plus remarquablement dans Thierry VERSTRAETE et Alain FAYOLLE Revue de l’Entrepreneuriat, vol 4, n°1, 2005 35 le paradigme ici traité, tentent d’y intégrer, à la fois, une approche processuelle (découverte, évaluation et exploitation de l’opportunité) et des individus (découvreurs, évaluateurs et exploiteurs)4. Cette tentative de complétude pose un triple questionnement : « (1) why, when, and how opportunities for the creation of goods and services come into existence; (2) why, when, and how some people and not others discover and exploit these opportunities; and (3) why, when, and how different modes of action are used to exploit entrepreneurial opportunities. » (p.218). Shane et Venkataraman précisent que l’entrepreneuriat ne requiert pas systématiquement la création d’une nouvelle organisation, mais l’acception qu’ils ont de cette dernière manifestation se réduit au sens classique de la création d’une entreprise (conception aujourd’hui dépassée par les chercheurs du paradigme de la création, comme nous le verrons lors de la prochaine section). Ils ajoutent un propos appelant un débat : « Although recognition of entrepreneurial opportunities is a subjective process, the opportunities themselves are objective phenomena that are not known to all parties at all times » (Shane et Venkataraman, 2000, p.220 ; en 2003, Shane adopte une position plus modérée). Ce débat porte sur le rapport objectivité/subjectivité des opportunités. Les opportunités ne se laissent pas saisir à la façon dont on peut cueillir un fruit mur. Le plus souvent, cette détection provient d’une recherche plus ou moins explicite d’informations5. Ces dernières servent la construction d’une opportunité, ou plutôt la mise au point plus ou moins uploads/Science et Technologie/ paradigmes-et-entrepreneuriat-1.pdf

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