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Accéder au contenu MÉTHODE SCIENTIFIQUE Carte mentale Élargissez votre recherche dans Universalis Du problème de l'induction au falsificationnisme de Karl Popper Le problème de l'induction, déjà magistralement abordé au XVIIIe siècle par David Hume, est à la source de la philosophie des sciences telle qu'elle s'est développée au XXe siècle. Il a fait l'objet d'un traitement original dans l'œuvre de Karl Popper. Cette approche n'est pas la seule, et les conclusions de Karl Popper ne font pas l'unanimité. Elles se heurtent en particulier à celles des tenants d'un courant également très important de la philosophie des sciences du XXe siècle, celui du positivisme logique, que Popper entend précisément contester. L'œuvre majeure de Karl Popper, publiée en allemand en 1934, a été traduite en français en 1973 sous le titre La Logique de la découverte scientifique. Popper établit une distinction forte entre le contexte de découverte et le contexte de justification, et le problème méthodologique auquel il s'attache concerne la justification des énoncés scientifiques. La question de savoir comment James Watson a découvert la structure en double hélice de l'ADN ne mériterait pas, à ses yeux, une heure de peine. Qu'importe en effet que cette découverte s'explique par une intuition peu commune, une série de hasards heureux ou par la volonté d'avoir raison : la question est de savoir pourquoi les résultats annoncés sont scientifiquement fondés, et cette question vaut pour toute découverte scientifique. Les énoncés scientifiques se présentent sous la forme d'énoncés universels, c'est-à-dire sous celle d'énoncés qui portent sur la totalité des événements d'un type particulier, en tous lieux et en tous temps. Par exemple : « Les planètes tournent selon des ellipses autour du Soleil », « Lorsqu'on échauffe un métal il se dilate ». Or les énoncés d'observation dont nous disposons, et que nous supposerons ici incontestables, sont toujours des énoncés singuliers. Par exemple : « Le 1er janvier 1975, à minuit, Mars était visible dans le ciel en telle position ». Le problème est celui du passage de tels énoncés singuliers aux énoncés universels. Ce passage s'effectue sur la base du principe de l'induction, qu'Alan Chalmers, dans son livre Qu'est-ce que la science ? (1976) formule ainsi : « Si un grand nombre de A ont été observés dans des circonstances très variées, et si l'on observe que tous les A sans exception possèdent la propriété B, alors tous les A ont la propriété B ». Ce principe, on le sait depuis Hume, n'est pas logiquement valide, puisque la portée de la conclusion excède celle des prémisses. Bertrand Russell est revenu sur ce point en 1912, dans son livre Problèmes de philosophie : un nombre quelconque de cas passés conformes à une loi, si grand qu'il soit, ne constitue pas une preuve que la loi s'appliquera à l'avenir. Ce n'est donc pas en rappelant qu'une proposition générale ne peut, en toute rigueur logique, être confirmée empiriquement que Popper innove. Son originalité consiste à remarquer que la fausseté d'un énoncé universel peut être déduite de certains énoncés singuliers. Par exemple, si l'on peut montrer qu'un rayon lumineux passant près du Soleil suit une trajectoire courbe, alors l'énoncé que la lumière se déplace nécessairement en ligne droite n'est pas vrai. En bref, on peut établir qu'une théorie est fausse, on peut la falsifier, mais on ne peut jamais la confirmer expérimentalement. On peut observer un très grand nombre de cygnes blancs, cela n'établira pas expérimentalement que tous les cygnes sont blancs ; mais l'observation d'un seul cygne noir falsifie la théorie selon laquelle tous les cygnes sont blancs. Il s'ensuit une conception de la science selon laquelle les théories sont des conjectures, de vastes hypothèses qui résistent ou non aux efforts pour les falsifier. La science progresse ainsi par conjectures et réfutations. On ne peut dire qu'une théorie est vraie, mais seulement qu'elle a mieux résisté que d'autres à la falsification, et n'est pas encore réfutée. Tel est le falsificationnisme de Karl Popper. Il a été contesté de plusieurs manières. D'une part, s'il est indéniable qu'un seul énoncé d'observation tenu pour vrai peut établir la fausseté d'un énoncé universel, une telle réfutation suppose de disposer d'énoncés d'observation parfaitement sûrs, ce qui, en fait, n'arrive jamais. Tous les énoncés d'observation dépendent d'une théorie et sont faillibles. D'autre part, un fait historique est embarrassant pour le falsificationnisme : des théories scientifiques d'une immense portée, comme celle de Newton, n'auraient jamais pu se développer si les savants y avaient renoncé sous prétexte qu'elles étaient réfutées par les comptes rendus d'observation acceptés à l'époque de leur naissance. Toute tentative pour définir la méthode scientifique porte à la prise en compte d'une alternative dont les deux volets sont insatisfaisants. Ou bien, prenant acte de l'insuffisance des préceptes méthodologiques figés dont la forme scolaire de la méthode expérimentale de Claude Bernard offre l'exemple, on se limite à recueillir des données descriptives dont la portée est délicate à apprécier et qui mobilisent des concepts peu ou mal analysés. Ou bien, prenant en compte le fait que les résultats scientifiques se donnent pour justifiés, on tente, comme l'entreprend Karl Popper, de comprendre comment les hommes de science s'y prennent pour valider leurs énoncés. Mais ces tentatives se perdent régulièrement dans la quête d'un fondement absolu et s'éloignent non moins régulièrement des démarches effectives des hommes de science. Or, si ceux-ci entendent bien valider leurs énoncés, peut-on prétendre leur imposer pour cela une méthode qui ne correspond en rien à ce que nous montre l'histoire des sciences ? C'est donc la question du progrès des sciences qui affleure ici : comment comprendre le mouvement effectif des sciences vers des connaissances de plus en plus assurées ? 1 2 3 4 5 … pour nos abonnés, l’article se compose de 4 pages Écrit par : Jean-Paul THOMAS : philosophe, professeur des Universités CLASSIFICATION Philosophie Philosophie des sciences Épistémologie générale Sciences: généralités Sciences et philosophie AUTRES RÉFÉRENCES « MÉTHODE SCIENTIFIQUE » est également traité dans : APPROCHES TRANSVERSALE ET LONGITUDINALE EN PSYCHOLOGIE DU DÉVELOPPEMENT Écrit par Henri LEHALLE • 1 042 mots S’informer sur le développement des enfants et des adolescents impose de pouvoir comparer leurs comportements aux différents âges. Pour cela, diverses approches méthodologiques sont possibles. Selon une première approche « transversale », les groupes d’âge à comparer sont constitués par des échantillons d’enfants différents : autant d’échantillons que de groupes d’âge. 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Celui-ci est composé de monographies décrivant chacune une espèce animale, notamment son anatomie interne. Un autre volume, la Suite des Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux , sera publié en 1676. Ces ouvrages, qu […] Lire la suite Afficher la liste complète (9 références) VOIR AUSSI FALSIFICATION épistémologieRÉFUTATION épistémologie Recevez les offres exclusives Universalis S'INSCRIRE POUR CITER L’ARTICLE Jean-Paul THOMAS, « MÉTHODE SCIENTIFIQUE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 9 décembre 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/methode-scientifique/ haut de page Encyclopædia Universalis - Contact - Mentions légales - Consentement RGPD Consulter le dictionnaire de l'Encyclopædia Universalis © 2021 Encyclopædia Universalis France.Tous droits de propriété industrielle et intellectuelle réservés. 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- Publié le Nov 30, 2022
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